Inviter à une réflexion sur L’Empire, une expérience européenne ? répondait à un double choix. À un choix de méthode, d’abord, qui était, dans le prolongement de synthèses et de précédents colloques, d’ancrer les réflexions dans un espace résolument européen, d’approcher simultanément les différentes dimensions d’une expérience impériale, de croiser les approches et d’articuler entre eux des territoires et des thématiques. La méthode rejoignait un choix problématique, qui était de dépasser certains débats – sur l’expansion française, sur les résistances ou les ralliements, etc. –en recherchant plus particulièrement les dimensions contradictoires de l’entreprise impériale, pour mieux s’interroger sur la nature des liens et des expériences qui se construisent alors, qu’ils soient voulus ou non. Les choix invitaient à un tableau nécessairement éclaté et à des lectures complémentaires, dont trois peuvent être ici relevées.
Au travers des différentes contributions, le Premier Empire peut d’abord apparaître comme un moment essentiel de transformations de notions et de concepts, tels civilisation, nation, empire, Europe ; c’est dire l’importance et les enjeux politiques et culturels d’une période dont l’impact dépasse les seuls territoires un moment placés sous l’autorité de Napoléon Ier et se prolonge loin dans le xixe siècle, voire au-delà. L’Empire a également été défini comme une « construction napoléonienne » (sans le mot Europe), à saisir dans sa complexité chronologique et géographique, mais aussi dans la diversité de ses réceptions, dans et hors d’Europe. Une construction éminemment pragmatique, avec des adaptations locales fortes, qui rappellent la nécessaire composition avec les acteurs locaux. L’Empire, et c’est une troisième lecture possible, a également été présenté comme une « expérience européenne » (sans le mot « construction ») ; même s’il est difficile d’assimiler le projet fédératif de l’Empereur à une ébauche d’union, l’expérience n’en est pas moins un temps d’apprentissage de l’autre, une redéfinition des relations de l’individu à l’État, une réflexion imposée sur les fondements de la société civile aux conséquences durables.
Qu’en conclure ? Assurément, chaque lecteur en tirera des enseignements différents, et il n’est aucunement question de réduire, en un faisceau
convergent, une grande variété d’analyses. La diversité des lectures possibles se retrouve ainsi dans ces conclusions confiées à David A. Bell, Jacques-Olivier Boudon et Philippe Raxhon qui, chacun à sa manière, esquisse une synthèse nécessairement nourrie d’interrogations en suspens. Nous y avons ajouté le point de vue de Joep Lersen sur l’expérience impériale ; elle contribue à inscrire ce moment dans l’histoire culturelle de l’Europe.
Hervé Leuwers, Annie Jourdan
David A. Bell, Princeton University
Pour ces conclusions, je voudrais prendre un peu de recul par rapport à la question posée dans le titre même de ce livre – L’Empire de Napoléon Bonaparte était-il une expérience de construction européenne ? Une grande partie des communications a répondu à cette question par l’examen de projets impériaux particuliers et, dans ce cadre, trois questions plus précises ont été posées. Dans quelle mesure ces projets visaient-ils explicitement une sorte de construction européenne ? Dans quelle mesure ont-ils été modifiés, adaptés, transformés sur le terrain, dans le cadre local ? Et, troisièmement, dans quelle mesure ont-ils réussi ? J’ai trouvé absolument passionnant cet examen collectif de tant de volets de l’administration et de la politique.
Avant d’essayer de répondre à la question « L’Empire peut-il être vu comme une expérience de construction européenne ? », je voudrais souligner autre chose, que j’ai trouvé assez remarquable, à savoir l’existence même de tous ces projets et de toutes ces politiques. En fait, j’étais étonné de voir, dans les expertes communications présentées dans ce livre, combien étaient rapides, ambitieux, et bien préparés les projets élaborés par les administrateurs impériaux, soit dans les nouveaux départements, soit dans les royaumes satellites de la France, pour incorporer ces territoires dans un nouveau système politique, économique et social. Qu’il s’agisse de l’agriculture, de la monnaie, des jurys, de la police, des élections, de la magistrature, des Ponts et Chaussées, il y avait de vrais projets, et de vraies politiques. Peut-être pas toujours des projets explicites de construction européenne, mais certainement des projets de construction d’un État fort et unifié – en détail, et bien avant la fameuse lettre de Napoléon à Fouché que cite Marie-Pierre Rey dans ses conclusions. Voici, peut-être, le point de vue d’un Américain, c’est-à-dire d’un citoyen d’un pays doté d’une tradition anti-étatiste très forte. Je pense que les Européens, et surtout les Français, trouveront parfaitement normal que les administrateurs et les officiers napoléoniens arrivent dans de nouveaux postes, et lancent immédiatement ces projets d’intégration cohérents et ambitieux. Pour moi, en tant qu’Américain, ce n’est pas du tout quelque chose d’évident. Et pour moi, en tant qu’historien de la Révolution française, le contraste est assez frappant entre la conduite de ces représentants
de l’Empire, et celle des représentants de la Révolution, dix ans auparavant. Même au moment de la marée haute du jacobinisme, la France n’a pas vu des mesures d’intégration aussi cohérentes, et aussi confiantes, dans les territoires nouvellement annexés à la France, tels que Nice. Plusieurs projets étaient élaborés au niveau national, sans nécessairement avoir de suite sur le terrain, et beaucoup de ces projets étaient contradictoires.
