Chapitre 26 Le Diagnostic par L’ouïe et L’odorat

Le même idéogramme chinois, wen, signifie à la fois « entendre » et « sentir ». En médecine chinoise, l’ouïe et l’odorat sont tous deux utilisés à des fins diagnostiques.

DIAGNOSTIC PAR L’OUÏE

Le diagnostic par l’ouïe comprend l’écoute de la voix et de la hauteur des sons, l’écoute de la toux, de la respiration, des vomissements, des hoquets, des borborygmes, des grognements et, en outre, de tout autre bruit que peut émettre un individu.

De façon générale, un son fort est caractéristique d’un tableau de Plénitude, alors qu’un son faible est caractéristique d’un tableau de Vide.

L’étude du diagnostic par l’ouïe abordera les thèmes suivants :

Voix

Une voix puissante, forte, traduit généralement une pathologie de type Plénitude, tandis qu’une voix faible, basse et douce signale une pathologie de type Vide.

Ne pas avoir d’envie de parler traduit généralement un vide de Qi du Poumon ou de la Rate, voire des deux, tandis que beaucoup parler traduit généralement une pathologie de type Plénitude, et particulièrement une pathologie de type Chaleur.

Les caractéristiques de la voix peuvent également être classées selon la théorie des Cinq Éléments, de sorte qu’une voix tonitruante est signe d’un déséquilibre du Foie, une voix rieuse d’un déséquilibre du Cœur, une voix chantante d’un déséquilibre de la Rate, une voix pleurnicharde d’un déséquilibre du Poumon, et une voix gémissante d’un déséquilibre du Rein.

Une perte de voix soudaine est généralement due à une invasion de Vent-Chaleur externe. Une perte de voix progressive est due à un vide de Qi du Poumon ou un vide de Yin du Poumon.

Le cadre 26.1 résume les caractéristiques des différentes sortes de voix.

DIAGNOSTIC PAR L’ODORAT

Le diagnostic par l’odorat ne constitue pas un aspect majeur du processus de diagnostic. On l’utilise essentiellement pour confirmer le diagnostic et c’est rarement un facteur décisif. Les odeurs des Cinq Éléments qui sont présentées ci-dessous servent principalement à les mettre en relation avec le type Élément du patient et à signaler leur accord ou leur désaccord avec celuici. Par exemple, une odeur rance chez une personne de type Bois est une exagération pathologique de l’odeur constitutionnelle du type Bois, et elle est donc moins grave que tout autre odeur pourrait l’être. Autrement dit, une personne de type Bois qui présente une odeur putride a une pathologie plus grave qu’une personne de ce même type (Bois) qui présenterait une odeur rance.

Le diagnostic par l’odorat comporte deux aspects bien distincts. Le premier est l’odeur même du corps du patient, qui peut nous fournir une idée non seulement sur le tableau pathologique qui prévaut, mais aussi sur le type constitutionnel du malade ; le deuxième est l’odeur de certaines sécrétions corporelles, qui peuvent servir à identifier le tableau pathologique qui prévaut.

Outre le type d’odeur, de façon générale, toute odeur forte et désagréable traduit de la Chaleur, alors que toute absence d’odeur est signe de Froid.

Nous présenterons ici les deux principaux aspects du diagnostic par l’odorat, à savoir :

Odeur corporelle

Selon les Cinq Éléments, les cinq odeurs du corps sont une odeur rance pour le Bois, une odeur de brûlé pour le Feu, une odeur parfumée ou douceâtre pour la Terre, une odeur fétide pour le Métal, et une odeur putride pour l’Eau. Selon cette théorie, ces odeurs corporelles reflètent un déséquilibre de l’Élément correspondant, qui peut souffrir de Vide ou de Plénitude. Dans de rares cas, ces odeurs corporelles sont flagrantes dès que le patient entre dans la pièce, mais dans la plupart des cas, on ne les détecte que lorsque le patient se déshabille, et elles proviennent surtout du dos.

On peut envisager l’odeur corporelle à des fins diagnostiques de deux façons. En l’absence de tableaux de déséquilibre expliquant une odeur précise, l’odeur corporelle reflète le type Élément constitutionnel du patient, au même titre que la forme du corps et les traits du visage. Ainsi, une odeur légèrement rance va émaner d’une personne de type Bois, une odeur légère de brûlé d’une personne de type Feu, etc.

En plus de l’odeur corporelle constitutionnelle, l’odeur du corps du patient reflète les tableaux pathologiques dont il souffre et ceux-ci ne sont pas forcément en accord avec son type Élément. Par exemple, une personne de type Bois peut exhaler une odeur légère de brûlé, signalant la présence d’un tableau pathologique du Cœur. En fait, si l’odeur corporelle est en contradiction avec le type Élément constitutionnel, c’est un signe défavorable. Autrement dit, il est plus grave pour une personne de type Bois d’exhaler une odeur de brûlé (par exemple) plutôt qu’une odeur rance.

Le cadre 26.2 résume les correspondances entre les Cinq Éléments et les odeurs corporelles.

Outre les odeurs corporelles liées aux Cinq Éléments, le corps sécrète certaines odeurs qui peuvent varier selon les tableaux pathologiques. Par exemple, une odeur corporelle forte et désagréable traduit souvent la présence d’une Chaleur-Humidité.

Odeur des sécrétions corporelles

Le diagnostic par l’odorat repose également sur la détection des odeurs des sécrétions du corps. De toute évidence, il est impossible, pour un praticien, de sentir les urines ou les sécrétions vaginales d’une personne. Toutefois, je demande généralement à mes patients s’ils ont remarqué une odeur forte. La plupart des personnes perçoivent bien si l’une ou l’autre de leurs sécrétions corporelles a une odeur particulièrement forte.

Les sécrétions corporelles comprennent :