Jamais Jacky n’a été aussi en pétard. Les excuses de Bruno et Miranda pour l’avoir soupçonné d’être l’espion de Gorevic l’ont mis hors de lui. Plutôt, elles l’ont fait rentrer dans sa carapace. Il est tout lisse, voix unie, gestes coulés, regards glissés. Pas encore en tenue de scène il vérifie que tout est en ordre pour une semaine de représentations, lampes des projecteurs, stock de boissons, le ménage fait à fond, et chacun est invité à tester son petit matériel. Ce qui l’a surtout choqué c’est que Miranda et Bruno ont éclaté de rire quand ils l’ont trouvé en larmes, partageant une boîte de kleenex avec Nelly : ils croyaient Bruno mort ! Alors, surgir de la sorte, à contre-jour et se mettre à rire de son propre trépas, non, mille fois non, ce n’est pas humain ! Et Miranda est complice ! Il répond aux questions sèchement, non ce soir on n’a pas de groupe, pas de public prévu, même pas obligés d’ouvrir, tiens : fermés pour cause de deuil ! Faudra quand même lui expliquer pourquoi Bruno ne dément pas son assassinat ! Nelly d’abord, bonne fille, soulagée et pas curieuse, l’a calmé, et Bric et Broc ensuite ont adouci sa grogne, Bruno est vivant tant mieux, mais la nouvelle est si émouvante qu’ils en braient comme des ânes, pleurent à bouillons et finissent par faire rire tout le monde. Après on peut s’asseoir dans la salle éclairée par les services et parler tactique.
L’idée de Bruno est simple :
— Éléonore sait que je ne suis pas mort, Sidonie va l’apprendre… Si Gorevic leur donne rendez-vous, elles vont accourir…
Jacky hausse les épaules :
— Tu t’imagines qu’il est encore dans le coin ? Et tu le convoques où avec ces dames ?
— Ici puisque Gorevic c’est toi.
Alors là, Jacky bondit, ses bras, ses jambes parlent en silence et il lui reste une voix de fausset, fou, ce type est fou…! Miranda prend le relais, toute douce à venir prendre les mains de Jacky, lui expliquer, de sa voix d’ombre froide, que ce n’est pas plus dangereux que le spectacle quotidien.
— Comment ça ?
— Tu appelles Éléonore et Sidonie, séparément, en te faisant passer pour Gorevic, en l’imitant…
— Sans l’avoir jamais entendu ?
— Nelly lui a parlé. Tu vas lui proposer des accents de l’Est, elle te corrigera…
— Et je dis quoi…?
– Tu leur donnes rendez-vous ici, à vingt-deux heures pétantes l’une, et au quart pour l’autre, impératif… Qu’elles se retrouvent ensemble, je me charge de faire monter la tension… À Éléonore, tu demandes une rallonge, vingt mille euros, pour tuer Bruno, que je vais te livrer, moi Miranda qui suis devenue ta complice, et je confirmerai. Sinon, tes contacts à Dubaï exécuterontAmaury, le père de sonenfant, dès aujourd’hui… À Sidonie, tu sers les mêmes arguments sauf que si elle ne paie pas, tu as un dossier avec des témoignages des candidats au passage en Angleterre qui vont jurer qu’elle fait payer un hébergement sur les chantiers de la Buildinvest, tu as des photos, et que le pauvre type à l’écharpe verte a été tué parce qu’il voulait la dénoncer… Tu as d’ailleurs les papiers de ce pauvre garçon puisque c’est toi qui l’as tué…
— Je n’y comprends rien…
— Pas grave. Tu trouves ton imitation et tu appelles… On se charge du reste.
Bruno confirme d’un hochement de tête, fourrage dans sa tignasse et répond à Nelly qui s’inquiète de ce qu’on fait de ces drôles de dames, elles vont peut-être venir armées !
