Les Nachtstücke de Hoffmann ont paru pour la première fois à Berlin en 1817, en deux volumes, soit deux séries de quatre contes1. Loève-Veimars, traducteur de ce que l’éditeur parisien Renduel présentait entre 1829 et 1833 comme les Contes fantastiques d’E.T.A. Hoffmann, puis comme ses Œuvres complètes, n’introduisait l’équivalent français, ou le quasi-équivalent, Contes nocturnes, qu’à partir du tome XIII et jusqu’au tome XVI. Ces quatre volumes ne contenaient pourtant, mêlés à d’autres textes, que quatre des Nachtstücke (« La Maison déserte », « Ignace Denner », « Le Vœu », « Le Cœur de pierre »), les quatre autres ayant déjà paru dans les volumes antérieurs (« Le Majorat » et « Le Sanctus » dans le tome I, « L’Église des Jésuites » dans le tome VI, « L’Homme au sable » dans le tome VIII).
Au XXe siècle, la nécessité de recomposer le recueil en conformité avec l’édition allemande originale est apparue à Albert Béguin et à ses collaborateurs, Madeleine Laval et André Espiau de la Maëstre. Les huit textes ont donc été regroupés, sous le titre Contes nocturnes, tant dans ce qui était présenté comme la « première édition intégrale » des Contes d’Hoffmann en cinq volumes (Club des Libraires de France, 1956-1957) et leur reprise sous le même titre en un volume (Les Libraires associés, 1964) que dans les volumes précisément intitulés Contes nocturnes (Phébus, 1979 ; Éd. Classiques Garnier, 2011, la plus récente édition, due à Alain Montandon).
La présente édition, tout en reprenant la traduction de Loève-Veimars, respecte le contenu et l’ordre des deux séries de Nachtstücke :
Première série :
« Der Sandmann » « L’Homme au sable »
« Ignaz Denner » « Ignace Denner »
« Die Jesuiterkirche in G » « L’Église des Jésuites »
« Das Sanctus » « Le Sanctus »
Deuxième série
« Das öde Haus » « La Maison déserte »
« Das Majorat » « Le Majorat »
« Das Gelübde » « Le Voeu »
« Das steinerne Herz » « Le Cœur de pierre »
Par commodité plus que par respect d’une certaine tradition, l’ensemble est réuni sous le titre Contes nocturnes. Ce titre suggestif, qui incite à la lecture, sera aussi au point de départ de quelques réflexions permettant de ménager des nuances et peut-être d’entrer plus profondément dans des œuvres qui ne sont pas des contes pour les enfants mais la transposition des fantasmes d’un homme dont le cœur n’était pas de pierre et l’œuvre d’un écrivain doublé d’un artiste aux talents multiples, dessinateur, peintre, chanteur et compositeur de musique.
P. B.
1. Nachtstücke, herausgegeben von dem Verfasser der Fantasiestücke in Callots Manier. 2 Teile, Berlin, Realschulbuchhandlung, 1817. Voir le fac-similé de la page de couverture de la 1re partie (Erster Teil) de cette édition originale dans l’édition publiée en 1990 (nouv. éd., 2007) par Philipp Reclam junior, coll. « Reclams Universal-Bibliothek », Stuttgart.