L’impact lui coupa le souffle.
Sophie se réveilla, plongée dans l’obscurité, le corps tremblant d’un souvenir terrifiant. Elle avait rêvé, mais son rêve lui avait semblé si réel qu’elle pouvait encore entendre les hurlements des fantômes à ses oreilles. Elle gémit doucement.
— C’était juste un rêve, la rassura une voix.
Sophie cligna des paupières, essayant de reprendre ses marques.
— Un mauvais rêve, dit la voix d’un ton chantant.
— Jack ?
Le tonnerre éclata, la faisant trembler jusqu’aux os et faisant claquer les volets du bateau. Un éclair lointain illumina la pièce durant une seconde, assez longtemps pour qu’elle distingue l’air inquiet de Jack qui était penché sur elle.
— Je suis là, répondit-il doucement.
— J’étais enfermée dans une tombe ! s’écria-t-elle sans cesser de trembler, le cœur martelant au point qu’elle avait du mal à reprendre sa respiration.
— Vous êtes tombée du hamac, expliqua-t-il d’une voix douce et réconfortante. Vous allez bien ?
— Je suis tombée ?
— Oui.
Elle n’avait même pas réalisé qu’elle était par terre.
— Vous allez bien ? répéta-t-il.
— Oui... Je... je crois, répondit-elle, un peu confuse, continuant de trembler tandis que le vent hurlait à ses oreilles.
Elle sentit plus qu’elle ne vit qu’il levait la main pour extraire la couverture de son hamac. Celle-ci tomba doucement sur elle et il l’en entoura, la bordant comme un parent le ferait avec un enfant adoré.
Un autre éclair illumina la pièce.
Il était torse nu. Elle s’en rendit compte soudainement.
Le navire tangua légèrement, envoyant Jack valdinguer sur elle.
— Désolé, offrit-il avant de s’écarter d’elle.
Sophie déglutit.
— Ce n’est pas grave, dit-elle en mettant ses bras au chaud. Je vous remercie pour la couverture.
Elle ne savait pas pourquoi elle avait soudain si froid. Ses dents claquaient et il glissa un bras autour d’elle. Sophie n’avait que faire des convenances en cet instant ; elle lui était reconnaissante de son étreinte.
— Il fait froid, se plaignit-elle.
— C’est la tempête, dit-il.
Puis, quand le navire s’inclina brusquement vers la poupe, il ajouta :
— Je vous remettrai bien dans le hamac, mais je crois que cela ne servirait à rien.
Sophie fut forcée d’acquiescer.
— J’ai rêvé que j’étais enfermée dans une tombe avec des fantômes et des squelettes partout !
Son cœur caracolait toujours, son corps engourdi bourdonnait.
Il eut un petit rire.
— Nous n’avons pas de squelettes ici, jura-t-il. Mais vous avez heurté le plancher tellement fort que vous m’avez tiré d’un sommeil de plomb. Vous êtes sûre que ça va ?
Sophie se sentait coupable de l’avoir réveillé.
Le bateau tangua à nouveau et elle glissa légèrement dans la direction opposée. Si Jack ne l’avait pas rattrapée, elle se dit qu’elle aurait poursuivi sa glissade.
— Je crois que je préfère le plancher pour l’instant, confessa-t-elle tandis que son estomac protestait contre le tangage. Je ne me sens pas très bien, tout à coup.
Jack éclata de rire.
— Vous vous sentiriez mieux si je vous avouais que moi non plus ?
Sophie ne le pensait pas. Elle secoua la tête et essaya d’apaiser son estomac, inspirant profondément.
— Ce n’est pas si terrible que cela en a l’air, révéla-t-il.
C’était réconfortant, même si sur le moment, son estomac n’était guère apaisé par ses assurances. Elle grogna, reconnaissante de la pénombre, car sans cela elle aurait vu les murs tourner.
— Kell a la situation bien en main, lui dit-il. Il dit que cela passera avant l’aube.
— Si longtemps ?
— J’en ai bien peur.
Sophie le sentit remuer à côté d’elle et elle crut qu’il voulait se redresser.
Elle paniqua.
— Non ! Restez ! l’implora-t-elle.
