Siècle de Napoléon ou siècle des nationalités ? Le xixe siècle européen fut à la fois l’un et l’autre, ces deux aspects étant par ailleurs inextricablement liés. Se pose dès lors la question de l’expérience de la nation, telle qu’elle fut vécue par les habitants du Grand Empire. Certes, elle fut multiple. Mais nul doute que pour personne plus que les militaires, le concept de nation ne s’incarna davantage dans la réalité.
Notre contribution se centrera sur les soldats originaires des « départemens belgiques réunis », en prenant pour point de départ cette citation du milieu du
xxe siècle, due à la plume de Charles Terlinden : «
De précieux documents pour déterminer la psychologie des Belges au service impérial sont constitués par les nombreuses lettres de conscrits […].
Le nombre même des documents […]
permet d’aboutir à des conclusions historiques incontestables et montrent [sic]
chez les conscrits flamands comme chez les conscrits wallons une mentalité tellement semblable qu’elle ne peut s’expliquer que par un fond commun de traditions et de croyances […]
. Le point le plus intéressant à noter relativement à l’esprit des soldats belges dans l’armée impériale est celui de leurs sentiments à l’égard de la France […]
. Ces excellents soldats, qui sont prêts à se faire tuer pour le drapeau, ne se considèrent jamais comme sujets français […]
. Jamais ils ne laissent percer la conviction qu’ils se battent pour une cause nationale »
1.
La bibliographie relative aux soldats belges de Napoléon offre de fréquentes considérations de cet acabit. Ces affirmations n’ont pas manqué de nous interpeller : elles ne nous semblaient en effet guère correspondre à ce que nous avions cru percevoir du contenu des lettres de ces soldats, à travers les quelques exemplaires consultés au hasard de nos dépouillements. Tel fut le point de départ d’une recherche de grande envergure, au cours de laquelle nous avons analysé environ un millier de lettres (dont près de la moitié rédigée en néerlandais), inédites ou publiées, envoyées des armées à leurs familles par des conscrits belges
2.
Le style épistolaire des soldats des armées napoléoniennes
Tout chercheur qui se penche un tant soit peu sur les lettres écrites par les soldats des armées napoléoniennes en est rapidement convaincu : en rédigeant son courrier, le but premier d’un conscrit n’est nullement d’exprimer d’intenses et pénétrantes réflexions sur les ressorts profonds de son âme. Bien plus humblement et plus prosaïquement, il poursuit essentiellement un triple objectif : maintenir le lien avec sa famille et autres proches, quémander quelque secours financier et attester du fait qu’il est toujours en vie afin d’exempter un frère d’une prochaine levée de conscrits.
En outre, ledit chercheur ne tarde pas à se rendre compte du caractère largement stéréotypé de ces documents. On peut en effet sans aucune peine résumer ainsi leur contenu-type : « Chers parents, J’espère que la présente vous trouve en bonne santé ainsi que toute la famille. Quant à moi, Dieu merci je me porte bien. Mais je suis très malheureux car je vous dirai que nous sommes bien mal logés et nourris, et que nous sommes dans un pays où la vie est fort chère. C’est pourquoi je vous demanderai, chers parents, de bien vouloir m’envoyer un peu d’argent, ce qui me ferait un sensible plaisir. N’oubliez pas de m’écrire comment vous allez, et donnez-moi aussi des nouvelles du pays, et marquez-moi si on a tiré la conscription. S’il faut un certificat pour mon frère, dites-le-moi et je me chargerai de lui en envoyer un. Des compliments à [suit une liste de noms]. Je vous embrasse de tout mon cœur et suis pour la vie votre très fidèle fils. » Régulièrement, s’ajoutent à ce
canevas quelques lignes narrant l’un ou l’autre élément de la vie quotidienne ou d’un évènement militaire.
De multiples facteurs concourent à cette propension à l’uniformisation, dont les principaux sont les suivants. Tout d’abord, le faible niveau d’instruction et d’alphabétisation des soldats est peu propice à l’expression de considérations d’un niveau élevé («
De grote harmoe dat wij gelegen hebben dat can ik niet uijtspreken met hondert monden [
Je ne pourrais pas décrire la grande misère que nous avons connue, même avec cent bouches] »
3, «
Den staed is onbeschrevelik en onseglik die ik en mij camaraeden die ik onder staen heb in alle manieren van deren horlog [
L’état dans lequel mes camarades et moi nous nous trouvons dans cette guerre est impossible à décrire et à dire] »
4). Nombre d’entre eux ne sachant purement et simplement pas écrire, ils se voient même obligés de recourir aux services d’un camarade, qui n’est pas un simple scribe retranscrivant fidèlement sous la dictée, mais qui intervient bien souvent dans le contenu de la lettre, ne serait-ce que par le biais d’un canevas déjà maintes fois reproduit (qui présente en outre l’avantage de pallier certaines défaillances d’inspiration ou d’expression). Loin d’être seuls devant leur feuille, les soldats doivent donc se confier à une personne parfois étrangère, situation qui les incite à faire part davantage d’éléments convenus que de sentiments intimes («
Vous savez […]
que je ne sais pas écrire pour pouvoir vous marque mon sentimant. Quand il faut dépande de étranger pour faire faire qu’elle que chosse vous savez vous même comme il la font »
5)
6. Ce problème de manque de familiarité avec l’expression écrite semble un peu plus prégnant encore chez les militaires rédigeant en langue flamande
7.
