Objectif 21

COMPLÉMENTS COGNITIFS

La compréhension ne dépend pas seulement de l’élément linguistique; il existe toujours des connaissances extralinguistiques qui s’ajoutent au linguistique et rendent possible la compréhension.

AMPARO HURTADO ALBIR

LE SENS EST L’OBJET de la traduction. Le traducteur y accède par deux voies principales: les signes linguistiques, plus précisément la signification pertinente des mots du texte de départ, et les compléments cognitifs, c’est-à-dire les connaissances non linguistiques mobilisées au moment de la recherche d’une équivalence et qui sont indispensables à la constitution du sens. Marianne Lederer écrit à propos des compléments cognitifs:

L’affectif et le cognitif étant physiologiquement inséparables et ayant tous deux leur origine dans le cerveau, je les englobe sous le seul terme de compléments cognitifs et dans ceux-ci, je distingue pour un découpage d’un autre ordre, le bagage cognitif, connaissances linguistiques et extralinguistiques emmagasinées à plus ou moins long terme dans la mémoire, et le contexte cognitif constitué par les connaissances acquises à la lecture du texte, conservées en mémoire à court terme et servant à l’interprétation des segments de texte suivants (Lederer, 1994: 37).

Le traducteur n’aborde jamais un texte l’esprit vide de toute connaissance, pas plus qu’un lecteur qui se plonge dans la lecture d’un roman. Il y apporte sa connaissance du monde, ses souvenirs, ses expériences diverses, de même que ses connaissances théoriques, le fruit de ses lectures, son savoir spécialisé et tout ce qui compose sa culture générale. Ces milliards de petits détails tissent son identité. Toutes ces connaissances sont gardées dans son cerveau sous une forme déverbalisée. C’est à cette source qu’il puise pour comprendre un texte, même si cette compréhension ne peut jamais être intégrale et ne recouvre jamais parfaitement le vouloir dire de l’auteur du texte de départ. Sans ces connaissances, il lui serait impossible d’interpréter l’information véhiculée par les signes linguistiques et leur donner un sens. Pour dire les choses autrement: aucune phrase ne contient toute l’information dont on a besoin pour la traduire.

L’apport des connaissances non linguistiques dans la compréhension d’un texte va tellement de soi qu’il passe le plus souvent inaperçu. Même les auteurs qui doutent de la possibilité de remonter jusqu’au vouloir-dire de l’auteur reconnaissent la nécessité des compléments cognitifs pour comprendre un texte et le reformuler dans une autre langue. Ces compléments concourent directement à la construction du sens. Outre le fait qu’ils donnent accès au sens, ils contribuent à lever les ambiguïtés des phrases et à supprimer la polysémie inhérente à la plupart des mots isolés d’une langue.

Démonstration

Il est facile de montrer que l’apport des compléments cognitifs est essentiel au moment de la construction du sens. Soit la phrase «The chickens are ready to eat». Hors contexte, cette phrase est ambiguë et peut signifier tout autant «les poulets sont cuits» (on peut donc les manger), que «il faut donner à manger aux poules». Mais si un traducteur lit cette même phrase intégrée à un contexte, il saura, grâce aux informations non linguistiques qui viendront se greffer aux significations linguistiques pertinentes, quel sens lui donner ou, si l’on préfère, comment l’interpréter pour la traduire, comme le remarque à juste titre Marianne Lederer à qui nous empruntons cet exemple:

Le fait que les compléments cognitifs créent un sens différent de la signification d’une phrase a une incidence profonde sur l’interprétation de cette phrase en une autre langue. En effet, chaque variante de complément cognitif exige pour la même phrase une traduction différente. Nous venons de le voir dans le cas de la phrase: «The chickens are ready to eat» […]. Dans les deux cas, la phrase anglaise est linguistiquement la même, mais, les compléments cognitifs ayant changé, une autre formulation de l’interprétation devient nécessaire (Lederer, 1989: 254).

Autre exemple d’ambiguïté. Un employeur reçoit une lettre de recommandation avant l’embauche d’un candidat prénommé Bob. À la fin de la lettre, on peut lire: «You will be lucky if you get Bob to work for you.» Deux interprétations sont possibles: a) «Vous aurez de la chance d’avoir Bob comme employé.» b) «Vous serez chanceux si vous arrivez à faire travailler Bob.» Selon la première version, Bob est compétent, selon la seconde, c’est un fainéant. Seule la teneur générale de la lettre permettra de choisir une des deux interprétations. L’ambiguïté n’existe que si la phrase est citée hors contexte. Les traducteurs traduisent généralement en situation de communication. Si on leur demande, par exemple, de traduire des légendes de photos, ils exigeront de voir les photos afin d’éviter de commettre des erreurs d’interprétation.

