Q : Il y a un sentiment d'incomplétude qui ne s'en va pas. Une partie de moi pense qu'il va disparaître, si j'obtiens les bonnes réponses à mes questions. Mais je pense, aussi, que je prolonge ma recherche en continuant à poser ces questions.
C'est bien de voir que vos questions font partie du jeu de la recherche. Mais c'est ainsi, les questions n'ont jamais besoin d'être déniées. Elles peuvent apparaître, ou non ; vous n'avez pas vraiment le choix en la matière !
Mais poser une question implique qu'il existe une réponse et que vous ne l'avez pas encore. L'interrogation vient de ce sentiment d'incomplétude dont vous parlez. Observez ce sentiment. Le mental dit : « Il faut se débarrasser de ce sentiment d'incomplétude, je dois trouver des réponses ! » Pouvez-vous voir comment cette déclaration maintient, en réalité, ce sentiment ? En fait il n'y a pas « d'incomplétude », c'est simplement une histoire, une croyance.
Aussi longtemps qu'il existera « poser-des-questions-et-attendre-des-réponses », il y aura de l'incomplétude. Mais cette sensation d'incomplétude apparaît maintenant.
Ressentez-la. Ce n'est que de l'énergie dans le corps. Sans l'étiqueter « incomplétude », quel en est le ressenti ? Cette sensation peut même apparaître, de temps en temps, à des soi-disant personnes « réalisées », ce n'est qu'une sensation, comme une autre.
Cette sensation est parfaite, chercher l'est aussi, poser des questions et attendre des réponses également. Tout cela apparaît déjà dans la libération. Il y a la respiration, le battement du cœur, les bruits de pas dans la rue, et le grondement de la circulation au-dehors. C'est tout ce qu'il y a. Déjà cela n'arrive pour personne, cela survient de nulle part. C'est tout simplement. Toute question que vous pourriez poser, impliquerait qu'il existe quelque chose de plus que cela, qu'il existe une « complétude » au-delà de cela. Mais il n'y a QUE cela.
Et observez le mental, qui répète « mais, il doit bien y avoir PLUS que cela ».
(Cela est très bien aussi !)
Q : Vous dites que pour « vous » c'est arrivé graduellement, mais il y a sûrement eu une sorte de point d'inflexion, lorsque la croyance est devenue connaissance, et le doute certitude ?
Eh bien, maintenant, en cet instant, je n'ai aucune certitude !
C'est cette sensation de certitude qui a été graduellement démasquée, je pense. J'avais l'habitude d'être si certain de celui que j'étais, de ce qu'était l'illumination, et quel « état » je devais atteindre. Aujourd'hui, la seule chose que je sais c'est que je ne peux rien savoir. Et en fait, je n'en sais même pas autant.
Car, il n'y a toujours que cela – la conscience et son contenu qui passe. Là, maintenant, il y a le battement du cœur, la respiration, les oiseaux qui chantent au dehors, les pensées qui vont et viennent. Et c'est tout. C'est si simple, si évident. Nous sommes tous dans la libération, à tout moment, et pourtant, nous passons nos vies à rechercher quelque chose de plus que ce qui est donné, présentement, dans le moment...
Et oui, il peut y avoir cette croyance « Je n'y suis pas encore » « J'aimerais bien être plus clair » ou « Je ne suis pas aussi illuminé que je le devrais ». Ces pensées flottent simplement dans la conscience. Cela arrive tout simplement, et pour personne. Et nous le savons tous déjà, mais nous cherchons quelque chose d'autre, quelque chose de plus, un état plus « élevé ». Cela me semble, aujourd'hui, si stupide et si comique, car l'illumination et la libération sont déjà à 100% dans notre conscience, là, maintenant.
C'est ce qui est. Simplement cela. N'est-ce pas le plus simple des messages ?
Et maintenant observez comment le mental peut contester : « Mais, ce ne peut pas être aussi simple ! »
Q : Si vous aviez un conseil à me donner sur le « comment procéder », quel serait-il ?
Eh bien, je ne pense pas que ce soit une question de faire quoi que ce soit de supplémentaire. Peut-être est-ce une question d'attention – ici, maintenant et à chaque instant – voir comment le mental veut quelque chose de plus, quelque chose d'autre, quelque chose de plus que simplement cela. En cet instant, il attend peut-être que je lui donne une sorte de réponse sur le « comment procéder », et puis n'obtenant pas la bonne réponse, il peut bouger vers la prochaine « source de réponses »...
Pour « moi », la libération (à défaut d'un meilleur mot) c'est tout simplement cela : respirer, sensation de faim dans le ventre, oiseaux qui chantent au loin, pensées « je devrais aller chercher quelque chose à manger » ou « je dois remplir cette demande avant demain », douleur dans le genou gauche... simplement cela... et rien d'autre.