Intervient en outre parfois la crainte de la censure, qui conseille aux conscrits de s’en tenir à quelques banalités plutôt que de risquer de voir leur lettre interceptée à cause d’un passage jugé inapproprié («
Nous ne pouvons rien dire pour la guerre car il est défendu »
8, «
S’il m’étoit permis de vous en faire le détail je le ferois, mais je crains de faire intercepter cette lettre qui est trop nécessaire pour m’assurer de vos santés »
9). Enfin, élément qu’il convient de ne pas négliger, nombre de soldats ne voient guère l’utilité de s’étendre sur leur vécu militaire, car ils ont conscience que ce serait là s’évertuer à parler de choses dont leurs parents ne peuvent de toute façon avoir aucune compréhension («
Je ne saurois vous exprimer la misère que nous avont éprouvés. Il faut ÿ avoir été pour s’en faire une idée »
10, «
Je ne vous fairai pas un détail motivé des peines, souffrances, fatigues dont nous sommes […]
été accablés, il me suffit de vous dire qu’elles sont incomprensibles »
11).
Des traces de sentiment national ?
En dépit de leur caractère relativement stéréotypé, il n’en est pas moins vrai que presque chaque missive contient une ou plusieurs phrases révélatrices d’émotions et de sentiments plus personnels et plus intimes, qu’une étude sérielle menée sur un grand nombre de documents permet de mettre à jour et de replacer dans leur juste contexte. Est-ce à dire pour autant que, ainsi que l’affirmait Ch. Terlinden, la source permet réellement de déceler les sentiments d’identité nationale des soldats belges ? L’affirmer serait de loin un abus. Plus modestement par contre, il s’agit là de documents de choix pour découvrir quels sont les cadres géographiques de référence de ces hommes.
En l’occurrence, leur lecture de l’espace repose très manifestement, non sur le concept politique et administratif d’État, mais sur celui bien plus intuitif de pays. Ce terme revient de façon extrêmement fréquente dans leurs lettres. Sous leur plume, il sert en effet à désigner tout territoire donné : contrée, région, pays, etc. Plus précisément, il leur permet d’indiquer trois types de réalité spatiale. Dans les faits, c’est par l’étendue géographique qu’ils couvrent que ces trois types se distinguent. Mais dans l’esprit des soldats, c’est avant tout selon leur degré de proximité mentale qu’ils se hiérarchisent. Par « proximité mentale avec un individu », nous entendons les liens multiples qui peuvent se créer entre un individu et un territoire donné : liens identitaires et affectifs, liens découlant de similitudes d’us et de culture, liens nés d’un séjour prolongé, etc.
Tout d’abord, il y a « le » pays, c’est-à-dire la communauté d’origine : lieu des racines, lieu de vie de l’enfance, lieu de domicile de la famille et des amis. C’est un univers pour le moins étroit : village, quartier, ville ou paroisse, voire canton, mais guère au-delà. Ensuite, il y a les pays
environnants, c’est-à-dire les régions proches. Plus précisément, dans cette acception, pays désigne toutes les régions de France
12, ainsi que toutes celles des États voisins (essentiellement l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne). Deux facteurs interviennent ici, parfois simultanément : la proximité culturelle de ces régions avec l’univers d’origine des soldats, et le fait que ceux-ci sont amenés à avoir une connaissance approfondie de ces territoires suite aux longs séjours qu’ils y effectuent. Enfin, il y a les États fort éloignés de la France. Ainsi, la Pologne ou la Russie sont le plus souvent perçues comme un pays et non comme un ensemble de pays (c’est également dans cette catégorie que rentre l’Angleterre). Il s’agit de contrées avec lesquelles les contacts sont davantage faits de passages que de séjours prolongés, et où le mode de vie des habitants est perçu par les soldats comme étant sensiblement différent du leur.
Le « pays », premier sentiment d’appartenance territoriale
Tels sont donc les cadres de référence des soldats dans leur lecture de l’espace. Une fois ceci clarifié, nous pouvons nous pencher sur les sentiments d’appartenance territoriale de ces hommes.
Sans surprise, leur identité est d’abord et avant tout construite autour du territoire spatialement restreint, mais émotionnellement et affectivement empreint qu’est leur pays. Celui-ci est omniprésent dans les lettres («
Je ne pense plus au peÿs que mille foi par jours »
13). Continuellement, les soldats demandent à leur famille de leur envoyer des nouvelles du pays : déroulement des kermesses et autres fêtes, avancement des moissons ou des vendanges, état des troupeaux, évolution de la petite entreprise familiale, prix des vivres, évènements familiaux (naissances, mariages et décès), etc. («
Vous mes fere passe des nouvelle du payis et ce que l’on dit et ce que l’on fait […]
. Tout ce que vous save de nouvaux au payi vous nous en fait part »
14, «
Marquez moi un peu ce qu’il n’ÿ a de nouveau au paÿs, ce qui se passe à Ougrée et dans la ville de Liége, comment que l’on vit dans cet paÿs »
15). En particulier, ils sont avides de connaître les résultats des dernières opérations de conscription («
Vous me marquerez de nouvelles du paÿs si on n’a tirez la réquisition chez nous, je vous prie de me dire si les conscrit sont parti et s’il ÿ a pas de me ami qui sont tombé »
16, «
Marquez moi toute les nouvelle du paÿs et marquez comme il va avec la conscription, s’il ÿ a beaucoup de partis de chez nous »
17).
