L’urine démystifiée
L’urine constitue un autre sujet délicat que l’on évite d’aborder en public. Dans certains milieux, le seul fait de la mentionner est considéré comme déplacé, voire vulgaire. Même si chacun de nous sait très bien de quoi il s’agit, l’utilisation qui en a été faite depuis des temps immémoriaux nous est moins connue.
Dans l’Antiquité, de nombreux peuples, dont les Aztèques, utilisaient l’urine comme désinfectant pour nettoyer les plaies. Les Romains s’en servaient pour dégraisser la laine et traiter le cuir. Elle leur était aussi utile quand venait le temps de la lessive, probablement en raison de sa forte teneur en ammoniac. Plus récemment, en 1994, lors d’une entrevue à l’émission Late Show de David Letterman, la chanteuse Madonna aurait déclaré qu’elle urinait sur ses propres pieds pour aider à guérir un problème de pied d’athlète.
Une autre pratique remontant à l’Antiquité, mais encore bien présente de nos jours, est celle qui consiste à boire une partie de son urine. L’urinothérapie est une tradition originaire de l’Inde, où elle porte le nom d’amaroli. Ce mot provient du sanskrit, la langue sacrée et littéraire de l’Inde ancienne, et pourrait être traduit de façon approximative par « le nectar de l’immortalité5 ». Cette médecine ancestrale compte toujours un grand nombre d’adeptes, et ce, dans plusieurs pays du monde. L’urinothérapie est vénérée par ses partisans pour ses vertus préventive, curative et cosmétique ; certains la décrivent comme un élixir de jouvence et de bien-être. L’urine fraîchement cueillie peut être utilisée de différentes manières, notamment sous forme de boisson, d’application sur la peau (massage, douche), de gouttes pour les yeux ou les oreilles, de douche vaginale, de gargarisme, de compresses humides ou de lavement intestinal6.
Il faut bien admettre que même si le mot urine n’est prononcé qu’avec la plus grande discrétion, tout le monde est concerné. N’est-ce pas là notre première préoccupation au lever et la dernière avant de nous coucher le soir ? Tous les parents se souviendront de l’entraînement à la propreté de leur enfant, surtout si le grand moment s’est fait attendre, semant l’émoi au sein de la famille. Le sujet est certainement très présent aussi dans les pensées des parents dont les enfants souffrent d’énurésie (pipi au lit), situation qui perdure parfois plusieurs mois et même des années après avoir maîtrisé la propreté de jour. De même, les personnes aux prises avec de petites fuites urinaires intempestives occasionnées par une toux, un éternuement, un éclat de rire ou un effort vivent souvent dans la crainte que son odeur particulière puisse les trahir. Et que se passe-t-il si on arrête d’uriner ? Rien de bon, soyez-en assuré ! Et voilà, la preuve en est faite ; même s’il peut paraître malséant de discuter de son urine, il n’en reste pas moins que c’est un sujet qui mérite notre attention.
L’urine est un liquide organique jaune pâle, limpide et odorant qui est sécrété par les reins, puis évacué hors du corps en passant par l’uretère et la vessie. Elle est composée d’environ 95 % d’eau, mais elle contient aussi des déchets comme l’urée (environ 2 %), dérivée de la dégradation des protéines. On y retrouve également de la créatinine, de l’acide urique, des ions minéraux, dont du potassium, du sodium, du calcium, du magnésium, des phosphates et des bicarbonates. La présence de certaines substances dans l’urine peut signaler une maladie. Ainsi, le médecin sera alerté par des composantes anormales, notamment le glucose, le sang, les protéines, l’albumine, l’hémoglobine, les leucocytes (globules blancs) ou les pigments biliaires comme la bilirubine.
Les reins jouent, dans l’organisme, un rôle vital comparable à celui d’une usine d’épuration d’une ville ; ils filtrent et purifient les liquides en circulation (le sang) et éliminent les « eaux usées » (toxines). De plus, ils assurent la sécrétion de la rénine, une enzyme servant à réguler la pression artérielle et celle de l’érythropoïétine qui permet la production des globules rouges dans la moelle osseuse. Les reins participent à la transformation de la vitamine D en sa forme active. Ils maintiennent également l’équilibre hydroélectrolytique et acidobasique du corps.
Le système urinaire est formé de deux reins, chacun étant lié à la vessie par un uretère. L’urine passe du rein à la vessie, puis coule par l’urètre vers le méat urinaire pour être excrétée lors de la miction. Les reins traitent quotidiennement environ 180 l de liquide dérivé du sang. De cette quantité, approximativement 1 % est évacué sous forme d’urine, soit environ 1,5 litre par jour. Bien que la majorité des gens aient deux reins, on peut très bien vivre avec un seul comme le font d’ailleurs 5 % de la population.
