Chapitre 28

Les orages menaçants, Italie et Mexique, Paris grandit

Il est loin, désormais, le temps où le futur Napoléon III pouvait déclarer que l’empire c’était la paix… Certes l’affaire d’Orient s’est heureusement achevée, mais d’autres nuages gonflent.

L’unité italienne est un moment difficile à traverser, non seulement pour les embarras diplomatiques qu’elle provoque mais aussi, et surtout diraient les Parisiens qui se retrouvent aux premières loges, à cause des attentats perpétrés contre l’empereur. Il y a eu celui du 14 janvier 1858, et les trois bombes explosant à l’arrivée du cortège impérial à l’Opéra. C’est immédiatement après la tentative d’Orsini que Napoléon III reçoit Prosper Mérimée, avec certainement l’intention de lui glisser des confidences que l’écrivain saura répercuter. L’empereur lui explique qu’il ne changera rien à son système de gouvernement et qu’il se fie à la providence. Mérimée dit ensuite quelques mots à l’impératrice qui le charge de prévenir sa mère qu’elle est bien intacte ; ce qu’il transmet aussitôt, heureux de rassurer Manuela.

Tirant d’autres conclusions de l’attentat, Napoléon III repense au conseil de régence. En réalité tout est prévu depuis 1856, Eugénie préside, Jérôme et son fils en sont membres de droit, mais cela ne leur suffit plus. Jérôme demande que lui soit accordée par décret l’entrée au Conseil des ministres, avec la présidence en l’absence de l’empereur. Et pour son fils, dont l’entrée au Conseil n’est pas jugée indispensable, Jérôme réclame au moins le gouvernement de l’Algérie. En réponse à ces exigences familiales, le 1er février, Napoléon III crée un « Conseil privé » qui deviendrait automatiquement un « Conseil de régence » s’il venait à disparaître. Jérôme et son fils en feront partie, c’est inévitable, mais il y aura aussi les présidents du Conseil d’État, du Sénat et du Corps législatif. Là, l’empereur innove, ces trois personnages sont nommément désignés : Baroche, Troplong et Morny. Le père et le fils ne veulent pas entendre parler de Morny, ils disparaissent donc du « Conseil privé » et, s’ils restent au « Conseil de régence », il leur faudra supporter Morny.

 

L’aide de la France à l’Italie, pour son unification et contre l’Autriche occupante, est décidée dès juillet 1858, lors de l’entrevue de Plombières, où Napoléon III rencontre Cavour. L’empereur est prêt à envoyer ses troupes contre l’armée autrichienne occupant la Lombardie ; il veut bien entrer en guerre pour l’Italie fédérative mais demande une compensation : Nice et la Savoie ! La perspective d’un conflit pousse Mérimée à écrire à Manuela de Montijo, de toute évidence pour lui transmettre les impressions de Panizzi, puisque l’Angleterre s’effraie des poussées belliqueuses de l’Italie :

Les Italiens modérés (c’est-à-dire ceux qui voudraient exterminer seulement les Autrichiens et une certaine quantité de cardinaux et d’évêques), ces modérés-là excitent les Piémontais à avoir une querelle avec l’Autriche, dans l’espoir que nous prendrons fait et cause pour eux. À ma grande surprise, pendant que j’étais à Compiègne, j’ai vu arriver un de mes amis(1) modéré de cette espèce, amené, non par son ambassadeur, mais par le docteur Conneau. Il a eu une longue conversation. Je devine bien ce qu’il a dit, mais je voudrais bien savoir ce qu’on lui a dit. En sortant, il avait l’air rayonnant. Si nous en venions aux coups, je crois que nous ne serions pas battus, mais je ne sais si nous n’y perdrions pas autant. Mettre le feu à la maison du voisin n’est jamais chose bien prudente.

À peine arrivé à Cannes, en janvier 1859, Mérimée demande à Viollet-le-Duc de vérifier aux Tuileries ce qui se raconte sur les quais des ports méditerranéens : « Savez-vous qu’en passant à Marseille on m’a dit qu’on faisait de grands préparatifs de projectiles des plus vilains, en grand secret à Toulon et à Marseille et sur la frontière du Piémont. Quand vous verrez Isidore, demandez-lui ce qu’il faut croire. » Ces rumeurs tiennent sans doute, pour une bonne part, dans l’apparition des canons à tubes rayés qui s’annoncent d’une précision diabolique.