Elle savait qu’elle se comportait comme une idiote, mais c’était inévitable. Elle n’avait jamais beaucoup apprécié les tempêtes, mais c’était bien pire, réalisa-t-elle, d’être prise dans des rafales en haute mer que d’attendre la fin d’une tempête chez elle, dans son petit lit confortable.
Il lui serra le bras.
— Je ne pars pas, promit-il. Je vais juste chercher une autre couverture.
— Vous pouvez partager la mienne ! offrit-elle immédiatement en soulevant sa couverture pour qu’il s’installe dessous.
Il hésita.
— Euh... Ce n’est peut-être pas une si bonne idée, Sophia.
— Ne soyez pas bête, le gronda-t-elle. Cela ne fait absolument rien !
Sa poitrine lui faisait toujours mal comme si quelqu’un s’était assis sur elle, et elle avait du mal à respirer. Le cauchemar s’accrochait à elle et le mouvement du bateau ne faisait qu’accentuer son anxiété.
— Je vous en prie, ne partez pas !
Il semblait vraiment indécis.
— Euh... très bien, céda-t-il, puis il se glissa sous la couverture.
Sophie se raidit en sentant sa poitrine nue contre son bras et il le remarqua immédiatement.
— Je vous avais prévenue, lui dit-il à voix basse.
Sophie déglutit convulsivement.
— Ce n’est rien, lui assura-t-elle.
Et elle espéra que le fait qu’elle ne veuille pas qu’il la quitte ne soit pas si terrible.
— Dois-je aller chercher ma propre couverture ?
Il souleva la couverture pour en sortir.
— Non...
Son objection résonnait faiblement à ses propres oreilles et il leva les couvertures plus haut.
— Non ! dit-elle avec un peu plus de résolution, sur quoi il lâcha la couverture et s’installa à côté d’elle.
L’anxiété de Sophie s’apaisa lorsqu’il l’entoura de ses bras. À l’extérieur, la tempête continuait de faire rage, mais à l’intérieur de la cabine, elle ne semblait soudain plus aussi effrayante.
Pendant un long moment, il n’y eut que le silence entre eux. Sophie était allongée dans ses bras, immobile, écoutant le grondement du tonnerre et les vagues qui frappaient contre le bois. Son estomac se calma rapidement. Jack était une barrière solide qui la stabilisait.
— Quand j’étais enfant, commença-t-il, semblant comprendre que sa voix l’apaiserait, j’avais l’habitude de grimper par la fenêtre et de passer toute la tempête dans l’arbre près de ma chambre.
Le cœur de Sophie commença à ralentir.
Elle l’imagina à califourchon sur une branche tandis que l’arbre oscillait sous les assauts du vent... comme un cheval incontrôlable... et s’amusa de cette image.
— Ce n’était pas l’endroit le plus sûr ! le gronda-t-elle, mais avec un sourire dans la voix. Mais je suis certaine que votre mère a dû vous le dire.
Il la serra un peu plus fort et posa sa tête près d’elle. Sophie pouvait sentir la chaleur de son souffle contre sa joue. Elle fut parcourue d’un frisson.
— Ma mère est morte lorsque j’avais quatre ans, révéla-t-il. C’était juste moi et mon père.
— Oh non ! s’exclama Sophie. Je suis désolée !
— Ne le soyez pas, la rassura-t-il, et Sophie n’entendit aucun apitoiement dans sa voix.
— Je ne l’ai jamais vraiment connue et mon père était le meilleur père qu’un fils aurait pu souhaiter.
Sophie sourit.
— Particulièrement parce qu’il vous laissait profiter de la tempête dans un arbre ?
Il émit un petit ricanement contre son oreille.
— Non, encore mieux. Parce que parfois, il le faisait avec moi.
— Oh, Dieu ! s’exclama-t-elle.
Elle ne pouvait pas imaginer ses propres parents assis sur une branche d’arbre au milieu d’une tempête déchaînée. Elle rit et essaya d’imaginer Harlan sur une branche d’arbre, quand il était jeune, et ne put se le représenter. Il était bien trop guindé.
Elle essaya aussi de l’imaginer sur un site, en train d’excaver des fossiles... et de se détruire les ongles. Elle n’y parvint pas non plus et fronça les sourcils.
Contrairement à Harlan, elle pouvait facilement y visualiser Jack, et elle se demanda ce que faisait Harlan au Yucatan... à part retrousser les jupes des femmes.
