Introduction
Les méthodes de diagnostic en médecine chinoise ont constamment évolué pendant plus de 2000 ans et elles ont atteint un très haut niveau de sophistication. Le diagnostic par le pouls est à lui seul un bon exemple de ce niveau de sophistication et de subtilité que l’on trouve dans les méthodes de diagnostic en médecine chinoise.
Un des principes fondamentaux du diagnostic chinois est que « l’extérieur est le reflet de l’intérieur », c’est-à-dire que l’apparence du patient, le pouls et les symptômes reflètent le déséquilibre interne. Le diagnostic médical occidental repose essentiellement sur « l’observation de l’intérieur » grâce aux radios, aux scanners, aux tests sanguins, aux endoscopies, etc. Le diagnostic médical chinois repose sur « l’observation de l’extérieur », c’est-à-dire l’observation du teint et de la langue, la prise des pouls et l’interrogatoire.1
Un autre principe fondamental du diagnostic en médecine chinoise est la correspondance qui existe entre une partie et le tout. Le diagnostic par le pouls et le diagnostic par la langue en sont de bons exemples. On prend le pouls à l’artère radiale, sur trois petites sections bien précises qui correspondent chacune à une partie du corps et à son Organe Interne. Il en va de même pour la langue et pour de nombreux autres aspects du diagnostic chinois. Le diagnostic chinois repose sur une correspondance et une « résonance » étranges entre une partie du corps et le corps tout entier, ainsi que sur une résonance entre le microcosme et le macrocosme, les Cinq Éléments en étant un bon exemple.
Le diagnostic chinois se divise traditionnellement en quatre parties : le diagnostic par l’observation (« regarder »), le diagnostic par l’interrogatoire (« demander »), le diagnostic par la palpation (« toucher ») et le diagnostic par l’auscultation (« entendre et sentir »).
La séparation entre l’observation et l’interrogatoire n’a qu’un but didactique et ne correspond à aucune réalité clinique car ce que l’on voit à l’observation et ce que l’on comprend grâce à l’interrogatoire surviennent simultanément et sont automatiquement intégrés l’un à l’autre. Par exemple, la séparation entre une peau sèche (signe fourni par l’observation) et une peau qui démange (symptôme fourni par l’interrogatoire) est artificielle et irréaliste. L’œdème de la cheville est un autre exemple parlant ; le signe observé va être immédiatement intégré à la palpation de la zone et à l’interrogatoire du patient.
1. Avec le pragmatisme et l’efficacité qui lui sont propres, le Dr. J.H.F. Shen avait coutume de dire que lorsque quelqu’un traverse un quartier en voiture, cette personne peut se faire une idée relativement précise du statut socio-économique de ses habitants, sans avoir besoin de regarder ce qui se trouve à l’intérieur des habitations. Il compare cela à la façon dont le diagnostic chinois procède (c’est-à-dire regarder l’extérieur pour se faire une idée de l’intérieur). Inversement, la médecine occidentale a besoin de regarder « à l’intérieur des maisons » pour se forger une idée sur le statut socio-économique de ses habitants.