Une chose que j’ai trouvée particulièrement intéressante, dans plusieurs communications, était les tentatives des participants de tracer les origines à la fois intellectuelles et administratives des projets impériaux, et d’éclairer la formation des administrateurs. Et ce qui m’a frappé particulièrement, c’est l’importance non seulement de la tradition jacobine – je m’attendais à cela – mais aussi de la tradition absolutiste, et particulièrement de la physiocratie, qui représente, en quelque sorte, la forme la plus développée, et certainement la plus hautement théorisée, de l’absolutisme. D’un certain point de vue, il n’y a rien de très surprenant ici – on peut parler même d’une redécouverte des thèses bien connues de Louis Bergeron
1. Mais en examinant ces projets de « despotisme éclairé » au niveau local, avec une attention rigoureuse au contexte particulier, je pense qu’il en surgit un point original, et très important pour le thème du livre, c’est-à-dire le thème de l’intégration européenne. Car même si le jacobinisme et la physiocratie sont tous deux d’origine française, ils avaient tous deux des résonances très fortes au-delà des frontières de la France, et ceci bien avant la Révolution française. La physiocratie a bien sûr particulièrement rayonné en Italie, et par plusieurs points elle s’est rapprochée des tentatives de réformes dites éclairées des Habsbourg – de l’Empereur Joseph II en particulier. Ainsi à Milan autant qu’à Bruxelles, c’est précisément l’expérience des réformes joséphistes qui ont en partie préparé le terrain pour l’administration impériale de Napoléon. L’expérience du
Triennio en a fait autant. Il est significatif, je pense, que tant de territoires annexés, et tant de territoires dans les royaumes satellites, avaient déjà, et récemment, une expérience d’intégration à un empire, surtout l’empire des Habsbourg. Et si cet empire ressemblait beaucoup plus à une monarchie composée, pour rappeler le terme que j’ai présenté dans ma propre communication, il est vrai que ces territoires avaient été exposés au Joséphisme, aux réformes éclairées de la fin de l’Ancien Régime européen. Très souvent, nous avons vu dans ce livre que les habitants de ces territoires ont trouvé que l’Empire français était très différent des empires qui l’avaient précédé. Toutefois, ils étaient, pour ainsi dire, préparés par une longue expérience à s’adapter à un nouvel empire. Parmi les idées éclairées qui gouvernaient, au moins en théorie, les projets introduits par les Français, ces nouveaux Français ont trouvé quelque chose qui n’était pas entièrement étranger.
Jacques-Olivier Boudon, Université Paris Sorbonne
Les commémorations qui se déroulent en Europe depuis 15 ans autour du moment Bonaparte invitent à repenser le rapport que les Européens entretiennent avec cette période de leur histoire
2. Si la France s’est distinguée par un refus de toute commémoration officielle des années Napoléon, se contentant au cas par cas de quelques mises en perspective des institutions alors fondées, la plupart des pays européens qui ont été en contact avec les armées napoléoniennes ont été attentifs à mesurer ce que ce moment avait signifié dans leur histoire. Or la manière dont ces pays relisent ce passé s’inscrit dans une double perspective qui fait de la période napoléonienne un moment essentiel dans l’affirmation de l’identité de chacune des nations concernées
3, que ce soit dans la résistance à Napoléon comme en Espagne
4, en Russie
5 ou en Allemagne
6, ou dans la reconnaissance des apports de la France impériale en matière de droit et de codification, de liberté religieuse, voire d’autonomie linguistique (on songe aux États issus des Provinces illyriennes). En même temps, ce retour sur le passé est aussi un moyen pour ces pays de se rattacher à une histoire commune, celle d’une Europe toujours en construction. Il est de ce point de vue révélateur que les pays ou les régions les plus promptes à commémorer les batailles du passé aient été des pays appartenant à l’ancienne Europe communiste, à l’instar de la République tchèque active dans la remémoration de la bataille d’Austerlitz, de la Saxe ou de la Thuringe, particulièrement attentives à faire revivre le souvenir pourtant cruel de 1806 et de la défaite d’Iéna, à l’image encore de la Slovénie ou de la Croatie. Le cas de la Russie est différent, puisque le souvenir de 1812 a toujours été très prégnant dans son histoire nationale. Il a en tout cas été réactivé à l’époque de la seconde guerre mondiale, mais c’est véritablement au début des années 1990
que la guerre patriotique redevient une date essentielle dans une histoire nationale qui entend revaloriser la période tsariste. La commémoration de 1812 a de ce fait pris tout son sens, avec en point d’orgue la célébration du bicentenaire de la bataille de Borodino, en présence de Vladimir Poutine, la France étant représentée par son ambassadeur, mais aussi par quelques personnalités telles que l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing. Cela ne signifie pas que ces pays se complaisent dans une admiration béate face aux supposés héritages de la période napoléonienne, mais ils perçoivent cette époque comme un temps fort de leur histoire, parfois même l’occasion d’un déclic salvateur, conduisant à une mobilisation générale ou à une régénération de la nation, comme en Prusse.
Cette façon de repenser l’histoire des années Napoléon invite à sortir du débat occupants-occupés qui a longtemps dominé l’historiographie de la période
7. De même que la question de la résistance ou de l’adhésion à la loi française doit être dépassée. Certes il ne faut pas oublier que l’Europe napoléonienne est une Europe en armes, dans laquelle la culture militaire imprègne la vie quotidienne
8. À la suite de la France, bien des pays font l’expérience de la conscription, quand d’autres, à l’image de l’Espagne, renouent avec la tradition de la milice armée. Mais le jeu des alliances, les engagements spontanés, les enrôlements forcés brouillent les cartes et forgent des armées plurinationales dont l’armée des 20 nations envoyées en Russie forme le plus bel exemple. Elle résume à elle seule le projet fédératif envisagé par Napoléon et repris à Sainte-Hélène, sous la forme d’un système qui aurait inclus différentes nations, elles-mêmes en phase de formation
9. Les projets européens formulés par Napoléon ne sauraient être balayés d’un revers de manche au seul motif qu’ils émaneraient d’une puissance autoritaire et auraient construit une Europe française, centralisée autour de Paris. Ces projets s’enracinent en effet dans une tradition plus ancienne, nourrie de l’expérience qu’a représenté par exemple le modèle de l’empire habsbourgeois, mais aussi alimentée par les différents projets d’unions européennes forgés au
xviiie siècle, de l’abbé de Saint-Pierre à Kant en passant par Rousseau
10. À une échelle plus
petite, la Corse de Pascal Paoli a pu aussi représenter un laboratoire dans l’élaboration d’une pensée qui place la constitution au cœur de la réflexion politique
11.