Q : C'est si facile : c'est déjà la libération. Mais assurément, cela n'en a pas du tout l'air !
Ah oui ? Peut-être parce que vous avez une idée de ce à quoi cela devrait ressembler !
Q : Il y a des moments de grande clarté. Mais, le problème est que l'imagination revient et la recherche recommence.
Ah... bien, c'est si simple ! L'imagination (pensée) est supposée continuer, qui a dit qu'elle devrait s'arrêter ? Elle s'arrêtera, peut-être, lorsque vous serez mort ! Vous voyez, les pensées c'est très bien, l'imagination aussi. Tout cela flotte dans la conscience. Il y a la respiration, le battement du cœur, la faim, la douleur, les bruits dehors, la bouilloire qui siffle et les pensées qui passent. Peut-être la pensée « Je devrais être libéré des pensées maintenant, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? » ou peut-être la pensée « Je veux atteindre un état d'illumination, libre de toutes pensées de soi, de tout désir, de toute souffrance ! ». Tout cela est très bien, nul besoin de le dénier. Le dénier serait encore plus de pensées. Je pense qu'il existe cette disposition chez les personnes, qui suivent certains chemins « spirituels » de considérer que la pensée est « mauvaise » ou que les pensées de soi ne devraient plus apparaître. N'est-ce pas encore plus de pensées ?
La réalité c'est que : la pensée apparaît. C'est si simple, si évident. Les pensées apparaissent tout simplement. Ce qui a tendance à se passer c'est la chose suivante : des pensées de « moi » apparaissent, et, à cause des nombreux livres spirituels que nous avons lus, nous pensons « oh non, ce ne devrait plus arriver, je pensais être plus libéré ! ». Mais cela aussi, ce n'est encore que davantage de pensées.
Personne n'a jamais mis fin aux pensées en utilisant la pensée, ce qui revient à dire : personne n'a jamais mis fin aux pensées. Les pensées apparaissent, laissez-les.
Ce message est si simple, la libération n'est que cela : Ici, maintenant, la respiration... avaler une gorgée de thé... des voitures qui crissent au-dehors... le chat qui bondit de l'arbre dans le jardin... Et la pensée « Je n'y arrive pas ! » ou « J'aimerais que ce sens de « moi » se dissipe ! ». Mais ces pensées sont très bien aussi. Ce ne sont que des pensées. Essayer de s'en libérer n'est que davantage de pensées. Laissez donc tout cela.
C'est si absolument simple, et le mental complique en fixant des objectifs, des buts, et, en vous disant que vous n'y êtes pas encore. Nous sommes tous déjà là, car nous sommes tous déjà ici. Précisément ici. Regardez autour de vous, pouvez-vous imaginer vouloir autre chose que ceci ? Si vous le pouvez, êtes-vous capable de voir que ce n'est que la pensée (le mental conditionné) qui vous dit qu'il existe mieux ailleurs ? Et c'est cela la recherche, mais la recherche est bien... il n'est pas nécessaire de la dénier. La pensée apparaît déjà pour personne. La libération est déjà à 100% ici.
Q : Il y a ici une tension, dont je veux me débarrasser. Une fois que vous êtes une personne réalisée...
...Ah, il n'y a pas de personnes réalisées ! C'est une contradiction dans les termes. Mais s'il y en avait, il s'agirait de chacun de nous, « vous » y compris. La recherche pour la « réalisation de soi » est le mensonge auquel nous avons adhéré nos vies durant, l'idée qu'il existe un état bien meilleur que l'état actuel.
Il n'existe pas de soi à réaliser, il n'existe pas d'individus illuminés. Il n'y a que cela. Bien sûr, ce qui peut arriver ce sont des pensées sur la réalisation de soi, sur l'illumination, les personnes illuminées, la « fin de la recherche ». Toutes ces pensées et d'autres flottent à travers la conscience, et tout cela est parfait !
Il peut y avoir la croyance que ces pensées ont quelque réalité, qu'il y a une « réponse » quelque part, quelque chose derrière les pensées, qui attend d'être découvert. Et c'est le tourbillon dans lequel nous semblons, tous, être entraînés ! Envisagez la possibilité, un instant, qu'il ne s'agisse vraiment que d'un tourbillon. Où cela vous conduit-il ? Ici, maintenant, la respiration, les pensées qui passent, cela et encore cela – c'est déjà la libération, qui est recherchée. Aussi longtemps qu'elle sera recherchée, il y aura la tension dont vous parlez. La tension c'est aussi très bien, la recherche également. Mais il n'y a que la tension, que la recherche, il n'y a rien à trouver à la fin de la recherche (cette idée ne faisant que maintenir la recherche !), il n'y a rien à « acquérir ».
