Vingt années, j'ai habité rue de Chanaleilles, dans la maison des Tocqueville. Le couple des concierges, d'une affabilité et d'une distinction rares, d'une présence spirituelle émouvante, contribua à la longueur facile de ce bail. Matinal, j'endurai néanmoins le sort commun : celui infligé, au temps où ceux-ci passaient aux aurores, par des éboueurs crépitants faisant traîner indéfiniment leur chahut et leurs interpellations au sommet. La rue était courte, les angles des rues Barbet-de-Jouy et Vaneau aigus. Chanaleilles était pour eux certainement l'aubaine.