On ne s’étonnera pas non plus que les écrits des soldats témoignent de leur propension à fréquenter prioritairement, au sein de leur unité, les conscrits qui proviennent de la même contrée qu’eux. Dans ce cas, la notion de pays est un petit peu élargie, puisqu’elle peut englober le canton, voire l’arrondissement d’origine. «
Je me plait fort bien avec tous les Liégeois car nous somme 4 cents presque tous connoissance »
18 et «
Je suis avec de camarad de mon peÿet qui son pas for élloigné de moi il son tout proche de Huÿ »
19, écrivent ainsi deux conscrits du département de l’Ourthe. Les soldats sont également fort heureux lorsqu’au hasard de leurs déplacements, ils rencontrent d’autres natifs de leur région («
Je suis à l’hôpital à Dresse dont je suis très bien nous sommes trois ou quatre Liégeois dans la même chambre et nous parlons du paÿs et nous nous amusons ensembles »
20, «
Nous avons été boire la goutte ensemble en parlans tout le quatre de notre paÿs »
21). Le vocabulaire est éloquent : les gens originaires du pays sont appelés les pays («
Je suis avec Pierre Lefin qu’[…]
et contant de voir ses peÿs »
22, «
J’ai fait rencontre d’un peÿs »
23, «
Il on a deux mon paÿs qui son rétournè »
24).
Deux derniers éléments montrent à quel point le pays est au centre de leur univers mental, ce qui se conçoit d’ailleurs sans problème, eu égard aux destinataires des lettres. D’une part, le pays est le principal repère à partir duquel se calculent – de façon par ailleurs souvent très approximative – les distances («
Nous somme éloigné de trois cent lieu de notre paÿs »
25). Ensuite, il est la référence de toute chose, l’étalon auquel tout est comparé («
Concernant la route que nous avons faite, tous les pays sont différens du nôtre »
26,
« Je vous dirois aussi que dans se pays-si [Saint-Malo]
que se tout contraire à la nôtre pour la religean car l’on fait de jeune praite toujours »
27, «
Ik hebbe op eenen berg geweest die vier mael zoo hooge was als den torre van Cortrijk [
Je suis allé sur une colline qui était quatre fois plus haute que la tour de Courtrai] »
28).
La France en seconde identité
Bien qu’il soit exprimé de manière moins fréquente et plus diffuse, et avec un degré d’affectivité incomparablement moindre, les lettres des soldats belges témoignent aussi d’un sentiment d’appartenance plus large.
Disons-le d’emblée, cette seconde identité n’est pas belge ; elle est française. Durant tout l’Empire, le concept de Belgique ou de Belges est en effet totalement absent des lettres des conscrits des neuf départements réunis. Il n’apparaît qu’à la chute de Napoléon, en 1814, comme si la séparation d’avec la France suite à la conquête par les puissances coalisées faisait renaître le nom de Belgique à la fois sur les cartes et dans les têtes. Encore ne sont-ce là que des traces rarissimes, comme cette lettre écrite en juin 1814 : «
La désignation de la ligne [frontière]
n’est pas tirée, que l’on ne sait pas si le pays belgique est à la France ou à l’Autriche »
29.
En revanche, la France est bel et bien présente dans les courriers des soldats, et tout indique qu’elle constitue pour eux une seconde référence spatiale. Il est entendu que tant qu’ils se trouvent en France, c’est leur pays qui constitue le point central autour duquel se construit leur géographie. Mais lorsqu’ils dépassent les frontières françaises, c’est alors la France qui devient très clairement leur repère. Sans cesse, il est question d’elle dans leurs lettres («
Nous somme partis de France pour aller en Espagne »
30, «
Nous alons repasé en France pour alller en Almagne »
31, «
Nous somme raproché de la France »
32, « [
Untel]
est […]
parti pour la France »
33, «
Wij in den tijt van een mandt zullen in Frankerik komen [
D’ici un mois, nous reviendrons en France] »
34, «
Je vous dirai que je suis rantré an Françe »
35). En particulier, les soldats expriment leur forte envie de revenir sur le territoire français, ce qu’ils expliquent eux-mêmes par deux raisons principales. D’une part, le sol de France est perçu comme la terre de la paix et du repos ; jusqu’en 1814, le retour en France est synonyme de fin de toutes les «
misères » que connaît le soldat à l’étranger (combats, insécurité, difficultés de logement et de ravitaillement, climats pénibles, précarité des conditions de vie des blessés, etc.) : «
Nous allons rentrer en France jouir des douceurs que nous offre ce même retour dans notre patrie »
36. D’autre part et surtout, être en France signifie se rapprocher du pays, et donc pouvoir nourrir l’espoir d’un congé ou d’une permission : «
J’espère que cette année j’aurrai le plaisir de vous aller revoir, car nous espérons de moment à autre à rentrer en France. C’est ce que nous aspirons beaucoup, car tous les maux et toutes les misère que nous essuyons dans ce pays-ci, nous fait dégoûter entièrement de cet état »
37.