Bêtise et inculture de la machine

Il est facile également de montrer les conséquences de l’absence totale de compléments cognitifs. Nos exemples nous seront fournis cette fois par l’inculture et la bêtise proverbiale de la machine à traduire. Privée de la possibilité de raisonner sur les réalités sous-jacentes aux signes linguistiques et aux assemblages syntaxiques, la machine se trouve tout à fait démunie devant la polysémie et les phrases ambiguës, même lorsqu’elles sont dans un texte.

Dans Le défi des langues (1994), Claude Piron proposa à une machine de traduire: He was sorting out food rations and chewing gum, phrase qui peut signifier a) «Il triait des rations et du chewing gum»; b) «Il triait des rations tout en mâchant du chewing gum». La machine livra la phrase suivante: «Il triait dehors rations de nourriture et mastiquant la gencive.»

L’absence de compléments cognitifs est à l’origine des traductions loufoques. En voici quelques exemples, tous authentiques: *gentille bicyclette (gentle cycle, cycle d’une sécheuse à linge); *feuille de papier célibataire (single sheet of paper); *plongée à poils (skin diving); *droguée à mort (stoned to death, appliqué à la femme adultère lapidée de la Bible); *la ligne est fiancée (the line is engaged, en téléphonie); *Fait en Dinde (Made in Turkey); *écoliers de Rhodes (Rhodes scholars).

Connaissances encyclopédiques

«La belle chose que de savoir quelque chose», s’exclamait monsieur Jourdain dans Le bourgeois gentilhomme. Certes, mais ce n’est pas par la lecture d’encyclopédies que l’on acquiert des connaissances encyclopédiques, que l’on enrichit sa culture générale. Son bagage cognitif, une personne le constitue au fil de ses études, de ses lectures variées et de ses multiples activités et expériences. Quand on songe à faire carrière en traduction, il faut être prêt à être un étudiant pour la vie. C’est pourquoi la curiosité intellectuelle est une qualité essentielle pour quiconque aspire à devenir traducteur.

Un traducteur ne peut pas se permettre de croire comme les cancres que l’amniocentèse est une méthode contraceptive, que les Noirs vivant dans le sud des États-Unis sont des Sud-Américains, que l’auteur de Understanding Media, Marshall McLuhan, est un maréchal de l’armée, que l’on peut voir une veine cave sous la peau d’une main décharnée, que les diplodocus sont des microbes virulents, que la plèvre est une maladie contagieuse des poumons, que les ovules circulent dans le plasma sanguin et que Martin Luther King a traduit la Bible en allemand au XVIe siècle.

Voyons, par quelques exemples concrets, comment il est possible de mobiliser des connaissances générales non linguistiques afin de dégager le sens d’un énoncé. Nous avons vu que la capacité d’intégrer des connaissances non linguistiques à des énoncés linguistiques est une des quatre aptitudes requises du traducteur (v. l’Introduction).

Kipling

Pour traduire la phrase de Kipling The wedding cortege is Mendelssohned out of the church, il est utile de savoir que Felix Mendelssohn a composé la fameuse marche nuptiale qui retentit traditionnellement à la fin des cérémonies de mariage. Fort de cette connaissance, il sera possible de traduire la phrase anglaise ainsi: «Le cortège quitta l’église aux sons de la Marche nuptiale de Mendelssohn.» L’aspect humoristique de la phrase originale pourra être compensé ailleurs dans le texte d’arrivée (v. «compensation» dans le Glossaire).

De même que seule la signification pertinente des mots est retenue au moment de la compréhension, de même seuls les compléments cognitifs pertinents sont nécessaires à la constitution du sens. Savoir que Felix Mendelssohn est un compositeur allemand, que la Marche nuptiale est extraite du Songe d’une nuit d’été, pièce de Shakespeare que le compositeur mit en musique en 1826, n’est pas vraiment utile pour bâtir le sens de la phrase de notre exemple. Il faut tout au moins savoir, c’est le minimum requis, que Mendelssohn est un compositeur. La version «minimale» suivante serait alors possible: «Le cortège nuptial quitta l’église aux sons de la musique [var. sur un air] de Mendelssohn.»

Simple accord

L’accord d’un simple adjectif qualificatif peut exiger la mobilisation de compléments cognitifs. Pour traduire the federal and provincial governments par «les gouvernements fédéral et provinciaux», il faut connaître les institutions politiques canadiennes. Appliquant machinalement les règles de la syntaxe française, la machine à traduire ne saurait pas qu’au pays de l’unifolié il y a dix provinces, mais un seul gouvernement fédéral. Même l’excellent correcteur orthographique et grammatical Antidote® propose de mettre l’adjectif «fédéral» au pluriel.

