Objectif 24

TRADUIRE L’HUMOUR

Dans une réception, une jeune femme confie à l’humoriste américain JAMES THURBER qu’elle trouve ses livres plus drôles en français. Et l’auteur répond: «C’est vrai. Il y a quelque chose qui se perd dans mon original.»

L’HUMOUR est une façon de présenter la réalité de manière à en faire ressortir les aspects plaisants et insolites. Ses manifestations sont nombreuses: jeux de mots (calembours, contrepèteries), imitations, pastiches, blagues, plaisanteries, histoires drôles, titres d’article, slogans, lignes d’accrochage des publicités, anecdotes, textes ou légendes de caricatures, billets d’humeur, mots d’esprit, etc. Les traductions erronées ou volontairement farfelues sont aussi une source intarissable d’humour. À la suite de l’annonce du congédiement de quarante traducteurs au Bureau de la traduction du gouvernement fédéral, un caricaturiste dessina une affiche sur laquelle on pouvait lire: «You’re fired! Vous êtes en feu!»

L’humour est une chose sérieuse et ses fonctions dans la société sont multiples et indispensables. «Je ne plaisante jamais avec l’humour», a écrit l’écrivain, humoriste, journaliste et traducteur hongrois Frigyes Karinthy. Dans les textes pragmatiques, l’humour peut avoir pour fonction de rapprocher un auteur et son lecteur, de susciter son intérêt, de maintenir son attention en alerte ou tout simplement de le distraire. Très utilisé en publicité, il sert à séduire le consommateur. Les allusions ont des fonctions assez semblables (v. l’OS 69).

La traduction d’un texte humoristique, si court soit-il, est une sorte de «récréation» pour le traducteur professionnel, même si parfois rendre la subtilité d’une pointe ou d’un jeu de mots lui donne du fil à retordre. Si la difficulté lui semble insurmontable et qu’il doit déclarer forfait, c’est souvent faute de temps, à cause de la tyrannie des échéances serrées à respecter. Mais il n’est pas dit qu’un autre traducteur plus habile, mieux entraîné, plus inventif et disposant de plus de temps n’aurait pas trouvé une solution heureuse.

On peut dire la même chose de la poésie, réputée elle aussi intraduisible. Or, tout dépend de celui qui traduit, de son inspiration du moment et des conditions dans lesquelles il traduit. «La notion d’intraduisibilité a la vie dure. La conviction que les jeux de langage se montrent résolument réfractaires à la traduction est encore largement répandue», constate Geneviève Quillard (2001: 117). Les limites de la traduction des formes ludiques, toutefois, semblent pouvoir sans cesse être repoussées. En cela, les exploits remarquables des traducteurs talentueux sont comparables aux nouveaux records qu’établissent les athlètes aux Jeux olympiques.

Traiter de la traduction de l’humour, c’est convoquer tout un cortège de notions: allusion, compensation, traduisibilité, adaptation, imitation, implicitation, équivalence des effets, intertextualité, ambiguïté, double entente, créativité, traduction libre, figures de style et concision. L’humour fait aussi largement appel aux concepts de culture, de contexte verbal, de connotations, de référents, de bagage cognitif, de compléments cognitifs, de savoir partagé, de vouloir-dire.

C’est pourquoi, compte tenu de toutes les connaissances et compétences que la traduction de l’humour exige du traducteur, la traduction de ce genre de textes apparaît comme une véritable «école de traduction». Traduire l’humour est un exercice formateur en apprentissage de la traduction. C’est une récréation qui fait appel à la recréation et à l’imagination. Paradoxalement, cet exercice repose à la fois sur des règles et sur une grande liberté créatrice.

Si l’humour était intraduisible, ce thème ne ferait pas l’objet d’un objectif particulier dans le présent manuel. Or, comme l’a bien vu Anne-Marie Laurian, qui a dirigé un numéro spécial de la revue Meta sur le sujet, «si [la] magie de l’humour a son origine dans les performances linguistiques, la traduction de l’humour de langue à langue peut sembler compromise. Pourtant elle est possible» (Laurian, 1989: 5). Et, en effet, tout comme la poésie, l’humour est bel et bien traduisible, comme nous le verrons.

L’objectif recherché ici n’est pas d’exposer une typologie détaillée des difficultés de la traduction de l’humour ni de donner des recettes utiles pour traduire les formules ludiques. Les publications recensées dans les Suggestions de lecture renferment d’excellentes études sur le sujet. Nous nous en inspirerons afin de faire voir la nature des principales embûches que l’humour tend au traducteur. Des exercices serviront ensuite à tester la créativité de chacun.

