Chapitre Cinq

Le voyage allait être long.

Sophie traînait les bagages que Jack l’avait autorisée à prendre au bas d’une échelle et au haut d’une autre. En regardant le ciel bleu dégagé et les voiles blanches gonflées à travers les filets, elle se demanda avec irritation pourquoi elle n’aurait pas pu tout simplement les retirer pour jeter ses bagages en bas au lieu de les remorquer à sa suite sur une série d’échelles.

MacAuley n’avait même pas pris la peine de l’aider, se contentant de poursuivre son travail, et même si elle lui était légèrement reconnaissante d’avoir refusé qu’elle embarque avec trois autres bagages, elle n’allait certainement pas renoncer à sa contrariété.

Il l’avait placée dans une petite cabine près de la sienne qui était à peine assez grande pour y dormir. On ne pouvait même pas s’y tenir droit ! Ni y faire sa toilette, ou le nécessaire. Totalement primitif !

Sophie se dit qu’il avait peut-être passé trop de temps avec des sauvages.

Les cabinets, par exemple, étaient une honte. Ce n’était rien de plus que deux sièges percés situés sur le pont supérieur qui émergeaient du flanc du navire. Vraiment ? Que voulaient-ils qu’elle fasse ? Retrousser ses jupons devant tout l’équipage et se soulager sur les petits poissons dans la mer ? Cette idée la fit frissonner. Les hommes n’avaient vraiment aucune pudeur.

Toutefois, elle était déterminée à tirer le meilleur parti de la situation. Elle se mit à siffloter une mélodie joyeuse, se disant qu’elle s’en contenterait, qu’elle ne se plaindrait pas, car elle avait promis de ne rien faire qui aurait pu lui faire regretter sa décision, mais surtout parce qu’ils n’étaient pas encore très loin de la côte, et elle croyait Jack MacAuley parfaitement capable de la jeter par-dessus bord et de la laisser revenir à la nage. Il n’était pas au-dessus d’une telle impolitesse.

Alors elle continua à siffloter tout en améliorant le confort de ses quartiers, faisant de son mieux pour les rendre accueillants. Elle ne parvenait pas à former une mélodie, parce qu’elle ne savait pas vraiment siffler. Il ne convient pas à une dame de siffler, lui disait sa mère, et bien entendu, les Vanderwahl ne faisaient jamais rien d’inconvenant.

Retirant le portrait de Harlan de sa valise, elle le posa sur une petite étagère au chevet de son lit, non parce qu’elle l’adorait tant qu’elle ne pouvait pas vivre sans son image, mais pour lui rappeler sa mission... et parce qu’elle avait caché sa lettre derrière. Elle voulait garder un œil dessus.

Même si c’était la dernière chose qu’elle ferait, elle obtiendrait ce qu’elle voulait de lui. Harlan était un vil cloporte, et elle ne trouverait pas le repos avant de lui avoir fait connaître le fond de sa pensée, avant d’avoir eu le plaisir de le voir détruit par la perspective de perdre l’argent de son père.

Elle l’avait entièrement mal jugé. Elle l’avait cru honorable.

Ressentant soudain l’envie de dessiner, Sophie tira de ses bagages son crayon et son carnet. Elle n’allait nulle part sans. Ils lui étaient aussi indispensables que l’air qu’elle respirait. Elle se rassit sur la couchette et se mit à esquisser.

Elle avait espéré que Harlan l’aimerait, comme son grand-père avait aimé sa grand-mère. Ses propres parents ne faisaient que se tolérer mutuellement ; ils étaient des partenaires, mais des confidents... ou des amants ? Elle ne le pensait pas. Ils voyageaient souvent ensemble, mais racontaient rarement les mêmes anecdotes à leur retour, et Sophie supposait depuis longtemps que les seuls moments qu’ils passaient ensemble durant ces longs voyages étaient sur la route.

Cette pensée lui arracha un soupir, mais elle n’en faisait pas le reproche à son père. Sa mère avait toujours été légèrement dominatrice. En tant que fille unique, on avait demandé à Sophie de se comporter comme une adulte depuis qu’elle avait été en âge de parler et de marcher. Sa mère ne se serait pas attendue à moins.

Son père était un homme adorable, mais il n’avait jamais été heureux, d’aussi loin que remontaient les souvenirs de Sophie. Il paraissait avoir passé sa vie entière à répondre aux exigences de sa mère. Sophie voulait croire qu’il l’applaudirait pour son geste, qu’il admirerait son courage. Elle voulait croire qu’il comprendrait, lui plus que les autres, mais elle savait qu’il n’aurait pu le lui permettre. Il n’avait jamais pris position contre sa mère et Sophie trouvait cela triste que, par amour, il ait perdu sa propre volonté. Et pourtant, une petite partie d’elle devinait une présence... un recoin légèrement rebelle de l’âme de son père. Dans son esprit, elle se représenta son sourire secret et son hochement de tête approbateur.