Sensiblement dans le même temps, Mérimée se tourne vers Lagrené. Il lui explique pourquoi il ne croit pas encore ou ne veut pas croire à cette guerre, « parce que la fable du pot de terre peut s’appliquer à la rencontre de deux pots de même argile, et que la rencontre est aussi dangereuse. Ne vous en déplaise, je crois le nôtre encore plus solide au premier choc que l’autre mais après le premier choc, commenceraient de nouvelles aventures où nous pourrions bien nous fêler. »

L’état d’esprit des Français l’inquiète ; il les voit rongeant leur peur et surtout préoccupés de leurs intérêts matériels. Il considère que la nation n’a plus rien du vieux sang de ses aïeux qui savaient passer les Alpes pour boire du vin en Italie. Ce qui ne veut pas dire que, si elle venait à combattre, l’armée française ne le ferait pas vigoureusement, Mérimée la trouve même excellente et très bien disposée. L’arrière l’inquiète davantage : « Il ne faut pas s’attendre à des emprunts patriotiques comme on en a fait dans la dernière guerre. Pour moi, je crains particulièrement deux choses. La première que l’empereur ne se croie obligé d’aller à la guerre. La seconde, que nous n’ayons autant de mal à profiter de la victoire qu’à réparer une défaite. »

En début d’année, les préparatifs militaires s’accélèrent. Napoléon hésite comme souvent, parle de renvoyer les opérations à 1860. Pourtant le 26 avril, Cavour repousse un ultimatum autrichien ; le 29 l’Autriche attaque sur le Tessin ; le 3 mai la France déclare la guerre à l’Autriche. En avril 1859, Mérimée apprend que l’armée a fait revenir d’Algérie des troupes de vieux durs à cuire. Ce qui est exact. Il y a notamment des unités de Kabyles et des tirailleurs algériens.

Le 28 avril, les dés sont jetés. Veut-il consoler Jenny dont le frère est officier d’artillerie ? Pour elle, et pour elle seule, il cède à l’optimisme. Tout au moins lui parle-t-il de la gaieté et de l’entrain des militaires français qui manquent absolument aux Autrichiens, de sa confiance dans le succès : « Notre vieille réputation est si bien établie partout, que ceux qui se battent contre nous n’y vont pas de bon cœur. N’employez pas votre imagination à vous faire des romans tragiques. »

Panizzi apprend à son tour que si les banquiers et la haute société redoutent toujours la guerre, le peuple est pour les hostilités et l’empereur est plus populaire qu’il ne l’a jamais été : « Un ouvrier disait : “Moustachu est le plus fort ; il a les papiers de son oncle.” »

Comme l’avait redouté Mérimée, Napoléon III rejoint l’armée d’Italie, avec le prince Napoléon. Eugénie est proclamée régente le 13 mai, le roi Jérôme présidant le conseil privé. Ainsi débutent les interventions de l’impératrice dans les mécanismes gouvernementaux : elle est régente, elle peut présider des Conseils des ministres. Elle ne le fera jamais systématiquement, se réservant essentiellement pour des délibérations importantes, à une cadence qui s’accélérera plus tard, à partir de 1866.

Mérimée est heureux d’annoncer à Manuela la régence d’Eugénie, de lui dire que tout le monde applaudit, ce qui ne l’empêche pas de s’inquiéter du départ de l’empereur, « mais nos gens se battront sous ses yeux comme des lions et, bien qu’il n’ait pas fait la guerre, son bon sens et son génie le guideront ». La tonalité est sensiblement différente pour Panizzi, mais, peut-être que, là encore, l’honorable correspondant a un message à faire passer à Londres : « Alea jacta est. L’empereur est parti aujourd’hui. Il a été conduit au chemin de fer par une foule immense et des acclamations frénétiques. Il est maintenant plus populaire qu’il n’a jamais été. Je parle des masses, car bien entendu, les salons sont aussi mauvais français que possible. » Mérimée ajoute qu’il a été porter son obole au percepteur, et qu’il y avait une queue formidable à sa porte : « En ma qualité de privilégié, je suis entré dans un bureau séparé et l’on m’a dit que les souscriptions déjà reçues faisaient croire qu’au lieu de 500 millions on aurait un milliard ou un milliard et demi. » Il est vrai que le projet de loi relatif à l’emprunt de 500 millions, voté à l’unanimité par le Corps législatif, le 30 avril 1859, a déjà produit le 16 mai 2 milliards 307 millions.

Pour qui douterait encore du sens politique de Mérimée, il est, de cette période, une lettre hautement intéressante, adressée à son ami Edward Ellice, datée du 31 mai 1859, à propos des idées allemandes :

L’opinion voit un moyen d’action dans la réunion d’une armée sous un drapeau national, et un premier pas vers l’unité germanique après laquelle tous soupirent. De leur côté, les princes voient dans la guerre un moyen de distraction pour les peuples qui pourraient leur demander des comptes de leur façon de gouverner. Tout est grave, d’autant plus que, non contents de nous réclamer [dans les journaux] l’Alsace et la Lorraine, les Allemands prétendent ôter à la Russie la Courlande, la Livonie et les provinces allemandes.