Le système napoléonien se construit progressivement, sans répondre à un plan préétabli qui aurait été suivi de façon immuable
12. Napoléon a d’abord été sensible à l’héritage des républiques sœurs, qu’il rétablit en Italie, comme en Hollande, avant de procéder à leur transformation en monarchies vassales. Il innove cependant en les confiant à des membres de sa famille, selon des modalités que la relecture récente de l’action de chacun d’entre eux permet de mieux comprendre. L’aîné, Joseph, est le premier sollicité pour prendre la couronne d’Italie, avant d’y renoncer, le royaume d’Italie revenant finalement à Napoléon lui-même, qui confie sur place le pouvoir à son beau-fils, Eugène de Beauharnais, tandis que Louis, le frère cadet, se voit confier la Hollande
13. Ce système est ensuite élargi au fur et à mesure des conquêtes, le royaume de Naples, puis d’Espagne, confiés à Joseph
14, le grand-duché de Berg et de Clèves attribué à Murat
15, avant que celui-ci ne soit transféré à Naples, le royaume de Westphalie
revenant en 1807 à Jérôme
16. Ce système familial, doublé d’une politique matrimoniale s’inspirant de modèles traditionnels, place le clan Bonaparte au cœur de la construction du nouvel empire. Mais ce système connaît des ratés que perçoit rapidement Napoléon : échec de Joseph en Espagne, incapacité de Jérôme à équilibrer les finances de son royaume, tentation autonomiste de Louis. Seule finalement la gestion d’Eugène trouve grâce aux yeux d’un Napoléon qui finit par corriger le système qu’il a lui-même construit, d’une part en poursuivant et en amplifiant la politique d’annexions directes de régions limitrophes à l’Empire : la Ligurie en 1805, la Toscane en 1808, les États pontificaux en 1809, la Hollande et le nord de l’Allemagne en 1810, la Catalogne, etc. En procédant ainsi, Napoléon remet en cause l’autorité de ses frères sur les territoires et les peuples qui leur ont été confiés quand il ne les pousse pas purement et simplement à partir comme dans le cas de Louis. Joseph est de plus en plus affaibli en Espagne. Quant à Jérôme, dépossédé d’une partie de son royaume, il est sous la menace d’une annexion de la Westphalie à l’Empire que seule la débâcle de Russie repousse
sine die. Enfin l’échec de la politique familiale n’est pas sans conséquence sur la décision conduisant au mariage autrichien, dans la mesure où l’impéritie de ses frères le conduit à envisager de laisser le trône à un héritier direct.
L’évolution de la pratique de gouvernement de Napoléon rend plus efficace encore la notion d’empire qu’il a mise en avant dès 1804 et qui s’avère suffisamment plastique pour lui permettre ces jeux d’échelles. Les différents niveaux sont pourtant importants à prendre en compte pour comprendre la formation de l’Europe napoléonienne. Figurent en premier lieu les départements annexés à l’Empire auxquels s’applique la même loi que dans l’ancienne France, à quelques exceptions près. Ces départements sont aussi le lieu d’échange de fonctionnaires qui contribuent à la diffusion du modèle français. Le deuxième niveau est constitué par les monarchies vassales, gouvernées par des familiers de Napoléon, et soumises à des pressions pour faire appliquer le Code Napoléon ou le principe constitutionnel, mais avec des chronologies qui varient selon les cas
17. Dans ces régions aussi, l’apport des hommes venus de France peut être important – on songe à la Westphalie
ou à Naples. Enfin le troisième niveau englobe les pays alliés qui se voient imposer la tutelle française, en matière militaire, diplomatique et économique, mais conserve une certaine autonomie dans le domaine politique et institutionnel, même s’ils sont eux aussi incités à adopter codes et constitutions
18. Le bilan de cette politique n’en conduit pas moins à l’élaboration d’un patchwork qui favorise une diffusion partielle des principes hérités de la Révolution française, à savoir la fin du féodalisme, l’égalité civile, la liberté de conscience. Les revendications libérales des années 1815-1830, en particulier dans une Europe occidentale marquée par la présence française – mais aussi par l’influence anglaise, montrent la force de l’acculturation politique contemporaine des années napoléoniennes. Enfin les guerres ont conduit à un brassage de populations, on songe naturellement aux combattants, mais aussi aux prisonniers de guerre, qui contribuent à modifier le regard sur l’étranger. Ces contacts de nature variée font de la période considérée un moment de formation d’une expérience commune.
Philippe Raxhon, Université de Liège
Tout colloque important est un « moment historiographique », ceux qui le vivent ont alors le sentiment qu’il y a un avant et un après, et ceux qui consultent les Actes et les lisent aussi. C’est au demeurant ce deuxième groupe qui valide la réalité de ce moment historiographique.
Or, à la lumière des communications réunies dans ce livre, de leur diversité, c’est vers ce scénario, me semble-t-il, que nous allons. Pourquoi ?
Un premier élément de réponse est lié à la situation historiographique des participants, à leur génération respective. Nous trouvons réunis dans cet ouvrage de jeunes chercheurs et des chercheurs confirmés, ce sain télescopage des âges qui est un signe de bon sens des organisateurs.