La vessie est un sac musculaire très extensible qui sert de réservoir à l’urine. Lorsqu’elle est vide, elle mesure approximativement 10 cm de long, bien que la vessie de l’homme soit plus grande que celle de la femme. Chez l’homme, elle se situe devant le rectum, alors que chez la femme, elle est localisée devant le vagin et l’utérus.
La vessie a la capacité d’accueillir 500 ml d’urine, mais elle peut en contenir presque le double si elle est distendue. Une distension vésicale exagérée n’est pas confortable, ni recommandée d’ailleurs, car elle peut causer une rupture de la vessie. En temps normal, on ressent le besoin d’uriner quand 200 à 300 ml de liquide se sont accumulés. Lorsque la quantité d’urine augmente dans la vessie, sa paroi musculaire s’étire jusqu’à ce que ses mécanorécepteurs informent le cerveau qu’il est temps de la vider. C’est alors que l’envie d’uriner se faire ressentir.
Une personne urine en moyenne de 4 à 6 fois par jour, mais cela varie en fonction de la quantité des liquides ingérés. D’autres facteurs peuvent influencer la fréquence des mictions, dont l’âge du sujet, la transpiration (plus on transpire, moins on urine), le vomissement, la diarrhée, l’hémorragie, certaines maladies comme le diabète, les effets secondaires de certains médicaments ou la consommation de certains aliments (effet diurétique). Sur 24 heures, le volume d’urine excrétée peut fluctuer de 0,5 à 2 l. Un volume d’urine inférieur à 0,5 l par jour pourrait signaler une rétention urinaire ou même une insuffisance rénale, et nécessite un suivi médical immédiat afin d’éviter un dommage permanent aux reins. De son côté, un débit urinaire supérieur à 3 l par jour, bien qu’il puisse être la conséquence d’un apport hydrique excessif, pourrait aussi s’avérer être un signe précurseur du diabète.
Avec l’âge, les reins s’atrophient et leur capacité de filtration diminue. De même, la vessie d’une personne âgée rétrécit et perd de son tonus musculaire. Sa rétention d’urine peut diminuer de moitié, ce qui nécessite des mictions plus fréquentes. Près des deux tiers des personnes âgées ressentent le besoin de se lever la nuit pour uriner.
La couleur de l’urine fraîchement émise varie d’un jaune pâle à un jaune foncé. La première miction du matin produit habituellement une urine plus concentrée. Sa coloration jaune est causée par la présence d’urobiline ; il s’agit d’un pigment produit par la dégradation de la bilirubine. Sa couleur peut varier en fonction de plusieurs facteurs et, la majorité du temps, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter. La quantité de liquide ingéré, le choix des aliments, la prise de médicaments ou de suppléments vitaminiques peuvent altérer sa teinte. Une modification passagère de la couleur de l’urine peut ainsi avoir une raison bénigne et ne requiert aucune attention particulière.
D’autre part, une coloration inhabituelle persistante pourrait dénoter un trouble urinaire ou un problème lié à un autre organe interne tel que le diabète, l’insuffisance hépatique ou l’anémie hémolytique. Comme la miction est une action répétée plusieurs fois par jour, il est relativement facile de noter tout changement, mais il faut quand même éviter d’en faire une obsession. Envisagez une consultation médicale pour tout changement de coloration qui perdure plus d’un jour ou deux, surtout s’il est associé à d’autres symptômes anormaux. Voyons brièvement la provenance possible des différentes couleurs de l’urine et ce qu’elles pourraient révéler sur votre état de santé.
L’urine rosée ou rouge n’est pas nécessairement causée par la présence de sang. Certains aliments riches en pigments rouges comme la betterave et les mûres ainsi que certains colorants alimentaires peuvent donner une teinte rouge à l’urine. La consommation de betteraves peut rendre l’urine sombre, pratiquement rouge, assez pour inquiéter une personne non avisée ; la couleur s’estompe après 3 ou 4 mictions. L’élimination urinaire d’un supplément de vitamine B12 peut également provoquer une coloration rouge de l’urine. Les personnes qui souffrent d’une intoxication au plomb ou au mercure ont tendance à produire de l’urine rouge ou orange. La rhubarbe et le séné (laxatif), qui renferment naturellement de l’anthraquinone, et certains médicaments qui en contiennent peuvent colorer les urines en rose. Cela dit, il arrive que la teinte rosée ou rouge de l’urine soit effectivement causée par la présence de sang (hématurie). Elle indique le plus souvent une infection urinaire, mais elle peut aussi faire suite à un traumatisme d’un organe de l’appareil urinaire ayant causé une lésion. L’hématurie peut également signaler une maladie plus grave touchant la vessie, les reins, le foie ou la prostate.