Il a l’occasion, trois semaines plus tard, de revenir sur cet aspect du problème pour Manuela, lorsqu’il apprend que le prince Napoléon a introduit auprès de l’empereur le Hongrois Louis Kossuth. Napoléon III lui a demandé de provoquer une insurrection de son peuple :

Nous avons demandé, du moins accepté le concours de Kossuth, ce qui me paraît bien dangereux. Si les Hongrois se soulevaient, sans doute cela ferait une diversion très puissante, mais cela achèverait sans doute aussi de décider toute l’Allemagne à se jeter sur nous.

Ce sont rapidement les victoires de Magenta et de Solférino, l’armistice de Villafranca, la Lombardie rattachée au Piémont. Pour Rome, il devient urgent d’attendre mais le pape risque de ne garder que la ville et ses environs immédiats pour seul domaine.

 

Fidèle à ses principes, Mérimée trouve que l’empereur s’est beaucoup trop exposé à Magenta et il espère que cela lui donnera le droit d’être plus prudent à l’avenir. Mais comme il s’agit de faire plaisir à Manuela, il parle davantage de l’impératrice que de l’empereur :

Tous les ministres sont émerveillés de la façon dont l’impératrice préside le Conseil et de sa facilité à comprendre les affaires. Il est impossible de faire son métier de souveraine avec plus de dévouement et d’intelligence. Elle connaît la Constitution par cœur et cite les décrets et les sénatus-consultes comme un vieux conseiller d’État.

La paix signée, il trouve la solution raisonnable. À ne considérer que l’intérêt français, il lui paraît que l’empereur a eu raison de ne pas insister :

Les Italiens se sont montrés si peu disposés à se battre pour leur indépendance, qu’en vérité ce n’était pas la peine de faire tuer ces vingt mille hommes pour leurs beaux yeux.

C’est pour Panizzi que Mérimée détaille les motifs, tout au moins ceux qu’il connaît, qu’avait l’empereur de vouloir en finir, malgré sa déclaration – écrite – du 3 mai : « Il faut que l’Italie soit libre jusqu’à l’Adriatique. »

 

Mérimée avance donc plusieurs raisons. Il souligne, en premier lieu, que la vue des champs de bataille, et surtout celui de Solférino, a laissé une impression si pénible à l’empereur que l’idée de prolonger la guerre lui est apparue comme une espèce de crime… Suivent l’attitude de l’Allemagne semblant désireuse, si la lutte s’était prolongée en Italie, de porter la guerre sur le Rhin ; la position de la Russie qui ne se serait sans doute pas rangée à nos côtés, parce qu’elle n’en avait sans doute pas les moyens et bien peu d’intérêts à en retirer ; la conduite des Italiens ressortant les drapeaux autrichiens et se débarrassant des blessés français dès que surgissaient des cavaliers autrichiens égarés.

Une image, ou un cauchemar, retient aussi son attention, parce qu’elle témoigne de la violence des combats et de la résolution des troupes algériennes. Parmi les unités qui ont été engagées, il y a le 2e régiment de tirailleurs algériens. Son chef, le colonel Laure, a été tué de cinq ou six coups de feu à Solférino :

Les soldats du bataillon qu’il menait, presque tous Kabyles ont tous mis la main dans ses blessures et se sont barbouillés la figure de son sang puis, avec des cris de hyènes, ils se sont jetés sur les Autrichiens en tuant tout ce qui s’est trouvé devant eux.

Mérimée a l’occasion de revenir sur les mésaventures du pape, à propos de son pouvoir temporel rogné ; il l’écrit à Manuela en mars 1860 : « Les belles dames et les beaux messieurs sont toujours très préoccupés du pape et des souffrances de l’Église. La masse n’y fait pas la moindre attention. Ici les ouvriers appellent le pape Pignouf. Au fait, il faut être terriblement catholique pour s’apitoyer sur le sort d’un pauvre niais qui, mené par le bout du nez par un coquin(2), perd par sa faute une province qu’il ne pouvait conserver que par une armée étrangère. » Ledit cardinal met d’ailleurs Mérimée en joie, lorsqu’il fait référence, dans un document, aux vingt et une provinces composant les États de l’Église, Mérimée a beau compter et recompter il n’arrive au total du cardinal Antonelli qu’en restituant Avignon au Vatican. : il n’y en a que vingt, sauf à compter Avignon ! Et lorsque l’Académie française – ou les plus voltairiens des Quarante – décide d’élire le père Lacordaire par sympathie pour le pape. Il trouve l’idée délirante. Il préfère rester à Cannes que de participer au vote.

 

La campagne italienne achevée, Napoléon III encaisse son bénéfice, le rattachement de la Savoie et de Nice, décidé par le traité de Turin du 24 mars 1860. Des plébiscites doivent formaliser ces annexions.