Un deuxième élément de réponse est également une question de générations, qui repose sur un étrange privilège. En effet, pour un certain nombre d’entre nous, dont je fais d’ailleurs partie, nous avons la chance dans notre parcours d’historien d’avoir éprouvé en temps réel le déroulé commémoratif depuis le bicentenaire de la Révolution en 1989, et donc aussi la temporalité à laquelle renvoie ce déroulé. D’ailleurs, des liens personnels et intellectuels entre plusieurs organisateurs et participants du colloque à l’origine de ce livre datent de 1989 et de ses environs, et je retrouve ici des collègues de ma jeunesse. Je redécouvre surtout des têtes qui ont pensé 1789 et qui pensent maintenant 1811, appréhendant cette tranche d’histoire comme une tranche de vie, y compris dans l’évolution de leurs propres relations historiennes. Nous
mesurons alors
de facto un certain lissage entre les époques, et notamment par rapport à la notion de rupture entre Révolution et période napoléonienne. Je veux dire par là que notre propre parcours historiographique est de nature à relever ce qui est en interaction entre la Révolution et l’Empire, sans écarter les phénomènes de ruptures, mais sans non plus tracer une frontière entre ces époques, parce que nous ne pouvons pas le faire dans notre propre vie, et maintenant notre propre expérience historiographique. Dès lors, l’un des axes de l’ouvrage qui consiste à mettre en relief une expérience de transition historique n’en est que mieux assimilé par les participants.
À l’horizon 2016 s’ouvre la perspective d’une réflexion, pourquoi pas à partir d’un colloque sur cette génération historienne qui est allé « De Bicentenaire en Bicentenaire 1989-2015, un moment long de l’historiographie de la Révolution et de l’Empire ». Nous plaidons pour ce type d’initiative et sommes prêts à participer activement à une aventure de cette nature, dans le cadre du Centre de recherches et d’études sur la transmission de la mémoire que nous mettons sur pied depuis Liège.
Un troisième élément de réponse est que ce livre est à la recherche de définitions, qui concernent les espaces et les hommes, posant non pas la question : « en quoi l’Empire napoléonien était-il français ? », ni la question : « en quoi l’Empire napoléonien ne l’était pas ? », mais pose la question : « en quoi l’Empire napoléonien était français et ne l’était pas ? », une posture historiographique importante, qui permet d’intégrer les polémiques sans verrouiller les débats, et qui est à mon sens un intéressant phénomène de maturation de l’historiographie napoléonienne, qui ne date sans doute pas précisément d’aujourd’hui, mais qui se voit confirmer et amplifier par les travaux de la rencontre de Lille et Bruxelles.
J’ai parlé d’espaces et d’hommes.
La définition des espaces est au cœur de ce livre : l’Europe, la Nation, la Grande Nation, le pays, la patrie, le local, l’identité des territoires, l’universel, soit la perception et la représentation des cercles d’appartenance des hommes, à la lumière de l’expérience impériale qui est une expérience de conquête. Ce regard ne peut pas échapper aux questionnements de l’actualité en la matière, à travers ce jeu de miroir dont les historiens ont conscience et dont ils se jouent en partie. Ils savent qu’ils sont de leur temps, prennent distance avec leur temps, mais ne peuvent, ou ne veulent, échapper à leur propre historicité, se couper de leur temps, sous peine de s’inscrire dans une intemporalité à laquelle fort heureusement ils ne croient plus. De nombreux angles d’attaque de communications se sont inscrits de manière plus ou moins implicite dans cette perspective, y compris la question des premières élections européennes, un joli clin d’œil à mon sens. En effet, nous vivons une expérience impériale aujourd’hui, l’Union européenne est néanmoins le premier empire qui se constitue par adhésion de ses portions, un phénomène
historique unique, alors poser la question des adhésions dans le contexte du Premier Empire napoléonien, et des résistances qu’il suscita, puisque celui-là était conquérant, c’est ne pas se couper de son temps, d’autant que notre époque est incompréhensible sans retour à cette période. On l’a dit pour la Révolution française, on peut le dire pour l’expérience napoléonienne, en matière de géopolitique, de restructuration du continent en amont et en aval de la défaite napoléonienne, mais aussi en matière d’héritages, de représentations et de mémoires, et là le chantier reste très ouvert, et j’ai le sentiment que le prolongement d’un tel colloque s’inscrira dans cette perspective, selon la cohérence générationnelle que j’ai évoquée plus haut. Il me semble évident que nous allons, nous courons, vers l’acte de poser des interrogations sur le congrès de Vienne et ses conséquences en Europe. Au demeurant, d’un point de vue historique, nous ne pouvons mesurer complètement les effets d’une expérience comme celle de l’Europe napoléonienne qu’en évaluant la situation lorsque cette expérience n’est plus, a cessé d’être. De la présence française à l’absence française pourrait être une thématique prometteuse faisant suite à ces travaux.
Après les espaces, les hommes. Le grand absent du livre est Napoléon. Seulement deux titres de communication citent son nom, et dans la même séance. On voit que la frénésie de la recherche s’est tournée vers les hommes modestes : le soldat, l’électeur, le petit juge, le petit administratif, le policier, celui qui vit l’expérience impériale dans sa chair anonyme. Pour en arriver là dans un processus historiographique en général, il faut que les balises aient été posées et étoffées, et c’est le cas pour l’historiographie napoléonienne, qui devient aussi une historiographie sans tabou, qui en réalité fait bien sûr apparaître en filigrane et en relief la figure de l’Empereur, mais sans retenue dans un dossier à charge et à décharge que s’emploient irrésistiblement à composer les historiens. On a vu dans ce livre apparaître les hommes à travers les réseaux, les modèles, les innovations et les traditions, les procédures, les uniformisations et les exceptions, ce tissu du réel au cœur, soulignons-le, d’une période tellement brève : avoir 20 ans en 1789 puis 46 ans en 1815, c’est ça le réel de cette époque.