L’urine jaune foncé ou orange peut indiquer la déshydratation, surtout si elle dégage une très forte odeur et si le débit urinaire a diminué. Une personne qui consomme une grande quantité d’aliments ou de suppléments contenant des vitamines B, du bêta-carotène (carotte, courge) ou un excès de vitamine C a souvent des urines d’un jaune sombre orangé. Ce phénomène se remarque aussi avec la prise de certains médicaments, dont certains laxatifs, la rifampicine (antibiotique contre la tuberculose), la warfarine (anticoagulant) et la phénazopyridine (analgésique des voies urinaires).
L’urine foncée, couleur thé ou brune, peut découler de la consommation d’une grande quantité de gourganes, de rhubarbe ou d’aloès. De même, certaines composantes médicamenteuses peuvent altérer la coloration de l’urine, dont la quinine (paludisme), le métronidazole (antibiotique) et le méthocarbamol (relaxant musculaire). L’urine d’une couleur thé peut être liée à une complication sérieuse du diabète. Certaines affections du foie, du pancréas et des reins peuvent également foncer la couleur de l’urine jusqu’à paraître brun-noir.
L’urine vert pomme est associée à la consommation d’asperges ; dans ce cas, elle dégage souvent une odeur particulière. De même, certains suppléments vitaminiques et médicaments peuvent être en cause. Les personnes souffrant d’une infection urinaire causée par la bactérie Pseudomonas peuvent sécréter une urine à l’apparence verdâtre.
L’urine bleue résulte le plus souvent de l’utilisation de colorants (bleu de méthylène) lors d’un examen pour la vessie et les reins ou de l’ingestion de colorants artificiels présents dans les aliments. Certains médicaments peuvent aussi être à l’origine d’un tel changement de couleur. L’hypercalcémie familiale est un trouble héréditaire rare que l’on nomme parfois le « syndrome de la couche bleue » parce que l’urine des nourrissons qui en sont atteints est bleue.
L’urine pourpre caractérise la porphyrie ; il s’agit d’une affection héréditaire rare. Un dérèglement du métabolisme cause une accumulation des porphyrines dans l’organisme, ce qui donne une urine pourpre. Cette coloration est accentuée lorsque l’urine est exposée à la lumière du soleil (rayons ultraviolets).
Il est à noter qu’un trouble urinaire peut être présent même si la couleur de l’urine est tout ce qu’il y a de plus normal. On peut suspecter une infection si l’urine dégage une odeur forte et nauséabonde. Par ailleurs, l’odeur des urines est un symptôme qu’il ne faut jamais négliger, car elle peut révéler d’autres problèmes de santé. Les sujets diabétiques sont conscients que l’odeur sucrée ou fruitée de leur urine peut indiquer une complication sérieuse (acidocétose) qui doit être prise en charge immédiatement. La déshydratation occasionne une sécrétion urinaire concentrée à forte odeur d’ammoniac. Il existe aussi un trouble métabolique appelé la « triméthylaminurie » où l’haleine, la transpiration et l’urine de la personne concernée sentent le poisson. Cela dit, l’odeur de l’urine n’est pas toujours révélatrice de troubles graves ; elle peut varier selon la consommation de certains aliments (épinard, chou, ail), la prise de certaines vitamines ou de certains médicaments.
L’infection urinaire est associée le plus souvent à la vessie, mais elle peut aussi toucher aux reins, aux uretères et à l’urètre. La cystite, quant à elle, est une inflammation de la vessie qui se déclare soudainement sans préavis ; elle provoque le plus souvent une miction douloureuse. Dans la plupart des cas, l’infection est d’origine bactérienne, bien qu’elle puisse aussi être causée par certains médicaments (chimiothérapie, radiothérapie).
La femme est plus susceptible à l’infection urinaire à cause de son anatomie qui situe le méat urinaire très près de l’anus. Les bactéries (E. coli) peuvent se propager à l’urètre lors des relations sexuelles ou par contamination en s’essuyant de l’arrière à l’avant. De plus, la vessie est facilement accessible, car l’urètre féminin mesure moins de 4 cm comparativement à celui de l’homme qui peut atteindre les 20 cm. Les fluctuations hormonales de l’ovulation, de la grossesse et de la ménopause prédisposent certaines femmes à souffrir d’infection urinaire. L’utilisation du diaphragme, de spermicide ou du condom constitue également des éléments de risque. Chez l’homme de plus de cinquante ans, l’hypertrophie bénigne de la prostate (aussi appelée « hyperplasie bénigne ») ou l’infection de la prostate peuvent être en cause. Les allergies alimentaires, la candidose systémique, une déficience en vitamines A et C, une alimentation riche en sucre et en gras ainsi qu’une consommation excessive de boissons alcoolisées sont des facteurs qui favorisent le développement de bactéries pathogènes dans la vessie.