L’idée de rattachement ne plaît guère à Mérimée. Bien que résidant sur la frontière, il avoue ne savoir que penser de l’état d’esprit des gens de Nice, pour ou contre l’annexion. Il explique que le lundi il y a des manifestations profrançaises, suivies le mardi par des démonstrations pro-italiennes. Déjà, le jour de la signature du traité de rattachement, le 24 mars, il avait alerté Manuela de Montijo : « Je ne suis pas trop content de l’annexion de la Savoie pour une infinité de raisons. La première, c’est qu’il ne fallait pas parler d’abord de faire la guerre pour une idée et ensuite retirer son bénéfice. Puis l’Europe voit dans cette petite augmentation de territoire le premier pas fait pour reprendre les frontières naturelles. » Pour Edward Ellice, Mérimée se sent obligé à plus de retenue et à prendre en compte non ses propres réactions mais celles du pays. Or, pour la France, le rattachement annoncé est la chose la plus populaire. C’est aussi l’opinion des Savoyards qui paraissent fort satisfaits. Restent les Niçois qu’il croit plus réservés puisque les Russes et les Anglais les ont persuadés que les étrangers qui les font vivre ne viendront plus si Nice se trouve en France : « C’est une question de soleil et jusqu’à ce que le soleil s’en retire, je crois qu’il viendra des gens rhumatisés et des poitrines délicates. »

Les deux plébiscites sont nets, cependant. Celui qui est organisé à Nice, les 15 et 16 avril, donne 25 743 oui contre 160 non ; en Savoie, les 22 et 23 avril, ce sont 130 533 oui contre 235 non. Naît aussi un nouveau département, les Alpes-Maritimes, où se retrouvent Nice et Cannes, ville qui était précédemment dans le Var… Une modification qui oblige Mérimée à user de beaucoup d’encre et de papier pour informer ses innombrables correspondants de son changement de département.

 

X

 

En mai 1859, alors que les bruits de bottes s’amplifient, une petite révolution agite Paris. Il est décidé de démolir le mur dit « des fermiers généraux » et de repousser les limites de la capitale jusqu’aux fortifications, commencées en 1841, selon le tracé des actuels boulevards des Maréchaux ; une ceinture de 39 kilomètres dont il subsistera longtemps quelques ouvrages ou des terrains vagues et dont les derniers vestiges laisseront la place à des habitations dites à loyer modéré puis, bien plus tard, au boulevard périphérique. Les villages voisins sont absorbés : Vaugirard, Grenelle, Passy, Auteuil, les Batignolles, Montmartre, Charonne, Bercy ; parfois même sont avalés des fragments de communes qui survivront, du côté d’Ivry ou de Neuilly, d’Aubervilliers ou de Pantin. Il faut revoir la numérotation des arrondissements, qui sont vingt désormais. Il se pose aussitôt des problèmes avec les noms des rues. Telles les rues des Rosiers, qui se retrouvaient aussi bien dans le quartier du Marais qu’à Montmartre…

Est-ce l’effet secondaire d’une guerre qui se rapproche ? Toujours est-il que Napoléon III offre une amnistie aux exilés. Des proscrits l’acceptent, d’autres la refusent. Parmi ces derniers, il y a Victor Hugo. Son attitude irrite autant Mérimée que Sainte-Beuve, qui ne sont plus, il est vrai, de ses amis. D’ailleurs le théâtre prend un nouveau virage ; le romantisme qu’Hugo avait porté à son paroxysme ne fait plus recette. Apparaît un style entièrement nouveau : la comédie sociale, qui laisse au second plan l’étude des caractères pour mieux servir les études de mœurs. Ce sera la grande réussite de l’auteur en vogue Émile Augier(3). Sa pièce Les Effrontés, créée en 1861, est une satire des milieux de la presse, avec des personnages dont les clés paraissent évidentes, bien que multiples. Il y a plus d’une source possible pour identifier les deux héros, Vernouillet et Giboyer, mais il y a un homme qui leur ressemble plus que tous les autres inspirateurs réunis : Émile de Girardin. Augier dédie son œuvre à Prosper Mérimée :

Cher Maître cette dédicace est, depuis six ans, la première chose que j’imprime sans vous consulter.

Acceptez-la, je vous prie, comme un témoignage d’une grande admiration et d’une grande amitié.

Ces péripéties n’escamotent pas totalement deux événements : l’engagement de l’empire en Chine, aventure qui s’achève par le sac de Pékin, puis la signature du traité de Zurich, le 11 novembre 1859. François-Joseph y perd la plus grande partie de la Lombardie mais sauve la Vénétie. Un échange d’ambassadeur devient possible entre Paris et Vienne. Napoléon III réclame Richard de Metternich.