S’arrêtant un instant de dessiner, elle jeta un regard au portrait de Harlan, s’autorisant un moment de tristesse. L’idée de vivre seule ne la dérangeait pas. Elle n’aurait personne pour lui dire quoi faire, mais à dire vrai, elle se sentait déjà seule. Elle aurait pu le dénier, mais elle ne pouvait pas se mentir. Avec un sourire triste, elle se remémora ces jours anciens où, dans son enfance, elle trompait toute surveillance pour aller jouer avec les garçons. Sa mère était furieuse, mais ces moments étaient les seuls où Sophia avait l’impression de communier avec d’autres êtres humains. Elle aurait souvent voulu avoir des frères et sœurs... ne serait-ce que pour partager des confidences.

Cela lui manquait désespérément.

Pourtant, comment pouvait-on regretter si férocement quelque chose que l’on n’avait jamais eu ?

Au plus profond d’elle, elle était seule, vide, et encore plus maintenant, avec la trahison de Harlan. Il lui avait offert tant d’espoirs et elle s’y était accrochée. Elle avait construit ses rêves autour de lui. Et à présent, ils n’existaient plus.

Mais elle était plus forte et plus sage.

Elle reprit son dessin, travaillant machinalement.

Elle avait dû se retenir d’être malade quand elle avait affirmé que Harlan lui manquait férocement. Ce renégat. Elle n’avait pas prévu de révéler quoi que ce soit à Jack MacAuley parce qu’elle ne pensait pas véritablement nécessaire de laver son linge sale en public. La raison pour laquelle elle souhaitait revoir son fiancé – ex-fiancé – ne regardait qu’elle.

Elle s’interrompit pour jeter un regard malveillant au portrait près de son chevet. Ce n’était pas comme si on lui faisait la charité de l’emmener, après tout. Elle avait payé cher pour avoir le privilège de voyager à bord de ce satané vaisseau, et elle doutait qu’à sa place, un homme se sente obligé de dévoiler ses affaires personnelles. Elle n’avait simplement pas su quoi dire d’autre pour convaincre Jack MacAuley de la laisser embarquer et n’appréciait pas vraiment d’avoir dû abattre toutes ses cartes. Elle savait que Jack n’était pas l’ami le plus proche de Harlan, mais les hommes avaient tendance à se coaliser, et elle doutait que Mr. MacAuley veuille prendre part à la tentative de représailles d’une femme.

Elle avait aussi peut-être dit cela par léger embarras. Sa fierté était franchement meurtrie que Harlan puisse se servir d’elle si épouvantablement, et admettre vouloir se venger lui donnait l’impression d’être une mégère pleine d’amertume.

Et peut-être l’était-elle réellement, mais dès qu’elle aurait recouvré une partie de sa fierté, elle pourrait oublier et vivre sans le poids de cette terrible sensation... cette impression d’avoir été piétinée et – qui pis est – de s’être laissé faire.

Cette rancœur larvée ne lui ressemblait guère. Plus vite elle s’en débarrasserait, mieux cela vaudrait.

— Si vous aviez renoncé à ne serait-ce qu’une autre de ces immenses valises, vous auriez au moins de la place pour dormir.

Cette intrusion inattendue fit sursauter Sophie.

Faisant volte-face, elle découvrit que Jack MacAuley la regardait, la tête dans l’encadrement de la porte. Son cœur palpita un peu en le voyant, mais elle ignora cette sensation, refusant d’explorer la cause de cette manifestation.

Elle cligna des paupières en baissant les yeux vers le dessin sur lequel elle avait travaillé. C’était le visage de Jack qui la contemplait, une lueur intense dans les yeux, et elle sursauta, le serrant contra sa poitrine d’un air choqué. Son pouls s’accéléra. Elle ne s’en était même pas rendu compte !

— Auriez-vous l’obligeance de frapper la prochaine fois ? lui dit-elle d’un ton tranchant.

Il afficha un sourire moqueur.

— J’ai frappé.

Il toqua à nouveau contre le chambranle comme pour prouver ses propos. Quel goujat ! Coulant un œil au portrait de Harlan, il dit :

— Vous regardiez ce dessin d’un air si languissant que vous ne m’avez même pas entendu.

Languissant ?

Qu’il le pense fit grimacer Sophie, même si elle ne pouvait pas le dénier. Elle serra plus fort la caricature de Jack, de peur qu’il ne la voie. Son sang parut se précipiter vers son cerveau et sa tête lui fit soudain mal.

— Une fiancée est censée se languir en l’absence de l’être aimé, lui dit-elle, essayant de paraître détachée, même si c’était tout le contraire.

— Vraiment ?