EXEMPLES DE TRADUCTION

Voici quelques exemples de traductions à première vue intraduisibles et qui prouvent qu’il est possible de trouver dans la langue et la culture cibles des solutions qui produisent le même effet que l’original. Les quatre premiers sont tirés de l’ouvrage de Jacqueline Henry (2003).

Jeux de mots

Calembour

Même si plusieurs auteurs français ont méprisé le calembour, «la fiente de l’esprit qui vole», a dit Victor Hugo, ils en ont parfois eux-mêmes fait usage.

 1. Put not your trust in money, but your money in trust (p. 71).

a.  Ne placez pas votre confiance dans l’argent, placez votre argent dans une maison de confiance.

b.  N’accordez pas de crédit à l’argent, mais accordez votre argent à des maisons de crédit.

La traduction ne joue pas sur un emprunt ou sur un fonds terminologique commun, ni sur des termes formellement identiques, mais sur des mots correspondants qui présentent les mêmes polysémies.

 2. Traduttore, traditore (p. 127)

a.  Traduction, trahison.

b.  Traduire, c’est trahir.

c.  Traduire, c’est trahir un peu. [Sur le modèle «Partir, c’est mourir un peu»]

À ces traductions, on peut ajouter les deux suivantes:

d.  Traducteur, traditeur [La langue de Joachim du Bellay (1522-1560) permettait de conserver la rime originale en français: «Mais que diray-je d’aucuns, vrayement mieux dignes d’estre appelés traditeurs que traducteurs?» (Du Bellay, 1966 [1549]: 39)

e.  Traducteur, trahisseur [Victor Hugo conserve aussi la rime en créant un néologisme: «Toutes les religions ont raison au fond et tort dans la forme. Texte: Dieu. Traducteur, trahisseur. Une religion est un traducteur.» (Hugo, 1961-1964, III: 1599)

 3. Is life worth living? It depends upon the liver (p. 128). Ce calembour est donné comme intraduisible par une théoricienne de la traduction. Pourtant, les traductions ci-dessous sont toutes acceptables.

a.  Peut-on croire encore à la vie? C’est une question de foie.

b.  La vie vaut-elle le coup? Si on y met le prix.

c.  La vie n’est-elle pas vaine? Question de veine.

d.  La vie vaut-elle d’être vécue? Vécue oui, vivotée, non.

Contrepèterie

L’inventeur de la contrepèterie serait Rabelais, qui nous a laissé sans doute la plus connue: «Femme folle à la messe, femme molle à la fesse». On peut citer aussi: «Conan le barbare, Connard le barbant.» «La cuvette est remplie de bouillon, la buvette est remplie de couillons.» Comme les contrepèteries sont souvent grivoises, nous nous limiterons à un seul exemple «grand public»:

 4. [Paroles d’un professeur à un étudiant peu assidu]
You’ve hissed all my mystery lectures au lieu de You’ve missed all my history lectures. (p. 122)
Vous avez raclé toute ma tasse d’histoire au lieu de Vous avez raté toute ma classe d’histoire.

Publicité

En publicité, l’illustration impose une contrainte supplémentaire au traducteur. «Cet élément dominant joue un rôle primordial dans les annonces humoristiques, car l’effet ludique dépend fréquemment de la co-existence des messages visuel et verbal» (Quillard, 2001: 119). Les six exemples suivants sont empruntés à cette auteure.

 5. [Illustration: Voiture General Motors présentée comme cadeau entourée d’un large ruban en forme de chou.]

GM cuts red tape to ribbons (p. 120)

La simplicité GM vous emballera.

 6. [Illustration: Plusieurs bagues de la bijouterie Birks]

Birks has a large collection of hard rock and heavy metal (p. 122)

Solitaires Birks recherchent compagnes de vie!

 7. Having breakdowns from copier breakdowns? Break down and call Kodak (p. 131)

Votre copieur vous lâche et vos nerfs aussi? Lâchez tout et appelez Kodak.

 8. Hellmann’s makes chicken so juicy, all the competition is squawking (p. 132)

Avec Hellmann’s, le poulet est si juteux que la concurrence en perd ses plumes.

 9. Pick a pack of perfect pasta (p. 133)

Ne considérez plus vos pâtes comme des nouilles.

L’allitération, qui occupe une place importante dans le fonds culturel anglo-saxon, n’est pas rendue en français, mais la synonymie des deux substantifs (pâtes et nouilles) de même que la polysémie de nouilles (pâte et personne niaise) livrent un message dont l’humour est immédiatement perçu.