 

En Chine, l’affaire a des sources lointaines. Pékin tolère difficilement les commerçants européens à Canton et les missionnaires, qu’elle exécute au besoin, comme le père Chapdelaine en 1855. L’année suivante il y a une minibataille navale entre Chinois et Anglais ; des usines européennes sont incendiées en représailles. Les Anglais proposent à la France une réplique commune. Napoléon III pense que la France a tout à y gagner, ne serait-ce qu’en partageant les bénéfices commerciaux. Une flottille remonte le Pei-ho jusqu’à 130 kilomètres de Pékin et se voit proposer le 27 juin 1858 un traité, qui doit être signé le 24 juin 1859 à Pékin… où les plénipotentiaires franco-anglais sont reçus à coups de canon.

Napoléon III apprend l’incident à Biarritz, trois mois plus tard. Il décide que l’affront ne peut rester sans réplique : « Le gouvernement de l’Empereur a décidé d’infliger aux Chinois le châtiment exigé par la violation éclatante des règles du droit international. Nous nous concertons avec le gouvernement de Sa Majesté Britannique pour être en état de réagir au commencement du printemps prochain. »

L’affaire intrigue Mérimée. Fréquentant la Cour, il apprend des bribes de nouvelles, si courtes qu’il en vient immédiatement aux à-côtés. Edward Childe a peut-être souri à l’évocation de ce conflit : « Rien de nouveau en politique, je dis, chez nous, que l’envoi d’une escadre avec quelques troupes en Chine. On dit que si les Anglais prennent un port, nous en prendrons un autre, et que vous autres ne demeurerez pas en arrière. Ce qui m’effraye c’est qu’à force de bombarder les Chinois on arrive à les empêcher de cultiver le thé, et alors que deviendrons-nous ? »

Huit mille hommes, tous volontaires, embarquent à Toulon en décembre 1859 et rejoignent les 12 000 Anglais à Shanghai. Tout le monde est persuadé que Pékin va traiter… Très vite les alliés comprennent que les Chinois n’entendent rien signer. Pire, ils tendent un piège à l’ambassade franco-anglaise. Il y a des morts. Les alliés décident de foncer et atteignent le Palais d’été, au nord de la capitale. Les Français pillent, saccagent ; les Anglais ajoutent au sac français : ils brûlent le palais impérial. La Chine s’incline : elle paye des indemnités, cède onze ports au commerce, tolère les missionnaires. Sur le chemin du retour, deux bataillons sont détournés vers l’Indochine. La Chine, elle, disparaît des préoccupations du Second Empire. Il n’y aura plus d’aventures militaires, plus de conquêtes commerciales, une sorte d’indifférence pour un monde que les Occidentaux ne comprennent pas forcément et où ces Occidentaux sont aussi mal compris que malvenus. La Chine a d’autres démons à vaincre, ses démons intérieurs.

En Syrie éclate une révolte : le 9 juillet 1860, les musulmans massacrent les chrétiens. Les autorités locales laissent faire. Un homme se présente au consulat de France et s’adresse au diplomate de service :

 

« On m’a dit un jour “Là où est le drapeau de la France, là est la France”. Emporte avec toi ton drapeau, plante-le sur ma demeure et que la demeure d’Abd el-Kader devienne la France »

 

Deux jours plus tard les massacres reprennent. Abd el Kader, l’ancien rebelle désormais exilé, tient sa promesse : il fait hisser le drapeau français sur sa demeure et héberge autant de chrétiens qu’il le peut, Français ou Européens.

Napoléon III décide d’intervenir militairement, avec en arrière-pensée l’idée de redorer son blason auprès des catholiques français que gêne le conflit avec le pape. Le 3 août les Anglais donnent leur accord, à la condition que la présence française n’excède pas six mois… Arrivées à Beyrouth, les troupes impériales tentent un premier bilan : 6 000 chrétiens tués au Liban, 5 000 à Damas… Leur présence calme le jeu. Les Turcs ne bougent pas ; les Anglais laissent faire bien que, pour Londres, la France ne soit pas à sa place en Méditerranée orientale. Respectant les accords passés, les troupes de Napoléon III rembarquent en juin 1861. La France reviendra plus tard en Syrie, sans que l’Angleterre s’en réjouisse particulièrement. Après s’être opposée à Fayçal Ier, qui voulait régner sur la Syrie avec la bénédiction britannique, la France obtiendra l’administration de la Syrie – et du Liban – sous forme de mandat. L’indépendance de l’un et l’autre pays promis par Paris dès 1936 sera effective en 1941, lorsque les F.F.L. du général Catroux évinceront, avec l’aide anglaise, ce que Vichy conservait de forces armées et d’autorité civile.

 

X

 

En 1860, l’empire reste autoritaire. Avec des signes avant-coureurs du libéralisme en gestation ; les journaux peuvent à nouveau publier des comptes rendus des débats parlementaires et les ouvriers apprennent que le gouvernement prépare, pour eux, des mesures sociales. Il y a, toujours sur les boulevards, la nuit venue, les mêmes cortèges de bambocheurs ; il y a toujours le goût frelaté pour les soirées qui se prolongent mêlant le monde et le demi-monde dans un pétillement de champagne tiédissant et des relents de parfums entêtants. On joue gros dans les salons, les clubs ou les cercles et l’on boursicote avec allégresse en faisant fortune dans les chemins de fer, pour tout perdre dans l’industrie et se refaire dans l’immobilier.