Alexandre le Grand

«I am indebted to my father for living, but to my teacher for living well.»

Cette phrase d’Alexandre le Grand (IVe siècle avant notre ère), assez courante en anglais, a donné lieu à diverses formulations françaises lors d’un exercice scolaire de traduction:

«Je dois la vie à mon père, mais mes façons de vivre à mon professeur.»

«La vie, je la dois à mon père, l’art de vivre, à mon mentor.»

«Si je vis, c’est grâce à mon père; si je vis sainement, c’est grâce à mon maître.»

«Je suis reconnaissant à mon père de m’avoir donné la vie, mais à mon maître de m’avoir inculqué de bonnes habitudes de vie.»

Toutes ces versions, d’inégale valeur, ne sont pas fausses, mais rendent-elles bien tout le sens probable de l’énoncé initial? Par quel mot traduire teacher ici? Professeur? Mentor? Maître? Chacune de ces équivalences est, certes, acceptable, mais, si l’on connaît la vie d’Alexandre, on sait que son père, le roi Philippe de Macédoine, a confié son éducation à un précepteur qui fut nul autre qu’Aristote. Figure emblématique de la philosophie, celui-ci a su éveiller la curiosité intellectuelle de son brillant élève et développer sa soif de connaissances et son amour de la philosophie. Alexandre avait aussi une passion dévorante pour la lecture.

Le nœud de la traduction est l’interprétation à donner à living well. Alexandre savait se discipliner et résister aux plaisirs faciles, nous disent ses biographes, bien qu’il ait eu un penchant pour l’alcool et qu’il se soit peu intéressé aux sports. Homme au tempérament fougueux, il se soumettait difficilement aux ordres de son père, mais on arrivait à le convaincre par le raisonnement. Aristote lui a-t-il appris à «bien vivre»? «l’art de vivre»? «à vivre sainement»? Lui a-t-il inculqué «de bonnes habitudes de vie»? C’est possible, mais il semble plus probable que le grand philosophe lui ait surtout enseigné à devenir un homme équilibré, capable d’envisager la vie avec assurance et de donner un sens à chacune de ses actions. La réflexion d’Alexandre pourrait donc se formuler ainsi en français:

Je dois à mon père de m’avoir donné la vie,
mais à mon précepteur de m’avoir appris à vivre.

N’est-ce pas, au fond, ce qu’on attend d’un philosophe: susciter une réflexion sur le sens de la vie? Aristote n’a pas enseigné à Alexandre à rechercher le confort matériel afin de «bien vivre», de «vivre sans soucis matériels», mais il a fait en sorte qu’il puisse développer ses qualités humaines, sa personnalité, en un mot son autonomie. Il ne l’a pas simplement instruit. Dans l’Antiquité, la fin de l’éducation est de se faire soi-même, confirme le spécialiste Henri-Irénée Marrou (1981, I: 152).

Cet exemple apporte une confirmation supplémentaire que les connaissances non linguistiques sont indispensables pour interpréter le sens d’un énoncé et orienter sa reformulation.

Goupille

Le dernier exemple, tiré du Guide de l’enseignement de la traduction technique de Claude Bédard (1987c: 35), appartient au domaine technique. Soit l’instruction: Insert cotter pin through the nut and secure. La traduction du premier membre de la phrase ne pose aucun problème particulier: «Insérer la goupille dans l’écrou et…». Comment traduire secure? Ouvrir un dictionnaire bilingue ne serait d’aucune utilité. On y relèverait des correspondants tels que «fixer, attacher, bien fermer», verbes qui ne sauraient s’appliquer à une goupille.

Pour produire une équivalence acceptable, le traducteur doit: a) connaître l’utilité et la forme d’une goupille; b) savoir que les deux tiges parallèles d’une goupille fendue se nomment les branches; c) savoir que pour assembler à l’aide d’une goupille deux pièces percées d’un trou, il faut en «écarter les branches», ce qui est la traduction de secure ici. Notons que Le nouveau Petit Robert fournit la solution à l’article goupille. On y lit:

GOUPILLE. Cheville ou broche métallique qui sert à assembler deux pièces percées chacune d’un trou. Goupille pleine. Goupille cylindrique. Goupille fendue, dont on écarte les branches.

Cela prouve une fois de plus qu’un bon dictionnaire unilingue est souvent plus utile au traducteur qu’un dictionnaire bilingue.