Elle n’en avait pas la moindre idée.
Elle y réfléchissait toujours quand Jack lui murmura à l’oreille.
— J’aime vraiment l’odeur de vos cheveux, Sophia.
Elle se dit qu’elle l’avait mal entendu.
— Qu... quoi ? demanda-t-elle, essayant de voir son visage dans l’obscurité.
— J’aime l’odeur de vos cheveux, murmura-t-il et il sembla y plonger légèrement son nez.
Un frisson la parcourut alors et son cœur se mit à battre un peu plus vite. Elle avait la langue nouée et il se méprit sur son silence.
— Pardonnez-moi, l’implora-t-il.
Mais Sophie n’était pas le moins du monde choquée par son compliment... ni par ses actions.
Elle essaya de parler malgré la boule qu’elle avait dans la gorge, voulant lui assurer qu’il ne l’avait pas du tout offensée, mais elle ne parvint pas à former un son cohérent.
Aucun homme ne l’avait jamais autant titillée avec de simples paroles.
Aucun homme ne lui avait jamais fait désirer des choses auxquelles elle n’aurait même pas dû songer.
Avec Harlan, jamais ses pensées ne s’étaient manifestées physiquement... son corps n’avait jamais répondu si lascivement à sa présence.
Sa bouche palpitait du souvenir du baiser qu’elle lui avait volé, et elle avait envie d’en savourer un autre à sa bouche douce et pulpeuse. Seulement, elle n’allait certainement pas faire le premier pas cette fois.
Elle aimerait tellement qu’il la désire.
Elle réalisa qu’elle voulait qu’il la regarde sans dégoût ni déception, mais comme il l’avait regardée la première fois sur les quais... avant que la situation ne se dégrade entre eux.
— Sophia, murmura-t-il.
Sa voix semblait empreinte d’une telle confusion que Sophie se sentait aussi confuse à propos de tout... hormis une chose...
Elle ferma les yeux, laissant la chaleur la traverser... jusqu’à ce que ses tremblements s’apaisent.
— Oui ? répondit-elle, à bout de souffle.
Le silence lui répondit.
L’odeur de Jack l’attirait et sa respiration se fit plus laborieuse tandis qu’elle le tentait à travers l’obscurité, inclinant la tête pour son baiser, si seulement il voulait lui en dérober un.
Elle voulait qu’il le fasse.
Jack avait envie de l’embrasser.
La senteur de sa peau l’intoxiquait.
Ce n’était pas seulement l’électricité générée par la tempête qui chargeait l’air autour d’eux, et Jack la serra davantage contre lui en dépit du bon sens. Il ne portait qu’une paire de pantalons qui devenaient déjà trop serrés.
Le ressentait-elle aussi ? Cette électricité dans l’air ? Sa peau était en feu.
Il était attiré par elle comme jamais une femme ne l’avait attiré. Sa peau brûlait, appelait son contact. La pointe de ses tétons s’enflammait à la perspective du contact apaisant de sa langue.
Que ressentirait-il s’il entrait en elle ? Si elle enroulait ses jambes autour de sa taille et faisait danser sa langue sur ses mamelons ?
Elle ne savait pas qu’il était très près d’oublier qu’elle était une dame... et de se rappeler que lui-même n’était pas un gentleman. Au mieux, il était un imposteur... et les gens de la classe de Sophie ne lui auraient jamais permis de l’oublier.
Il ne s’était jamais senti aussi incertain en présence d’une femme... ou aussi attiré... ou aussi prudent... ou aussi dérouté.
Et il n’avait jamais songé au mot « non » avant cela... pas de cette façon-là... cela n’avait jamais été nécessaire. Il avait toujours été prêt à accepter les conséquences, quelles qu’elles soient. Pour la toute première fois, il redoutait qu’on lui dise non.
Sophie venait d’un monde auquel il n’appartiendrait jamais véritablement – il s’y était pourtant essayé... sans succès. Il possédait l’argent et les compétences intellectuelles nécessaires, mais pas le nom de famille. Et en bref, c’était la raison pour laquelle il avait dû acheter ce maudit navire lui-même et financer ses propres recherches.
