Chapitre 16

Princesse pas sage

Le cas Clotilde. Imaginez une jeune Parisienne de 22 ans, recluse dans une famille aristo hyperprotectrice comme on n’ose penser qu’il s’en trouve encore au XXIe siècle, et ne fréquentant que des jeunes gens de son espèce prénommés Thaïs, Rodrigue ou Léandre. Cette jeune femme existe et s’appelle Clotilde. Imaginez-la maintenant débarquant un beau jour sur la planète Meetic avec ses airs de princesse d’un autre âge et ses rêves de Belle au bois dormant. Eh bien, c’est sur moi que cette jeune femme tombe. « Bonjour, j’ai bien regardé vos photos, et il émane de vous quelque chose d’étrange, je ne sais pas ce que c’est, mais c’est très beau. Avant d’aller me coucher, je voulais vous faire un bisou ! » Il était 20 h 10.

Diantre !

Clotilde vivait dans une sorte d’hôtel particulier à Montmartre en compagnie de Maminette, de Dolorès et de Parrain. Les liens de parenté qui unissaient tout ce petit monde n’étaient pas simples – un effort de concentration est requis. Clotilde n’avait pas connu son père (elle ne m’en a d’ailleurs jamais donné les véritables raisons : décès ? abandon ?…). Sa mère, se découvrant lesbienne sur le tard, avait remplacé le père disparu par une femme : Paule. Lorsque la maman de Clotilde est morte (Clotilde était encore gamine), Paule, devenue Maminette, a hérité de son éducation. Une certaine Dolorès a pris la place de la défunte dans le cœur de Maminette et Clotilde a donc grandi à l’ombre paradoxalement liberticide d’un couple de femmes homosexuelles dont aucune n’était sa mère biologique. Parrain, lui, tout droit sorti d’une pièce de Molière, devait être un frère ou un cousin de sa véritable mère.

À deux pas de Saint-Lazare et de sa faune interlope, Clotilde évoluait dans un monde parallèle, un dessin animé aux couleurs pastel signé Walt Disney. Sa seule passion sur terre était le chant – lyrique, bien sûr. Elle s’est mis en tête de me la faire partager car, nous y voilà : à l’entendre, Clotilde était tombée follement amoureuse de moi ou de ce que je devais représenter à ses yeux – en quelques clics. Mon âge ne lui posait aucun problème. Au contraire : elle détestait les jeunes, il lui fallait un homme mûr et sage qui sache s’y prendre avec une petite libellule aussi fragile que craintive. J’étais sans conteste l’homme de sa vie et sa décision semblait prise : elle voulait que je sois son initiateur et, par le fait, son premier et dernier amant, le père de ses nombreux enfants !

C’était assez surréaliste et sans doute aurais-je dû mettre le holà dès le début. Mais la jeunesse exerce sur bien des hommes plus âgés une attraction difficilement résistible. Et comment ne pas se sentir flatté qu’une jeune femme de 22 ans veuille vous offrir sa virginité ? Je ne serais pas allé vers elle, mais puisqu’elle venait vers moi… Cela dit, si je n’écartais pas l’idée de l’initier aux plaisirs de la chair, je me gardais bien de lui promettre quoi que ce soit concernant la suite. Je lui rabâchais au contraire qu’une fois déniaisée, elle se régalerait de jeunes gens de son âge et de son milieu. Par ailleurs, Clotilde semblait posséder une sacrée personnalité et son vécu ainsi que son univers piquaient avec une ardeur grandissante ma curiosité. Alors pourquoi cesser de dialoguer avec elle ? – car nos rapports étaient strictement virtuels.

Au fil des chats et des mails, elle se décrivait : « On me dit “naïve”, je ne sais pas si c’est vrai, je me sens surtout en décalage avec mon époque. Je ne bois pas, je ne fume pas, mais je ne suis pas intolérante, j’essaie de ne jamais juger, en revanche, je pose beaucoup de questions. […] Je suis métisse, mais ce n’est que biologique, je suis fière d’être suisse, et heureuse d’être parisienne. J’ai aussi des origines mexicaines et juive éthiopienne. » Un dimanche matin, elle m’a envoyé à ma demande une photo par mail – elle ne l’avait pas affichée sur Meetic. On distinguait juste une silhouette fine coiffée d’une très abondante crinière noire.