Bien qu’on puisse souffrir d’une infection urinaire sans le savoir, la cystite se manifeste habituellement de façon assez marquée, par un ou plusieurs des symptômes suivants :
Une sensation de brûlure lors de la miction ou après celle-ci ;
Une augmentation de la fréquence de miction, mais en plus faible quantité ;
L’émission ardue de l’urine, parfois seulement quelques gouttes à la fois ;
La sensation d’un besoin pressant d’uriner, et ce, même s’il n’y a pas d’urine ;
Une douleur au bas du dos ou dans le bas du ventre ;
Une urine d’apparence brouillée (présence de sang ou de pus), à l’odeur forte et nauséabonde.
Il est important de consulter un médecin dès l’apparition de ces symptômes, car une infection urinaire non traitée peut se propager aux reins (pyélonéphrite) et entraîner d’importantes complications.
On estime que près de 50 % des femmes auront au moins une infection urinaire au cours de leur vie, alors que 2 à 3 % de la population féminine souffrira d’une cystite chaque année. Les hommes de plus de cinquante ans ainsi que les personnes aux prises avec des troubles de santé particuliers sont plus à risque, notamment celles qui souffrent de diabète, de malformations des voies urinaires ou qui ont subi une transplantation rénale, de même que celles qui retiennent leur urine ou ne boivent pas suffisamment.
Quelques précautions toutes simples peuvent réduire les risques de récidive :
S’assurer de boire suffisamment d’eau, soit au moins 1,5 à 2 l par jour ;
Ne pas réprimer l’envie d’uriner ;
Éviter les aliments irritants, épicés ou acides ainsi que les boissons alcoolisées qui favorisent le terrain infectieux ;
Détecter les allergies et les intolérances alimentaires et éviter ces aliments ;
Réduire sa consommation de sucre sous toutes ses formes, excepté les fruits frais (surtout si vous souffrez de candidose) ;
Maintenir une bonne hygiène, mais sans exagération. Éviter les douches vaginales. Lors des règles, s’assurer de changer les tampons et les protections externes régulièrement ;
La femme doit s’essuyer de l’avant vers l’arrière et jamais dans le sens inverse afin d’éviter de propager les matières fécales vers le méat urinaire et le vagin ;
Prendre le temps d’uriner à la suite d’un rapport sexuel ; le passage de l’urine chasse les bactéries qui pourraient être présentes dans l’urètre ;
Il est préférable de choisir des sous-vêtements en coton au lieu d’un tissu synthétique. Vous éviterez ainsi la transpiration qui favorise la prolifération des bactéries ;
Consommer des suppléments de vitamines antioxydantes dont les vitamines A et C ;
Boire tous les jours une à deux tasses de jus de canneberge sans sucre.
La grossesse contribue à l’augmentation du pH urinaire, c’est-à-dire que l’urine devient plus alcaline, rendant l’environnement propice à la prolifération de certaines bactéries. En 2007, les résultats d’une étude ayant pour but d’évaluer le rôle de la vitamine C sur le risque d’infection urinaire chez la femme enceinte furent publiés. Les participantes avaient été divisées en deux groupes ; les femmes du premier groupe avaient consommé 100 mg d’acide ascorbique chaque jour, alors que celles du deuxième groupe n’en avaient pas reçu. Après 3 mois, seulement 12,7 % des femmes du premier groupe avaient souffert d’une infection urinaire comparativement à 29,1 % des participantes du second groupe. On en conclut que la vitamine C peut diminuer l’incidence d’infection urinaire chez les femmes enceintes7.
On connaît depuis longtemps les nombreuses vertus médicinales de la canneberge ; on lui confère des propriétés antioxydantes, antimicrobiennes, anticancéreuses et antiâge. Des composés présents dans la canneberge empêchent l’adhésion de certaines bactéries, comme l’E. coli, à la paroi des voies urinaires (urètre, vessie). De nombreux essais cliniques ont démontré son efficacité à réduire la fréquence et l’intensité des cystites récidivantes. Il est préférable de choisir un jus de canneberge sans sucre ajouté. On peut aussi choisir de l’ingérer sous forme de capsules d’extraits secs.
L’approche phytothérapeutique offre plusieurs plantes pouvant contribuer à prévenir et à lutter contre les infections urinaires récurrentes, dont la busserole, la barbe de maïs, l’échinacée, l’ortie, la bruyère, la prêle des champs et la verge d’or. Le pouvoir antibactérien de l’argent colloïdal est également utile dans le traitement de la cystite.
