NOTE LIMINAIRE

CES quatre leçons ont été prononcées au Collège de France les 13, 20, 27 octobre et le 3 novembre 2000, à l’invi­tation de Pierre-Étienne Will, professeur d’histoire de la Chine moderne. L’auteur y fait le point sur des recherches qu’il mène depuis qu’il a quitté l’université de Genève, où il a été professeur d’études chinoises.

Tchouang-tseu est l’un des grands philosophes de l’Antiquité chinoise. On situe sa mort aux environs de l’an 280 avant notre ère. L’ouvrage où sont réunis ses écrits et d’autres textes datant d’après sa mort ne porte pas de titre ; on l’appelle “le” Tchouang-tseu.

Ce livre inégalé a été peu étudié sérieusement par les sinologues occidentaux. C’est sans doute parce que nous ne pouvons y entrer qu’au prix d’une double critique. Il faut être prêt à nous détacher de l’idée que nous nous faisons communément de la pensée chinoise et remettre simultanément en question certaines de nos conceptions les plus difficiles à ébranler.

Il n’en existe pas de traduction satisfaisante en fran­çais. Celle de Liou Kia-hway, L’Œuvre complète de Tchouang-tseu (Gallimard, 1969), reprise dans Philosophes taoïstes (Bibliothèque de la Pléiade, 1980), est faible. Celle de J.-J Lafitte (Albin Michel, 1994) n’est pas meilleure. Celle de L. Wieger, incluse dans ses Pères du système taoïste (1913, rééd. Cathasia, Paris, 1950), est définitive­ment dépassée. La meilleure que l’on ait en une langue occi­dentale est celle de Burton Watson, The Complete Work of Chuang Tzu (Columbia University Press, New York, 1968). Celle de A. C. Graham, Chuang-tzû, The Seven Inner Chapters (Allen & Unwin, Londres, 1981) est moins convaincante, mais présente de l’intérêt par son appareil critique.

Dans les références au texte, le premier chiffre renvoie à l’un des 33 livres de l’ouvrage, la lettre à une subdivision du livre, les chiffres suivants aux lignes du texte tel qu’on le trouve dans A Concordance to Chuang Tzu (Harvard- Yenching Institute, 1947, rééd. Ch’eng-wen, Taipei, 1965). Les références à la littérature sinologique sont réduites ici au strict minimum.

On a adopté, sous une forme légèrement simplifiée, la translittération française traditionnelle du chinois, qui permettra au lecteur de prononcer les mots et les noms chinois de façon approximativement juste en suivant les conventions orthographiques du français. En fin de volume, une table donne en translittération française, en caractères chinois et en translittération pinyin les principales notions et phrases citées dans le texte.


Dans la 8e édition des Leçons, on a tenu compte de la publication des Études sur Tchouang-tseu, parues chez le même éditeur en 2004.

Dans cette 12e édition des Leçons, signalons Les Œuvres de Maître Tchouang (Encyclopédie des Nuisances, 2006), nouvelle traduction de Jean Levi – brillante mais souvent fantasque, peu sûre dans le détail.