Clotilde était une adepte de la correspondance épistolaire. Je retrouve aujourd’hui des dizaines et des dizaines de pages de mails. Moins d’une semaine après notre premier contact, elle m’a raconté un rêve au cours duquel elle connaissait ses premiers émois avec un certain Arno (comme par hasard). L’aventure se terminait ainsi : « Je prends sa main et la dépose sur mon ventre plat. Mon cœur s’accélère, le sien aussi, j’ai envie que ses doigts caressent mon ventre, et quand il va le faire, boum, je me suis réveillée. Trop dur ! » Mais Clotilde ne s’est pas arrêtée là. Consciente cette fois, elle s’est caressée et a connu un plaisir qu’elle disait inédit. « J’ai senti dans mon ventre pour la première fois comme une décharge électrisante de douceurs inconnues, comme si, à l’intérieur de moi, une lumière naissait violemment pour m’éclairer de désirs futurs et encore plus puissants. »

 

Clotilde se levait tous les jours à 5 heures. Elle occupait ses matinées à chanter, étudier, prier, lire, écrire… De 11 h 30 à 13 h 30, elle animait des ateliers de lecture et de chant à l’école primaire de son quartier. De retour dans sa « prison dorée », elle reprenait ses activités jusqu’au dîner.

« J’ai été éduquée dans des pensionnats et à la maison. J’avais des profs particuliers. À l’université, j’y allais rarement. Je parlais avec mes profs, mais je ne me suis jamais fait d’ami(e)s. Je n’en éprouvais ni l’envie ni le besoin. Le nez plongé dans mes livres, ou mon esprit vagabondant. Maminette et Parrain me présentent souvent des hommes, des hommes “bien”. Pour eux. Ils m’invitent au cinéma, au théâtre, même à l’opéra, au restaurant. Je dis non, ils ne comprennent pas pourquoi. Peut-être que j’ai peur du monde extérieur. J’ignore la part d’ombre qui régit le monde de mes contemporains. Et je ne veux pas la connaître. Ce monde ne me fait pas envie. Bien entendu, j’ai été super-protégée et super-gâtée. Mais je me sens bien. J’ai aussi vécu beaucoup de choses, tout enfant, et j’ai souvent eu le cœur brisé et bouleversé. »

Tout cela me laissait perplexe. Mais comment ne pas s’intéresser au cas Clotilde ?

Après avoir fait plusieurs allusions à son poids, elle m’a avoué son anorexie : « Je devrais terminer une UV pour mon DEA, mais mon prof de thèse et mon médecin ne sont pas d’accord. Ce dernier m’a dit qu’il fallait que je me repose et que je sois moins sage, que j’arrête de raisonner et que je vive un petit peu. Donc je suis tombée malade, anorexie… »

Parrain revenait souvent dans ses propos et les rapports qu’il entretenait avec sa filleule me paraissaient pour le moins ambigus : « Jusqu’à 18 ans c’était ma gouvernante qui me lavait… Et je n’avais pas le droit de me toucher… Même les cheveux, c’était elle ou Parrain qui me les coiffait. Mon éducation doit vous paraître totalement absurde et hors du temps, j’en suis désolée. Je veux faire l’amour avec vous, je viendrai chez vous quand vous le désirerez, je me donnerai à vous. Votre Clotilde, pour la vie et un jour. »

Bien sûr que toute cette histoire était dingue. J’essayais à tout bout de champ de ramener Clotilde à la raison, je l’exhortais à quitter ses rêves et à regarder la réalité en face. Mais elle me paraissait bien trop fragile pour brutalement couper les ponts avec elle. Par ailleurs, elle était vive et spontanée et nos chats étaient drôles. Outre sa naïveté incommensurable (qui m’empêchait de voir la mienne) et sa charmante candeur, il y avait de l’intelligence chez elle, de la finesse et de la répartie. Aussi je maintenais le fil de la relation tout en essayant d’espacer les contacts.

