1909. Le 26 novembre, naissance d'Eugen Ionescu à Slatina, en Roumanie, d'un père roumain également nommé Eugen Ionescu et d'une mère d'origine française, Thérèse Ipcar.
1911. La famille s'installe à Paris où le père du futur dramaturge prépare son doctorat en droit.
1916. L'Allemagne déclare la guerre à la Roumanie. Eugen Ionescu retourne à Bucarest, laissant sa famille à Paris, et divorce sous le prétexte fallacieux que son épouse aurait abandonné le domicile conjugal. Eugène séjourne plusieurs mois dans un établissement pour enfants proche de Paris.
1917. Le père épouse Hélène Buruiana qui détestera les enfants de son mari. Le sentiment est réciproque.
1917-1919. Eugène et sa sœur Marilina séjournent chez des fermiers à La Chapelle-Anthenaise, en Mayenne. Ce séjour paisible et heureux marqua profondément le futur écrivain comme en témoignent ses déclarations et ses journaux intimes.
1920. Après avoir exercé les fonctions d'inspecteur de la Sûreté pendant la guerre, Eugen Ionescu est nommé avocat.
1922. Eugène et sa sœur doivent rejoindre Bucarest où ils apprennent le roumain qu'ils ignoraient jusque-là. Eugène fréquente le lycée orthodoxe Saint-Sava Ultérieurement, sa mère viendra s'installer à Bucarest.
1926. Las des conflits qui l'opposent à un père irascible, versatile et indélicat, Eugène quitte le domicile paternel. Ces conflits trouveront un écho dans ses œuvres, notamment dans Victimes du devoir et Voyages chez les morts
Découverte de la poésie du dadaïste Tristan Tzara et de surréalistes comme Breton, Soupault, Aragon et Crevel.
1928. Obtention du baccalauréat.
1929. Entrée à l'université de Bucarest où il prépare une licence de français. Joutes oratoires avec son professeur d'esthétique.
Rencontre de Rodica Burileanu, étudiante en philosophie et en droit et fille du directeur d'un journal influent.
1930. Premiers articles littéraires dans diverses revues.
1931. Publication, en roumain, d'une plaquette de vers intitulée Élégies pour êtres minuscules.
Intense activité de critique dans diverses revues. 1929-1935.
1934. Obtient la Capacitate en français, équivalent approximatif du C.A.P.E.*S. actuel. Publication d'un ouvrage polémique et satirique intitulé Nu (c'est-à-dire Non) où il s'en prend à des écrivains et des critiques célèbres qu'il fréquente. Ce recueil d'essais qui fit scandale, mais pour lequel il se vit décerner le prix des Fondations royales, laisse pressentir l'auteur de Notes et contre-notes et de La Cantatrice chauve.
1936. Le 8 juillet, il épouse Rodica Burileanu. En octobre, décès de sa mère.
1936-1938. Il enseigne à Cernavoda, ville de garnison, et publie divers articles satiriques sur « La vie grotesque et tragique de Victor Hugo ».
En 1938, Ionesco quitte la Roumanie, agitée par des remous politiques, pour la France afin d'y préparer un doctorat sur « le péché et la mort dans la poésie française depuis Baudelaire ». Cette thèse ne sera jamais achevée.
1940. Mobilisé, Eugène rentre en août à Bucarest et enseigne au lycée Saint-Sava.
1942 ou 1943. Les Ionesco s'établissent à Marseille, en zone libre.
1944. Naissance de leur fille Marie-France.
Retour à Paris. 1945.
1948-1955. Décès de son père. Après avoir été manutentionnaire, Eugène devient correcteur d'épreuves dans une maison d'éditions juridiques.
1950. Nicolas Bataille crée La Cantatrice chauve au théâtre des Noctambules. Ionesco se fait naturaliser français.
1951. Marcel Cuvelier crée La Leçon au théâtre de Poche.
Sylvain Dhomme cree Les Chaises au théâtre Lancry. Reprise
1952 de La Cantatrice chauve et de La Leçon à la Huchette.
1953. Jacques Mauclair crée Victimes du devoir au théâtre du Quartier latin. Sept Petits Sketches mis en scène par Jacques Poliéri à la Huchette.
1954. Publication du Théâtre I chez Gallimard. Jean-Marie Serreau crée Amédée ou Comment s'en débarrasser au théâtre de Babylone.
1955. Robert Postec crée Jacques ou la Soumission et Le Tableau au théâtre de la Huchette. Création, en Finlande, du Nouveau Locataire par Vivica Bandler.
1956. Maurice Jacquemont crée L'Impromptu de l'Alma au Studio des Champs-Élysées, pièce satirique où Ionesco s'en prend à ses critiques – Roland Barthes, Bernard Dort et Jean-Jacques Gautier – habillés en docteurs doctrinaires.
1957. Reprise de La Cantatrice chauve et de La Leçon à la Huchette.
Création, par Jean-Luc Magneron, de L'avenir est dans les œufs au théâtre de la Cité universitaire. Robert Postec crée Le Nouveau Locataire au théâtre d'Aujourd'hui (théâtre de l'Alliance française).
1959. José Quaglio crée Tueur sans gages au théâtre Récamier.
Création de Scène à quatre au festival de Spolète. Création, en langue allemande, de Rhinocéros par Karl-Heinz Stroux à Düsseldorf.
