Chapitre 9

Jamais le premier soir !

N’en déplaise à mon ego, la moyenne d’âge des candidates s’intéressant à mon cas tournait autour de la cinquantaine, alors que mes recherches s’orientaient plutôt vers la quarantaine. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, beaucoup de femmes recherchent des hommes plus jeunes qu’elles, j’ai pu le vérifier. L’attirance pour la chair fraîche – ou moins flétrie, en l’occurrence – n’est pas un fait exclusivement masculin. Cela dit, mon profil Meetic était de plus en plus visité et les flashes, ces compliments-coups de cœur que l’on peut s’envoyer d’un clic, se multipliaient. Ma cote était bonne. Mine de rien, mon annonce créait un mini-buz. Elle continuait de susciter la curiosité et faisait encore l’objet de nombreux mails. En voici une seconde salve :

« Bonsoir, diagnostic très intéressant, prescription pour un esprit joyeux. Peut-on faire connaissance ? À bientôt. »

« Bonjour. Donc, si je lis bien votre annonce, vous seriez une sorte de drogue ? Y aurait-il des effets secondaires à craindre, ou êtes-vous inoffensif ? À bientôt peut-être, pour en savoir plus. Ma curiosité est piquée… »

« Votre annonce est très jolie, amusante… M. »

« Bonjour Wouazo, bien que n’ayant jamais eu recours aux pilules du bonheur jusqu’à ce jour… »

« Javoue, je suis passée sur votre annonce hier soir et pour une fois le texte m’a fait sourire… Je reconnais que c’est rare (malheureusement), et, ce soir, voilà que vous repassez sous mes yeux et je re-souris. J’avais envie de vous envoyer un signe. Suis assez allergique aux flashages, d’où ce petit mail… Alexandra. »

« Bonjour. Certaines accoutumances peuvent être bénéfiques… Jeanne. »

« En passant sur votre fiche, je découvre un “profil” qui ne me laisse pas indifférente… Pas médecin mais tout comme… Un peu d’humour, diantre ! Peu adepte des longs “chats”, je préfère de loin les contacts directs, seuls garants d’une envie réciproque de poursuivre la posologie. À bientôt peut-être, Pat. »

« Hello ! Oui, attention à l’addiction. Dépendance du corps et de l’âme. Accro au bien-être. Danger du bonheur. Ne surtout pas arrêter d’un seul coup. Car risque de folie douce. Si bleus à l’âme, dormir, dormir, dormir… »

« Bonsoir. Profession docteur des âmes ? Roi de la posologie ? J’aime bien votre annonce : originale, drôle. À bientôt. Jeanne. »

« Je prends… la posologie et le risque d’accoutumance. Pour les effets secondaires… demain est un autre jour ! Médicalement vôtreChristina. »

« Hello gentilhomme ! Je suis malade, j’aurais besoin d’une prescription. Merci d’avance… »

« Tant mieux pour l’accoutumance… si la posologie est adaptée au diagnostic. Bien à vous. »

« Bonsoir. Je… je… j… suis en m… manque d’âmesœuroïde… P… pouvez-vous faire quelque chose pour moi ? »

« Bonsoir Doc, je crois que j’ai déjà eu l’occasion de faire un petit tour dans votre cabinet de consultation, n’est-ce pas ? J’aimerais reprendre rendez-vous… La vie est belle ! Bises, Peg. »

Pour beaucoup, les annonces publiées par les femmes sur Meetic manquaient cruellement d’originalité. (Ce commentaire ne revêt aucun caractère sexiste. J’ai pu vérifier par moi-même et à plusieurs reprises que les annonces masculines présentaient les mêmes faiblesses et étaient sans doute largement plus vulgaires. Je ne parle évidemment ici que du fond. Inutile de s’attarder sur la forme, tant il était inhabituel de lire plusieurs phrases consécutives d’un même internaute sans tomber sur une faute de français.) C’était trop souvent un chapelet de banalités qui commençait par une phrase définitive pouvant se résumer à : « Qu’il est difficile de se décrire en quelques mots ! » Certaines y parvenaient néanmoins mais, à la lecture du résultat, il apparaissait qu’elles étaient très nombreuses à être douces mais avec du caractère, pas forcément belles mais bourrées de charme, non pas sexy mais sensuelles et très féminines, pas bêtement fleur bleue mais bougrement romantiques, pas solitaires ni asociables mais très indépendantes, et un nombre incalculable d’entre elles aimaient « croquer la vie à pleines dents ! » Quelle éblouissante façon de se résumer ! Elles pensaient naturellement que cette vie, dont elles ne voyaient pas que des morceaux restaient coincés entre leurs incisives, se « conjuguait mieux à deux », que le bonheur était à la portée de chacun et qu’elles se sentaient tout à fait capables de rendre un homme heureux.

