C'est l'unité ! C'est la libération ! On ne peut la perdre, on ne peut la trouver. On ne peut l'éviter, on ne peut l'ignorer. Évitez-la, et c'est seulement l'unité qui évite l'unité.
Ignorez-la, et c'est l'unité qui ignore l'unité. Essayez de la trouver, et c'est l'unité qui essaye de trouver l'unité.
Que faire, donc ?
La recherche est-elle toujours présente ?
C'est bien.
La douleur existe-t-elle encore ?
C'est bien, également.
Existe-t-il de la douleur, de l'espoir, du désespoir ?
Tout cela est bien. Rien d'autre n'est nécessaire. Rien de plus, rien de moins.
La fin de la recherche est l'acceptation radicale de ce qui est. Et cette acceptation, cette vision n'est pas faite par vous. Ce n'est pas de l'ordre du faire ou de l'accomplissement. Ce n'est pas quelque chose que l'on peut atteindre en faisant des efforts.
*
Il peut donc y avoir vision ou non, il peut y avoir une absorption dans la recherche, ou un sens du bien-être, un sentiment de contentement. Tout est bien, tout est au mieux, tout fait partie du jeu.
Il se peut qu'un petit rouge-gorge sautille de branche en branche, et il peut être vu (ou non) qu'il n'y a seulement que le rouge-gorge, qu'il n'y a seulement que le saut-saut-sautillant, qu'il n'y a seulement que le « cui-cui ». Tout cela, c'est l'unité, sans commencement ni fin, sans raison, finalité ou sens.
Le petit rouge-gorge ne se met pas à pépier parce qu'il s'est trouvé lui-même, ou qu'il a atteint un état de libération. Pour lui, seul le saut, la recherche du prochain ver semble suffire. C'est peut-être pourquoi nous sommes tellement attirés par la nature. Les animaux paraissent êtres libres du fardeau de la personnalité, de l'individualité, de toute recherche de quelque chose qui ait plus de sens, que ce qui est déjà.
La grande libération est déjà là pour nous tous. Cela – ce qui est déjà clairement donné en cet instant – est toute la signification qui existe. Cela – aller aux toilettes, prendre son repas de midi, acheter du pain et du lait chez l'épicier – c'est toute la finalité qui soit.
C'est la recherche même d'une finalité qui crée la non-finalité, et c'est la recherche d'un sens qui crée le non-sens.
*
Il n'y a rien de plus que ce qui est. Tombez-en amoureux... ou non. Dans un sens ou l'autre, cela n'a aucune importance, vous savez. Il n'y a rien à gagner en voyant tout cela. Ce n'est pas un accomplissement, ce n'est pas le résultat d'un long effort, cela n'a rien à voir avec l'intelligence, l'aptitude ou la connaissance. Rien à voir également avec un rapport de cause à effet, avec l'effort, la persistance ou autre.
La liberté et l'illumination ne sont à trouver nulle part ailleurs qu'ici ; ce qui revient à dire qu'elles ne peuvent pas du tout être « trouvées ».