Le raisonnement logique, dont nous avons déjà parlé (v. l’OS 9), intervient une fois de plus au moment où s’effectue l’association des significations pertinentes des mots et des compléments cognitifs. Il a manifestement fait défaut chez les auteurs des versions françaises ci-dessous.

a. Middle-aged men are the prime victims of workaholism. a. *La plupart des intoxiqués du travail sont des hommes du Moyen Âge.
b. Here she is on stage at 33, body gracefully slenderized to a reed-like 115 pounds thanks to rigorous dieting. [Ballerine qui souffrait d’embonpoint lorsqu’elle était petite.] b. *La voilà sur scène à 33 ans, le corps gracieusement aminci, tel un roseau de 115 livres, grâce à un régime sévère.
c. One of the principal functions of a central bank is to protect the integrity of its nation’s currency. c. *L’une des principales fonctions d’une banque centrale est de préserver l’intégrité des unités monétaires d’un pays.

Ces erreurs, dignes des pires traductions-machine, auraient facilement pu être évitées si leurs auteurs avaient été plus attentifs tout d’abord aux mots eux-mêmes: middle-aged n’est pas Middle Ages, currency ne porte pas la marque d’un pluriel. Mais surtout, ils auraient dû réfléchir davantage et puiser dans leur bagage cognitif les connaissances élémentaires dont ils avaient besoin pour produire une traduction sensée, c’est-à-dire qui a du sens. Qui a déjà vu un «roseau de 115 livres» (52 kg)?

La personne qui appréhende le sens d’un texte procède, en somme, à la synthèse de deux savoirs (linguistique et encyclopédique) en associant aux mots une foule de connaissances. C’est, de toute évidence, ce que n’ont pas su faire les auteurs des traductions «inachevées» ci-dessus. Ne pas associer les bons compléments cognitifs aux signes linguistiques aboutit à des contresens, voire à des non-sens.

Suggestion de lecture

Lederer, Marianne (1994), La traduction aujourd’hui. Le modèle interprétatif, p. 32-48.

V. aussi: Lederer (1990); Seleskovitch (1984).

EXERCICES D’APPLICATION

Exercice 1

Les passages en gras et numérotés du texte «Spain Puffs On» ont donné lieu à de grossières erreurs de traduction. Toutes les fautes commises révèlent un manque de culture générale et une méconnaissance de l’anglais. Analysez ces erreurs et indiquez les connaissances qu’il aurait fallu mobiliser pour donner une traduction exacte des passages mal traduits.

 1. *Les enfants réfugiés de Basque

 2. *emmenés au Royaume-Uni en 1937

 3. *son spectacle de l’opéra Bizet

 4. *la transition post-française de l’Espagne vers la démocratie

 5. *en Bretagne

 6. *la dictature française

 7. *au fur et à mesure qu’ils pénétraient au cœur de la vie politique

 8. *enfumé comme un poisson

 9. *du EEC

Texte 26

Auteur: Anonyme

Source: The Economist

Genre de publication: Magazine international

Domaine: Tabac

Public visé: Grand public

Nombre de mots: 420

Spain Puffs On

Having inflicted tobacco on Europe, Spaniards were the first Europeans to become addicted to the weed. An English traveller noted in the 1830s that a Spaniard without a cigar looked “like a house without a chimney”. The most popular books in Spain a century ago were described as “tiny, with blank pages”: they were books of cigarette-papers. Basque refugee children[1] taken to England in 1937[2] startled their hosts by asking for cigarettes.

Until the 1970s, however, women who smoked in public might have doubts cast on their morality (appropriately, Peter Brooke [sic] had Carmen smoke a cigar in his production of Bizet’s opera[3]). They took a cruel revenge during the country’s post-Franco transition to democracy[4], when trousers and tobacco became symbols of emancipation as they had been in the Britain[5] of the 1920s. In the street, women juggled skillfully as they handled a basket, a cigarette and a pram.

Men’s smoking habits gave away their political tastes. The acrid smoke of Ducados, the most popular brand, cast a fug on Socialist and Communist meetings. That veteran Communist, Mr. Santiago Carrillo, seemed unable to speak without chewing a fag-end. Cigars exhaled the odour of nostalgia for the Franco dictatorship[6], until the emergence of cigar-smoking Socialist leader, Mr. Felipe Gonzalez. Since his election victory in 1982, many Socialists have followed his example and switched from Ducados to cigars as they moved towards the political centre[7].

Even so, socialism in Spain has proved to have a human larynx. The hazards of travelling on Spanish trains no longer include being kippered[8]: the Socialist government has installed non-smoking compartments. Smoking is, in theory rather than practice, forbidden in shops and public buildings. A bill approved in November will ban the advertising of tobacco on television.