Pour répandu qu’il soit, il ne semble toutefois pas que ce souhait soit lié à un attachement
sui generis à la France – c’est-à-dire en dehors du fait que celle-ci est intimement liée au domicile et au pays («
Mes attende […]
sont toujours à bras ouvert du côté de la France, pour pouvoir vous y rejoindre un jour »
38). Nous en voulons notamment pour indice le fait que le terme de patrie est fort rare dans les lettres de soldats. Lorsqu’il est utilisé, c’est certes généralement avec une connotation positive («
Je veut bravé le sorre d’un vrais guerrier, et soutenir ma patrie avec honneur, voilà ma résolution »
39, «
Vous devez savoir que quand j’ai parti, c’étoit pour défendre ma patrie ; j’étois en ce tems dans la garde nationalle et j’ai partis volontairement »
40). Toutefois, on ne peut guère tirer d’enseignement de ces quelques occurrences, en raison précisément de leur rareté et du fait que le mot de patrie semble être davantage synonyme de pays que de France («
Ick verope dat ick tusschen die en twee maenden in mijn vaederland sal zijn [
J’espère que d’ici à deux mois je serai de retour dans ma patrie] »
41).
À la lecture de leur courrier, il n’est donc pas possible de déterminer dans quelle mesure les soldats belges ont intériorisé l’identité nationale française. Seule certitude : si elle n’est certes pas complète, cette intériorisation n’en est pas pour autant nulle. L’opinion contraire de Ch. Terlinden s’appuie peut-être sur le fait que les conscrits belges utilisent bien souvent l’expression « les Français » lorsqu’ils rendent compte des dernières nouvelles de l’armée («
Les Français ce batte forte avec les Russiens et les Français avance a force »
42, «
L’on s’a révolté à Madrid contre les Français, tout les paysans on prit les armes contre les Français »
43, «
Les Français ont gainiez le 15 d’août la plus fortes ville de la Russiez et j’espaire que dans peux de tant il l’anterond en Turquie ; de ce que le monde dit le Français sont déjà 200 et 80 lieux en Russiez »
44).
De telles mentions ont souvent été interprétées comme le signe que le soldat belge considère que ses camarades de l’ancienne France appartiennent à un autre peuple que le sien. Mais c’est là se méprendre totalement sur le sens
qu’il donne à l’expression « les Français », utilisée en réalité comme synonyme de « l’armée française » (de même qu’il écrit « les Anglais », « les Autrichiens » ou « les Prussiens ») et non comme indication d’un peuple dont il se sentirait étranger. Fréquemment d’ailleurs, il emploie également la première personne du pluriel («
La première affaire que nous avons eu avec les Russes a eu lieu le 16 août près de la ville de Smolensk […]
. Cette affaire a durré cinq jours consécutifs, au bout […]
desquels l’ennemy a été obligé de battre en retraite sur la ville de Moskow […].
Le 5 et le 6 septembre il y a eu quelques petites batailles ; le 7 de grand matin l’ataque générale a eu lieu, nous avons été vienqueur »
45). On notera juste qu’il semble davantage utiliser la première formule pour narrer des faits relatifs à l’ensemble de l’armée française (réalité qui l’englobe mais le dépasse de loin) ou à d’autres unités que la sienne, et la seconde pour ce qui concerne le groupe précis auquel il appartient.
Il n’en est pas moins vrai que, s’il existe une lettre dans laquelle un soldat originaire des départements belges se définit explicitement comme français, nous ne l’avons pas trouvée (si ce n’est dans de rares formules indirectes, comme par exemple «
Nous sommes à trois mil hommes, la moitié Espagnol et tout le reste du François »
46 ou «
Nous reçûmes l’ordre d’appareiller pour nous rendre en France, chacun se félicitait tous étaient impatients de respirer l’air natal »
47). Par contre, il est indubitable que pour nombre d’entre eux, le fait d’être sujets de Napoléon et/ou de faire partie de l’armée française constitue un important élément d’identité. Ainsi, ils parlent de «
notre Empereur »
48 ou expriment une certaine fierté d’appartenir à la Grande Armée («
Pour notre infanterie, j’ai eu toujours de la peine à croire de leur peu de perte que nous annonçait les bulletins. Mais aujourd’hui, je peu vous le convaincre sur ma parole d’honneur, puisque j’y ai été spectateur moi-même, qu’elle tue dix Russe que le Russe n’en tue pas un seul, car il est impossible de leur trouver de rivaux. Ils vont en avant et met l’ennemi en joue avec un sang-froid comme un chasseur vous pince du gibier, tandis que l’ennemi tire comme un étourdi en regardant en arrière. En un mot, on peu dire la première infanterie de l’univers »
49, «
Saluts respectueux de votre fils victorieux revenant de l’armée du Portugal »
50).
Survivance des consciences régionales d’Ancien Régime
Durant la République et l’Empire, Paris mène une politique de francisation des populations belges, qui passe notamment par la départementalisation du territoire. Celle-ci vise à faire disparaître les anciennes consciences régionales au profit de nouvelles identités départementales, perçues comme un premier pas vers un sentiment national français
51. La lecture des lettres de soldats oblige à relativiser le succès de cette entreprise. En effet, la notion d’appartenance à un département leur est manifestement étrangère. Du moins, il s’agit là d’une division territoriale que l’on ne rencontre que de façon extrêmement rare dans leurs écrits
52 («
Sÿ je pouvoit avoir le bonheure de retourner dans notre département, je me comteroit heureux »
53, «
Il ÿ en na encore bien 25 qui désert sur une nuit, mais aucun de notre département »
54).