10. Smart haircolour [Colorant capillaire Just 5] (p. 136)

Brillant, ce colorant!

Plaisanteries

La traduction de blagues repose sur un double savoir partagé, linguistique et culturel, par le conteur et les auditeurs, ou l’auteur et le lecteur. «La combinaison dans des proportions variables de ces deux facteurs rend la traduction plus ou moins aisée […]», écrit Anne-Marie Laurian (1989: 6) à qui nous empruntons les six exemples ci-dessous.

 1. — What has fifty legs but cannot walk?

Half a centipede (p. 6)

— Qu’est-ce qui a cinq cents pattes et qui ne peut pas marcher?

— La moitié d’un mille-pattes.

Le chiffre 50 est purement arbitraire et ne renvoie à aucune réalité extralinguistique. Il est donc adaptable en 500.

 2. — What is grey, has four legs, a trunk and flies?

A dead elephant (p. 7)

— Qu’est-ce qui est gris, qui a quatre pattes, une trompe et qui vole?

— Un éléphant cambrioleur.

On perd l’aspect visuel et concret des mouches sur l’éléphant mort, mais on conserve le type de jeu lexical.

 3. — What is grey and sings?

Harry Elephonte (p. 8)

— Qu’est-ce qui est gris et qui chante?

— Nana Masouris.

Pour traduire cette devinette, il faut connaître le chanteur Harry Belafonte, rendre le jeu des sonorités et s’adresser à un public français. La trouvaille est d’avoir réussi à combiner le nom d’une chanteuse célèbre et le nom d’un animal de couleur grise (l’éléphant a disparu, mais on reste dans le monde animal).

 4. A pessimist is one who can only see the hole in the doughnut (p. 8).

a.  Le pessimiste est celui qui ne voit que le trou dans un beigne.
(Public nord-américain)

b.  Le pessimiste est celui qui ne voit que les trous dans le gruyère.
(Public européen)

Cet exemple, comme le suivant, montre que, au-delà des problèmes lexicaux ou syntaxiques (inexistants ici), la traduction doit tenir compte aussi des destinataires et évoquer une réalité qui leur est familière, sans être trop banale pour créer un effet d’amusement.

 5. The doctor gave his patient six months to live. The patient couldn’t pay his bill so the doctor gave him another 6 months (p. 8).

Le médecin annonce à son patient qu’il n’a plus que six mois à vivre. Comme le patient ne peut pas acquitter sa facture, il lui donne six mois supplémentaires.

Ce délai-crédit accordé au patient par le médecin cupide prend tout son relief dans le contexte américain, où le crédit est roi et où les soins de santé coûtent cher et sont à la charge des individus et non de l’État, comme c’est le cas en France ou au Canada.

 6. Lubasky’ law of cybernetic entomology:

There’s always one more bug (p. 9).

Loi de l’arboriculture cybernétique de Lubasky:

Il y a toujours un pépin supplémentaire.

L’humour naît de la généralisation et du style de l’énonciation et non plus des données historiques, culinaires, linguistiques ou autres. Présenté comme une loi valable dans toutes les situations, l’énoncé prend un aspect pompeusement scientifique. En outre, le domaine a changé: le couple cybernetic et bug a été remplacé par l’«arboriculture» et le «pépin».

Ces quelques exemples suffisent à démontrer que la traduisibilité de l’humour n’est pas une utopie. Le français peut être tout aussi imagé que l’anglais. Les excellentes solutions proposées par les trois auteures citées reproduisent les effets ludiques et savoureux des textes anglais, même lorsque les jeux de mots sont subordonnés à une illustration. «Dans la grande majorité des cas, les traductions sont aussi complexes et aussi riches que les textes originaux. Il arrive même que les effets sémantiques soient plus nombreux dans les textes cibles» (Quillard, 2001: 140-141).

Quoi qu’il en soit, la palme de l’humour involontaire revient incontestablement à ce titre pour le moins ambigu d’un article de presse: «Belgian Church will help clergy abuse victims».

Suggestions de lecture

Henry, Jacqueline (2003), La traduction des jeux de mots.

Laurian, Anne-Marie (1989), «Humour et traduction au contact des cultures».

Quillard, Geneviève (2001), «La traduction des jeux de mots dans les annonces publicitaires».

V. aussi: Bellos (2011, 2012); Delabastita (1996).

EXERCICES D’APPLICATION

Exercice 1

Traduisez les «enseignements» ci-dessous de manière percutante.