Yet a packet of Ducados is still cheaper than a litre of milk, and health officials believe it will take bolder measures to wean Spaniards from the weed. The average Spaniard over the age of 14 gasps his or her way through about 2,700 cigarettes a year. About 40% of adults smoke, and 50% of teenagers. Spaniards are the heaviest smokers in the EEC[9] after the Greeks. Cigarettes are still essential props in Spanish stage and film productions; politicians continue to smoke in public, even though the health authorities have asked them to set a non-smoking example. Unsurprisingly, the World Health Organisation’s proposal to peg an anti-smoking campaign on to the 1992 Olympic Games in Barcelona has so far met in Spain with only a vague, smoky response.

Exercice 2

Traduisez le texte «Spain Puffs On».

Exercice 3

Les extraits traduits ci-dessous renferment un contresens ou un non-sens. Faute d’avoir associé aux mots les bons compléments cognitifs, les auteurs de ces traductions n’ont pas été en mesure de rendre correctement le sens du texte de départ. Il leur manquait les connaissances générales nécessaires pour y arriver. Repérez les erreurs et rectifiez-les.

 1. The shadow of Antonio Vivaldi loomed large over the musical Baroque of the early eighteenth century.
*Au début du XVIIIe siècle, Antonio Vivaldi domine le Baroque musical.

 2. Nicotine causes narrowing of the blood vessels in the placenta and further reduces the supply of food and oxygen to the unborn baby. The placenta of the smoking mother tends to be slightly smaller than average. To prepare for breathing after birth, the unborn baby practices some motions of breathing by exercising certain chest muscles.
*La nicotine provoque le rétrécissement des vaisseaux sanguins du placenta, ce qui a pour effet de réduire la quantité de substances nutritives et d’oxygène nécessaire à la croissance du fœtus. Le placenta des fumeuses a tendance à être légèrement plus petit que la normale. Pour se préparer à respirer à sa sortie du placenta, le bébé pratique des mouvements de respiration en exerçant certains muscles de sa cage thoracique.

 3. The problem emerged in acute form in the early part of 1987. Once the Japanese private investors had shown growing reluctance to keep throwing money down the gaping hole of the American budget and current account deficits, the U.S. dollar could only be propped up by international central banks.
*La situation était déjà grave à son origine, au début de 1987. À partir du moment où les investisseurs japonais se sont montrés réticents à engloutir leurs capitaux dans le gouffre des déficits américains (budget et comptes courants), le dollar US a dû être soutenu par les banques centrales internationales.

 4. The next great leap forward in knowledge-acquisition did not occur until the invention of movable type in the fifteenth century by Gutenberg and others.
*Le progrès suivant dans l’acquisition du savoir, nous le rencontrons avec l’invention de la machine à écrire mobile au quinzième siècle par Gutenberg et ses associés.

 5. South Asian artifacts from 2500-1500 BC display veneration of the humped bull.
*Entre les années 2500 et 1500 avant notre ère, les artefacts sud asiatiques vénéraient le taureau à pis.

 6. In Provence, when beautiful ladies, carrying on courtly love affairs with troubadours, washed in bran and lemon water, little did they realize that they were using the same Toledan medicinal concoction used to counteract the calluses which formed on the rear end of the illustrious translators.
*En Provence, les belles dames qui se montraient courtoises à l’égard des troubadours faisaient leurs ablutions dans de l’eau additionnée de son et de citron. Elles étaient bien loin, cependant, de se douter que cette même concoction servait à lénifier les callosités déparant le postérieur des illustres traducteurs de Tolède.

 7. The ancient Greeks and Romans used cork to stopper some of their amphorae, but in the Dark and Middle ages, wine-makers had resorted to bits of twisted rag or pieces of carved wood.
*Dans l’Antiquité, les Grecs et les Romains utilisaient le liège pour sceller certaines de leurs bouteilles, mais à l’âge des ténèbres et au Moyen Âge, les vignerons employaient à cette fin des bouts de chiffon tortillés ou des morceaux de bois taillés.

 8. When the eye focuses on a scene, millions of tiny, light-sensitive elements in the retina are continuously exposed to the image. Through hundreds of thousands of optic nerves, our brain comprehends all parts of the scene simultaneously.
*Quand l’œil regarde un objet, l’image de cet objet excite une myriade de minuscules bâtonnets photosensibles à l’intérieur de la rétine. Grâce à des centaines de milliers de nerfs optiques, le cerveau reconstitue toutes les composantes de l’objet.