En revanche, les divisions territoriales d’Ancien Régime sont encore bien présentes dans les esprits. Nombre d’adresses comportent ainsi l’indication «
en Brabant ». Un conscrit écrit par exemple à «
Gosselie, département de Jemappe, arrondissement de Charleroi, au Brabans »
55 ; avant 1795, Gosselies faisait en effet partie du duché de Brabant. Sans doute est-ce de même dans le sens d’une survivance de la principauté épiscopale de Liège qu’il faut interpréter le fait qu’un maître d’armes originaire de Liège appelle «
pays »
56 J.-J. Horemans, natif d’Ham-sur-Heure dans l’arrondissement de Charleroi (village qui appartenait avant l’annexion à la principauté liégeoise), ou cette anecdote narrée par le Malmédien J.-H. Grégoire : «
J’ai eu mon lieutenant qui s’a reçu trois cou de bal qui été à mon côtée qui me disez toujour “Along Grégoire, prend bon courage ; tu et Liégeois, le Liégeois n’est périront jamais” »
57.
Cette référence aux anciens cadres géographiques est particulièrement présente dans les lettres émanant des conscrits provenant de deux régions. D’une part, ceux des départements de la Dyle et des Deux-Nèthes, dont le territoire correspond grosso modo à celui de l’ancien duché de Brabant. Une proportion significative d’entre eux adresse leurs lettres à leur famille «
en Brabant », et plusieurs se définissent même explicitement comme
Brabançons
58. D’autre part et surtout, ceux des départements de la Lys et de l’Escaut, dont le territoire est à peu de choses près celui de l’ancien comté de Flandre. C’est, et de très loin, chez ces derniers conscrits qu’une référence spatiale supplémentaire s’ajoute avec force, à savoir la Flandre.
Celle-ci constitue un repère si important qu’elle est manifestement bien souvent synonyme de pays. Ainsi, lorsqu’ils demandent des nouvelles de chez eux, il n’est pas rare qu’ils utilisent des formules telles «
Ik verlange te […]
weten wat er nieuws in Vlaenderen is [
Je souhaiterais savoir ce qu’il y a de nouveau en Flandre] »
59, «
Als gij weeder om schrijft ik verzoek van dat gij zout willen de nieuwigheden zouijt op zenden van da top Gullegem gebuerd is sigten dat ik seder ik vertroken ben, en ook het nieuws van Vlaenderen en hoe het gaet met de klassens [
Lorsque vous m’écrivez encore, je vous demande que vous m’envoyiez les nouvelles de ce qui est arrivé à Gullegem depuis que je suis parti et aussi les nouvelles de Flandre et comment ça va avec les classes/levées] »
60 ou «
Ik hoepen dat gij mij al het nieus zal laeten weeten wat er in Vlaender is [
J’espère que vous me ferez savoir les nouvelles de ce qu’il y a en Flandre] »
61. De même, lorsqu’ils évoquent la possibilité d’un futur retour au foyer : «
Kanne wij het geluk hebben van naer Flanderen te koomen, gelijk men zegt, ik zult dan veele gelukiger zijn [
Si nous avons la chance de revenir en Flandre, comme on dit, je serai beaucoup plus heureux] »
62.
On ne peut qu’être interpellé, ici également, par les adresses inscrites par ces conscrits : celles-ci se terminent bien souvent par la mention «
en Flandre ». On note également que le pays flamand constitue l’étalon de nombre de leurs comparaisons («
Wat aengat van de diensten dieer geschied in de kerke sij sin meer van werden als in Vlaenderen in de oogmesse daer sin ses priesters op den autaer [
En ce qui concerne les services religieux qui ont lieu à l’église, ils sont plus importants qu’en Flandre à la grand’messe : il y a six prêtres à l’autel] »
63, «
On y voit des Récolets, Capucins, Jésuites, etc., comme autrefois dans le Flandre »
64).
Très souvent, ces soldats flamands font part de leur contentement de retrouver d’autres personnes originaires de Flandre à l’armée, et du fait que cela soutient leur moral («
Wijn zijn met vele Vlaemijngen bij malkanderen zijn [
Nous sommes beaucoup de Flamands ensemble] »
65, «
Ik verblit mij noch dat wij met veel Vlaemingen sijn en ok noch goede van mijn cennessen [
Je me réjouis car nous sommes avec beaucoup de Flamands et aussi quelques-unes de mes bonnes connaissances] »
66). De même, dans les nouvelles qu’ils donnent, l’accent se pose bien souvent, non sur l’ensemble des soldats de la Grande Armée, mais sur les seuls Flamands («
Ick’ heb ’er meer als 25 Vlaeminghen zien sterven, bij gebrek dat zij geen gelten hadden [
J’ai vu ici plus de vingt-cinq Flamands mourir de faim par manque d’argent] »
67, «
Daer dat er een groote menigte van volk in is en al deserteurs en meestendeel al Vlaemmingen, veele van de Garde imperial en het zelve volk die met mij gedeserteerd zijn [
Là, une grande majorité des détenus étaient des déserteurs, et surtout des Flamands, beaucoup de la garde impériale ; c’est avec eux que j’ai déserté] »
68). De manière plus générale, tout montre une forte volonté de demeurer avec des Flamands.
Si les conscrits des départements de la Lys et de l’Escaut s’identifient sans ambiguïté comme Flamands
69, la question se pose toutefois de savoir quelle réalité exacte recouvre ce terme dans leur esprit lorsqu’ils identifient d’autres personnes comme telles. Dans quelle mesure visent-ils uniquement les seuls soldats qui, tout comme eux, proviennent de l’ancien comté de Flandre, ou élargissent-ils l’acception à tous ceux qui parlent un dialecte thiois ? Nous ne pouvons répondre à cette question. Il semble néanmoins assuré que le critère linguistique constitue un facteur primordial de cette identité flamande – même s’il n’est pas le seul, comme en témoigne notamment l’absence de mention des Hollandais ; il est à considérer dans le cadre d’une conscience subnationale plus ancienne.