L’énurésie nocturne (pipi au lit) chez l’enfant peut découler d’une intolérance alimentaire. Bien qu’on ait longtemps pensé que l’intolérance à un aliment se manifestait surtout par des symptômes gastro-intestinaux, on sait maintenant qu’elle peut provoquer des syndromes ailleurs dans le corps (arthrite, syndrome de déficit d’attention, anémie, etc.). Cas clinique : une petite fille de huit ans qui présente une énurésie nocturne au moins cinq fois par semaine. Son bilan de santé est bon et le médecin suggère d’être patient. En demandant à la mère si l’enfant avait un aliment favori qu’elle réclamait souvent, celle-ci répondit sans hésitation que sa fille mangeait presque tous les jours des tomates ou un aliment qui en contenait. Elle allait même jusqu’à manger des cuillérées de ketchup aux tomates. En retirant les tomates de son alimentation, l’énurésie disparut en quelques jours ; le pipi au lit réapparaissait au moindre écart.
La plupart d’entre nous ont déjà fait l’expérience du « pipi nerveux », soit juste avant une présentation devant un groupe ou en attente d’une consultation avec un médecin. Il s’agit des envies fréquentes et parfois pressantes d’uriner qui se présentent en situation de stress. Dans son excellent livre, La maladie cherche à me guérir, Philippe Dransart compare la vessie à « une poche qui retient sous tension notre urine, l’eau de nos tensions émotionnelles ». Comme la tension exige toujours un soulagement, le fait de nous isoler aux toilettes nous soustrait momentanément de la situation et nous permet d’évacuer le trop-plein d’émotions. Ce type d’urgence urinaire ne cause aucun effet résiduel, si ce n’est qu’un peu d’exaspération, et se calme rapidement dès que l’épisode angoissant est passé.
L’appareil urinaire, comme tous les autres organes du corps, n’échappe pas aux vibrations émotionnelles qui animent l’être humain. Les reins assurent la filtration des déchets et aident à maintenir l’équilibre homéostatique de notre intérieur en préservant ce qui est bon et en rejetant les eaux usées. Ainsi, un trouble rénal peut être considéré comme un manque d’équilibre sur le plan émotionnel. Il découle souvent d’une difficulté à lâcher prise quant aux vieilles croyances ou aux émotions toxiques qui polluent la vie affective. De sa part, la médecine traditionnelle chinoise considère depuis longtemps les reins comme le siège de la peur.
Une personne affligée d’un trouble rénal a souvent de la difficulté à discerner ce qui est bon pour elle ; la prise de décision lui semble ardue. Elle n’a pas « les reins solides » lorsqu’elle doit affronter les pressions de la vie. Elle se sent souvent fatiguée, vidée, « éreintée ». Le regret, la peur (de la mort, de la maladie), la culpabilité et la colère refoulée sont des boulets qui la font se sentir impuissante. La vie lui semble remplie d’injustices. Elle manque de stabilité et sa relation avec les autres en souffre. Sa peur peut avoir un rapport avec l’eau ou les liquides. Il serait important qu’elle se demande si elle a eu peur de se noyer à un moment donné, peur d’avaler un liquide toxique comme un médicament ou peur de manquer d’argent liquide. Il pourrait aussi s’agir d’une inquiétude concernant sa consommation d’alcool.
Il est à noter que l’appellation de certains troubles liés à l’appareil urinaire se termine en « ite » : néphrite, urétrite, cystite. Ce suffixe indique habituellement un problème associé à la colère et à la frustration.
L’urétrite est l’inflammation du canal excréteur par lequel l’urine sort de la vessie. La personne vit beaucoup de déception, de frustration et de colère par rapport à une nouvelle situation dans sa vie, par exemple une séparation, un changement d’emploi ou un divorce. Comme elle a de la difficulté à établir ses limites, elle peut se sentir angoissée lorsqu’elle doit affronter un choix difficile engendré par une nouvelle situation.
Les calculs rénaux, communément appelés « pierres aux reins », sont de petits cristaux qui se forment graduellement dans les reins par l’agglutination de différentes substances, dont les sels de calcium et l’acide urique. Leur passage dans les étroits canaux du système urinaire peut entraîner de grandes douleurs. Leur taille varie de quelques millimètres à plusieurs centimètres de diamètre. Dans son livre, Le grand dictionnaire des malaises et des maladies, Jacques Martel décrit le calcul rénal comme « une masse d’énergie solidifiée créée à partir des pensées, des peurs, des émotions et des sentiments agressifs éprouvés envers quelqu’un ou une situation ». Le calcul rénal refléterait donc la cristallisation de ces sentiments négatifs accumulés sur une longue période de temps. La personne est souvent autoritaire et rigide ; elle est dure tant envers elle-même qu’envers les autres. Afin de pallier son manque de confiance, elle s’entête dans une voie où tout est « calculé » à l’avance, ce qui lui donne un sentiment de contrôle sur sa vie. Elle agit souvent pour plaire aux autres, quitte à négliger ses propres besoins. Le moment viendra où elle devra s’affranchir de cette colère cristallisée ; ce passage douloureux pourrait permettre une prise de conscience libératrice.