Clotilde parlait toujours de se rencontrer, mais elle en avait très peur. Elle craignait aussi les réactions de Maminette et de Parrain. J’avais beau lui rappeler qu’à son âge on était libre de voir qui on voulait, elle redoutait de devoir dire la vérité et d’une certaine façon trahir la confiance de ses tuteurs. « Vous ne connaissez pas mon carcan familial. Moi, je le subis depuis que je suis née, et le pire, c’est que je les adore !…. Arno, j’ai le cœur qui fait “cling boum crac” quand je pense à vous, mon corps qui s’énerve, mon âme qui s’assombrit et s’éclaire en même temps, mes pensées qui virevoltent vers des terres inabordables jusqu’à présent. Et mon éducation qui se fissure. »

Incroyable mais vrai : cela faisait à peine huit jours, huit petits jours que Clotilde avait cliqué sur ma fiche Meetic pour la première fois.

 

La deuxième semaine s’est écoulée de manière similaire. Clotilde m’envoyait une dizaine de mails par jour et autant de textos, et nous chattions sur MSN de temps à autre. Sa condition me paraissait si inconcevable et si anachronique que je la faisais parler d’elle et de sa famille. « Quand j’étais petite nous habitions tous une grande maison, il y avait une cuisinière, un jardinier, une gouvernante, etc. Mais je ne me souviens pas forcément de cette période avec plaisir. Toujours des tensions entre mes grands-parents ultra-stricts, rigides, aristos, et mes mamans, totalement libertaires, et moi tiraillée entre eux… J’ai eu droit à tout : macrobio, algues, vacances en collectivité (une horreur, j’avais toujours peur qu’on me confonde avec une autre enfant, tant tout semblait appartenir à tout le monde, y compris les gens)… Elles m’ont traînée au cinéma, au théâtre, dans tous les musées du monde, j’ai participé à mes premières manifestations sur leurs dos, je savais à peine parler, pour ensuite très vite me taire et comprendre qu’il vaut mieux écouter que parler… Alors que ma grand-mère nous interdisait de parler à table, même à 12 ans (jusqu’à 11 ans, les enfants mangeaient “à part”…), nous obligeait à nous tenir droites à chaque seconde, nous expliquait que rien ne vaut la pureté et les familles nombreuses, Maman m’expliquait pourquoi elle militait à Amnesty International. Allez vous y retrouver ensuite. Et puis quand un premier drame s’est produit dans la famille (je ne veux pas en parler), Maman s’est radicalisée et a retrouvé son éducation première, tout comme Maminette (qui a des origines russes…) et patatras : j’ai hérité de tout cela. Finis les discussions de grands, les repas avec tous leurs amis un peu étranges, etc. Quasiment du jour au lendemain, je devais être encore plus “aristocrate” dans le sens de “la meilleure”. Il fallait que je montre que je ne serais pas moi aussi une “aristo-artiste-déjantée” comme il y en a dans toutes les familles de ce type et dont la moitié finit par se suicider par romantisme… Je suis devenue comme sourde au monde des autres… Je vous embrasse, un escadron de papillons dépose sur vos lèvres le plus magique des bisous d’amour. Une libellule Clotilde. »

 

Et puis… un matin, elle s’est décidée à forcer le destin et m’a demandé de venir l’attendre près de chez elle après 21 heures. Elle « ferait le mur ». Voici comment elle souhaitait que notre rencontre se déroule : « Nous nous rencontrons face à la gare Saint-Lazare, vous me prenez la main, sans rien dire, je vous regarde et vous m’embrassez sur le front. Nous rentrons à pied, jusqu’à chez vous. Je bois du lait, au miel. Vous me déshabillez et vous me portez dans votre lit, et là je découvre l’amour, en douceur, lentement, de façon absolue, je n’aurai pas peur, et puis je m’endors contre vous, avec vous, et je dors comme un ange. Le lendemain, je vous prépare le petit-déjeuner, nous mangeons, des étoiles dans notre ventre et de l’avenir dans les âmes et les cœurs et, comme une grande, les yeux remplis de larmes, je vous dis au revoir… »

Il fallait que cela arrive un jour : Parrain est tombé sur l’ordinateur de Clotilde, le mail ci-dessus à l’écran. Catastrophe ! Scandale ! Drame ! Elle m’en a prévenu par texto. Évidemment, plus question de faire le mur ce soir-là.