Concernant les hommes, justement, elles avaient généralement fait l’expérience – à leurs dépens – de leur inconsistance, de leur manque de fiabilité, de leur incapacité à rester fidèle, de leur égoïsme, de leur vulgarité, de leur absence de romantisme et de leur obsession du sexe. En conséquence, elles insistaient sur les qualités qu’elles attendaient de lui en déclarant le vouloir généreux, tendre, loyal, gentil, honnête, franc, intelligent, drôle, attentionné, grand, beau… Imaginez une annonce disant : « Cherche homme radin, brutal, malhonnête, méchant, menteur, sinistre, stupide, laid… » (Rayer les mentions inutiles.)

En dépassant l’annonce et en épluchant les critères de recherche d’un profil féminin, on pouvait remarquer que certaines se focalisaient par exemple sur une religion, excluant toutes les autres (ou au contraire les tolérant toutes, sauf une), ou sur un groupe ethnique (qui n’était d’ailleurs pas forcément celui auquel elles appartenaient). D’autres exigeaient des revenus de PDG de multinationale ou ciblaient une tranche d’âge ridiculement étroite et parfois très éloignée de la leur (dans les deux sens). J’en ai vu aussi qui faisaient visiblement une fixation sur l’ordre et l’uniforme ; elles ne s’intéressaient qu’aux pompiers, aux policiers, aux gendarmes, aux CRS… C’était écrit noir sur blanc dans leurs critères de recherche.

Il y avait donc des annonces dans tous les styles et pour tous les goûts. Étant donné la longueur de la plupart, il serait fastidieux d’en reproduire ici une sélection dans leur intégralité. J’ai opté pour un montage de morceaux choisis :

Certaines femmes, peu farouches, annonçaient clairement la couleur : « Bonjour, je cherche des hommes pas compliqués mais respectueux, courtois et de bonne éducation, pour jouir de la vie. » « Je marche au feeling ! Je peux être autant aventurière que réservée, intellectuelle qu’animale… » « Pour partager de bons moments avec des types sympas… » « Je souhaite des rencontres pétillantes. »

D’autres tentaient, avec plus ou moins de bonheur, de faire vibrer leur fibre poétique : « Joie, humour et poésie, voilà ce qui me définit. Recherche douceur et amitié, des rires partagés car c’est dans la rose des petites choses que le cœur trouve son matin et se rafraîchit. » « Un peu ondine, j’aime l’élégance et l’esprit… » « Aimer. Un paysage, une musique, un objet, une couleur, une odeur, une saveur, une pensée, une parole. Un peu ville, un peu champs. Se connaître, se reconnaître. Partager, découvrir, se découvrir, pour qu’à deux… » « J’aime la mer, le bruit de la mer, les reflets sur la mer. »

Beaucoup avaient encore des rêves de petite fille : « Princesse cherche son Prince Charmant. » « Je pense qu’un jour je te trouverai et nous irons découvrir ensemble tout ce monde qui nous entoure » « Je rêve d’une étincelle dans deux regards qui se croisent ! »

Plus d’une prêtait à sourire (était-ce toujours volontaire ?) : « Je suis facile à vivre, pas jalouse, fidèle, je cuisine et j’adore le foot. » « Jamais le premier soir ! » « Dans la famille Meetic men, j’aimerais rencontrer “le” Monsieur Charmant, élégant, ouvert, avec un esprit un peu rock’n’roll ! Je suis Madame Urbaine, attentive aux autres, queen du gâteau au chocolat, médaillée du 100 mètres sur talons hauts grâce à un entraînement quotidien, “excellente présentation” (même après le 100 mètres). » « Pas de chauves, ni de tête rasée, ni de cheveux blancs, ni de fumeurs. » « Je sais que le prince charmant n’est plus disponible car en voyage d’affaires, mais un troubadour de son royaume est peut-être connecté ? » « Merci de ne pas me flasher, je tiens à conserver mon permis de séduire. PS : j’adore les déclarations d’humour. »