Conclusion : le régiment, creuset de la nation
De nombreuses études ont souligné le rôle de facteur de cohésion nationale qui aurait été dévolu à l’armée durant la période révolutionnaire puis napoléonienne. Elles ont également montré combien les effets concrets de cette politique se doivent d’être relativisés, afin de retrouver de justes proportions. Notamment, le laps de temps durant lequel ils peuvent trouver à s’exprimer est fort court : moins d’un quart de siècle. Il va de soi que ce
sont là des délais trop restreints pour aboutir à une complète intégration nationale, surtout dans le cas de populations récemment annexées.
Tout cela n’empêche que le rôle de l’armée comme creuset de la nation est bien réel : le régiment réunit les Français. Au cours de leur carrière sous les armes, les soldats français sont amenés à fréquenter des hommes originaires des quatre coins du pays : Français de la France d’avant 1789 comme habitants de territoires nouvellement réunis. Née sous la République, cette réalité se perpétue et même s’amplifie sous l’Empire ; tout au long du règne de Napoléon, la multiplication et la diversification des théâtres d’opération imposent non seulement une augmentation numérique des effectifs, mais également une mobilité accrue par le biais des mutations entre régiments. Le fait n’est pas négligeable, à une époque où, rappelons-le, les relations sociales qu’entretiennent au cours de leur existence la plupart des Français – qui appartiennent dans leur grande majorité au monde rural – se limitent très largement aux gens de leur commune et des alentours proches.
Pour tous ces conscrits par ailleurs, la confrontation avec le concept même de nation est sans commune mesure avec ce qu’elle est pour leurs concitoyens restés dans la vie civile. Dans quelle situation, davantage que le service sous les drapeaux, le peuple est-il en effet amené à vivre l’expérience de la patrie ? Pour la masse de la population, on peut considérer que la confrontation avec l’idée de nation française se limite pour ainsi dire aux opérations de conscription et de levée des impôts. Or ces deux éléments constituent une réalité ponctuelle et non quotidienne ; surtout, au moins dans un premier temps, ils contribuent bien plus à créer une aversion pour l’État qui les décrète qu’à favoriser une intériorisation de l’appartenance à la nation. Le fait est particulièrement marqué dans les départements belges, où les préfets font clairement part au gouvernement de leur conviction selon laquelle les levées d’hommes et d’impôts constituent les deux principaux freins à l’essor du sentiment national français.
Pour les soldats en revanche, la patrie est un concept bien plus présent. Pensons notamment à l’environnement mental qui les entoure dès leur incorporation.
« La nation a brisé vos fers et vous a rendu tous les droits que vous avoit ravi [sic] le despotisme. Elle a fait plus ; en vous adoptant pour ses enfans, elle vous a associés à son bonheur et à sa gloire ; plus heureux qu’elle, vous avez recouvré par l’effet de sa magnanimité, et sans éprouver les déchiremens qui sont inséparables des révolutions, cette liberté qu’elle a conquise par son courage et qu’elle cimente depuis dix ans. Tant de bienfaits ne vous ont encore coûté que quelques légers sacrifices ; mais en est-il que vous ne soyez prêts à faire pour conserver le titre auguste de citoyens ? N’êtes-vous pas Français ? Et des intérêts communs n’exigent-ils pas une défense commune ? La patrie, comme une
mère tendre et sans prédilection, appelle aujourd’hui tous ses enfants autour d’elle »
70proclame ainsi le préfet de Sambre-et-Meuse à l’occasion d’un appel sous les armes en l’an VIII.
« Le gouvernement n’ignore point que les habitans de l’Ourte sont sensibles à la gloire dont brille la Grande Nation à laquelle ils sont incorporés depuis 18 ans, qu’ils sont Français par les mœurs, la bravoure et le langage »
71écrit celui de l’Ourthe en 1813 pour inciter la jeunesse à s’enrôler dans les gardes d’honneur. Bien au-delà des discours officiels et autres paroles, considérons seulement l’expérience si particulière que constitue pour un homme le fait de souffrir et de courir le risque de mourir pour la patrie. Alan Forrest a bien montré combien, après s’être ainsi incarnée dans la chair, la nation ne peut plus être qu’un simple mot abstrait
72.
Pour sa part, le présent article s’est attaché à déterminer, à travers l’analyse de leur correspondance, quels sont les cadres géographiques de référence des soldats belges – expression que la source oblige à préférer à celle d’identité nationale. Ce qui constitue, et de loin, leur premier sentiment d’appartenance territoriale ressort de ce que l’on nommerait aujourd’hui l’esprit de clocher : leur contrée d’origine, qu’ils appellent le pays. Chez les soldats de Wallonie, cette conception est des plus étroites et locales ; elle ne s’applique nullement à une région tout entière, ni même à un département. Chez les conscrits de certains départements du Nord par contre, elle est parfois plus large, englobant l’ensemble de ce qu’ils nomment la Flandre. Si celle-ci n’a pas de contours définis, elle semble toutefois se définir dans leur esprit comme étant au minimum l’ancien comté de Flandre, voire peut-être plus largement la région dans laquelle on parle les dialectes thiois. Quant à la France, elle est bien présente dans les lettres, mais à titre de seconde référence géographique pour les Wallons, et de troisième pour les Flamands. Enfin, n’en déplaise à Ch. Terlinden, la Belgique est totalement absente, ou peu s’en faut, des cadres mentaux des conscrits belges du début du xixe siècle. Les considérations qu’il livrait en 1941 ne découlent que d’une interprétation erronée des sources, vraisemblablement influencée par ses propres aprioris sur l’historicité de l’identité nationale belge.
