Un jour un chat siamois s’octroya des congés
Et partit tout de go en pays étranger.
Bayard des gens félins, Hérode des soupentes,
Dans les bas-fonds obscurs de caves où s’alimentent
Les rongeurs de tout poil, il tenta la conquête
Du peuple souterrain, queue levée en trompette.
Les dignes occupants des sombres labyrinthes
Célébraient ce jour-là, comme une messe sainte,
Un frugal déjeuner découvert dans un coin,
Aubaine inespérée en ces temps de besoin
Car les rats d’aujourd’hui ont beaucoup de problèmes,
Les réfrigérateurs les condamnent au Carême.
Notre héros feutré trouva donc opportun
D’interrompre l’office des compagnons à jeun.
Il bondit parmi eux et, comme un matamore,
Les dévorant des yeux, il les vit déjà morts.
La douleur le surprit quand le piège tomba
Sur la patte tendue, mettant fin au combat.
Rien n’est jamais acquis d’avance,
Convoitise est insuffisance.
L’orgueilleux dut bien le comprendre
Tel était pris qui croyait prendre.
En guise d’interlude, j’ai inséré cette petite historiette écrite en souvenir de mes lectures-récitations du temps où, en culottes courtes que les moins de soixante ans n’ont pas dû connaître, j’essuyais de mon postérieur les bancs de l’école Diderot. N’y voyez, cher lecteur, aucune prétention à vouloir rejoindre les maîtres que furent, entre autres, Clément Marot ou Jean de la Fontaine.
Nouvelle inédite – probablement écrite dans les années 70