Bien entendu, la grande majorité de ces dames écartaient d’emblée et avec autorité les aventures d’un soir : « Collectionneurs et autres obsédés, passez votre chemin ! » « Aventuriers d’un soir, au revoir ! » « Je ne recherche pas d’aventures. Si c’est votre cas, passez à la fiche suivante ! » « Hommes mariés, s’abstenir. »

Un certain nombre affectionnaient proverbes, dictons, maximes, aphorismes et autres citations : « Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. » « Un homme qui aime peut se conduire comme un fou mais pas comme un idiot. » « Choisir, c’est renoncer. » « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » « Ne confondons pas la lumière des étoiles avec celle des réverbères. » « Le bonheur intérieur est le combustible du succès. »

Enfin, une quantité non négligeable de femmes, adeptes du name-dropping, aimaient afficher des références culturelles ou se définir d’après leurs goûts artistiques : « Plus Velvet que Céline Dion, plus Kitano que James Cameron, plus Brautigan qu’Alexandre Jardin… » « J’aime écouter Keith Jarrett, Radiohead, Deep Purple, Thomas Fersen, Raphaël… J’aime lire John Irving, Philippe Claudel… » « Je suis un curieux mélange de Sandra Bullock, de Bridget Jones et… d’Indiana Jones ! » « Plutôt Rolling Stones que Beatles. Plutôt Dantec que Houellebecq. Plutôt Christopher Walken que Brad Pitt […] Plutôt jupe que pantalon. En somme, plutôt “Sex and the City” que “Desperate Housewives”. »

Et j’ai gardé, en guise de mot de la fin, cette délicieuse phrase (improbable post-scriptum d’une authentique annonce) : « Je ne répondrai que si vous m’écrivez, merci. »

 

Sophie aimait jouer avec les mots. Ses humeurs du jour affichées sur MSN en témoignaient : « Sangsue alitée », « Cris-sans-thème », « Amante religieuse »… Elle vivait à Saint-Maur (94) avec ses deux garçons, ado et préado, issus de deux pères différents, dont un quasiment jamais disponible pour sa progéniture. Cette situation laissait très peu de liberté à Sophie.

Sophie était une étrange rêveuse, aussi discrète que secrète, jolie brune aux yeux bleus, la quarantaine. Elle avait dû beaucoup souffrir dans sa jeunesse, les stigmates étaient à peine voilés par une peau diaphane. Elle avait fui une autorité parentale rigide en même temps que sa province natale pour débarquer à Paris à l’âge de 17 ans et avait échoué dans un bar louche de la capitale, officiant comme hôtesse. Vous savez, ces petites annonces publiées dans la presse gratuite du genre : bar de nuit cherche hôtesses. On vous demande de vous habiller sexy – limite pute – et vous êtes commissionnée sur les consommations que vous poussez le touriste en goguette ou le célibataire frustré à commander en lui faisant miroiter des moments intimes qui ne viendront jamais.

Sophie était une sorte d’écorchée vive, une rebelle anticonformiste. Mystérieuse, sauvage, farouche, craintive, manquant d’assurance, mais en même temps volontaire, déterminée. Elle savait ce qu’elle voulait mais ne pouvait s’empêcher de toujours craindre d’être le vilain petit canard. Elle lisait de la SF, de l’heroic fantasy et écoutait du hard rock et du metal.

Nous nous sommes rencontrés dans un bar, un soir vers 21 heures. Nous sortions tous les deux de la douche mais ruisselions déjà. Il faisait très chaud. Sophie m’est apparue telle que sa photo m’avait laissé l’imaginer. Jolies bouclettes noires soulignant un regard bleu acier. Elle portait un pantalon en stretch noir et un chemisier en dentelle blanche près du corps, des talons… Très sexy. Sophie ne trichait pas, elle était la même que celle avec qui j’avais déjà passé de longs moments à échanger sur Meetic puis sur MSN : spirituelle, spontanée, directe, intéressante et intéressée par les autres.