La cystite apparaît généralement lorsqu’il y a un conflit par rapport à son territoire. D’ailleurs, les animaux ne délimitent-ils pas leur territoire en urinant ? La personne concernée peut se sentir envahie dans son espace physique (maison, chambre, bureau) par le conjoint, les enfants, les voisins ou les collègues de travail. Elle peut aussi souffrir du non-respect de ses besoins personnels (repos, liberté de choix, satisfaction sexuelle). Des sentiments d’irritabilité, de tristesse, de frustration, d’insatisfaction la brûleront de l’intérieur (inflammation de la vessie). Les émotions qui ne sont pas exprimées peuvent générer un sentiment d’impuissance. Les femmes souffrent souvent de cystite quand elles n’arrivent pas à trouver leur place au sein du couple.
L’énurésie nocturne est l’émission involontaire d’urine qui atteint l’enfant en âge de se contrôler. L’arrivée d’un nouveau-né peut ébranler le jeune enfant qui a le sentiment de perdre sa place ; son territoire tel qu’il le connaît (sa place au sein de la famille, sa chambre, ses jouets) est menacé. Il a besoin d’être rassuré. L’énurésie peut aussi être liée à sa relation quant à l’autorité parentale ou sociale comme la peur de ne pas plaire à son père ou à un professeur. Le fait de mouiller son lit est sa façon de relâcher la tension interne.
J’ai 26 ans et, depuis l’adolescence, je n’arrive pas à uriner dans les toilettes publiques. Même au travail, où je me sens pourtant calme et à l’aise, j’ai de la difficulté à uriner si l’autre cabinet est occupé. Quelle est la cause de ce problème ?
Certaines personnes ont de la difficulté à uriner si elles peuvent être vues ou entendues par les autres, ou encore, si elles se sentent pressées par le temps. Elles souffrent de parurésie, aussi appelée le « syndrome de la vessie timide » ou « urinophobie ». Notez que ces personnes n’éprouvent aucune difficulté à la maison. Dans de tels cas, l’incapacité à uriner est plutôt d’ordre psychologique que physiologique (infection, problème de prostate). C’est un trouble apparenté aux phobies sociales et qui, laissé à lui-même, peut entraîner la peur et l’évitement de certaines situations où l’on est appelé à sortir ou à voyager. La parurésie touche de 1 à 7 % de la population ciblant beaucoup plus d’hommes (90 %) que de femmes. La psychothérapie, le soutien d’un groupe d’entraide et parfois même l’hypnose sont des outils qui peuvent aider à mieux cerner cette affection.
J’ai 72 ans et j’ai de plus en plus de difficulté à vider ma vessie. Je dois me lever souvent la nuit pour uriner. Mon analyse d’urine et mon bilan sanguin sont normaux et le médecin me dit que c’est une question d’âge. Que veut-il dire ?
Votre médecin parle probablement d’une hypertrophie bénigne de la prostate. C’est un processus normal lié au vieillissement chez presque tous les hommes de plus de cinquante ans. Plus de la moitié des hommes de soixante ans en sont atteints et le nombre de personnes incommodées par les troubles urinaires augmente avec l’âge jusqu’à quatre-vingts ans. La prostate devient de plus en plus grosse et les symptômes apparaissent lorsqu’elle comprime l’urètre et la vessie. La pression sur la vessie signale l’envie d’uriner plus souvent que la normale et parfois de façon plus urgente. D’autres symptômes incluent :
Des envies d’uriner plus fréquentes, de nuit comme de jour ;
Un jet d’urine plus faible ;
Volume d’urine par miction diminué ;
Difficulté à amorcer la miction ;
Le vidage de la vessie se fait par jets intermittents ;
La miction peut être douloureuse ;
Un égouttement terminal ;
La sensation que la vessie ne se vide pas complètement.
Le suivi médical est important, car certains médicaments peuvent soulager les symptômes. Le protocole thérapeutique peut aussi s’appuyer sur une approche plus naturelle qui vise à rétablir l’équilibre hormonal et à renforcer le terrain. La caféine, l’alcool, le tabac, les excès de protéines animales, les gras saturés et le sucre sont délétères à la santé en général et devraient être évités. Une attention particulière doit être portée à l’alimentation. Celle-ci doit inclure des acides gras essentiels dont le potentiel anti-inflammatoire est bien connu. Les fruits et les légumes, incluant les légumes verts feuillus, constituent une excellente source d’antioxydants. Les graines de citrouille sont riches en phytostérols et en zinc, un oligoélément essentiel à la santé des glandes sexuelles. De plus, on leur confère des propriétés diurétiques. Elles contribuent à soulager les problèmes de miction causés par l’hypertrophie bénigne de la prostate.