1960. Jean-Louis Barrault crée Rhinocéros à l'Odéon-Théâtre de France.
1962. Création de Délire à deux au Studio des Champs-Élysées par Antoine Bourseiller. Publication de La Photo du colonel, recueil comprenant six récits. Jacques Mauclair crée Le roi se meurt au théâtre de l'Alliance française. Publication de Notes et contre-notes, recueil important d'articles, de conférences et de polémiques. Karl-Heinz Stroux crée, à Düsseldorf, Le Piéton de l'air.
1963. Le Piéton de l'air à l'Odéon, dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault.
1964. Karl-Heinz Stroux crée La Soif et la Faim à Düsseldorf.
Jean-Marie Serreau met en scène La Soif et la Faim à la
1966. Comédie-Française. Barrault reprend La Lacune à l'Odéon.
Création de Leçons de français pour Américains au théâtre de Poche par Antoine Bourseiller. Publication, par Claude Bonnefoy, de ses Entretiens avec Eugène Ionesco (Belfond).
1967. Publication du Journal en miettes.
1968. Publication de Présent passé. Passé présent.
1969. Publication de Découvertes chez Skira. Michel Benamou, professeur aux États-Unis, publie Mise en train, manuel de français dont Ionesco a rédigé les dialogues.
1970. Élection à l'Académie française. Création de Jeux de massacre à Düsseldorf par Karl-Heinz Stroux. Représentation au théâtre Montparnasse par Jorge Lavelli.
1972. Jacques Mauclair crée Macbett au théâtre de la Rive-Gauche.
1973. Jacques Mauclair crée Ce formidable bordel ! au théâtre Moderne. Publication d'un roman, Le Solitaire.
1975. Jacques Mauclair crée L'Homme aux valises au théâtre de l'Atelier.
1977. Publication d'Antidotes, recueil d'inédits et d'articles politi-ques, littéraires et culturels.
1979. Publication d'Un homme en question, recueil d'articles. Création de Contes pour enfants par Claude Confortès au théâtre Daniel Sorano.
1980. Création de Voyages chez les morts au Guggenheim Theater de New-York dans la mise en scène de P. Berman. Jean-Jacques Dulon crée Parlons français au Lucernaire, spectacle élaboré à partir des Exercices de conversation et de diction françaises pour étudiants américains. Succès éclatant (1000 représentations étalées sur plus de trois années).
1981. Publication d'un essai sur la peinture, Le Blanc et le Noir, illustré de quinze lithographies d'Ionesco.
1982. Publication d'un essai datant des années trente, traduit du roumain par Dragomir Costineanu, intitulé Hugoliade.
1983. Spectacle Ionesco mis en scène par Roger Planchon à partir de L'Homme aux valises, de Voyages chez les morts et d'éléments biographiques. Exposition de lithographies et de gouaches en Suisse et en Autriche. Création audiovisuelle de Parlons français, spectacle diffusé sur Antenne 2 le 2 janvier 1983, avec Claude Piéplu et la participation d'Eugène Ionesco.
1985. Le roi se meurt joué en opéra à Munich sur une musique de Suter Meister. Expositions à Klagenfurt, Innsbruck, Salzbourg, Munich, Glarus, Bielefeld et Cologne. Ionesco reçoit le prix T.S. Eliot-Ingersoll à Chicago en présence de Saul Bellow et de Mircea Eliade. La revue allemande Signatur publie une plaquette intitulée Souvenirs et dernières rencontres (textes et gouaches de l'auteur).
1986. Publication de Non, traduit du roumain par Marie-France Ionesco, avec une préface d'Eugen Simion et une postface d'Ileana Gregori.
1987. Le 23 février, célébration, à la Huchette, du trentième anniversaire du Spectacle Ionesco, en présence du dramaturge, de son épouse et des comédiens qui, au fil des ans, se sont relayés pour jouer La Cantatrice chauve et La Leçon.
1988. Publication d'un journal, La Quête intermittente. Représentation, à Rimini, de Maximilien Kolbe, opéra dont le livret est d'Ionesco et la musique de Dominique Probst.
1989. En février, le jury du Pen Club présidé par Ionesco décerne le prix de la Liberté à Vaclav Havel, écrivain dissident qui, en décembre de la même année, deviendra président de la République de Tchécoslovaquie.
Le 7 mai, au cours de la Troisième Nuit des Molières organisée au Châtelet par Antenne 2 et l'Association professionnelle et artistique du théâtre, Jacques Mauclair prononce un discours de circonstance à l'issue duquel la comédienne Denise Gence (qui avait interprété Les Chaises avec Pierre Dux) remit un Molière à Ionesco que le public ovationna.
1990. Le 4 janvier, à l'occasion du décès récent de Samuel Beckett,
Le Nouvel Observateur publie les réactions d'Ionesco dont voici un bref extrait : « Quand je pense à lui, il me revient en mémoire ce vers d'Alfred de Vigny : “Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse.” Pour Beckett, la parole n'était que du bla-bla. Elle était inutile. »
1991. Parution du Théâtre complet dans la Pléiade.
1993. Publication, en traduction italienne, du Théâtre complet (Pléiade) chez Einaudi.
1994. Ionesco meurt à Paris le 28 mars.