J’ai reçu un long message le lendemain : « Ils ne comprennent pas que je veuille me donner à un quasi inconnu… Ne veulent pas me perdre mais ne veulent pas que je m’égare. Si j’étais tombée sur un type “pas bien”, m’a dit Parrain, j’aurais pu subir des tas de choses dont je n’ai même pas idée. Alors j’ai dit à Parrain, “si vous me parliez un peu de ces choses dont je n’ai même pas idée, peut-être que je ne serais pas aussi déroutée et désorientée et que je n’agirais pas si bêtement”. Il a reconnu que je n’avais pas tort, mais il attendait que cela vienne de moi. »

Plus tard, elle a suggéré à Parrain de me téléphoner. Dans quel pétrin je m’étais fourré ! Comment faire machine arrière sans causer trop de dégâts ? Parrain était peut-être un très chic type mais je n’avais aucun désir de m’entretenir avec lui.

Si je donne l’impression d’être un peu transparent dans ces échanges avec Clotilde, c’est parce qu’elle écrivait l’histoire toute seule, je n’avais pas besoin de lui tenir le stylo. Pour une ligne envoyée, j’en recevais cent en retour. Lorsque nous bavardions à propos de sujets anodins sur MSN, elle revenait systématiquement à notre improbable idylle. N’importe quel pseudo-intellectuel de mon âge aurait fait l’affaire, elle ne recherchait rien d’autre qu’une sorte de père spirituel, ou de père tout court, pour l’aider à devenir une femme à part entière. Sa personnalité m’intriguait, je voulais en savoir plus. Et si je ne refusais toujours pas de la rencontrer, c’était plus par désir de percer un mystère que par envie de coucher avec elle. Je n’arrêtais pas de lui répéter que je n’étais pas celui qu’il lui fallait et qu’elle n’était pas non plus celle que je rêvais de rencontrer. Je m’adressais de plus en plus à elle comme à une petite sœur. Tout en cherchant à freiner ses ardeurs, je lui laissais entendre à demi-mot que je ne m’interdisais pas de flirter avec d’autres femmes. Elle n’en démordait pas. Quelque chose clochait sans doute mais je ne cherchais pas à savoir de quoi il s’agissait.

 

Parrain ne m’a pas appelé. Par contre, il a été décidé qu’il emmènerait Clotilde se reposer quelques jours en Bourgogne. Mais la retraite bourguignonne a eu des effets inattendus. Clotilde s’est retrouvée dans une grande propriété (un château ?) remplie de jeunes gens de son milieu, tous plus ou moins cousins, dont certains étaient beaucoup plus délurés qu’il n’y paraissait. Elle a même eu droit, un soir, à une initiation entre filles : « Je les ai regardées faire des câlins. Puis Eugénie a pris ma main et l’a déposée sur son sexe. Elles m’ont dit que je les excitais trop et m’ont demandé de me caresser les seins. Je l’ai fait en pensant à vous et Laé a touché le sexe d’Eugénie ; moi j’ai pris mon nounours et l’ai mis entre mes cuisses et j’ai dit votre prénom. Elles m’ont embrassée sur le front puis Eugénie m’a mise sur le ventre pour embrasser mes fesses. Pendant ce temps, Laé mettait son petit doigt dans mon sexe. Mais j’ai eu peur, elles faisaient des bruits bizarres en respirant de plus en plus fort. Je le leur ai dit et elles sont parties dans leur chambre, je pense qu’elles ont continué. »

Un autre soir, Clotilde s’est retrouvée dans une chambrée, mixte, cette fois. Ça a dégénéré lentement jusqu’à ce qu’un des garçons lui prenne la main et la glisse dans son pantalon. Il bandait comme un âne. Clotilde hurla et gifla le gentilhomme. Nouveau drame ! Le lendemain aux aurores, Parrain et Clotilde rentraient à Paris. Tout juste si l’on n’attela pas les chevaux en pleine nuit !