Six Pearls of Irish Wisdom

 1. Money cannot buy happiness but somehow, it’s more comfortable to cry in a Mercedes Benz than it is on a bicycle.

 2. Forgive your enemy but remember the bastard’s name.

 3. Help a man when he is in trouble and he will remember you when he is in trouble again.

 4. Many people are alive only because it’s illegal to shoot them.

 5. Alcohol does not solve any problem, but then neither does milk.

 6. Only Irish coffee provides in a single glass all four essential food groups: alcohol, caffeine, sugar and fat.

Exercice 2

Traduisez les affiches humoristiques ci-dessous.

Chuckles

 1. [Dans la salle de toilette d’un immeuble de bureaux à Londres]
Toilet out of order. Please use floor below.

 2. [Dans une laverie automatique]
Automatic washing machines: please remove all your clothes when the light goes out.

 3. [Dans un grand magasin de Londres]
Bargain basement upstairs.

 4. [Dans un bureau]
Would the person who took the step ladder yesterday please bring it back or further steps will be taken.

 5. [Dans un bureau]
After tea break staff should empty the teapot and stand upside down on the draining board.

 6. [Dans la vitrine d’un commerce de bric-à-brac]
We exchange anything—bicycles, washing machines, etc. Why not bring your wife along and get a wonderful bargain?

 7. [Dans la vitrine d’un magasin de produits santé]
Closed due to illness.

 8. [Dans un parc safari]
Elephants please stay in your car.

 9. [Dans un congrès]
For anyone who has children and doesn’t know it, there is a day care on the 1st floor.

10. [Dans le champ d’un fermier]
The farmer allows walkers to cross the field for free, but the bull charges.

11. [Sur un dépliant]
If you cannot read, this leaflet will tell you how to get lessons.

12. [Sur la porte d’un atelier de réparation]
We can repair anything. (Please knock hard on the door—the bell doesn’t work.)

Exercice 3

Traduisez les fines observations de Dilbert, personnage de la bande dessinée satirique créée par l’Américain Scott Adams. Le succès de Dilbert, ingénieur informaticien, tient à sa description pénétrante et malicieuse du monde kafkaïen de l’entreprise.

Dilbert’s One Liners

 1. I say no to alcohol, it just doesn’t listen.

 2. A friend in need is a pest indeed.

 3. Marriage is one of the chief causes of divorce. (Oscar Wilde)

 4. Work is fine if it doesn’t take too much of your time.

 5. When everything comes in your way, you’re in the wrong lane.

 6. The light at the end of the tunnel may be an incoming train.

 7. Born free, taxed to death.

 8. Everyone has a photographic memory, some just don’t have film.

 9. Life is unsure; always eat your dessert first.

10. Smile, it makes people wonder what you are thinking.

1 1. If you keep your feet firmly on the ground, you’ll have trouble putting on your pans.

12. It’s not hard to meet expenses, they are everywhere.

13. I love being a writer… what I can’t stand is the paperwork.

14. A printer consists of 3 main parts: the case, the jammed paper tray and the blinking red light.

15. The guy who invented the first wheel was an idiot. The guy who invented the other three, he was the genius.

16. The trouble with being punctual is that no one is there to appreciate it.

17. In a country of free speech, why are there phone bills?

18. If you cannot change your mind, are you sure you have one?

19. Beat the 5 o’clock rush, leave work at noon!

20. If you can’t convince them, confuse them.

21. It’s not the fall that kills you. It’s the sudden stop at the end.

22. I couldn’t repair your brakes, so I made your horn louder.

23. The cigarette does the smoking, you are just the sucker.

24. Someday is not a day of the week

25. Whenever I find the key to success, someone changes the lock.

26. To err is human, to forgive is not a Company policy.

27. The road to success is always under construction.

28. In order to get a loan, you first need to prove that you don’t need it.

29. All the desirable things in life are either illegal, expensive, fattening or married to someone else.

30. No one will believe you solved this problem in one day! We’ve been working on it for months. Now, go act busy for a few weeks and I’ll let you know when it’s time to tell them.

Exercice 4

Traduisez les anecdotes ci-dessous.

Translation Problems

 1. The Chevrolet Nova sold less well in Latin America than Chevrolet’s marketeers had forecast. It was then brought to the company’s attention that in Spanish, “No va” means “doesn’t go”.

 2. When Coca-Cola was first sold in China, its erstwhile slogan “Coke adds life” was translated into Chinese. The Chinese ideograms, when translated back into English, read “Coke brings your ancestors back from the dead”. This might have affected the sales.