Un quatrième et dernier élément de réponse nous est donné lorsque l’on prend du champ par rapport à la production historiographique de l’époque contemporaine en général, marquée par le retour de la guerre, plus précisément de l’expérience de guerre dans ses déclinaisons multiples, depuis les années 1990, et ce n’est pas un hasard mais ce serait trop long à développer ici
19. Ceci dit, si l’on pose le marqueur au début des années 1990,
qui commémorèrent la Seconde Guerre mondiale dans le contexte de son cinquantenaire, et que l’on remonte vers notre présent, on croise le retour de la Première Guerre mondiale, et à mesure que le temps passe, le focus remonte le temps. C’est un phénomène qui mérite des études historiographiques plus approfondies.
En outre, il est manifeste que ce livre s’inscrit dans une présence historiographique plus marquée aujourd’hui : celle du xixe siècle. Plusieurs signes illustrent le fait de renouer avec le xixe siècle dans l’historiographie, sans doute parce que les questions de notre époque en quête de sens nous y ramènent avec force, parce que nous sommes aussi des enfants du xixe siècle, en tout cas, nous pressentons que nous lui devons quelque chose.
Cet ouvrage est un moment historiographique parce qu’il participe à renflouer cette dette.
Joep Leersen, université d’Amsterdam
Qu’est ce qu’un empire, constitutionnellement parlant ? Tout d’abord, cela dénote une souveraineté absolue, ayant la précellence sur les autres régimes souverains. Un Empereur peut créer ou pour le moins, reconnaître des rois et des royaumes (ainsi qu’il en allait pour le Saint Empire romain germanique par rapport à la Prusse ou pour Napoléon qui agit de même entre 1806 et 1813 quand il remania à son gré la carte de l’Europe). En ce sens, un empire est un genre de méta-monarchie, un système étatique modulaire unissant des nationalités sous une égide commune. Il ne s’agit donc pas là d’un État nation. Un empire est par définition multiethnique, et, en principe, tolérant (plus tolérant que ne l’ont été les États nations des deux derniers siècles) à l’égard de la diversité ethnique, qu’il vise à transcender et à inclure dans le cercle plus vaste qu’est l’empire.
Comme le Saint Empire romain germanique, l’Empire ottoman ou l’Empire des Habsbourg de l’après 1867, celui de Napoléon était transnational et par définition ressemblait quasiment à une Europe unie, à la différence près que l’Europe est fondée sur la notion de balance des pouvoirs et que l’Empire napoléonien se fondait sur un souverain central, seul et unique. En fait, il n’y a guère assez d’espace en Europe pour plus d’un empire, et c’est ce que Napoléon semble avoir compris quand il a contraint l’Empereur François II à dissoudre le Saint Empire romain en 1806. Car les empires ne peuvent en principe être proclamés ou dissous que par eux-mêmes. Un renversement provoqué par des forces extérieures aboutirait à ce que le titre vacant émigre ailleurs, dans un processus très européen qu’on appelle
translatio imperii. Vu sous cet angle, la prolifération d’empires après
1800 (français, autrichien, britannique, allemand/prussien) signale plutôt la décrépitude et la chute imminente de l’Europe en tant que système impérial. Paradoxalement, donc, l’impact européen de l’Empire napoléonien fut surtout que son établissement porta le premier coup à un système impérial européen millénaire qui dans les décades suivantes en viendrait au déséquilibre.
Certes, Napoléon ambitionnait de rajuster plutôt que de renverser le système impérial. Il visait à provoquer un translatio imperii de Vienne à Paris. Bien que ses aspirations aillent plus particulièrement en direction d’un futur malléable et tendent à créer de nouveaux systèmes et (infra)structures, Napoléon lui-même était profondément historiciste quand il s’agissait de dignité impériale. Il voyait son empire comme un avatar inspiré tout à la fois de celui de Jules César et de Charlemagne (celui-ci étant plus précisément à l’ordre du jour lors de l’annexion des États pontificaux, où en tant qu’Empereur des Français, Napoléon pensait pouvoir exercer les mêmes pouvoirs vis-à-vis de la papauté que son prédécesseur, l’Empereur des Francs).
C’est là le paradoxe : alors qu’en France même, l’Empire de Napoléon était considéré comme annonçant une époque inédite dans les annales de l’Europe, dans les autres pays, il coïncidait avec l’abolition des vénérables monarchies anciennes, et en particulier, celle du Saint Empire romain et du Patrimonium Petri. C’est-à-dire que l’Europe tout entière expérimenta l’impact de Napoléon sous ces deux faces : une modernisation imposée et une tradition abolie.
Les effets de cette modernisation sont bien connus, mais souvent perdus de vue. Ils reflètent la force principale de Napoléon : l’organisation systématique, de style militaire, de la vie publique. L’introduction du système métrique des poids et des mesures, d’un système légal dont les codes civil et criminel dérivaient d’une constitution écrite ; des appareils d’État avec une répartition plus ou moins fixe des responsabilités parmi les ministères (avec une division du ministère de l’Intérieur, entièrement consacrée à l’instruction publique et plus tard, à l’université), et un appareil étatique bureaucratisé et centralisé dans le domaine de la taxation, des travaux publics, de l’administration publique, etc. Tout ce qui constitue l’État civil moderne, créé sinon par Napoléon lui-même – puisqu’il les héritait pour une part de la Révolution française – fut imposé par lui dans toute l’Europe. Un des aspects sur lequel je voudrais accorder une attention particulière touche aux institutions publiques de l’érudition et de l’éducation.