C’est le 22 novembre 1860 que l’empereur, contre l’avis de la plupart de ses ministres, décide de la réforme supposée rétablir le dialogue entre les députés et le pouvoir. La réforme intrigue Mérimée ; il lui consacre une lettre datée du 27 novembre, à l’intention de Manuela :

Je ne puis concevoir surtout qu’on aille de gaieté de cœur reprendre dans le vieil arsenal rouillé des institutions parlementaires la discussion de l’adresse en réponse au discours de la couronne. Cela avait un sens autrefois, lorsqu’il y avait des ministres responsables ou réputés tels. Aujourd’hui on veut renouveler ces discussions sans que les ministres y prennent part. Ce seront des commissaires du gouvernement, c’est-à-dire des conseillers d’État, qui répondront aux plaintes et aux interpellations de l’opposition. Ce sera toujours l’empereur qui sera mis en cause et si les commissaires du gouvernement sont faibles dans la discussion, comment les remplacer, comment les représenter à une Chambre où ils auront été battus ? Cela me semble une impasse dont on ne pourra pas se tirer à moins d’une catastrophe, car le moyen de retirer une liberté, quand on l’a accordée sans contrainte, quand on l’a pour ainsi dire imposée à des gens qui ne la demandaient pas et n’y pensaient même pas ?

Le 18 décembre 1860, c’est encore à Mme de Montijo qu’il fait part de ses craintes. Peut-être osera-t-elle, en avise à sa fille…

Je connais ce pays-ci pour incorrigible et j’ai toujours peur lorsque je vois qu’on lui lâche la bride. Il aime à jouer avec les armes à feu comme les enfants et il a beau avoir essuyé plusieurs accidents, il recommencera toujours. On fait trop en France pour les gens éduqués et pas assez pour les autres. L’éducation politique est à faire dans les masses et ce n’est pas en leur donnant tout de suite plus de libertés qu’elles n’en ont besoin, qu’on les rendra dignes de les posséder.

Avant cet épisode politique, un voyage impérial, à la fin août 1860, permet à Napoléon III et à Eugénie d’aller saluer leurs nouveaux concitoyens de la Savoie et de Nice. Après quoi, ils passent par la Corse et poussent jusqu’en Algérie. Napoléon III étonne les populations en affirmant qu’il veut, pour l’Algérie, un autre avenir que le colonialisme. Il entend bien, la pacification achevée, aider les colons et protéger les indigènes ; mais il veut aussi des conseils généraux où siégeront Européens et musulmans, comme il souhaite une égalité parfaite des deux communautés. Propos qu’il reprendra lors d’un second voyage en avril 1865 : « Je viens au milieu de vous [les musulmans] pour connaître moi-même vos intérêts, seconder vos efforts, vous assurer que la protection de la Métropole ne vous manquera pas. »

C’est le prince Jérôme qui propose à l’empereur un titre pour son fils, comme si le souvenir nostalgique du roi de Rome nécessitait une résurgence. Jérôme voit fort bien le petit prince couronné : « Mon ambition serait, pour répondre à votre confiance, de donner assez de développement à cette conquête pour que dans quelques années vous puissiez nommer votre fils Roi d’Algérie, sans que ce soit un vain titre. »

C’est durant ce premier séjour en Algérie que Napoléon III apprend le décès de la duchesse d’Albe, le 16 septembre 1860 à Paris. Il décide de n’en rien dire à l’impératrice, que l’état de santé de sa sœur inquiète déjà. Le Moniteur universel indique que, le 18 septembre, la Ville d’Alger offrait un grand bal au couple impérial, que seul Napoléon III s’y est rendu, l’impératrice s’abstenant en raison de l’état alarmant de sa sœur. Le lendemain, les souverains s’embarquent sur L’Aigle pour Port-Vendres. Eugénie ne sait rien encore ; elle apprend le décès de Paca en débarquant en France. Elle est à Saint-Cloud le 22 septembre. Les obsèques ont été célébrées le 20 septembre, conduites par son beau-frère le duc de Galve. La peine d’Eugénie est immense, comme sa déception de n’avoir pu assister aux obsèques de sa sœur, très rapidement organisées, trop rapidement à son gré par Achille Fould, qu’elle accusera d’avoir voulu hâter la cérémonie. Eugénie décide peu après de revendre immeubles et terrains qui avaient été achetés sur les Champs-Élysées pour que la duchesse d’Albe, ses enfants et sa mère soient dignement logés lors de leurs séjours parisiens. C’est l’hôtel particulier du maréchal Lauriston et ses jardins achetés en janvier 1855, qu’elle avait agrandi ensuite, en acquérant, après la mort de Delphine Gay, en juin 1855, l’hôtel d’Émile de Girardin. L’ensemble occupait les emplacements actuels des 71 au 79, avenue des Champs-Élysées.