Peut-être, il sera vu, par personne, que cette recherche est vaine et qu'il n'y a toujours que cela, ce qui est clairement donné dans l'instant. Et vous savez quoi ? C'est déjà vu (aucun futur n'est nécessaire !). Vous le voyez maintenant (là, en cet instant !) mais vous continuez de le dénier, parce que vous êtes dans l'attente d'un ressenti spécial ou « spirituel ». Et voici le secret : La libération est la vie ordinaire, telle qu'elle est. Rien, absolument rien, n'a besoin d'être « vu » pour qu'il en soit ainsi.
Le « vous » va toujours apparaître. Des tensions, des frustrations, de la souffrance également, des larmes couleront, des désirs apparaîtront et disparaîtront... Le secret c'est que tout cela apparaît déjà pour personne. Nous vivons tous déjà dans la libération. C'est l'idée que quelque chose a besoin d'être « vu », avant que vous puissiez « comprendre », qui dirige votre recherche. La recherche apparaît déjà pour personne, venant de nulle part, ici, maintenant, telle qu'elle est.
Ressentez-vous une frustration maintenant ? Une tension ? De la confusion ? Simplement cela, c'est la libération.
Ah, vous attendiez-vous à quelque chose de plus que simplement cela ?
Vous attendiez-vous à ce que la libération n'inclue pas la frustration, la tension, et la confusion ?
Quel genre de libération ce serait, si elle n'incluait pas toutes choses ?
Quel genre de Dieu serait un Dieu qui n'apparaîtrait pas dans et en tant que toutes les choses de ce monde ?
L'illumination (à défaut d'un autre mot) est la déception absolue, si vous cherchez quelque chose de « spécial ».
Q : Qu'est-ce qui « vous » est arrivé ?
Vous savez, je crois, vraiment, que rien ne m'est « arrivé ». Si quelque chose est arrivé, ce n'est que cela : Je (apparemment) s'est arrêté d'attendre que quelque chose arrive !
Ce n'était pas un événement soudain, il n'y a pas eu d'éclair ou de tonnerre (cela, c'est l'illusion !). C'était, tout simplement, la diminution graduelle de la croyance en l'histoire : « J'ai besoin de quelque chose d'autre que cela ! » C'était « l'obstacle » final, si l'on peut dire (il n'y a, bien sûr, pas d'obstacle !).
Je me suis rendu compte que le désir même pour la libération, l'illumination ou l'éveil est encore un autre désir, un autre obstacle à la perfection de ce moment. Mais vous savez, en vérité, vous ne pouvez pas stopper le désir, ni l'attente pour que cet « obstacle final » tombe enfin – cela c'est encore du domaine du faire.
Observez donc, lorsque vous vous trouvez dans un état d'attente, le moment où survient la pensée : « Ce n'est pas encore cela, je vais y arriver bientôt » et que cette pensée est suivie. Observez et remarquez que c'est cette pensée même qui, à ce moment-là, vous coupe de la joie et de l'entière simplicité de ce moment.
C'est très, très subtil, mais lorsque vous remarquez ce que vous faites, apparemment, à vous-même, vous vous mettrez sans doute à rire ! Et vous pouvez vous retrouver à regarder tout autour de vous, toutes les choses dans la pièce, écouter tous les sons – le chat qui miaule (si vous en avez un !), la bouilloire qui siffle, votre cœur qui bat – et réaliser que c'est CELA ! Il n'y a rien de plus que cela, plus que maintenant. Regardez autour de vous, n'est-ce pas un cadeau ?
Cela revient à vivre chaque instant, comme si c'était le dernier. La recherche pour la libération implique un futur, et est donc une illusion. Ce peut être votre dernier moment sur terre. Si c'est le cas, pourquoi l'ignorer en plaçant vos espoirs dans une libération future ? Maintenant est tout ce qui existe. Arrêtez-vous maintenant, et observez. Et maintenant. Et maintenant...
Q : Êtes-vous « éveillé » ?
Je suis aussi « éveillé » que vous ! La seule chose qui a changé c'est qu'aujourd'hui le rêve de l'individualité a perdu son emprise. Les mêmes pensées qui avaient l'habitude de m'envahir, apparaissent encore souvent, mais maintenant je ne leur porte plus aucun intérêt. Elles flottent simplement à travers la conscience. C'est étonnant ce qui se passe lorsque la pensée est vue pour ce qu'elle est.