— Tissier sera ici dans une petite heure… Il se chargera de Sidonie… J’espère qu’Éléonore ne viendra pas, cela signifierait qu’elle ne veut pas ma mort… Parce qu’Albert est mort ce matin. Les Vailland le savent, Tissier aussi, mais la famille a interdit qu’on rende le décès public. Donc, si Éléonore veut me voir disparaître, elle a très peu de temps… Il est seize heures un lundi de petit soleil menteur, froid en diable, mouillé et sale comme un noyé tiré d’un canal. Dans le Quolibet, les services laissent tomber la même lumière chagrin et Jacky s’applique à rouler les R, à menacer tranquillement, repris par Nelly, non mon oncle, tu en fais trop, son accent est plus discret, c’est mieux…
À dix-sept heures Nelly est contente du résultat. Jacky peut appeler, en nage, le trac comme jamais, depuis le mobile de Miranda, haut-parleur activé, silence absolu dans la salle. Sidonie décroche, écoute, raccroche. Éléonore est sur messagerie mais rappelle dans les cinq minutes. Elle proteste, menace d’appeler la police… Miranda prend la parole, improvise, très bien, comme ça les flics sauront pourquoi elle a identifié Bruno et ils fileront à Dubaï empêcher le meurtre d’Amaury que des tueurs libanais sont prêts à commettre… Éléonore a un petit hoquet, presque un rire, avant de raccrocher. Et Miranda se demande pourquoi elle a dit libanais…
À vingt heures, Tissier, monolithique, en retard et l’ironie grinçante, on le comprend, entre au Quolibet. Bonjour monsieur Carteret, merci de nous faire confiance, en m’appelant, vous avez pris la bonne décision, bien qu’un peu tard. Prévenus à temps nous aurions pu empêcher un crime… Ces jours à jouer les films d’aventure avec mademoiselle Dillies étaient une erreur, une faute grave… Ceci dit : ravi de vous voir en bonne santé. La rue est déjà entièrement sécurisée, ne craignez rien… Bruno lui serre la main, presque douloureux :
— La crainte aurait dû venir avant, quand je pensais mes affaires prospères, mon mariage sans histoires et ma rectitude morale à peu près intacte… On ne croit jamais au pire, parce qu’on n’y est pas préparé, par superstition, par pusillanimité, par connerie… Si j’avais su qu’un autre que moi était en danger de mort, j’aurais agi avec moins de désinvolture ou de légèreté… Ce jeune homme broyé va me hanter, ce n’est pas une formule, comme la trahison de mes proches… Et comme le reste de mes responsabilités… J’ai beaucoup de dettes à honorer, de comptes à solder… Pas seulement financiers. Là, vous voyez, je débite des évidences droit devant parce que je crève de trouille de voir Sidonie et ma femme sans le masque, les voir me haïr… Mais ce sont des harpies bien élevées, vous n’avez pas à redouter une fusillade de leur part, une bagarre au couteau…
Mmmm, sans répliquer, juste ce souffle sonore, mmmm, Bruno est un homme de poids à ménager, Tissier avise Miranda et son smoking fragile, grimace : si elle pouvait lui rendre son dossier, il serait ravi. Et il ne comprend pas ce qu’il fait là, bien entendu, sauf obéir aux ordres, qui sont d’entrer dans le jeu imbécile de Carteret, d’aller planquer dans ce cabaret à trois balles au lieu de foutre simplement ces bourgeoises en garde-à-vue et de leur faire cracher le morceau avant de les mettre en examen ou de les relâcher… Voilà les ordres extraordinaires de monsieur le préfet. On entend déjà le bruit des vagues en haut lieu, on veut éviter la tempête… Donc on répare les bavures ordinaires au plus vite, monsieur le divisionnaire : Bruno Carteret est un ami personnel ! Outre cet aveu comme un reproche acerbe à Bruno, il indique souhaiter inspecter les coulisses pour repérer un endroit où se poster : il est connu des suspectes et ne peut se montrer. Miranda ouvre des yeux bien candides :
— Pas la peine, vous serez sur scène avec Bric et Broc, maquillé en auguste, méconnaissable ! On est en période de carnaval, monsieur le divisionnaire !