1. Charles Terlinden,
Souvenirs d’un grognard belge. Les mémoires du colonel Scheltens, Bruxelles, Dessart, s.d. [1941], p. 19-20 et 24-25. Il disait fonder ce jugement sur la consultation de Émile Fairon et Henri Heuse,
Lettres de grognards, Liège-Paris, Bénard-Courville, 1936 et Joseph De Smet, « Briefjes tegen de eerste soldatenlichting in het Leyedepartement (october 1798) »,
Biekorf. Westvlaams archief voor geschiedenis, oudheidkunde en folklore, t. XXXII, 1926, p. 256-261.
2. Essentiellement les lettres conservées aux Archives de l’État à Liège,
Fonds français [AÉL,
FF], 1042-1045 (avec nos remerciements à M. René Wilkin) et celles reproduites
in Jan Van Bakel,
Vlaamse soldatenbrieven uit de napoleontische tijd [JVB],
http://janvanbakel.nl (avec nos remerciements à M. André Nisen) ainsi que dans 35 revues d’histoire locale belges.
3. C. Martien, 10.03.1806 (JVB, 8).
4. J.-B. Pauwels, 02.03.1799 (JVB, 145).
5. J.-J. Grégoire, 15.07.1811 (AÉL,
FF, 1044).
6. Dans le même ordre d’idées, citons les lettres écrites collectivement par plusieurs soldats afin de se partager les frais postaux.
7. C’est du reste la seule différence notable entre Wallons et Flamands que nous ayons relevée. Quant à leur contenu global, toutes les lettres rédigées par les Belges, de quelque contrée qu’ils proviennent, se ressemblent en effet fortement. Il est vrai que ce constat peut être généralisé au courrier de l’ensemble des soldats du Grand Empire (sur cette source, cf. notamment Alan
Forrest,
Napoleon’s men. The soldiers of the Revolution and Empire, Londres, Hambledon and London, 2002 et Natalie
Petiteau,
Guerriers de l’Empire : expériences et mémoires, Paris, Les Indes savantes, 2011, p. 17-110), et c’est donc à cette dernière aune que doit être considérée l’affirmation de Ch. Terlinden, selon laquelle il décèlerait une presque parfaite similitude de mentalité entre conscrits du Sud et du Nord de la Belgique.
8. F.-J. Goffart, 28.03.1813 (AÉL,
FF, 1042).
9. E. Bailleux, 01.04.1812 (AÉL,
FF, 1043).
10. J.-J. Ledent, 26.07.1809 (AÉL,
FF, 1042).
11. H.-J. Despa, 28.01.1808 (AÉL,
FF, 1043).
12. Dans l’esprit des soldats, la France est un ensemble de pays et non un pays elle-même.
13. L.-J. Verlaine, 02.05.1813 (AÉL,
FF, 1043).
14. M.-J. Gothot, 24.05.1806 (AÉL,
FF, 1042).
15. J.-H.-J. Moÿse, 18.05.1812 (AÉL,
FF, 1042).
16. J.-J. Jeunehomme, 29.08.1808 (AÉL,
FF, 1043).
17. A.-P. Gilsoul, 14.10.1812 (AÉL,
FF, 1043).
18. M. Courtois, 15.07.1805 (AÉL,
FF, 1042).
19. H.-J. Deremouchamps, 21.07.1807 (AÉL,
FF, 1043).
20. J.-J. Servais, 27.09.1813 (AÉL,
FF, 1044).
21. J.-H. Pirotte, 28.04.1812 (AÉL,
FF, 1044).
22. Q. Jamart, 18.04.1808 (AÉL,
FF, 1042).
23. G.-J. Constant, 01.03.1812 (AÉL,
FF, 1043).
24. J.-J. Hodeige, 17.01.1811 (AÉL,
FF, 1043).
25. F.-J. Gille, 21.09.1807 (AÉL,
FF, 1042).
26. O. Van Ackere, 04.07.1807 (Charles van Renynghe de Voxvrie, « Odon van Ackere, soldat de l’Empereur »,
Tablettes des Flandres, t. VII, 1957, p. 110).
27. J.-N. Hardy, 10.10.1808 (AÉL,
FF, 1043).
28. E. Clarijsse, 21.01.1807 (JVB, 197).
29. J. Sacrez, 04.06.1814 (André
Lépine, « Jacques Sacrez, de Salles, soldat de Napoléon »,
En Fagne et Thiérache, t. XXXIV, 1976, p. 31).
30. N. Weliquet, 08.09.1809 (AÉL,
FF, 1043).
31. P.-M. Halet, 18.03.1809 (AÉL,
FF, 1043).
32. J.-M. Gilkens, [?].11.1812 (AÉL,
FF, 1043).
33. E. Bailleux, 01.04.1812 (AÉL,
FF, 1043).
34. J. Deplanter, 01.04.1806 (JVB, 9).
35. J.-S. Fraikin, 27.03.1813 (AÉL,
FF, 1042).
36. H.-J. Despa, 28.01.1808 (AÉL,
FF, 1043).