Il n'y a là aucun effort, aucun choix. Ce ne sont que des pensées. Elles ne sont pas personnelles.
Faire des efforts pour obtenir l'état « d'éveillé » est encore un autre type de pensées habituel. « Je ne suis pas encore « éveillé » ou « Je ne suis pas assez éveillé » : ces pensées mêmes sont celles qui obscurcissent votre état d'éveil, qui est déjà présent à 100% (et pourtant la libération ne peut jamais être obscurcie...)
Regardez ce qui se passe. Dans le jeu de la vie, la pensée « J'ai besoin d'être éveillé » apparaît, et cette pensée plaît, on lui donne de l'importance. Alors, vous (l'individu) ressentez un goût d'échec, n'est-ce pas ? Vous ressentez comme un manque. Voici le secret : le problème n'est pas que vous n'êtes « pas encore éveillé ». Le problème (et ce n'est pas vraiment un problème) c'est que survient la croyance « J'ai besoin d'être éveillé » ou « Je devrais être éveillé maintenant, et je ne le suis pas ».
Regardez comment cette croyance donne à l'individu, l'illusion qu'il y a quelque chose à atteindre, que ce moment n'est pas suffisant. Observez comment elle voile la perfection du moment, comment elle cache apparemment cet état déjà réalisé d'éveil !
« Je suis un raté - Je ne suis pas encore éveillé comme toutes ces autres personnes illuminées dont j'ai tant entendu parler. » Comment vivriez-vous sans cette pensée, sans cet effort pour atteindre un « état de perfection », « un état de pure joie » ou toute autre image, sans tout ce stress ? Ce serait un énorme soulagement, n'est-ce pas ?
C'est la recherche pour l'illumination qui est le problème apparent. L'illumination, si toutefois elle existe, est la fin de la recherche pour l'illumination ! Pourtant, vous ne pouvez pas vous penser en dehors de ce paradoxe.
Vous ne pouvez pas vous dire « Je dois arrêter la recherche ». C'est avec cela même que je me suis débattu, apparemment, pendant des années ! Je me blâmais et me battais contre moi-même, car je ne pouvais pas croire que j'étais dans l'état, cet état même dont tous ces livres relataient l'existence. Un état qui semblait si formidable, libre de la souffrance et du désir ! Je lisais tout ce que vous lisez maintenant, et je me sentais de ce fait, bien inférieur ! Mais vous voyez, le désir pour l'illumination, ou l'éveil permanent n'est encore qu'un désir, peut-être le plus subtil et le plus difficile à repérer, et vous pouvez sans doute le ressentir maintenant. Lorsque l'individu croit « Je ne suis pas éveillé et je devrais l'être maintenant », il ressent obligatoirement de la frustration.
En réalité, toutes ces bêtises concernant l'illumination doivent quitter votre système. Vous devez lâcher, lâcher complètement ! Et pourtant « vous » ne pouvez le faire ! Comme dit le Bouddha : « Je n'ai absolument rien réalisé par l'illumination pure et inégalée. » J. Krishnamurti signifie la même chose par ces mots : « La vérité est un pays sans chemin ». Ce qui veut dire que la vérité est MAINTENANT ; la vérité est ce moment ; la vérité est CELA ; la vérité EST.
Elle ne peut être déniée, elle ne peut être évitée. Elle est tout simplement. Comment pourrions-nous dénier ce qui « est » ?
Toutefois, le mental entend cela et commente « Eh bien, c'est très bien ! » et il continue de chercher ! Observez-le quand il lance des pensées telles que « Si je continue ma pratique, je serai illuminé » ou « Quel est mon problème, je ne suis pas aussi illuminé que ces personnes, dont j'ai tant entendu parler ! ». Mais comme ces personnes répètent encore et encore : vous êtes déjà ce que vous cherchez ! Alors arrêtez de chercher ! (Le problème c'est que le mental entend, mais se sent abattu ! « Que voulez-vous dire, arrêter de chercher ? Il doit y avoir mieux que cela ! »)
Chercher est le problème, et pourtant « vous » ne pouvez pas arrêter de chercher. Pouvez-vous voir pourquoi un individu peut continuer ainsi, à tourner en rond toute sa vie ?
Q : Pouvons-nous retourner à l'essentiel ? Dites-moi à nouveau, ce qu'est la libération.
C'est si simple. Assis sur la chaise, le bruit du cœur qui bat, la respiration, le miaulement du chat, des bavardages au loin... c'est simplement cela, tel que c'est.