En novembre s’assouplissent les règles gouvernementales, avec le rétablissement des communications suspendues depuis 1852 entre les Tuileries, le Palais-Bourbon et le palais du Luxembourg. Désormais les députés et les sénateurs ont le droit d’envoyer des « adresses » au souverain et de formuler ainsi leurs avis. De plus leurs discours seront publiés et plus seulement le procès-verbal des séances. Ce sont, indiscutablement, les premiers signes annonciateurs de cet empire libéral qui va tant déplaire à Mérimée.

 

X

 

L’empire c’est la paix… Ce ne sont plus là que des belles paroles. Il y a eu la campagne d’Italie, l’expédition de Chine, l’intervention en Syrie ; il va y avoir l’affaire du Mexique.

La Chine était une aventure bien trop lointaine pour passionner les foules, peu ou pas informées ; la Syrie n’a pas retenu trop longtemps les troupes françaises. Il va en être différemment pour le Mexique, l’empereur prenant le risque d’aller s’y embourber en 1861.

Il n’y a, au départ de cette tragédie, qu’une révolution locale, un de ces innombrables coups d’État qui voient le pouvoir passer d’une faction à une autre pour revenir à celle qui avait été chassée, avant qu’elle ne soit encore renversée… La France a beaucoup aidé le général Miramon et ses amis libéraux, en leur prêtant de l’argent lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais ils ne remboursent pas leurs dettes, puisqu’ils viennent d’être chassés de México par Juárez. Celui-ci décide d’ignorer – s’il les a connus – les engagements financiers pris envers la France et il empoche ce qui devait servir au remboursement. Installés sur place, pris dans cette ambiance désordonnée, des Espagnols, des Anglais et des Français sont régulièrement spoliés, volés, assassinés. Le 31 octobre 1861 est signée à Londres une convention : les trois États défendront leurs nationaux menacés au Mexique et exigeront le paiement de la dette… Il est également inscrit dans l’accord que les participants ne chercheront pas des conquêtes, qu’ils resteront à l’écart des affaires intérieures et laisseront au Mexique le choix et la forme de son gouvernement. Les alliés débarquent à Veracruz, Córdoba, Téhuacán et Orizaba.

Bientôt les alliés soupçonnent les ambitions de Napoléon III : renverser Juarez et créer un empire pour Maximilien, le deuxième fils de l’empereur d’Autriche. Les premiers contacts, à ce propos, sont d’octobre 1861. Espagnols et Anglais se retirent de l’alliance. Napoléon III est seul désormais, seul, mais poussé par Eugénie désireuse de voir « planter l’étendard de la foi » au cœur du Nouveau Monde.

Maximilien hésite beaucoup à s’embarquer pour le Mexique. Un jour, il s’imagine empereur ; le lendemain, il n’y voit que des inconvénients. Charlotte, son épouse, est beaucoup plus séduite ; elle se rêve un avenir de souveraine. Ils finissent par accepter sans prendre conscience des conditions qu’impose l’empereur. Elles sont rudes. La France aidera Maximilien en hommes et en matériel mais au prix d’une copieuse facture : la Légion étrangère sera intégralement à la charge du Mexique, et les 20 000 hommes de la « régulière »(4) coûteront à Maximilien 1 000 francs par homme et par an jusqu’en 1867, date prévue pour le retour en France de l’armée ; de plus le Mexique doit toujours rembourser les 60 millions de la dette de Miramon et 270 millions pour les dépenses militaires déjà déboursées.

Contrairement aux intentions de Napoléon III, la France ne sera pas seulement une sorte de fournisseur, assurant, par des contrats en bonne et due forme, des services divers et variés ; elle deviendra belligérante à part entière ! Les responsabilités ne sont pas forcément à Paris, mais plus exactement à México où Maximilien lasse ses soutiens naturels en se tournant trop ouvertement vers ses adversaires avoués, puis l’ambassadeur de France commet quelques erreurs, et les généraux français deviennent trop vite des proconsuls.

 

Au nord du Mexique, de l’autre côté de la frontière, la fièvre monte aussi. Aux États-Unis, il y a de sérieuses tensions entre le Sud esclavagiste et le Nord qui veut l’abolition. Français et Anglais suivent ces événements avec la même attention, mais pas nécessairement avec les mêmes espérances.