Il se retira, baissant les yeux vers elle, se disant qu’il serait idiot de s’embarquer dans quelque chose dont les enjeux étaient résolument contre lui dès le début.
Elle lui était interdite. Pas besoin d’être un génie pour le comprendre. Sauf qu’il n’avait jamais laissé les obstacles se dresser en travers de sa route.
Retenant son souffle, Sophie attendit qu’il reprenne la parole, mais il ne dit rien.
Elle aurait tant souhaité oublier tout ce qui s’était passé entre eux. Elle aurait voulu tout recommencer à zéro. Osant se coller davantage à lui, elle ferma les yeux, espérant une réaction.
Elle avait des picotements là où son corps rencontrait la peau de Jack, et elle brûlait de l’envie de tendre la main pour l’explorer... pour faire courir ses doigts sur les muscles dénudés de sa poitrine.
— Sophia, commença-t-il d’une voix rauque et basse. Puis-je... vous embrasser ?
Cette question fit caracoler le cœur de la jeune femme.
Elle déglutit et répondit dans un murmure plus hésitant qu’elle l’aurait voulu :
— Cela me plairait.
Elle le sentit se pencher vers elle, gardant toutefois une certaine distance. Elle aspirait à sentir sa bouche sur la sienne.
— Vous en êtes certaine ? redemanda-t-il, lui donnant une dernière chance de le repousser.
Sophie en était certaine.
Comment ne pouvait-il pas deviner au tumulte que faisait son cœur qu’elle souhaitait qu’il l’embrasse ? Il résonnait si fort dans ses oreilles que son corps tout entier palpitait en rythme. Elle hocha la tête et, pour toute réponse, ôta ses mains de la couverture, trouvant le visage de Jack dans l’obscurité. Elle le toucha prudemment et l’entendit prendre une petite inspiration.
Il couvrit la main de Sophie de la sienne un instant à peine avant que leurs lèvres ne se rencontrent.
Le choc laissa Sophie pantoise... ou peut-être était-ce parce que le bateau avait recommencé à tanguer. Elle n’aurait su le dire. Il la serrait contre lui, l’embrassant avec passion mais retenue... et Sophie comprit d’instinct qu’il se contenait.
Ce n’était pas ce qu’elle voulait.
Il l’embrassait comme un gentleman ; pas parce qu’il en était un, devina-t-elle... mais parce qu’il choisissait d’agir de la sorte, et cette réalisation lui coupa la respiration et l’excita d’une façon qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant.
Son baiser ne ressemblait en rien aux chastes baisers pincés que lui avait donnés Harlan.
Il mit ses mains en coupe autour de son visage, l’implorant.
— Ouvrez-vous à moi, Sophia.
Pendant un instant, Sophie ne comprit pas ce qu’il lui demandait. Elle délirait. Elle ferma les yeux et vit exploser des petits points de lumière.
Capturant à nouveau ses mains, il les étendit au-dessus de sa tête et se positionna sur elle, la clouant sous son poids.
Elle ne pouvait pas s’échapper.
Y songer suffisait à faire palpiter son corps en des endroits dont elle ignorait jusqu’à l’existence.
— Donnez-moi votre langue, murmura-t-il contre son oreille. Laissez-moi sentir votre saveur, Sophia.
Sophie frémit, anticipant sa requête. Elle écarta les lèvres comme Jack le désirait, et la première incursion de sa langue fit valdinguer son cœur hors de sa poitrine. Se dévergondant, elle s’accrocha à lui et il réagit en approfondissant leur baiser. Lui tenant les mains plaquées au-dessus de la tête, il ondulait sur elle avec une lenteur si délicieuse que le corps de Sophie répondit instinctivement au sien. Elle se cambra contre lui, essayant de dégager ses mains pour l’étreindre, mais il tenait bon, refusant de la libérer.
— C’est comme dans mes souvenirs, murmura-t-il.
Sophie n’avait aucune idée de ce à quoi il faisait référence, mais elle était grisée de l’entendre parler ainsi.
— Embrassez-moi aussi, l’entendit-elle l’implorer.
Sophie tenta de lui obéir. Elle n’avait encore jamais embrassé un homme avec un abandon aussi langoureux. Hésitante, elle lui offrit sa langue et manqua s’évanouir sur place quand il la prit pour la sucer tendrement dans sa bouche.