Et le mental continue « Il doit y avoir plus que cela » ou « Tu as besoin de t'éveiller, et alors tu apprécieras cela beaucoup plus ! ». Avant je prenais tout cela très au sérieux, et le vivais très mal. « Je veux l'illumination ! Je veux obtenir ce que les enseignants spirituels ont ! » Mais ce n'était encore qu'un autre désir !! Aujourd'hui, je (apparemment) laisse ces pensées passer. Ce ne sont que des pensées !! Si je les croyais, elles m'arracheraient à ce moment. Je manquerais cela.
Revenez, donc, à ce moment. Revenez à votre respiration, aux sensations du corps, à la conscience et son contenu (ce ne sont pas deux choses différentes). C'est tout ce qui est. La recherche sans fin de l'illumination vous éloignerait de cela. Ce serait le refus de la réalité même, celle qui vous regarde dans les yeux en cet instant.
Comme le dit le Zen, l'illumination n'est « rien de spécial ». C'est simplement cela. Ce moment. La respiration. Une chaise ici, une tasse là, une table. Des pensées qui passent. Peut-être, un attachement apparent à ces pensées. Peut-être, des pensées sur l'illumination, ou des inquiétudes pour l'avenir. Ou des regrets pour le passé. Mais laissez-les passer. Ne pouvez-vous voir que vous êtes déjà parfait ? Vous respirez exactement lorsque c'est nécessaire. Votre cœur bat parfaitement en rythme. Les pensées apparaissent et disparaissent.
Le mental ordinaire est déjà toujours illuminé ; nous pensons simplement qu'il ne l'est pas, et nous recherchons l'illumination dans le futur et cela nous rend fous. Nous ignorons la réalité qui est devant nous. Ignorer la réalité ne peut pas être une bonne chose, après tout, c'est la réalité !
Ce que j'essaye vraiment de dire, c'est que vous êtes toujours déjà libre. Examinez la recherche, voyez-la pour le mensonge qu'elle est. Le mensonge qui promet qu'il existe quelque chose de mieux que ce qui est.
En d'autres termes, observez ces pensées qui vous emmènent loin de cela, qui vous projettent dans un futur imaginé et disent : « Alors, je serai heureux, alors, je serai parfait. »
Il n'y a jamais « d'alors ». « Alors » apparaît toujours maintenant. Il n'y a toujours que maintenant. Si vous ne pouvez pas être heureux maintenant, vous ne le serez jamais. Cependant, tout ce que vous ferez pour devenir heureux est le sentiment même d'être malheureux dont vous voulez vous débarrasser ! Voir cette folie, c'est l'arrêter immédiatement, et pourtant ce n'est pas quelque chose que « vous » pouvez faire.
Q : Je souhaiterais n'avoir jamais entendu parler de cette illumination ! Cela me rend fou. Je vais avoir besoin d'au moins 300 ans encore pour m'éveiller !
Oui, vous avez raison, c'est une malédiction ! C'est une information conceptuelle, de seconde main, qui est arrivée jusqu'à vous. Tout cela doit quitter votre système.
Revenez à cet instant. Rejetez tout ce qu'on vous a toujours dit. Tout pourrait être faux. Continuez sur votre propre évidence présente. Revenez à votre propre conscience, maintenant. La conscience des choses contenues dans la pièce. Votre respiration.
Et la pensée « Je vais avoir besoin d'au moins 300 ans encore pour m'éveiller ». Pouvez-vous la voir comme une pensée, qui apparaît dans la conscience maintenant ?
Pouvez-vous voir comment, si vous croyez cette pensée, elle vous fait vous ressentir comme un « moins que rien » ? Ressentez les sensations et émotions qu'elle vous donne. Pouvez-vous voir que ce n'est qu'une pensée, un empilement d'images mentales ? Une image de vous-même dans un état « parfait » à un moment futur ?
Pouvez-vous voir que cette image est le problème ? Il n'y a pas d'autre problème que cette image, l'image d'une perfection future. Permettez simplement à cette image d'être présente.
« Si vous rencontrez le Bouddha, tuez-le ! » est un aphorisme Zen. Cela signifie que l'image du Bouddha, l'image de l'illumination, l'image de la perfection sont les choses mêmes, qui vous maintiennent dans la recherche. Remarquez, cependant, que cet idéal mental apparaît dans la conscience. Ce n'est pas personnel. C'est comme un nuage qui passe. Il restera un moment, puis disparaîtra, comme toutes choses.
Cette image apparaît maintenant, mais elle vous trompe, elle affirme qu'il existe un futur dans lequel vous seriez plus heureux, plus illuminé, plus libéré. Où, ce futur existe-t-il en dehors de la pensée, qui apparaît maintenant ?
Existe-t-il vraiment quelque chose tel que le futur ?
