Une tasse de thé

« Notre vie est gaspillée par les détails...

Simplifiez, simplifiez ! »

 

Henri David Thoreau

 

Peut-être que l'inexprimable ne sera jamais exprimé. Je ne sais pas. Aujourd'hui, il n'y a que la vie qui est jouée sur l'écran de la conscience et personne aux commandes. Cela se passe spontanément, ce qui revient à dire que « rien » ne se passe : il n'y a que cela, non-divisé, non-fragmenté, parfaitement lui-même, apparaissant spontanément, et ne laissant aucune trace.

 

Je bois une tasse de thé, et pourtant, il n'y a pas de « je » qui le fasse. « Je » est principalement une façon de parler, un son pratique, qui peut êtres utilisé pour confirmer que c'est en effet ce corps-esprit, plutôt qu'un autre, qui apparemment boit le thé. La main se tend, la tasse s'approche, et le liquide coule dans la bouche, puis la gorge et ensuite l'estomac, et je, si je suis quoi que ce soit, suis l'observateur silencieux derrière tout cela, l'espace dans lequel tout apparaît. Et, il n'y a aucune raison, aucune intention derrière ce jeu, il se produit spontanément, de lui-même. La pensée « je bois une tasse de thé » fait partie de ce show magnifique.

 

Non, je ne bois pas le thé, car il n'y a ni thé, ni « je » qui puisse boire, et certainement pas de « je » séparé d'un quelconque thé buvable. Il n'y a que le thé, que la tasse, que le liquide qui pénètre le corps, mais personne ici pour déclarer que c'est une action entreprise par elle.

 

Pourtant je bois une tasse de thé ! C'est plus simple d'en parler ainsi et d'en finir avec ce fait. Je ne bois pas de tasse de thé, mais apparemment je le fais.

 

Elle est, même, excellente cette tasse de thé !

 

Peut-être que boire du thé peut sauver le monde.
Lorsqu'il n'y a que boire le thé, avec aucun désir de faire autre chose que de boire le thé (« lorsque vous buvez, vous buvez »), toute violence, division, anxiété et peur se dissolvent ; puisqu'il n'y a que ce moment, que boire le thé, et, à ce moment-là, la souffrance n'est toujours qu'une projection, une croyance, basée sur la mémoire. Revenez au thé, et où est le passé ? Où est le futur ? Où est le reste du monde ? Où sont vos ennemis ?

 

Peut-être que cela sauvera le monde : les gens revenant aux choses simples, et y trouvant une joie inhérente.

 

Ou peut-être est-ce trop tard. D'une façon ou d'une autre c'est vraiment sans importance. Appréciez ce monde tant qu'il existe, et plus important, encore, appréciez ce moment tant qu'il dure.

 

Ou non !