37. A.-J. Lecrenier, 01.01.1813 (AÉL,
FF, 1042).
38. J.-N. Rouche, 08.05.1812 (Nicolas
Rouche, « Sur les traces d’un grognard du département des Forêts. Nicolas Rouche, grenadier et instituteur »,
Chronique archéologique du Pays de Liège, t. LIII, 1962, p. 124).
39. G. Gillet, cultivateur, 01.03.1813 (AÉL,
FF, 1043).
40. F.-L.-J. Colsoulle, 05.12.1796 (AÉL,
FF, 1043).
41. J. Vandenbriele, 29.06.1807 (JVB, 230).
42. H.-J. Thurion, 07.09.1812 (AÉL,
FF, 1043).
43. [?] Lavenur, 13.05.1808 (AÉL,
FF, 1043).
44. J.-C. Lesure, 18.09.1812 (AÉL,
FF, 1044).
45. J.-N. Dehalleux, 28.10.1812 (AÉL,
FF, 1044).
46. A.-J. Gilissen, 29.11.1812 (AÉL,
FF, 1042).
47. B.-J. Lamoral, 21.12.1802 (Yves Moerman,
Lettres de grognard. Correspondance d’un artilleur belge dans les armées de Napoléon de 1800 à 1813. Benoît Joseph Lamoral, Bruxelles, De Krijger, 2005, p. 17).
48. Contrairement à ce qu’affirmait Ch. Terlinden,
op. cit., p. 25 : « Lorsqu’ils parlent de Napoléon, ils l’appellent “l’empereur des Français” et pas “notre empereur” ».
49. J.-H. de Luesemans, 01.10.1812 (Jean Puraye, « Moscou, ce 1
er octobre 1812 »,
Société belge d’études napoléoniennes [SBÉN],
Bulletin, n
o 23, 1957, p. 11). Il est vrai que c’est là la lettre d’un sous-lieutenant.
50. J.-G. Toussaint, 04.04.1811 (Hector-Jean Couvreur « Grognards de Belgique. Le sergent Jean-Gilles Toussaint, fantassin des armées d’Espagne et du Portugal »,
Revue belge d’histoire militaire, t. XXIII, 1980, p. 438).
51. Voir Sébastien Dubois,
La révolution géographique en Belgique : départementalisation, administration et représentations du territoire de la fin du xviiie au début du xixe siècle, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2008, p. 79-118.
52. Si ce n’est, évidemment, dans le libellé des adresses des destinataires.
53. J-N.-J. Marneffe, 05.03.1813 (AÉL,
FF, 1042).
54. J.-J. Antoine, 09.05.1813 (Archives de l’État à Namur,
Petites archives de famille, 16).
55. C.-J. Bastin, 19.08.1810 (Francis Dumont, « Encore une “lettre de grognard” », SBÉN,
Bulletin, n
o 74, 1971, p. 20).
56. [Joseph Horemans],
Mémoires d’un grenadier du 23e de Ligne recueillis par François Horemans, éd. par A. Faidherbe, Wazemmes, Horemans, 1858, p. 12.
57. J.-H. Grégoire, 21.07.1813 (AÉL,
FF, 1044).
58. Exemples : «
Wij zijn hier zeer veele Brabanders [
Nous sommes ici beaucoup de Brabançons] » (J. Dannels, 10.03.1806 : E. De Lelys, « Enkele Kempische soldatenbrieven uit de Napoleontische periode »,
Taxandria. Jaarboek van de koninklijke geschied- en oudheidkundige kring van de Antwerpse Kempen, t. LXV, 1993, p. 31) ; «
Wy meestendeel Brabanders zyn [
Nous sommes pour la plupart Brabançons] » (J. Haevermans, 14.11.1806 : R. Peeters, « Soldaten voor Napoleon te Gierle »,
Taxandria (…), t. XXXIX, 1967, p. 208).
59. J. Fasseele, 26.08.1806 (JVB, 16).
60. B. Daene, 21.08.1813 (JVB, 141).
61. J.F. De Mersseman, 07.04.1812 (JVB, 163).
62. C. Jede, 14.05.1806 (JVB, 180).
63. J. Vermeesch, 15.11.1806 (JVB, 192).
64. O. van Ackere, 21.12.1807 (C. van Renynghe de Voxvrie,
op. cit., p. 112).
65. H. Devos, 11.07.1806 (JVB, 148).
66. F. Dewachter, 11.01.1807 (JVB, 196).
67. J. Lazoe, 31.08.1808 (JVB, 154).
68. J. Vandewiele, 28.08.1813 (JVB, 222).
69. Pour être tout à fait complet, notons que nous avons repéré quelques rares conscrits du département des Deux-Nèthes se définissant également comme Flamands (J. Verdijck, 04.10.1807 et 02.08.1810 : F. Wouters, « Onder Napoleon I »,
Oudheid en kunst. Tijdschrift van den geschied- en oudheidkundigen kring voor Brecht en Omstreken, 1905, p. 74 et 77 ; J.-G. Van Ostaeyen, 01.09.1809 : « Lotgevallen van een Brechtsche loteling onder het eerste Fransche Keizerrijk »,
Oudheid en kunst (…), 1913, p. 48).
70. AN, F1
cIII S&M 6 : proclamation du préfet de Sambre-et-Meuse, 4 avril 1800.
71. AN, F
9 997 : modèle de circulaire du préfet de l’Ourthe, [?] avril 1813.