Il était évident que nous éprouvions une attirance mutuelle. Après deux kirs sous les tonnelles de l’Arsenal, elle a accepté de poursuivre notre conversation chez moi. La chaleur ne baissait toujours pas. Un drôle de vent se levait. Elle s’est penchée à un moment à la fenêtre du salon. J’ai posé ma main sur ses épaules, son cou… Elle a laissé passer quelques caresses puis s’est retournée, nous nous sommes embrassés.

Plus tard nous avons fait l’amour, dans ma chambre, à la lueur d’une unique bougie. Sophie était excessivement pudique. Sa position préférée était celle où la femme domine l’homme, assise sur lui. Je me suis prêté à son désir et n’ai pas tardé à voir dans son regard un total abandon…

Un violent orage m’a réveillé vers trois ou quatre heures du matin. Sophie n’était plus dans mon lit. Je me suis levé ; elle était recroquevillée dans un fauteuil du salon, aussi effrayée qu’un oisillon orphelin. Elle avait une peur phobique des orages, impossible de dormir, et elle n’osait pas rentrer chez elle tant que la fureur des éléments ne cessait pas…

Nous avons de nouveau parlé puis refait l’amour. Elle est partie discrètement vers 7 heures pour aller se changer chez elle avant de repartir bosser.

J’ai reçu ce mail dans la journée : « Merci pour ces moments, tu sembles être quelqu’un de bien, c’est rare. » Le soir, sur MSN, j’ai découvert son pseudo du jour : « Homme sweet homme. »

Un autre jour elle m’a adressé celui-ci : « C’est bien la première fois, depuis de nombreuses années, que j’éprouve le désir de revoir quelqu’un. »

Nous avons beaucoup chatté par la suite. Sophie me plaisait bien. Elle semblait aussi prudente que moi en ce qui concerne le processus de mise en place d’une relation. Divorcée depuis plusieurs années, elle se contentait de rencontres ponctuelles, ne ramenant jamais d’homme chez elle. Pour des raisons de plannings familiaux incompatibles, nous ne nous sommes pas revus pendant plus d’un mois. Nous en avions l’un et l’autre l’envie mais cela ne nous était pas possible.

Nous avons échangé de nombreux mails et textos durant cet éloignement. Je lui envoyais des baisers, tantôt du soir, tantôt du matin, ensoleillés ou pluvieux, caféinés ou bien anisés… Elle s’amusait en disant qu’elle « capitalisait » mes baisers virtuels en attendant les vrais. Un soir sur MSN, nous avons eu cette petite discussion :

Elle : « N’oublie pas que j’ai des choses à récupérer auprès de toi.

– Je n’ai pas oublié. Tu me montreras ton joli petit pécule et tu pourras toucher mes dividendes.

– Pff, t’es bête.

– J’aime bien te chambrer… Et d’ailleurs je te chambrerais bien à nouveau, dans la mienne si possible. Le plus tôt serait le mieux… »

Ça a fini par se faire. Nous nous sommes revus deux soirs où, par miracle, nos emplois du temps respectifs le permettaient. Ces deux soirées ont été tout aussi agréables que la première. Sans orage d’aucune sorte. Comme je lui avais offert un de mes romans (elle avait manifesté le désir de me lire), elle s’est pointée une fois avec un de ses romans de fantasy de chevet, avec peut-être le secret espoir de convertir un lecteur hermétique à ce genre littéraire. J’avoue un peu honteusement ne jamais l’avoir ouvert.

Nos échanges virtuels ont repris. Elle m’a déclaré un soir avoir subi un traumatisme dans son enfance qui expliquait son caractère très indépendant, sa prudence et son extrême pudeur, certains blocages sexuels, son manque d’assurance… Elle voulait bien s’en ouvrir à moi, mais pas sur le chat.

Moi : « Va falloir que tu reviennes et que tu t’allonges sur mon canapé, alors.