Plusieurs études ont démontré l’efficacité du palmier nain dans le traitement de cette affection ; il s’est d’ailleurs démontré aussi efficace que certains médicaments lors d’essais comparatifs. Le palmier nain s’avère également utile dans le traitement de l’inflammation de la prostate (prostatite) et de certaines dysfonctions sexuelles masculines telles que la baisse de la libido et l’impuissance. Il est bon de noter que son effet peut prendre jusqu’à six semaines à se manifester.
Pourquoi mon urine dégage-t-elle une odeur forte après avoir mangé des asperges ?
L’odeur caractéristique de l’urine après la consommation d’asperges est attribuable à la présence de six composés soufrés découlant de la dégradation de certains de ses acides aminés8. Comme l’asperge est diurétique, son odeur soufrée est perceptible dans l’urine dès l’heure qui suit ou quelques heures après son ingestion. Il est intéressant de noter que certaines personnes ne perçoivent pas cette odeur particulière. Il ne faut pas laisser l’effluve résiduel de l’asperge nous désintéresser de ce légume, car il est très riche en vitamines et minéraux.
Mon médecin m’a dit qu’il n’y avait rien d’inquiétant par rapport à mon analyse d’urine, seulement quelques leucocytes. Qu’est-ce que c’est ?
Les leucocytes sont des globules blancs dont le rôle est de défendre l’organisme contre les intrus (bactéries, virus, etc.). Une infection urinaire entraîne une augmentation du nombre des leucocytes dans les urines. Normalement, lorsqu’il n’y a pas d’infection, l’analyse révèle moins de 10 000 leucocytes par ml d’urine, moins de 5 000 globules rouges (hématies) par ml et aucune bactérie. L’infection urinaire se manifeste par une augmentation du nombre de leucocytes et d’hématies ainsi que par la présence d’une bactérie qui sera isolée en culture. Elle est traitée par antibiotique.
Qu’est-ce que cela veut dire si mon urine mousse dans la cuvette ?
Il n’y a pas lieu de vous inquiéter si votre urine est mousseuse de temps à autre. Le phénomène peut tout simplement être causé par une miction rapide ou un résidu de savon dans la cuvette. D’autre part, une légère déshydratation peut occasionner des sécrétions urinaires concentrées et mousseuses ; les bulles disparaîtront dès que le corps sera bien hydraté. La mousse pourrait aussi indiquer une infection du système urinaire, surtout s’il y a une sensation de brûlure à la miction.
Quand le problème persiste, il pourrait signaler une protéinurie, soit la présence de protéines dans l’urine. C’est fréquemment le cas chez les personnes qui ingèrent une grande quantité de protéines comme la viande, le poulet, le poisson, les légumineuses ou un supplément protéiné ; si celles-ci sont mal assimilées par l’organisme, l’excès sera excrété dans l’urine. Il suffit de modérer la consommation de protéines et de vérifier si le problème se dissipe. Lorsque l’urine continue à être mousseuse malgré ces changements, il est temps de consulter le médecin afin de s’assurer du bon fonctionnement des reins. Il est possible qu’une infection ou une affection du rein telle que l’insuffisance rénale soit en cause. Des complications liées au diabète et à la maladie de Crohn (fistule) peuvent aussi être responsables de la présence de mousse en surface des urines.
Quel est le pH normal de l’urine ?
L’échelle du pH ou « potentiel hydrogène » nous permet de mesurer l’acidité ou l’alcalinité d’une solution. Son système de mesure s’étend de 0 à 14. Le chiffre 7 indique un pH neutre ; un résultat inférieur à 7 fait référence à l’acidité, alors qu’un nombre plus grand désigne l’alcalinité. Le pH des liquides du corps varie au cours d’une même journée tout en demeurant dans des limites très précises. Par exemple, le pH sanguin doit toujours se situer entre 7,35 et 7,45, tandis que le pH stomacal est plus près de 2. Bien que le pH urinaire puisse osciller entre 4,5 et 8, sa valeur optimale se situe entre 6,5 et 7,5.
Le métabolisme, l’alimentation et le stress ont une grande influence sur ces taux. Par exemple, un régime très acidifiant (excès de protéines, sucre, boisson gazeuse, alcool, etc.) produit des déchets acides qui sont éliminés dans l’urine. Plus le pH urinaire est bas, plus l’urine est acide, ce qui à long terme peut être irritant pour la paroi de la vessie. D’autre part, une urine alcaline (pH élevé) favorise la prolifération des bactéries et la formation de calculs rénaux. Il est donc important de maintenir un pH urinaire légèrement acide.