Et elle lui désigne les deux zigotos, en slip kangourou à bretelles, qui reniflent et retiennent leurs larmes. Broc a d’immenses tatanes en mains et Bric des crayons gras, du fard rouge, du blanc… Tissier se raidit :
— Il est hors de question que je me travestisse.
— Vidocq s’est bien habillé en femme ! Et il était chef de la Sûreté nationale !
Aux paroles de Bruno, Tissier bouge seulement les yeux, les pose sur les tatanes.
À vingt et une heures, il porte les godasses démesurées et arbore une robe à fleurs, un chapeau à voilette et un maquillage d’auguste pour faire rire les zenfants. Prudemment, il prend place sur une banquette de demi-pénombre comme le reste du personnel qui se répartit dans la salle, en lisière des nuages de lumière rose. Nelly attend au seuil du vestibule, les mains aux plis du rideau cramoisi. Peu avant vingt-deux heures Bruno ira se poster dans la loge des hommes, la seule qui soit sonorisée, d’où Jacky écoute chaque soir les réactions du public et les confidences à mi-voix des couples de fortune, captés par un minuscule micro, sous le rebord de scène. Son dictaphone enregistrera tout. D’ici là, il repasse en revue les événements des derniers jours, et aussi la situation économique des protagonistes, compte tenu du décès d’Albert. Tissier complète son dossier rendu par Miranda, note le danger qui pèse sur Amaury, la faillite vraisemblable de certaines sociétés du groupe Vailland, et tout ce que ces événements ont déterminé de terrible. On est bien d’accord : il faudrait savoir pourquoi Éléonore a identifié le corps de son mari et entendre Sidonie avouer son rôle de commanditaire du meurtre… Au passage Tissier a convenu qu’il serait plus à même d’intervenir depuis la salle, en cas d’urgence, même s’il ne décolère pas de cette mascarade et jette des regards noirs à Miranda qui répète ses tours, assise à la première table. C’est elle qui doit accoucher les aveux de Sidonie et Éléonore. Opérer une maïeutique, dit Bruno, comme Socrate accouchait les âmes. Encore une cuistrerie, pardonnée parce qu’il est au trente-sixième dessous, dépeigné, l’épaule basse.
Éléonore est en avance de quelques secondes. Déjà en grand deuil haute couture, elle laisse ses yeux s’habituer à la demi-nuit couleur bonbon du lieu, puis dépasse Nelly qui a presque eu le réflexe de la main pour ouvrir le panorama de la salle, a commencé à balbutier son excellent champagne, et a désigné Miranda, si vous voulez bien vous donner la peine… Et Miranda avec sa voix sombre de sous-bois :
— Soyez sans crainte, tout le monde ici est dans la confidence… Et personne n’a de scrupules de conscience excessifs… Nous sommes, pour ainsi dire, en société anonyme…
Éléonore effleure du regard la petite assemblée en costume de scène, muette, immobile, un battement de cils parfois, une larme qui glisse à la joue de Bric, et c’est tout, Tissier travesti, puis va s’asseoir en face de Miranda, devant un jeu de cartes étalé, ôte ses gants, laisse couler son manteau de cachemire noir au dossier de sa chaise :
— Qu’est-ce que vous allez me voler ce soir ? Vous m’avez déjà dérobé un bracelet et mon mari…
Nelly apporte des rafraîchissements, bouteille d’eau gazeuse, bière, le fameux champagne et des flûtes, des calices hauts sur pattes.