À son retour, les mails ont repris de plus belle. Nous n’en étions qu’à notre troisième semaine de correspondance. « À 4 heures du matin, Maminette est venue me voir parce que je pleurais. Elle m’a demandé pourquoi j’étais dans cet état. J’ai répondu que j’étais amoureuse, vraiment, que je voulais vivre cet amour. Elle m’a pris la main et dit : “Mon enfant, vous êtes brillante, extrêmement intelligente, mais si naïve… Et vous confondez tout. Il y a l’amour et puis il y a le désir. L’idéal est que les deux se rejoignent. Vous qui aviez des désirs de mariage, d’enfants, de famille idéale, cela nous dépasse grandement. Pensez-vous sincèrement qu’un homme de son âge, de son milieu envisage de refaire sa vie avec une jeune femme comme vous ? Et de ce que vous m’en avez dit, il a été honnête en ne vous promettant rien, ce qui est tout à son honneur.” »

Quelques jours plus tard, Clotilde a dû entrer en clinique. Un établissement spécialisé dans les traitements contre l’anorexie. Le régime y était sévère et les moyens de communication avec le monde extérieur très limités. En fait, ils étaient liés à la bonne (ou mauvaise) volonté des patients. Vous preniez quelques grammes et on vous rendait téléphone et Internet. Vous vous obstiniez à ne rien ingurgiter et c’était la privation totale…

Je recevais de ses nouvelles de temps à autre, quand elle voulait bien jouer le jeu qu’on lui imposait. Des mails assez courts, désormais, tels que celui-ci : « Je vous embrasse tendrement, avec toute mon âme, et vous souhaite de belles journées arc-en-ciel, remplies d’amoureuses passagères et de délicatesses sexuelles. J’espère que vous ne m’oubliez pas trop vite. La dernière fois, j’ai été isolée pendant deux mois… Je suis étrangement fatiguée. J’ai froid. Je vais m’allonger. Je déteste le monde médical ! Clotilde, Votre Princesse. »

La semaine suivante, elle est entrée en « réalim », isolement total, nourrie par sonde nasale, privée de tout pendant trois semaines… « Je ne sais pas quand je vous “reverrai”. Je vous embrasse, Carpe Diem, Clotilde, princesse pas sage. »

À sa sortie du mitard, elle a eu droit à quelques jours de perm. Puis elle est retournée en clinique pour y passer tout l’été. Nos contacts se sont espacés de plus en plus. J’ai eu alors un début de liaison avec une femme rencontrée sur Meetic (j’y viendrai bientôt) et le lui ai dit. Elle s’en est déclarée heureuse et m’a souhaité beaucoup de bonheur, tout en me disant adieu.

 

À l’automne, elle m’a écrit un soir sur MSN : « Je dois vous dire que j’ai menti sur mon âge depuis le début, j’ai 15 ans et demi, d’où mes problèmes d’indépendance et d’affectivité. »

15 ans et demi ! Un an de moins que ma fille aînée !

Encore une fois, ma naïveté dépasse parfois l’entendement. Je n’ai pas voulu voir ce que beaucoup auraient probablement décelé très vite.

Par ailleurs, Clotilde était mineure et les discussions virtuelles que j’avais eues avec elle sur le Net auraient pu me valoir de sérieux ennuis. Pour ma défense, c’est elle qui m’a abordé sur Meetic, site censé être réservé aux adultes. Je ne risquais donc pas grand-chose mais j’en ai eu froid dans le dos.

Un an plus tard, elle m’envoyait encore des mails depuis le « pays de l’anorexie ».

Où que tu sois à présent, Clotilde-que-je-n’ai-jamais-rencontrée, bon courage et longue route !