Sophie en était convaincue, mais elle réalisa seulement après avoir prononcé ces paroles qu’elle ne s’était jamais véritablement languie de Harlan. Cela la fit réfléchir.

— Oui, répondit-elle, mais ce fait continua de l’intriguer.

Cela faisait trois ans qu’elle était fiancée à Harlan et elle n’avait jamais eu l’impression qu’il lui manquait terriblement – elle était, certes, peut-être impatiente d’entamer une nouvelle vie avec lui, mais se languir de lui ? Jamais.

C’était peut-être parce qu’elle avait passé si peu de temps en sa compagnie avant son départ ?

Elle résista à l’envie de retourner son portrait. Le voir ne faisait à l’évidence qu’accroître sa colère.

— Je n’en ai pas la moindre idée, dit Jack d’un ton légèrement acerbe.

Et elle non plus, si elle était honnête, mais elle n’était certainement pas près de l’admettre.

— Quoi qu’il en soit, si vous pouvez vous retenir de vous languir pendant un moment... j’ai une faveur à vous demander.

Cet homme n’avait aucun respect, et c’était probablement son imagination, mais le dessin de son visage, plaqué contre la poitrine de Sophie, semblait la réchauffer à travers sa robe.

Contrariée, elle se demanda si on avait appris les bonnes manières à cet homme-là. Elle n’en avait pas l’impression.

— Je ne me languis pas !

— Je n’ai pas cette impression.

Il jeta un autre regard au portrait de Harlan et haussa un sourcil en tournant à nouveau les yeux vers Sophie.

— Comment appelez-vous le fait de rester assise à contempler un portrait de votre amant avec une expression mélancolique sur le visage ?

Sophie carra les épaules, particulièrement agacée.

Certainement pas de la langueur !

— Non que cela vous regarde, bien sûr, le corrigea Sophie, mais Harlan est mon fiancé, pas mon amant !

Quant à la lueur mélancolique dans son regard, elle ne tenait certainement pas au désir de revoir Harlan Horatio Penn III. La seule chose que Sophie voulait de son fiancé, c’était obtenir satisfaction.

Jack répondit d’un sourire.

Pourquoi cette simple précision lui faisait-elle plaisir ?

— Pourquoi faites-vous cela ?

— Quoi donc ?

— Sourire de la sorte ?

Jack haussa un sourcil.

— Je souris, vraiment ?

Il jeta un autre regard au portrait et en conclut que l’homme avait un menton fuyant qui reflétait parfaitement son caractère.

— Oui, et je vous prie d’arrêter ! Cela me gêne !

La voyant légèrement anxieuse, il plissa le front.

— C’est mieux ainsi ?

Il fit une grimace exagérée, quémandant un sourire de sa part, juste un tout petit. Sans savoir pourquoi c’était important pour lui, il voulait voir à quoi elle ressemblait quand elle se laissait aller à sourire.

Elle leva les yeux au ciel, mais ne put dissimuler le léger sourire qui lui monta aux lèvres. Le reste de son visage resta cependant impassible.

— Vous êtes vraiment odieux, Mr. MacAuley !

Il sortit la tête par la porte et cria à la cantonade, mais à personne en particulier.

— Je crois qu’elle m’aime bien !

Il l’entendit rire, mais elle avait repris un air sobre quand il passa à nouveau la tête à l’intérieur.

— Si vous préférez le penser, rétorqua-t-elle.

Il vit alors son humeur s’assombrir quand son regard se posa à nouveau sur le portrait de Penn.

Étrangement, il avait le même effet sur lui... mais c’était une réaction singulière pour une femme envers l’homme qu’elle avait l’intention d’épouser.

Il l’observa de plus près, essayant de déchiffrer son humeur. Penn lui manquait-il réellement ? Ou bien son air triste tenait-il à autre chose ?

Il ne devrait pas s’en préoccuper, mais il avait été ennuyé de la voir béate devant son idiot de fiancé, puis avait recouvré sa bonne humeur quand elle avait admis qu’ils n’étaient pas encore amants.

— Toutes les femmes ne sont pas si amorales, lui reprocha-t-elle, paraissant lire dans ses pensées.

Il ne put s’empêcher de se demander si ses lèvres étaient aussi douces qu’elles en avaient l’air.

— Elles le sont si leur homme en vaut la peine, dit-il en osant ajouter un clin d’œil.

Elle se redressa d’un bond, se cognant la tête contre le plafond bas.

— Aïe !

Une teinte rose monta à ses joues et elle se frotta la tête, puis elle serra le carnet à croquis plus fort contre sa poitrine. Il le remarqua alors pour la première fois.

— Mr. MacAuley ! protesta-t-elle. Je ne crois pas que cette conversation soit appropriée !

— Faites attention au plafond, lui dit-il avec un temps de retard.