— J’ai rendu le bracelet et récupéré un mari que vous n’aviez plus… Ne faites pas la dégoûtée, vous n’êtes ici que pour le racheter… Vous voulez savoir où il est, que je vous mène à lui, afin de réparer l’erreur de votre employé temporaire qui s’est trompé de sujet…
Les phrases d’Éléonore bruissent à peine, soyeuses, le bruit d’un salon de thé :
— Certes, j’aimerais que le travail soit repris… Mais pour ma part je n’ai engagé personne, je n’ai donc aucun recours… Je ne suis même pas certaine de souhaiter… Mais enfin, ce divorce qu’il avait entamé ne servait guère mes intérêts… Sans enfants de lui, je n’avais plus rien… Désormais le paysage généalogique a changé…
Miranda a indiqué du doigt à Éléonore les cartes étalées, qu’elle en retourne une, parce que cette impassibilité pour parler de la mort d’un mari, être venue persister et signer, elle se croyait cynique, au-delà des dix commandements, et elle te l’étranglerait bien, celle-là qui a grandi en château et ne connaît pas la grâce faite par le destin : partager la vie de Bruno. Elle retourne la carte touchée par Éléonore :
— Valet de pique… Le tueur, Vahid Gorevic, vous lui avez bien versé ses gages…? Vous l’avez bien recruté dans une société de gardiennage sous contrat avec la Buildinvest ?
— Absolument pas. C’est lui qui m’a contactée, il paraissait fort capable, pourtant, sûr de lui, et désirait négocier la grâce de Bruno… Bien sûr je lui ai dit d’honorer son contrat… De sorte que j’ai considéré la mort de Bruno comme acquise et ai engagé ce monsieur pour une autre tâche, lointaine… Maintenant, évidemment, Bruno ne devrait plus être en vie, et vous, vous avez toutes facilités pour en finir avec lui… Vous n’êtes pas sans charmes, et surtout vous participez de ce qui a toujours fasciné ce grand gamin : le sort, le destin, les présages… Il a été soigné pour ce TOC, bien en vain… Une femme comme vous lui dirait que son heure est venue, lui tendrait le couteau, il s’égorgerait lui-même… S’il hésitait vous pourriez lui apporter vos encouragements à en finir, l’aider de vos petites mains solides… Bien sûr nous évoquons là des hypothèses, je ne suis pas en train de vous suggérer de faciliter le suicide mon mari… Il suffirait que vous manifestiez votre « compassion active à mon deuil futur », et à mon tour, je monterais une opération de mécénat pour ce cabaret… Le statut de veuve et légataire universelle de tous les actifs de mon mari, tutrice de l’enfant que je porte, autorise certaines utilisations du patrimoine. Me suis-je fait comprendre ?
À ce moment, Miranda entend Tissier bouger sur sa droite, se racler la gorge, elle lève les yeux, Nelly est devant son rideau cramoisi, un peu en retrait de Sidonie dont les yeux passent la revue du petit peuple du cabaret. Qu’est-ce qu’elle a entendu, elle se tient penchée légèrement en avant, au bord d’un élan, pas la fille exécutive habituelle, elle n’est plus de ce pays de bien et de mal, retrouve le grasseyement du patois sous les mots bien élevés :
— Bruno n’est pas mort…?
— Non. Pour une fois vous avez failli… Je ne vous savais pas invitée à cette veillée funéraire… Mais ne demeurez donc pas debout à distance comme une domestique…! Venez vous asseoir à la table du destin !
Elle s’est à demi tournée avec un léger rire même pas étonné, le même spasme qu’au téléphone, comme si elle se moquait de ses propos cérémonieux, a un geste d’invite, désigne une chaise entre elle et Miranda. Sidonie, son tailleur noir de confection, arrive pour s’asseoir, tendue, tendue, le geste saccadé d’un oiseau en danger. Pour dissiper la violence à fleur de corps, Miranda termine la question d’Éléonore, comme dans une interview :
— Pour quelle raison faire assassiner Bruno…? Vous n’héritez de rien, vous ?
— Et qu’est-ce qui prouve que c’est moi…?
— Le décapsuleur… Bruno mort, c’était parfait, personne n’aurait su… Mais il est vivant, il a compris… À part votre mobile…
— Je n’en ai qu’un : son refus de sauver Amaury ! Bruno
sait bien qu’on doit se marier, qu’on s’aime, qu’Amaury n’a pas eu de chance sur l’opération de Dubaï, et il fait exprès de l’enfoncer… Alors quand j’ai reçu ce dossier Dutaillis, ce pauvre type handicapé, j’ai sauté sur l’occasion…
Elle considère Éléonore, comme une nullasse qui a laissé passer la chance :
— … Il mourait avant vendredi 13, vous héritiez et vous offriez des garanties aux créanciers, je vous aurais aidée, Amaury était hors d’affaire… Vous n’allez quand même pas traiter avec ces gens…?