 3. The grocery store chain Konsum in Sweden had a minor problem with their Hungarian costumers shoplifting in the chain’s convenience store Servus. “Servus” means “Yours for free” in Hungarian.

 4. One of the senior editors of a Swedish motor magazine quite surprisingly refused to travel to the U.S. for an international motor magazine convention. He had been attending the previous year, and blankly stated that he wouldn’t go again. He worked for Fart Magazine, “fart” being the Swedish word for speed.

 5. Some scientists were testing a program that could translate from English to Chinese and back again. They fed into their computer the English phrase “Out of sight, out of mind,” and out came some Chinese ideograms. Since none of the scientists in the room at that moment knew Chinese well enough to determine whether the computer’s Chinese translation had captured the spirit of the English phrase, they fed the ideograms back into the computer. The translation back into English read “Invisible idiot”.

Exercice 5

Texte 30

Auteure: Cindy Timms

Source: Weekly World News

Genre de publication: Magazine

Domaine: Fait divers, légende urbaine (?)

Public visé: Grand public

Nombre de mots: 240

Worker Dead at Desk for 5 Days

Bosses of a translating firm are trying to work out why no one noticed that one of their employees had been sitting dead at his desk for FIVE DAYS before anyone asked if he was feeling okay. George Deba, 51, who had been employed as a translator at a New York firm for 30 years, had a heart attack in the open-plan office he shared with 23 other workers. He quietly passed away on Monday, but nobody noticed until Saturday morning when an office cleaner asked why he was still working during the weekend. His boss Elliot Wachiaski said: “George was always the first guy in each morning and the last to leave at night, so no one found it unusual that he was in the same position all that time and didn’t say anything. He was always absorbed in his work and kept much to himself.” A post-mortem examination revealed that he had been dead for five days after suffering a coronary. Ironically, George was proofreading a badly translated text given to him by a colleague who was on sick leave. It was a translation of a medical exam that required final approval before handing it in for publishing. He died while in the process of proof reading. You may want to give your co-workers a nudge occasionally. And the moral of the story: “Don’t work too hard. Nobody notices anyway.”

Exercice 6

Texte 31

Auteure: Polly Stewart

Source: The Columbian (Vancouver)

Genre de publication: Journal

Domaine: Humour

Public visé: Grand public

Nombre de mots: 450

Serious Science Reveals World’s Funniest Joke

London—After months of serious study and much merriment, 100,000 people have voted on the world’s funniest joke.

In an experiment named Laughlab, a joke about Sir Arthur Conan Doyle’s famous fictional detective Sherlock Holmes and his sidekick Dr. Watson emerged a clear winner Thursday from 10,000 entries.

The joke: Sherlock Holmes and Dr. Watson go camping, and pitch their tent under the stars. During the night, Holmes wakes his companion and says: “Watson, look up at the stars, and tell me what you deduce.”

Watson says: “I see millions of stars, and even if a few of those have planets, it’s quite likely there are some planets like Earth, and if there are a few planets like Earth out there, there might also be life.”

Holmes replies: “Watson, you idiot. Somebody stole our tent.”

The experiment, devised by Dr. Richard Wiseman of the University of Hertfordshire, also looked at differences in humor between men and women and among people of 11 nations.

Big differences emerged between the jokes liked by men and women, with men favoring jokes involving aggression, putting down women and sexual innuendo.

Women preferred jokes involving word play such as: A man walks into a bar with a piece of tarmac under his arm. He says to the bartender: “A pint for me, and one for the road.”

Laughlab, organized in conjunction with the British Association for the Advancement of Science, claimed it was the largest experiment of its kind ever conducted. Volunteers were asked to log on to an Internet site where they could rate jokes and add their own.

The joke voted the world’s second-funniest was submitted from the United States, Wiseman said. It reads as follows:

Two hunters from New Jersey are out in the woods when one of them falls to the ground. He doesn’t seem to be breathing. The other whips out his mobile phone and calls the emergency services. He gasps out to the operator: “My friend is dead. What can I do?”

The operator in a calm soothing voice says “Just take it easy. First let’s make sure he’s dead.”

There is a silence, then a shot is heard. The guy’s voice comes back on the line. He says: “OK, now what?”

Germans rated more jokes “very funny” than people of any other nationality.

Being easily amused is not the same as having a good sense of humor, however.

One of the favorite jokes in Germany was: “Why is television called a medium? Because it is neither rare nor well-done.”

Other jokes rated as supremely funny in different countries were as follows:

France: “You’re a high-priced lawyer! If I give you $500, will you answer two questions for me?”

“Absolutely! What’s the second question?”