Elle gémit doucement sous lui, se contorsionnant de plaisir, l’attirant plus profondément dans sa bouche.
Elle en désirait plus... voulait qu’il lui en montre davantage...
Sa saveur tira de Jack un grognement de satisfaction. Malgré la brièveté de leur premier baiser, il s’en souvenait précisément. Son goût n’avait cessé de le hanter depuis, et comme un homme privé de nourriture, il avait terriblement faim d’elle.
Ses mains avaient besoin de parcourir son corps, de la toucher, de la sentir... de lui faire l’amour, mais il les retint, sachant qu’elle ne lui avait pas donné la permission d’explorer.
Mais il en avait envie – Dieu, comme il en avait envie !
Il maintint ses mains derrière sa tête, parce que si elle le touchait... si elle lui montrait le moindre encouragement... même involontaire... il lui offrirait alors tout.
Il se libéra du baiser avant d’être tenté d’aller plus loin... avant que ses mains ne puissent glisser le long de son superbe corps pour soulever l’ourlet de sa camisole vaporeuse. S’il le faisait... s’il osait le faire... elle aurait besoin d’une armure bien plus solide que celle qu’elle portait.
Il l’observa, particulièrement conscient de son excitation, plaquée contre elle. Son corps était douloureux. Avait-elle la moindre idée de ce qu’il désirait d’elle ?
Il désirait plus que tout être en elle.
Elle est tellement belle.
Même sans la voir, il l’imagina allongée sous lui, sa chevelure d’un auburn chatoyant étendue en une corolle de cuivre fondu autour de son visage parfait. Et ces yeux... dorés comme le miel et parsemés de poussière d’émeraude. Il maudit alors l’obscurité qui l’empêchait de les voir... de déchiffrer son expression.
Était-elle déjà en train de regretter ?
Ce n’était certainement pas son cas.
C’était impossible.
Jamais.
Devant son silence, Jack lui dit :
— Savez-vous depuis combien de temps j’avais envie de faire ça, Sophia ?
Elle semblait à bout de souffle, tout comme lui.
— Combien de temps ? lui demanda-t-elle, le faisant sourire.
En réalité, s’il ne se souvenait pas d’un moment où il n’avait pas eu envie de l’embrasser, il n’aurait su dire honnêtement le moment exact où il en avait pris conscience.
— Depuis votre premier baiser, lui dit-il, sachant que c’était un mensonge.
Il l’avait désirée bien avant.
— Oh ! répondit-elle.
Il aurait aimé voir le rouge lui monter aux joues. Puis elle ajouta, comme si elle retenait un petit rire embarrassé.
— Je ne crois pas nécessaire de m’excuser, alors ?
Jack lui sourit.
— Absolument pas, lui assura-t-il avec un ricanement.
Le silence s’installa alors entre eux, et au bout d’un moment, elle dit :
— Je suis vraiment désolée pour vos documents, Jack.
Jack refusait d’y songer pour le moment, ne voulant pas se rappeler qui elle était.
— Ce n’est pas si grave. J’ai d’ailleurs réussi à en sauver la plupart.
— Quand même... je suis désolée. Je ne pensais pas à mal.
Il voulait croire qu’elle n’avait rien à voir avec Penn, à part leur lien évident. Il voulait la croire quand elle lui disait que son fiancé lui manquait et qu’elle avait juste envie de le voir... et pourtant, une partie de lui se hérissa à cette possibilité... parce qu’il la désirait pour lui.
— Vous ne croyez pas vraiment que j’aurais pu vous voler, n’est-ce pas ?
Elle semblait blessée par cette idée.
La réalité le frappa en plein visage.
Il était avec la fiancée d’un autre homme... une femme promise en mariage à un autre que lui.
Qui plus est, il n’était pas entièrement certain de pouvoir lui faire confiance. Sa réponse fut honnête.
— Non.
Il ne pensait pas qu’elle puisse l’embrasser de la sorte si elle était capable de faire volte-face pour le poignarder dans le dos. Et pourtant... elle n’était pas complètement honnête avec lui... parce qu’aucune femme amoureuse de quelqu’un n’aurait pu embrasser un autre homme de cette façon-là.
Du moins espérait-il désespérément que cela soit vrai.