Les effets abolitionnistes ont reçu ces dernières années de plus en plus d’attention. Mieux. Dans nombre de pays européens, ces effets ont suscité une consternation similaire. Le conservatisme de Burke, la position politique réactionnaire de Maistre et de Bonald (et à une date un peu plus tardive et sur un mode quelque peu différent, de Chateaubriand) ; le nouveau nationalisme développé en Allemagne par des hommes comme Arndt, Jahn,
Fichte, Savigny, Görres et Grimm : les parallèles et les connexions entre ces divers cas commencent à être mieux appréhendés depuis que l’étude de la période adopte une approche comparative et délaisse l’ancien « nationalisme méthodologique ».
L’étude des transferts culturels a fait faire un bond en avant au comparatisme pour ce qui est de la modernisation introduite par les institutions napoléoniennes à travers l’Europe. Elle permet également d’appliquer la perspective comparatiste, propre aux transferts culturels, à l’étude des résistances qui accueillent l’abolition des anciennes identités étatiques par le régime napoléonien. Toute l’Europe développe ainsi une hispanophilie romantique, suscitée par la résistance exemplaire de l’Espagne (jusque-là, la bête noire, morale et culturelle, du continent). Partout en Europe également, l’ancienne jurisprudence est rassemblée dans des éditions érudites au moment même où elle est abolie et remplacée par de nouvelles dispositions juridiques – en vérité, la notion même de
Volksgeist soit « esprit national » a été inventée par le juriste Savigny pour défendre le système juridique d’origine allemande et s’opposer à l’introduction du code napoléonien. C’est l’époque aussi où les ruines anciennes acquièrent leur portée symbolique en tant que vestiges de l’enracinement national dans des traditions indigènes. Après 1815, chaque nation européenne restaure son Saint-Denis ou sa cathédrale de Cologne. De fait, le terme de restauration signifie tout à la fois un retour constitutionnel et un retour architectural aux temps antérieurs. À côté des parallèles, il y a du reste des contacts et des transferts réels. Pour exemple, Jacob Grimm, alors au service de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, édite d’anciennes romances espagnoles, presque comme un acte de résistance. Walter Scott (le futur biographe de Napoléon) écrit un poème épique sur Rodrigue, le dernier roi wisigoth de l’Espagne. Il anticipe ainsi sur
Hernani de Victor Hugo, dont
Notre-Dame-de-Paris, inspirée du même Walter Scott, célèbre le gothique sur un ton similaire à celui qu’avait adopté Görres pour célébrer les cathédrales de Cologne et de Strasbourg… Au lendemain de la chute de Napoléon, plusieurs rois envoient des émissaires à Paris pour réclamer les antiquités qui leur ont été subtilisées. La mission de Canova, chargé par le musée du Vatican de récupérer les chefs-d’œuvre romains est la plus célèbre, tout comme celle de Blücher pour la Prusse. La Hollande ne demeure pas en reste, et revendique la restitution des tableaux du
stadhouder qui ornent les cimaises du Louvre. Parallèlement Jacob Grimm et Jernej Kopitar recherchent d’anciens manuscrits qui avaient été dérobés au profit de la bibliothèque impériale. De là découlent les premiers contacts entre les divers « ambassadeurs culturels » et la préparation de ce qui deviendra un réseau international de philologues et d’érudits dotés d’un statut professionnel dans les affaires publiques. D’autre part, ces missions diverses témoignent d’un courant anti-universaliste en matière de patrimoine. Chaque pays réclame en effet son héritage « propre »
(et seulement ce qui lui est « propre »), en tant que propriété inaliénable. Et de ce fait, cet héritage doit être « rapatrié ». La tendance se poursuit bien au-delà de Waterloo, quand, en 1817, Wilhelm Von Humboldt parvient à faire revenir la
bibliotheca palatina du Vatican à Heidelberg. Toutes ces manifestations d’historicisme national ont pour moteur commun l’opposition à l’influence de ce modernisateur transnational que fut Napoléon.
Un paradoxe est cependant à l’œuvre. Les diverses initiatives en matière de nostalgie historiciste n’auraient pu avoir lieu en si grand nombre ni avec tant de succès si elles n’avaient pas été facilitées par les structures nouvelles et modernes léguées par Napoléon : notamment, les institutions grâce auxquelles les forces historicistes et nostalgiques furent capables de se mobiliser. L’Académie celtique, par exemple, plateforme des revivalistes bretons tels que Le Gonidec, accueillit en son sein tout à la fois Savigny et Grimm, quand ils visitèrent Paris en 1804 et 1810. Ces visites à Paris leur permirent aussi de consulter des documents juridiques et littéraires à la Bibliothèque nationale, qui était alors ouverte au public et qui s’avérait être une mine d’or pour les historiens médiévistes et les historiens du droit. Des hommes comme Grimm et presque tous les philologues et les historiens doivent leur carrière intellectuelle à ces nouvelles bibliothèques, archives et universités qui furent établies après 1800. De l’Arsenal à l’université de Berlin, ces institutions étaient bien différentes de celles de l’Ancien Régime, en ce qu’elles ne connaissaient ni patronage ni privilège de classe. Ce sont elles qui ouvrirent des prospectives de carrière et des matériaux archivistiques à toute une nouvelle génération.