Elle lui jeta un regard noir et essaya d’adopter une posture de défi, sans y parvenir dans cette pièce minuscule. Il ne comprenait pas vraiment son désir de la provoquer, mais il aimait le fait qu’elle ne se laisse pas faire.

Il désigna le carnet d’un geste.

— Qu’est-ce que ceci ?

Elle croisa les deux bras devant l’objet en question.

— De quoi parlez-vous ?

— De ceci, dans votre main.

Elle secoua la tête.

— Ce n’est rien.

— Je vois... et que faisiez-vous avec ce rien ?

Il ignorait pourquoi, mais elle eut soudain l’air coupable et sa curiosité en fut davantage piquée.

— Rien, répéta-t-elle d’une voix légèrement plus forte.

— Je vois, dit-il en refusant de l’implorer. Puisque nous parlons de ce qui est approprié, poursuivit-il en changeant de sujet, je ne suis pas convaincu que votre soupirant apprécie que vous soyez seule sur ce bateau...

En ma compagnie, faillit-il ajouter.

— … en compagnie de tant d’hommes. Y avez-vous songé ?

Elle pointa le menton vers lui, avec toutefois une lueur de méfiance dans les yeux.

— Êtes-vous en train de me dire qu’on ne peut pas faire confiance à vos hommes ?

— Nous ne sommes pas des barbares, si c’est ce que vous me demandez, Mam’selle Vanderwahl... même si les gens de votre condition se plaisent souvent à le croire.

— De ma condition ?

Elle se recula, vexée, et à juste titre. Jack savait qu’il se montrait injuste, mais des années passées à combattre le système lui avaient laissé un certain ressentiment et un mauvais caractère. Il parvenait généralement à passer outre, mais pas lorsqu’il se retrouvait confronté à Sophia Vanderwahl, la fiancée de son ennemi juré.

— À propos de cette faveur ? commença-t-il, changeant encore de sujet.

Elle lui lança un regard acéré.

— Vous avez le culot de m’insulter pour ensuite me demander une faveur. La réponse est non, quelle que soit la question ! À présent, si vous voulez bien me laisser dans ma confortable cabine d’apparat, dit-elle d’un ton hautain avant de lui tourner le dos pour farfouiller dans un sac grand ouvert.

Jack s’autorisa à contempler un instant son joli petit derrière puis, sachant qu’ils étaient arrivés à une impasse, il céda.

— À votre guise, princesse.

Elle tournoya sur place, se redressant abruptement une fois de plus, se cognant la tête.

— Ne m’appelez pas comme ça !

Cette fois, elle ne cria pas, se contentant de se frotter la tête, mais ses yeux étincelaient de colère.

Il sentit son mauvais démon l’encourager.

— Il n’y a que la vérité qui blesse...

Elle se frotta la tête plus fort, l’air magnifiquement indignée.

— Vous savez, je crois que je ne vous aime pas du tout, Mr. MacAuley ! Pas du tout !

— Ne vous inquiétez pas, lui assura-t-il. C’est mutuel.

Mais il la désirait.

Il n’avait pas besoin de l’apprécier pour la désirer. Ses pantalons plus serrés après cette rencontre en étaient la preuve.

Il la quitta, refermant la porte derrière lui, et il ne put s’empêcher de sourire à la démonstration de colère qui s’ensuivit. Il l’entendit essayer d’étouffer un cri à travers la porte. Il aimait attiser sa rage plus que de raison. Elle était une cible trop facile et il en conclut que Miss Vanderwahl n’avait pas tout dit sur les raisons de son voyage au Yucatan.

La question était : que cachait-elle ?

Quoi que ce fût, Jack avait une certitude... Cela concernait Penn, mais pas parce qu’il manquait à Sophie Vanderwahl. Il ne pensait pas qu’elle soit du genre à courir après un homme, même avec une bague au doigt, et elle avait déjà admis qu’ils n’étaient pas amants.

Non, il y avait autre chose et Jack avait l’intention de découvrir ce que c’était.

Il décida d’avoir Miss Vanderwahl à l’œil et si Penn l’avait engagée pour l’épier, Jack lui ferait regretter de lui avoir cherché des noises.

Tout comme à sa fiancée aux yeux d’or.

En attendant, puisque Sophie avait refusé de lui accorder une faveur sans même savoir de quoi il s’agissait, il allait devoir trouver quelqu’un d’autre pour cuisiner pour eux, puisqu’ils avaient manifestement laissé Shorty à quai.

Combien de temps fallait-il donc à un homme pour dire au revoir à sa donzelle ?

Mais il valait peut-être mieux qu’elle ne l’ait pas laissé parler... Malgré ses efforts, il peinait à imaginer Sophie Vanderwahl vêtue d’un tablier, derrière un fourneau allumé. Il l’imaginait davantage assise sur un trône, un petit chien jappant sur ses genoux.

Satanée bonne femme ! Elle était bien trop perturbante.