Le pire s’annonce en janvier 1861 : après la Caroline-du-Sud, six autres États sortent de l’Union : le Mississippi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie puis la Louisiane. La nouvelle n’afflige pas Mérimée qui n’a aucune sympathie marquée pour les États-Unis ; même si dans le passé le libéral qu’il croyait être regardait avec intérêt ce jeune État assoiffé de démocratie. Tensions et sécession le réjouissent : « Je leur souhaite toutes les misères possibles et je crois qu’elles ne leur manqueront pas. »

Le 16 août 1861, le président Lincoln déclare les habitants du Sud en état d’insurrection avec les États-Unis et interdit toute relation de commerce avec eux. La guerre de Sécession est officiellement engagée. Mérimée note que des voyageurs revenus des États-Unis, et qui ont vu les choses de façon objective, rapportent que, de part et d’autre, c’est un acharnement froid mais indomptable qui promet une longue guerre jusqu’à l’épuisement des deux parties.

Au moment où les États sudistes s’éloignent et que l’Union s’effiloche, Mérimée écrit au comte de Gobineau :

Ce après quoi je soupire le plus, c’est pour voir de bien plus grands braillards(5), les citoyens des États Unis jadis unis, se donner des taloches. On dit que corsaires attaquant corsaires ne font pas leurs affaires, mais la vanité des méridionaux aidée par celle des septentrionaux parviendra, je crois, à faire parler la poudre et nous aurons de beaux bulletins.

D’où vient cette antipathie affirmée de Mérimée pour les Américains ? Sans aucun doute de ce que lui racontent ses amis Childe. Le père, Edward, est un Américain, installé en France puis reparti aux États-Unis en 1857. Il réintègre la France la même année, écœuré par ses concitoyens. Ce qu’il explique à Mérimée n’a effectivement rien de très enthousiasmant : sur les 450 membres du Congrès, il y en a plus de 200 qui vendent leur vote pour de l’argent, quelques-uns pour un vieil habit…

Edward Childe meurt le 23 janvier 1861, au début de la guerre de Sécession, mais son fils, également prénommé Edward, est aussi très lié avec Mérimée, et celui-ci se retrouve une vocation pédagogique. Après ses conseils au fils Delessert, le voici s’occupant du fils Edward Childe, qui, de toute évidence, mène une vie dissolue, avec une liaison qu’il n’ose rompre, ce à quoi Mérimée l’engage : « Si vous vous mariez jeune, vous avez le moyen de vous marier à peu près à qui vous voudrez, vous pouvez assurer votre bonheur. Vous avez de l’esprit et de l’intelligence pour choisir. Lorsque vous aurez un but dans la vie, vous verrez qu’elle vaut mieux que vous ne croyez et que vous-même valez mieux. Vous n’avez jamais considéré dans la vie que l’emploi de la semaine devant vous. Pensez aux années et prenez exemple d’un très vieux et très old bachelor qui vous offre ici son expérience personnelle, expérience très triste. »

Comme Childe fils est également le neveu du général Lee, nous avons peut-être un début d’explication sur les sentiments de Mérimée, qui se rapproche des sudistes. L’attitude de la famille d’Orléans achève de le convertir, lorsqu’il découvre dans Le Journal des Débats que le comte de Paris et son frère le duc de Chartres se sont enrôlés dans l’armée américaine fédérale : « Ne trouvez-vous pas la chose bien étrange ? Ils vont se battre contre les Français de la Nouvelle Orléans, voilà ce que disent et pensent les gens d’ici. Français à part, de quoi diable se mêlent-ils ? Mieux vaudrait aller se battre dans le Monténégro pour la Croix contre le Croissant. »

Mérimée revient souvent, dans sa correspondance, sur les combats de la guerre de Sécession, souligne l’acharnement des deux parties, la bravoure des soldats des deux camps qui « se font tuer parfaitement », l’absence de généraux dignes de ce titre. Il voit les batailles comme de grandes tueries sans résultat, personne ne pouvant dire quand et comment cela finira. Sa sympathie pour les sudistes transparaît encore à l’occasion, même s’il estime que le Sud est bien bas et que le Nord affiche un début de supériorité, « ce qui ne veut pas dire qu’il brille par le bon sens, par la magnanimité ni par aucune vertu, sinon la ténacité ».

Le 1er février 1865, Mérimée s’adresse encore au fils Childe ; il redoute que le Nord écrase les sudistes. La situation de l’armée séparatiste est effectivement mauvaise. Il est question de possibles négociations de paix. À la fin avril, les sudistes déposent les armes. Napoléon III ne tarde pas à découvrir les conséquences de cette défaite sur l’affaire mexicaine

 

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Notes

(1) Vicenzo Salvagnoli, venu présenter un projet de partage de l’Italie en quatre parties. L’empereur n’a ni approuvé ni écarté !

(2) Le cardinal Antonelli.

(3) Émile Augier (Valence 1820-Paris 1889) fut clerc d’avoué avant de se consacrer au théâtre. Entre à l’Académie française en 1857.

(4) Appellation des autres unités de l’armée française, vues par la Légion étrangère.

(5) Les autres braillards étant les Prussiens…