Un bon exemple, méritant une attention plus soutenue, est celui de la
bibliotheca palatina susmentionnée. Propriété des comtes du Palatinat d’Heidelberg, elle avait été spoliée en 1622 et donnée au pape qui l’avait remise à la bibliothèque du Vatican et ne s’en était plus soucié. Les livres ne revirent le jour qu’après l’annexion de 1809 par Napoléon des États pontificaux – un acte qu’il décrivit comme « l’annulation de la donation faite par son prédécesseur Charlemagne ». Napoléon ordonna qu’on inventorie la bibliothèque et qu’on y inclue un spécialiste pour « les langues du Nord ». C’est ce fonctionnaire, Ferdinand Gloeckle, qui découvrit et copia les manuscrits allemands de la
bibliotheca palatina. Il en fit part à Görres, un publiciste anti-français et un historien littéraire bien connu, qui, en 1813, allait publier son édition du
Lohengrin inspiré d’un manuscrit retrouvé en cette occasion. Görres annonça sa découverte au monde en rendant publiques une note et une invitation à souscription. Il proclamait que la quasi-totalité de l’héritage médiéviste en littérature qui constituait la base de l’identité allemande venait de resurgir de l’oubli. De fait, l’intense « redécouverte du Moyen Âge » qui vit le jour en Allemagne, mais aussi dans toute l’Europe, aurait été impensable sans les nouvelles institutions érudites qui furent mises en place dans les décades entre 1800 et 1820. Ainsi, les forces de l’historicisme et de la modernisation
marchaient main dans la main : bien qu’opposées ou contraires, elles se complétaient mutuellement comme les pressions diastolique et systolique dans le cœur de l’histoire.
Nombre de nationalités suivirent un itinéraire parallèle dans leur rejet de l’universalisme francocentriste propre à l’empire napoléonien. Dans la plupart des cas, il y eut des réseaux, des initiatives communes, des interconnexions, mais chacune agissait de sorte à ce que sa propre nationalité se distingue de la formule napoléonienne uniformisatrice. Les Allemands devinrent des exceptions en tant qu’Allemands, les Espagnols le furent eux aussi en tant qu’Espagnols, les Russes idem dito. Ce qui frappe ici, c’est l’émergence d’une curieuse épidémie : celle d’un exceptionnalisme généralisé, et, le silence sur le fait qu’il n’y avait rien de spécial à se sentir spécial. Le paradoxe de cet exceptionnalisme universel dans les mouvements nationaux en Europe signifiait que chaque mouvement national cultivait ses racines indigènes, mais aussi, ce qui n’est pas moins important, que de vives jalousies se manifestaient chaque fois que l’héritage du passé était revendiqué par une autre nationalité. Ainsi, les nations nordiques se disputaient leur appartenance respective à la race Viking ou le corpus des Eddas. Danois, Anglais et Allemands revendiquaient la propriété de Beowulf. Le roman de Renard devint la pomme de discorde entre France, Allemagne et Pays-Bas, tandis que Heinrich von Veldeke/Henric van Veldeke était brandi comme propriété absolue de l’Allemagne contre les Pays-Bas qui faisaient de même. Les Slovènes, les Slovaques, les Moraves, les Tchèques et les Bulgares se disputaient la codification de l’ancienne langue liturgique slave et de l’alphabet cyrillique et s’appropriaient tour à tour Saint Cyrille et Saint Méthode. Ces revendications rivales s’exprimaient par la voix d’hommes travaillant sur un environnement paneuropéen (médiéval) dans le cadre paneuropéen napoléonien, mais par peur de perdre leur identité « nationale » à l’intérieur de ce cadre impérial. Ainsi que le suggère le toponyme de Macédoine (laquelle même de nos jours est une pomme de discorde entre Athènes et Skopje), le paradoxe de l’exceptionnalisme universel est encore présent parmi nous. Plus profondément encore, il semble être l’héritage le plus important et le plus durable de l’homme qui incita Hegel à quitter Iéna, força Madame de Staël, Joseph de Maistre et Ernst Moritz Arndt à se réfugier à Saint-Pétersbourg, mais attira Savigny, Grimm, Oehlenschläger et Schlegel à Paris. Dernier paradoxe en Europe de cet empire napoléonien.
1. Louis Bergeron,
L’Épisode napoléonien : Aspects intérieurs, 1799-1815, Paris, 1972.
2. Jacques-Olivier Boudon,
Les Habits neufs de Napoléon, Paris, Bourin, 2009.
3. Alan Forrest, Étienne François et Karen Hagemann (éd.),
War Memories. The Revolutionary and Napoleonic Wars in Modern European Culture, Palgrave Macmillan, 2012.
4. Richard Hocquellet, « La nation espagnole face à Napoléon : résistance et collaboration »,
in J.-C. Martin (dir.),
Napoléon et l’Europe. Colloque de La Roche-sur-Yon, Rennes, PUR, 2002, p. 151-165 et
Résistance et Révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne, 1808-1812, Paris, Boutique de l’Histoire, 2001, 370 p. Il ne faut pas oublier non plus la résistance portugaise, voir Nicole Gotteri,
Napoléon et le Portugal, Paris, Bernard Giovanagelli, 2002, et parmi les publications suscitées par le bicentenaire, José-Luis Cardoso, Nuno Gonçalo Monteiro, José Vincente Serrao (dir.),
Portugal, Brasil et a Europa napoleonica, Lisbonne, ICS, 2011.
5. J.-O. Boudon,
Napoléon et la campagne de Russie. 1812, Paris, A. Colin, 2012 ; Dominic Lieven,
La Russie contre Napoléon. La bataille pour l’Europe,
1807-1814, Paris, Éd. des Syrtes, 2012 ; Marie-Pierre Rey,
L’Effroyable Tragédie. Une nouvelle histoire de la campagne de Russie, Paris, Flammarion, 2012.
6. Roger Dufraisse, « L’opposition anti-napoléonienne en Allemagne 1805-1809 »,
L’Allemagne à l’époque napoléonienne. Questions d’histoire politique, économique et sociale, Bonn, Bouvier, 1992, p. 449-469.
7.
