Il était une fois une jeune femme qui ne parvenait pas à avoir d’enfant.
Désespérée, elle alla consulter une sorcière.
La vieille femme lui remit un grain d’orge et lui recommanda de le planter et de l’arroser soigneusement tous les jours.
La jeune femme rentra chez elle et suivit à la lettre les conseils de la sorcière. Quelques jours plus tard, une plante qui n’était pas de l’orge, poussa. C’était une fleur magnifique.
Étonnée, la jeune femme prit délicatement la fleur entre ses mains.
Soudain, celle-ci s’ouvrit et laissa apparaître en son centre une jolie petite fille, pas plus grande qu’un pouce.
Folle de joie, la nouvelle maman décida de l’appeler Poucette.
Elle lui confectionna un berceau dans une coquille de noix et, comme couverture, lui donna un joli pétale de rose. La mère et la petite fille étaient très heureuses. Pendant que sa maman préparait le repas, Poucette qui avait su parler dès sa naissance, s’amusait à lui raconter des histoires ou à chanter d’une voix mélodieuse.
Mais le temps passait et la petite Poucette ne grandissait toujours pas.
Même le bonheur d’être ensemble ne dura pas.
Une nuit, alors que Poucette était endormie dans sa coquille de noix, un affreux crapaud pénétra dans la maison. Il s’approcha silencieusement du berceau et vit la petite fille. Il la trouva très jolie et se dit : “Elle ferait une épouse idéale pour mon fils !” Il sortit délicatement Poucette de son berceau et sauta par la fenêtre en emportant la fillette.
“Je vais la mettre en lieu sûr et demain j’irai chercher mon fils. Ce sera une merveilleuse surprise pour lui !”, dit le crapaud.
Le lendemain matin, Poucette se réveilla au milieu d’un étang, couchée sur une feuille de nénuphar. Se voyant entourée d’eau, elle prit peur et se mit à pleurer. Attirés par ses sanglots, les poissons sortirent la tête de l’eau.
“Je vous en prie, aidez-moi !”, cria la petite fille.
Un papillon qui passait par là vint se poser près d’elle. Ému par les larmes de l’enfant, le papillon décida de l’aider. Il demanda aux poissons de couper avec leurs dents la tige du nénuphar.
Le papillon prit ensuite le bout de la tige entre ses pattes et remorqua la feuille de nénuphar jusqu’au rivage.
La petite Poucette se retrouva seule, en pleine nature, mais parvint néanmoins à se débrouiller pour survivre. Elle passa ainsi le reste de l’été et l’automne. Mais l’hiver arriva bien vite.
Poucette avait très froid et ne trouvait plus de quoi se nourrir.
Un jour, elle aperçut une maison, s’en approcha et frappa à la porte.
Une gentille souris vint lui ouvrir et la fit entrer. Elle offrit à Poucette l’hospitalité pour tout l’hiver. En échange, la petite fille l’aidait dans les tâches ménagères et lui chantait de belles chansons.
La souris recevait fréquemment la visite de son voisin, Monsieur Taupe.
Après une de ses visites, la souris avisa Poucette que Monsieur Taupe voulait l’épouser.
“Monsieur Taupe est très bon et très riche. C’est une chance pour toi. Il faut que tu saisisses cette opportunité !”, dit la souris. La petite Poucette ne voulait pas contrarier la souris qui était si gentille, mais elle n’avait aucune envie d’épouser ce Monsieur Taupe, si bon et si riche fût-il.
Un jour, Monsieur Taupe invita Poucette et la souris à visiter les galeries de sa taupinière. Tout à coup, dans une des galeries, ils aperçurent quelque chose par terre.
“Oh… ce n’est qu’une hirondelle ! Elle est sûrement morte de faim !”, dit Monsieur Taupe.
La petite Poucette fut choquée par tant d’indifférence. Elle s’approcha, posa sa petite tête contre la poitrine de l’oiseau et entendit les battements de son cœur.
La nuit, profitant de ce que la souris et la taupe dormaient, Poucette apporta à boire et à manger à l’hirondelle. Elle la recouvrit avec un morceau d’étoffe trouvé chez la souris afin de la protéger du froid.
La petite fille continua ainsi jusqu’à la guérison de l’hirondelle.
Pendant ce temps, Monsieur Taupe insistait de plus en plus pour épouser Poucette. Mais la petite fille n’avait aucune envie de passer sa vie dans des galeries souterraines. Elle voulait voir le ciel et le soleil, courir dans les prés et sentir le parfum des fleurs.
L’hirondelle, complètement guérie, remercia la petite Poucette, mais la trouva bien triste.
“C’est parce que Monsieur Taupe veut m’épouser !”, dit-elle.
“Et je n’en ai vraiment aucune envie !”
“Tu m’as sauvée !”, dit l’hirondelle. “Aussi, si tu le veux, je peux t’emmener loin, très loin d’ici, dans un pays magnifique où c’est déjà l’été.” Sans hésiter, la petite Poucette monta sur le dos de l’hirondelle et elles s’envolèrent aussitôt.
Elles survolèrent ainsi les mers, les montagnes, les forêts et d’autres paysages d’une grande beauté. La petite Poucette était à nouveau heureuse.
L’hirondelle déposa Poucette au milieu d’un champ de fleurs.
Il y en avait de toutes les couleurs. Sur la fleur voisine de la sienne, Poucette eut la surprise de voir un charmant jeune homme qui était aussi petit qu’elle.
“C’est étrange, il porte une couronne sur la tête !”, se dit-elle.
Dès qu’il aperçut Poucette, le jeune homme sauta de sa fleur, s’approcha et, subjugué par la beauté de la jeune fille, la demanda immédiatement en mariage. Poucette remarqua alors que chaque fleur était ainsi habitée par un petit personnage. Le jeune homme qui la demandait en mariage n’était autre que le roi des champs etdes fleurs qui régnait sur ce singulier petit peuple.
La petite Poucette accepta de l’épouser et devint ainsi la reine des fleurs.