On vérifie le pH urinaire en déposant une goutte d’urine sur une bandelette réactive (papier de tournesol) que l’on peut acheter dans les boutiques de produits naturels. Comme l’urine s’acidifie durant la nuit, on évite d’utiliser la première urine du matin ; on répète la procédure deux à trois fois par jour (matin, midi, soir) pendant une à deux semaines afin de mieux évaluer les résultats.
Je semble avoir besoin d’uriner beaucoup plus souvent que les autres personnes autour de moi. Dois-je m’en inquiéter ?
Il peut y avoir plusieurs raisons à un besoin fréquent d’uriner, à commencer par une hydratation exagérée. Il faut savoir que le thé, le café, l’alcool et certains médicaments ont un effet diurétique tout en étant irritants pour la vessie. De plus, en vieillissant, la paroi vésicale et son sphincter perdent de leur tonicité entraînant une diminution de la capacité à stocker l’urine. L’envie d’uriner se fait alors sentir plus souvent. L’infection urinaire et l’inflammation causée par une maladie sexuellement transmissible peuvent augmenter la fréquence urinaire ; d’autres symptômes tels que la sensation de brûlure ou du sang dans l’urine pourraient être présents. Chez l’homme, l’hypertrophie bénigne de la prostate peut être en cause.
L’augmentation du volume des urines est également une manifestation connue du diabète. Des mictions plus fréquentes sont généralement associées à d’autres symptômes tels qu’une soif inassouvissable causée par l’élévation du taux de sucre dans le sang (hyperglycémie), la fatigue, la faiblesse et l’amaigrissement. Un bilan glycémique saura le détecter.
La cystite interstitielle est une affection chronique de la vessie qui est caractérisée par des envies d’uriner très fréquentes et urgentes. Des douleurs dans le bas-ventre peuvent également y être associées. Les causes de cette maladie qui touche surtout la gent féminine restent inconnues. Il a été suggéré que le tabagisme aggrave les symptômes de la cystite interstitielle.
Le corps nécessite au moins huit verres d’eau par jour. Il est essentiel de bien s’hydrater, même si le va-et-vient au petit coin peut être dérangeant. Par contre, si vous allez aux toilettes plus de huit fois par jour ou si vous avez d’autres symptômes tels que la brûlure à la miction, du sang dans l’urine ou de la douleur abdominale, consultez un médecin afin d’exclure un problème sous-jacent.
Est-ce que l’alimentation joue un rôle dans la prévention des calculs rénaux ?
Oui, certains principes diététiques peuvent réduire le risque de vivre ou de revivre cette expérience douloureuse. Il est primordial de boire au moins 2 l de liquide par jour et même plus durant la saison chaude ou si l’on pratique une activité où l’on transpire beaucoup. Il faut répartir cet apport liquidien tout au long de la journée afin de garder l’urine bien diluée, ce qui diminue le risque de formation de calculs. L’eau, les jus, les bouillons et les tisanes sont à privilégier. Le jus de canneberge est recommandé lorsqu’il s’agit de calculs à base de calcium, alors qu’on préconise les jus de citron et d’orange pour les calculs formés d’acide urique ou de cystine. Le thé, le café, le lait, les boissons gazeuses et l’alcool doivent être consommés avec modération en tenant compte de leurs propriétés acidifiantes et irritantes. On sait que l’on s’hydrate suffisamment quand l’urine est d’une couleur jaune pâle.
Le fait d’avoir déjà passé des calculs rénaux, la sédentarité, la prise de certains médicaments (diurétiques, antiacides à base de calcium) ainsi qu’une alimentation riche en protéines animales, en sucre et en sel constituent des facteurs de risque. Si vous avez déjà souffert de ce problème, il est suggéré de limiter votre ingestion d’aliments riches en oxalate et en acide urique (viandes, abats, anchois). Les sources d’oxalate incluent l’épinard, la rhubarbe, la betterave, l’asperge, la tomate, le chocolat, l’arachide et la fève de soya. Bien qu’il ne soit pas nécessaire de restreindre l’apport alimentaire en calcium, il est préférable de limiter les produits laitiers, s’ils sont tolérés, à deux ou trois portions par jour et de consommer d’autres aliments qui en contiennent, dont les sardines et le saumon en boîte avec les os, le persil, le brocoli, le cresson, les haricots verts, les légumineuses et les algues comme le wakamé. Les végétariens ont de 40 à 60 % moins de chance de souffrir de calculs urinaires que les mangeurs de viande.
Certaines plantes médicinales peuvent être bénéfiques tant en prévention que pour éviter les récidives, notamment l’ortie, le persil, le pissenlit, la verge d’or, la prêle des champs et les feuilles de bouleau. Une supplémentation en vitamines A et B6 ainsi qu’en magnésium et potassium peut également s’avérer utile.