Partie II
Politiques et guerres : des expériences qui divisent et rapprochent les Européens
Nous pouvons rechercher cette ambivalence dans ce qui semble être l’expérience conflictuelle par excellence, la guerre elle-même. Ainsi dans une vue générale, Alan Forrest nous montre que si la confrontation et la cruauté sont évidemment omniprésentes, les expériences partagées comptent aussi, que ce soit les relations entre les officiers, la découverte d’autres modes de vie ou la prise de conscience de la variété des paysages. Cette perspective générale est prolongée par les enseignements d’expériences de terrain. François Antoine nous montre comment en Flandre zélandaise, à la fois cœur économique de l’Europe depuis des siècles et avant-poste de l’Empire face à l’Angleterre, la politique d’organisation des transports fluviaux se télescope avec les impératifs militaires ; finalement, malgré le soutien de l’administration, les intérêts économiques prometteurs de la ville de Gand sont sacrifiés pour la défense de l’estuaire de l’Escaut et plus particulièrement d’Anvers « pistolet braqué sur le cœur de l’Angleterre ». Sur le front espagnol, Rafael Zurita discerne des relations entre Français et Espagnols de la région de Valence moins absolument et immédiatement conflictuelles que ne le laissent envisager les récits d’ensemble de cette guerre d’Espagne ; en fait, c’est l’alourdissement insupportable des exigences de l’occupant qui dégrade les rapports avec la population et donne des troupes à la guérilla anti-française.