Occupants, occupés, 1792-1815,
Actes du colloque de Bruxelles, 29-30 janvier 1968, Bruxelles, Université libre, 1969.
8. Jean-Paul Bertaud,
Quand les enfants parlaient de gloire. L’armée au cœur de la France de Napoléon, Paris, Aubier, 2006 ; Natalie Petiteau,
Les Français et l’Empire (1799-1815), Paris, Boutique de l’Histoire, 2008 ; Natalie Petiteau, Jean-Marc Olivier, Sylvie Caucanas (éd.),
Les Européens dans les guerres napoléoniennes, Toulouse, Privat, 2012.
9. Jean-Baptiste Duroselle consacre un chapitre à ce thème, « La tentative napoléonienne d’unification européenne », dans son livre
L’Idée d’Europe dans l’histoire, Paris, Denoël, 1965, 346 p.
10. Annie Jourdan,
L’Empire de Napoléon, Paris, Flammarion, 2000 et « Napoléon et la paix universelle. Utopie et réalité »,
in J.-C. Martin (dir.),
Napoléon et l’Europe, op. cit., p. 55-69.
11. Antoine-Marie Graziani,
Pascal Paoli, père de la patrie corse, Paris, Tallandier, 2002 ; Michel Vergé-Franceschi,
Paoli, un Corse des lumières, Paris, Fayard, 2005.
12. Dans une ample bibliographie, voir notamment J. Tulard,
Le Grand Empire, Paris, Albin Michel, 1980, rééd. 2010, et
L’Europe de Napoléon, Roanne, Horvath, 1989 ; S. Woolf,
Napoléon et la conquête de l’Europe, Paris, Flammarion, 1990, 398 p. ; Michael Broers,
Europe under Napoleon 1799-1815, Londres, 1996 ; Philip Dwyer (dir.),
Napoleon and Europe, Londres, Longman, 2001, 328 p. ; Geoffrey Ellis,
The Napoleonic Empire, New York, Palgrave Macmillan, 2
e ed, 2003, 166 p. Et pour un bilan historiographique embrassant ces études, R.-S. Alexander,
Napoleon, Londres, Arnold, 2001, 274 p., chap. VIII, « Napoleon and Europe : conqueror or unifier ? ». Depuis sont encore parus Jean-Clément Martin (dir.),
Napoléon et l’Europe, Rennes, PUR, 2002 ; Thierry Lentz (dir.),
Napoléon et l’Europe, Paris, Fayard, 2004 ; T. Lentz,
Nouvelle histoire du Premier Empire, Fayard, 4 vol., 2004-2011 ; Bénédicte Savoy et Yann Potin (dir.),
Napoleon und Europa. Traum und Trauma, catalogue de l’exposition de Bonn, 17 décembre 2010-25 avril 2011, Munich, Prestel, 2010.
13. A. Jourdan (dir.),
Louis, roi de Hollande, Paris, Nouveau Monde, 2010.
14. Joseph Bonaparte a longtemps pâti d’une mauvaise réputation historiographique, qui s’est atténuée à l’occasion du bicentenaire de la guerre d’Indépendance, notamment en Espagne, voir Manuel Moreno Alonso,
José Bonaparte, un rey republicano, Madrid, La esfera de los libros, 2008 ; Francisco Luis Diaz Torrejon,
José Napoleon I en el sur de Espana. Un viaje regio per Andalucia (enero-majo 1810), Cordoue, Publicaciones Obra social y cultural CajaSur, 2008 ; voir aussi Gérard Dufour, « Le roi philosophe », dans
Les Acteurs de la guerre d’Indépendance, Mélanges de la Casa de Vélazquez, 38/1, 2008, p. 53-70 et Vincent Haegele,
Napoléon et Joseph Bonaparte. Le Pouvoir et l’Ambition, Paris, Tallandier, 2010.
15. Aux travaux anciens de Charles Schmidt,
Le Grand Duché de Berg (1806-1813). Étude sur la domination française en Allemagne sous Napoléon Ier, Paris, Alcan, 1905, 528 p. Il convient d’ajouter désormais Bettina Severin-Barboutie,
Französische Herrschaftspolitik und Modernisierung. Verwaltungs- und Verfassungsreformen im Großherzogtum Berg (1806-1813), Munich, Oldenbourg, 2007, 410 p.
16. Helmut Berding,
Napoleonische Herrschafts-und Gesellschaftspolitik im Kôonigreich Westfalen 1807-1813, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1973, 160 p. ; Helmut Berding, « Le Royaume de Westphalie, État-modèle »,
Francia, 10, 1982, p. 345-358. J.-O. Boudon,
Jérôme Bonaparte, frère prodigue de Napoléon (1784-1860), Paris, Fayard, 2008, 728 p., 2
e partie ; N. Todorov,
L’Administration du royaume de Westphalie de 1807 à 1813. Le département de l’Elbe, Sarrebruck, Éditions universitaires, 2011.
17. Clémence Zacharie-Tchakarian, « Le Code civil, instrument de l’unification de l’Empire »,
in T. Lentz (dir.),
Napoléon et l’Europe, Paris, Fayard, 2004, p. 180-200 ; Paul-L. Weinacht, « Les États de la Confédération du Rhin face au Code Napoléon »,
in J.-C. Martin,
Napoléon et l’Europe,
op. cit., p. 91-101.
18. Michel Stephan (dir.),
Bayerns Anfänge als Verfassungsstaat. Die Konstitution von 1808, Munich, Staatliche Archive Bayerns, 2008.
19. Voir notre article « Essai de bilan historiographique de la mémoire »,
Cahiers du Centre de Recherches en Histoire du droit et des institutions, Bilans historiographiques, n
o 30, Facultés universitaires Saint-Louis, 2008, p. 11-94.