– Charmante perspective.

– Heureux qu’elle te plaise. Au fait, j’ai racheté un aligoté pour toi, il t’attend au frigo…

– Je préférerais que ça soit toi qui m’attendes, mais si je peux avoir les deux…

– Tu nous auras tous les trois, avec le divan ! »

La séance du divan n’a pas eu lieu. Même si j’ai ma petite idée, je ne saurai jamais précisément de quel trauma souffrait Sophie. Mais nos conversations MSN se sont poursuivies. Toujours agréables. Je ne m’ennuyais pas à échanger avec elle.

Autre extrait de conversation :

Elle : « On me dit souvent que je suis chieuse.

– Pourquoi serais-tu chieuse ?

– Trop de caractère, pas assez disponible, pas assez de “tendresse”…

– Faux ! Tu m’as donné de la tendresse…

– Oui, mais toi tu es l’exception qui confirme la règle. Tu ne sais pas comment je suis d’habitude.

– Ce qui m’intéresse, c’est comment tu es avec moi. On passe de bons moments ensemble, c’est déjà pas mal, non ?

– C’est tout ce que je demande, mais d’habitude je pars sans laisser de coordonnées et je ne reste pas autant de temps…

– Par peur de tomber amoureuse ?

– Joker !

– Contré !

– Mais non, c’est pas ça… Je n’aime pas me poser de questions quand je vis des trucs, voilà ! Quand je ne ressens pas l’envie de revenir, je ne vais pas me forcer… Je fais partie des femmes qui disent plus souvent non que oui.

– En même temps, tu laisses entendre que tu es une habituée du one-night-stand

– Night ? Le mot est exagéré dans la plupart des cas… (rires). »

Nous persistions dans le désir de nous revoir.

J’ai fini par lui envoyer ce mail :

« Bonjour Sophie, j’ai bien reçu ton SMS pour dimanche soir. C’est aussi une option de mon côté, à confirmer, donc ne remue pas ciel et terre du tien. On en reparle. Je t’embrasse. »

Sa réponse :

« Bonjour Arno, je pense que tout ça devient bien trop compliqué à gérer pour moi… On en reparle si tu le souhaites. Je t’embrasse, Sophie. »

Moi, le lendemain :

« Bonsoir Sophie, Je ne sais que te dire. Il ne faut pas que cela devienne compliqué pour quiconque, ce n’est pas le but… Je suis toujours sur le principe de départ : se voir quand c’est possible pour chacun, quand le désir est réciproque. À toi de me dire si tu n’es plus dans cette optique, si tes sentiments ont évolué dans un sens ou un autre… Je t’embrasse. »

Sa réponse :

« Alors voilà, c’est typiquement le genre de mail auquel je ne peux répondre par mail justement ! Alors si l’on se croise sur Meetic ou MSN… ça sera peut-être l’occasion d’éclaircir tout ça. Bonne soirée. »

Cette cyberconversation n’a pas eu lieu non plus. Quelques jours se sont écoulés avant que je reçoive ceci :

« Bonjour Arno, bon je sais… je suis très longue pour trouver les mots justes par rapport au ressenti. Le principe de départ est toujours le même chez moi également, mais il y a des nuances qui font toute la différence, à savoir le rythme de chacun. Bref, quand j’ai une relation “suivie” (renouvelable serait plus juste comme mot) avec une personne, j’ai juste besoin de me sentir exister entre deux rendez-vous. Voilà ! Je te souhaite vraiment de trouver ce que tu cherches. Je ne t’embrasse pas mais le cœur y est. Sophie. »

Je pense qu’elle a eu raison de mettre fin à un début de relation qui s’avérait difficile à mettre en place. Peut-être que si les sentiments avaient été plus forts… Sans doute n’étions-nous pas prêts à faire beaucoup d’efforts non plus… Tout ça se tient. Nous ne nous sommes jamais revus. En revanche nous avons continué à bavarder de temps à autre sur Meetic ou MSN. Sophie a eu l’année suivante de graves ennuis de santé, dont elle a fini par se remettre. J’ai toujours eu beaucoup d’estime et de respect pour elle, j’espère qu’elle est heureuse aujourd’hui.