Existe-t-il vraiment quelque chose tel que le passé ? Ou n'est-ce pas toujours le présent éternel, dans lequel apparaissent des pensées concernant le « passé » et le « futur » ?
Est-ce que ce ne sera pas, également, le cas, d'ici cinq secondes ? Et d'ici cinq ans ? Existe-t-il un temps qui n'est pas maintenant ? Existe-t-il un temps, lorsque le passé et le futur n'apparaissent pas en pensées ? Est-ce que cela ne détruit pas complètement cette fantaisie de « se libérer un jour dans le futur » ?
Q : J'essaye d'observer mes pensées, mais je ne semble pas pouvoir y parvenir. Je me sens profondément désespéré.
Il semble que vous observiez les pensées pour aller quelque part, vous le faites avec un objectif. Pouvez-vous le voir ? C'est très subtil, vous pensez que si vous observez les pensées « suffisamment bien », vous pourriez devenir illuminé, comme toutes ces personnes dont vous avez entendu parler.
Pouvez-vous voir comment vous recherchez le bonheur dans le futur ?
Mais comme le dit le Bouddha, il n'y a aucun chemin vers le bonheur – le bonheur est le chemin. Cela
peut vous sembler bien lointain, pourtant, cela vous montre la plus simple des choses : le seul obstacle au bonheur est la recherche de ce bonheur. Voyez « à travers » la recherche.
Revenez à ce moment ; la conscience présente ; la respiration ; votre propre monde ; votre propre expérience, pas celles que vous avez lues ; les visions, odeurs, sons de la pièce où vous vous trouvez. C'est tout ce qu'il y a. C'est « ce qui est ». C'est le paradis.
Et la pensée « Ce n'est pas assez bien ! Je veux m'éveiller ! Je n'arrive pas à croire que ce ne soit pas encore arrivé ! » Et cela c'est L'ENFER !
Voici une petite citation qui résume très bien tout cela :
La recherche se termine avec la réalisation qu'il n'existe rien, tel que l'illumination. En cherchant, vous voulez vous libérer du soi, mais quoi que vous fassiez pour vous libérer du soi, c'est encore le soi. Comment puis-je vous faire comprendre cette chose si simple ? Il n'y a pas de « comment ». En vous disant cela, je vais encore renforcer la recherche... »
U.G. Krishnamurti
Q : Vous me semblez dire que tout est parfait. Eh bien, ici, tout n'est certainement pas parfait ! Comment est-ce pour vous ?
Le mot « perfection » est, comme tout mot, mort au moment où il est émis, alors que la réalité, cela, est vivante, vivante, vivante, changeant toujours, se transformant en permanence, toujours fraîche, toujours excitante ! Peut-être c'est ce que signifie vraiment la « perfection », la perfection de toute cette sacrée pagaille telle qu'elle est ; une perfection qui embrasse toute imperfection. Ce ne serait pas vraiment une très bonne perfection, si elle ne le faisait pas, n'est-ce pas ?
Ce dont je me rends compte, actuellement, c'est que tout est si intéressant, la douleur est intéressante, la détresse est intéressante, le génocide est intéressant, les sociétés sont intéressantes, la situation en Irak est intéressante, mon collègue de travail qui hurle après moi, également ; alors qu'auparavant tout était si sérieux, si mortellement sérieux. La vie a pris la qualité du rêve, du jeu, du spectacle. Il en a toujours été ainsi, je l'avais apparemment oublié.
Il ne s'agit pas d'un détachement froid. Je pourrais sans doute encore encourager un protestataire anti-guerre, verser une larme sur un roman sentimental, ou rire devant un stupide film comique pour adolescents, c'est simplement que plus rien de tout cela ne me touche en profondeur dorénavant. Même la douleur intense semble être entourée d'un immense espace. Je ne peux simplement plus me convaincre de quoi que ce soit, et le passé semble si irréel...
Je ne sais pas ; les mots sont très pâles en comparaison ; les mots ne capturent rien du tout. Les mots ne font que passer dans cette conscience. Ils complètent le bruit de la machine à café, le chat qui miaule, la radio qui bourdonne...
Mon vœu était que toute personne au monde puisse voir cela. Mais, n'est-ce pas là encore un autre désir, une autre partie de la recherche ? Les gens n'ont pas besoin de « comprendre cela », pas du tout, non qu'il y ait quoi que ce soit à « comprendre »...
Oh que de paradoxes, lorsque vous essayez d'en parler !
Q : J'ai essayé d'en finir avec les pensées, depuis des années. Mais même si mes pensées ne sont pas présentes pendant un laps de temps, elles reviennent. Être dans un corps souffrant et malade est un problème. Ce monde est un problème. Je ne suis pas fait pour cela !