Et elle montre du menton la petite troupe muette. Éléonore a ouvert des yeux songeurs, presque joyeux, elle se sert de l’eau, repose la bouteille avec un soin maniaque :
— J’hériterai, ne vous faites pas de souci… Mais vous, vous marier avec Amaury ? Tiens donc…
Miranda, instinctivement complète sa pensée :
— Il aurait donc déjà renié l’enfant que vous portez…? Sidonie s’est tétanisée, les dents à mordre, plus de salive d’un coup :
— Comment ça, l’enfant…?
Éléonore marmonne avec un air soudain au vinaigre :
— Je ne pense pas que ce mariage puisse avoir lieu… Trop tard… Et puis vous irez en prison…
Miranda a entendu, et tant pis pour le pire qu’elle sent arriver, elle va au bout, qu’elles vident chacune leur sac, malgré Éléonore qui se raidit davantage, commence à prendre l’air de prendre congé sous peu :
— Oui, madame Carteret est enceinte d’Amaury.
Et Bruno le sait depuis le soir de son anniversaire… Il n’aura jamais d’enfant : il est stérile… Mais s’il disparaît, il faut qu’Amaury disparaisse aussi afin de ne pas revendiquer la paternité de l’enfant… Et tout à coup, une idée la traverse, pour une fois, elle aurait vu le destin à l’œuvre : — … Quelle mission avez-vous confiée à Gorevic…? Il a pris l’avion pour Dubaï hier soir, n’est-ce pas…? J’ai deviné juste, ce dont je vous ai menacée… mes Libanais…? Alors là, le silence, et tout qui se déchaîne d’un coup, Bruno surgit des coulisses, un téléphone à la main, Tissier qui se lève, cherche son arme de service sous ses jupons, Bric et Broc piaillent, Nelly crie, et personne n’a le temps, Sidonie a saisi une flûte, la brise sur la table, un geste et un trait rouge s’inscrit sur la joue d’Éléonore, comme une faute d’orthographe soulignée large, Miranda tend les mains en avant, empêcher que Sidonie ne porte une seconde attaque et ses paumes sont lacérées profond du même assaut furieux, elle tombe en entraînant la table, les cartes, verres et bouteilles, entrave Tissier et Bruno qui accourent, et déjà elle entend un râle, un bruit mouillé terrible… Sidonie s’est tranché la gorge, net, et s’écroule aux pieds de Jacky qui a beau saisir le torchon du seau à champagne renversé, l’appliquer au cou de Sidonie, Bruno s’est agenouillé dans le sang, et il lui tient les mains, qu’elle s’agrippe, pars pas Sido, pars pas, on voit bien que la lumière rose entre dans les yeux de cette fille en tailleur trop étroit pour ses rêves et s’éteint. Tissier appelle déjà sur son portable, ambulance et tout le tralala qui ne sert à rien, les trucs dans les téléfilms qu’on ne croit pas exister dans la réalité, et pourtant si, Éléonore, livide sous le paraphe sanglant, a voulu filer et Nelly l’a remballée en deux torgnoles, l’a assise à une banquette, et maintenant des policiers sont là, Bruno est allé s’asseoir au bord de la scène, il pleure calmement cette fille qui a voulu le tuer, et Miranda n’ose pas le toucher, c’est fini l’aventure, les illusions d’intimité avec lui, elle serre ses mains contre ses flancs et perd son sang aussi, les paumes largement estafilées, et il dit :
— À Buildinvest, ils ont mis en place comme prévu mon plan pour obtenir un moratoire, un échelonnement des dettes d’Amaury, et en plein milieu de la visio-conférence avec Dubaï il y a eu affolement : Amaury et Charles qu’ils attendaient ont été égorgés au cutter…