Avec la « réalisation » (à défaut d'un autre mot !) les pensées ne s'arrêtent pas. C'est l'erreur principale que les gens font, semble-t-il. Les pensées continuent, mais peut-être il est vu que les pensées ne sont pas personnelles. Elles se présentent et disparaissent dans la conscience, comme des nuages qui passent dans le ciel.
L'erreur que les gens commettent est d'ESSAYER d'arrêter les pensées. C'est d'emblée condamné à l'échec et à la frustration, car l'effort pour arrêter les pensées n'est que davantage de pensées. Si nous essayons de stopper les pensées, nous ne faisons qu'ajouter plus de niveaux de pensées. Nous essayons d'arrêter les pensées avec des pensées. C'est sans espoir !
La raison pour laquelle je dis : vous êtes déjà libre, vous êtes déjà libéré, est que déjà la pensée n'est pas personnelle, déjà le soi est une illusion, dans le sens où ce n'est qu'une autre apparence dans la conscience.
Si vous êtes déjà ce que vous recherchez, pourquoi ressentez-vous que vous ne l'êtes pas ? Parce que vous continuez à chercher ! C'était l'ultime message de Ramana Maharshi. Toutefois, pour ceux qui « ne l'avaient pas bien compris », il a enseigné, également, de chercher la racine du « je ». Finalement, il sera vu que c'est une illusion, et donc, toute la recherche s'évanouira. C'est le paradoxe. Vous êtes déjà ce que vous recherchez, vous êtes la Conscience même, vous êtes l'Esprit, mais vous croyez que vous ne l'êtes pas, et donc, vous le recherchez dans le futur. Mais ce que vous Êtes doit être présent, maintenant, en cet instant. Qui vous Êtes doit être à 100% présent, en cet instant. C'est pourquoi chercher dans le futur est la chose même qui vous empêche de le voir maintenant. La recherche EST l'ego même dont vous voulez vous débarrasser.
Pouvez-vous voir que seul un ego peut rechercher l'illumination en tant qu'événement futur ? C'est un ego qui désire être libéré de l'ego. Voilà, le paradoxe...
Et il n'y a personne qui ne soit « pas fait pour cela ». Ce n'est même pas possible.
Q : Ce message semble très complexe et très intellectuel...
Eh bien, c'est le plus simple de tous les messages. C'est tout ce qui est. Mais le mental interprète et dit « Je dois faire quelque chose pour obtenir cela ». Non, tout ce que vous faites, c'est ajouter plus de pensées. Observez simplement le mouvement des pensées, vous entraînant dans un moment futur où vous serez « illuminé ». Revenez au moment présent. Qui est celui qui veut l'illumination ? Cet ego doit être présent maintenant. Cet ego EST la pensée. Qui est conscient de la pensée, qui est conscient du petit soi individuel ?
Quand vous « verrez » (et c'est déjà le cas, vous ne l'admettez simplement pas) tout paraîtra si évident, si naturel, si ordinaire que le mental dira « ce ne peut pas être cela ! » Vous vous en voudrez d'avoir cherché quelque chose de spectaculaire pendant toutes ces années. C'est le sentiment que « ce ne peut pas être cela ! » qui bloque. Car, c'est cela, maintenant ! L'illumination n'arrive pas avec un éclair de lumière fluorescente et des explosions de feux d'artifice. C'est simple, évident, absolument ordinaire. C'est la fin de toute recherche.
Mais ce n'est pas quelque chose à atteindre. C'est quelque chose qui est déjà là. Il n'y a rien que vous ne puissiez faire ou ne pas faire pour « l'obtenir ».
Aucune recherche n'est donc plus nécessaire. Vous êtes déjà illuminé. La Réponse à toutes les Réponses doit être présente maintenant. Vous n'avez pas besoin du futur pour être qui vous êtes, ou devenir ce que vous êtes.
Q : Ah ! la la ! Ma tête me fait mal ! Trop de paradoxes ! Je crois toutefois avoir saisi. Je suis si paisible parfois, puis c'est la folie qui est de retour ! Des suggestions ? J'ai déjà dépensé bien trop d'argent dans les livres !
Oui, cette recherche absurde peut vraiment coûter cher ! Moi aussi, j'ai dépensé des centaines de pounds en achat de livres. J'ai toujours espéré que : « ce livre est le bon, c'est le dernier ! C'est le livre qui « va le faire » pour moi ! »
Bien sûr, c'est un beau rêve. Vous pourriez passer votre vie entière à attendre le « déclic ». Toutefois, un « déclic » est-il nécessaire ? Ou est-ce encore un espoir ? Une fuite de CELA, de la vie présente, de cette présente apparence ?
Vous voyez, tant que vous essayez de fuir le présent, tant que vous essayez « d'obtenir » un futur où vous serez libéré ou illuminé, ou simplement « l'obtenir enfin », vous restez dans la recherche ! Et la recherche pour « mettre fin à la recherche » constitue encore une partie de la recherche !
La frustration que vous ressentez est peut-être due, au fait que vous commencez à vous rendre compte, que c'est un effort futile, une fuite vaine de ce qui est. Ce qui est, est déjà pleinement présent : les visions présentes, les odeurs, les pensées.
Observez lorsque vous essayez d'échapper dans le futur pour « l'obtenir ». C'est la seule frustration. Lorsque cela est vu, CELA devient très excitant ! Pourquoi voudrions-nous quoi que ce soit d'autre ?
Vous dites que vous vous sentez paisible parfois, puis que « la folie revient ». Vous sous-entendez que vous voulez la paix, mais pas la folie. Mais quand la « folie » est présente, c'est ce qui est. C'est la texture du moment. Vous projetez alors, un temps futur où vous serez « paisible », ce qui constitue encore plus de recherche.
Ce futur « état de paix » n'est qu'une idée, une croyance, une image fondée sur toutes les images de tous ces livres que vous avez lus, probablement ! Revenez ici, maintenant. C'est tout ce qui est. Le futur n'est qu'une pensée. S'il y a de la folie, c'est très bien. Si c'est de la souffrance, également. Tout arrive dans l'être que vous êtes. L'être n'est jamais touché par ce qui arrive. Ce qui survient est sans importance. Plus vous refusez ce qui se manifeste, plus il y aura de frustration.
Si la « folie » n'est pas vue en tant que « folie », est-elle folie ?
Folie et paix sont une seule et même chose. Tout est égal, tout est permis. Tout apparaît dans CELA, tout apparaît maintenant. Tout apparaît DÉJÀ pour personne, et apparaît DÉJÀ dans cet espace ouvert. Il y a de la place pour tout.
La libération c'est déjà cela. Mais aussi longtemps que vous la chercherez dans le futur, il y aura des problèmes.
La recherche n'a pas besoin d'être abandonnée. La recherche est très bien. Elle peut être vue ou non. Dans les deux cas, c'est la libération.
Quand tout est dit et fait : Quel est le problème avec CE moment ?
Q : Donc, ce que vous dites c'est que si nous nous arrêtons de nous occuper du moment présent... c'est la libération ?
Eh bien, il peut exister cette histoire : « lorsque je ne m'inquièterai aucunement, de ce qui se passe maintenant, ce sera la libération »
Mais celui qui a parlé de libération « ne s'occupe pas de ce qui se passe » ? C'est encore une autre histoire, une autre croyance, une autre idée... tout cela obscurcit apparemment la libération toujours présente (bien qu'en réalité, elle ne puisse jamais être obscurcie, car elle est CELA, ici, maintenant.)
Vous voyez comment ce petit mental sournois continue de « pondre » des histoires sur « ce que sera la libération, lorsqu'elle se produira finalement. »
Toutes ces histoires peuvent-elles être vues (par personne) simplement en tant qu'histoires, apparaissant maintenant ?
L'histoire de la libération, de l'illumination, de l'éveil, n'est qu'une autre histoire, apparaissant maintenant. Et lorsque cette histoire est crue, la libération toujours présente est apparemment ignorée.
Cela , ici, maintenant, est le paradis. Et le paradis inclut tout : le soi, la douleur, le plaisir, les pensées, les croyances, les désirs, l'envie d'être libre...
Nous avons attendu quelque chose de plus, notre vie entière ! Se peut-il qu'il n'y ait rien de plus ? Une simple croyance en l'existence de « quelque chose de plus » ?
La libération, si elle existe, c'est voir « à travers », démasquer l'espoir d'un bonheur futur, d'un salut futur, d'une illumination future. Mais rien n'est « gagné » par cette vision. Plus exactement, s'il faut en parler, tout est perdu (apparemment) ! Ce n'est en tout cas pas un objectif que vous pouvez vous fixer, rien que « vous » puissiez vouloir !
La libération, c'est la vie ordinaire, telle qu'elle est déjà : aller aux toilettes, avoir un cancer, ressentir des douleurs épouvantables, perdre des proches, gagner de l'argent, payer les factures, devenir vieux, perdre la vue, uriner sous soi la nuit...
Attendions-nous autre chose ?
Notre désir d'être libre de cette vie et de tous ses apparents problèmes, est exactement ce qui nous tient lié à elle.
Bien. J'ai suffisamment parlé. C'est l'heure de « la Nouvelle Star »...