Au sens de «concerné», «intéressé», impliqué est condamné depuis assez longtemps. Mais malgré tous les interdits, il a le vent dans les voiles.
FRèDELIN LEROUX FILS
LE VERBE «impliquer» surgit spontanément à l’esprit lorsqu’il faut traduire to involve. Il se dit aussi bien des personnes que des choses. Mais est-ce le mot juste dans tous les cas? Jusqu’à ces récentes années, lorsqu’on l’employait en parlant de personnes, «impliquer» ne suggérait rien de positif. Chargé d’une nuance péjorative, il évoquait l’idée de responsabilité relativement à une erreur ou à une faute comme dans l’exemple «Ce député, impliqué dans une affaire de mœurs, s’est vu forcé de remettre sa démission.»
Sans doute sous l’influence de l’anglais, le verbe français a élargi son champ sémantique. Le Grand Dictionnaire encyclopédique Larousse (1983) consigne en effet cette nouvelle acception: «S’impliquer dans qqch (abstrait), mettre beaucoup de soi-même dans l’activité que l’on fait, la relation qu’on a avec les autres, etc.; investir: S’impliquer dans son travail.» Et le Petit Larousse de 1984 imite son grand frère, mais ajoute la marque d’usage «familier»: «(fam.) S’impliquer dans qqch, s’y donner à fond.»
«Impliquer» se dit aussi des choses. Il exprime alors un rapport de nécessité entre deux faits ou deux phénomènes, l’existence de l’un supposant celle de l’autre. Dans cette acception, il est synonyme de «comporter, supposer, nécessiter» (ex.: La volonté de réussir implique celle de travailler ferme). Dans la description d’un accident de la circulation, on parlera de préférence des «voitures accidentées» plutôt que des «voitures impliquées».
Le verbe «impliquer» est encore considéré comme un anglicisme, notamment dans le Multidictionnaire (Villers, 2009), lorsqu’il est employé au sens de «concerner, intéresser, toucher, viser», sens dérivé de to involve. Exemple: «*Je m’intéresse aux programmes sociaux, mais ne me sens pas très impliqué.» Les dictionnaires de langue française n’ont pas encore consigné cette acception qui, à vrai dire, n’est pas indispensable.
On gagne souvent en précision et en élégance à lui préférer un synonyme, et ils sont nombreux. L’énoncé suivant est ambigu: «*Parmi les bailleurs de fonds figurent à la fois des mécènes et des commerçants directement impliqués». Par «impliqués», veut-on dire «concernés» ou «engagés»? Cette ambiguïté serait levée par l’emploi d’un mot plus précis.
Voici une liste de verbes et de locutions verbales utiles, selon les contextes, pour éviter les emplois contestables d’«impliquer», verbe qui ne saurait servir d’équivalent passe-partout à to involve.
avoir affaire à avoir pour conséquence comporter (des risques) comprendre compromettre (son honneur) engager entraîner être en cause être en jeu être entraîné être lié être mêlé à |
être pris (dans quelque chose) faire appel à mettre en cause (des personnes) mettre en jeu (des influences) nécessiter occasionner (des dépenses) participer à présupposer renfermer s’étendre à s’occuper de soulever (des questions) |
Nous laisserons le mot de la fin à Frèdelin Leroux fils qui établit une distinction utile: «(Fam.) S’impliquer dans qqch., s’y donner à fond. [C]e nouvel emploi a des chances de rencontrer la faveur des amateurs de bon langage […]. Mais pour ce qui est de notre anglicisme (impliqué au sens de «concerné», «intéressé»), jusqu’à ce que les dictionnaires français lui ménagent une petite place, j’ai bien peur qu’il ne demeure sur la liste noire des intrus. Il faut reconnaître qu’il n’est pas indispensable. On gagnera souvent en précision — voire en élégance — à lui préférer un synonyme.» (Leroux fils, 2002: 61 et 62).
Une fois de plus, on constate que l’interprétation contextuelle est préférable aux automatismes de traduction, aux tics de traducteur et au réflexe morphologique.
a. Because of the specific national interests involved, trade in uranium has frequently been the subject of political dispute. | a. En raison des intérêts nationaux en cause, le commerce de l’uranium a souvent été à l’origine de différends politiques. |
b. Stewart has been actively involved with both developers and town council. | b. M. Stewart a joué un rôle actif auprès des promoteurs immobiliers et du conseil municipal. |
c. The system involved in the study utilizes wave power to compress air for driving a turbine. | c. Le dispositif étudié fait appel à l’énergie des vagues pour comprimer l’air et ainsi actionner une turbine. |
d. For many years, industry has been faced with solving a broad spectrum of problems involving cleaning and surface preparation. | d. Depuis longtemps, l’industrie est aux prises avec des tâches très variées de nettoyage et de préparation des surfaces. |
Leroux fils, Frèdelin (2002), Mots de tête, p. 60-63.
Exercice 1
1. Without minimizing the importance of the linguistic analysis involved in literary translation, it must be recognized that literary translation demands literary ability.
2. Unlike interpretation, translation essentially involves working with written texts, and the method outlined in this book applies only to texts designed to be read, not spoken.
3. The two cars involved in the accident were a total loss. [Collision]
4. He is involved in a series of difficulties. [Non frauduleuses]
5. Most of industry’s innovations involve the common products that society uses and consumes: better hockey sticks, new drugs, superior crop harvesters, and so on.
6. Our society seems to value only those involved in the production of goods and services.
7. One exercise that should prove invaluable in helping students involves the preparation of texts for dictaphone translation. Such preparation obviously does not involve writing out a translation in extenso.
8. Men are more likely to be involved in purchase decisions involving items that are either expensive or technologically intricate.
9. Those of us who are involved with language policy and bilingualism on a daily basis may be inclined to assume that what French immersion is all about must be common knowledge to everybody.
10. You can’t improve welding practice until you increase the knowledge level of the people involved.
Exercice 2
Texte 42
Auteure: Laura K. Lawless
Source: About. com Guide (part of the New York Times Company)
Genre de publication: Guide d’éducation
Domaine: Perspectives d’emploi
Public visé: Étudiants en langue
Nombre de mots: 390
Translation and interpretation, while related (and often confused), are two very different skills. This introduction should give you an idea of what they are like, but please use the links in the Additional Resources box to find more detailed information.
Both translation and interpretation lend themselves particularly well to freelance work (telecommuting) and both are involved with the transfer of meaning from one language to another, but there is a difference in how they do this.
A translator is a person who works with written language. Typical kinds of work include translating books, instructions, software manuals, and other documents.
An interpreter is a person who orally transfers from one language to another. Interpreters work mainly in international organizations (e.g., the United Nations, NATO) and the government, but are also found in the travel and tourism sector. This transfer may be simultaneous (the interpreter listens to the speaker through headphones and interprets into a microphone) or consecutive (the interpreter takes notes and delivers his/her interpretation after the speaker).
Translation and interpretation are highly competitive fields. If you want to be a translator and/or interpreter, you need more than just fluency in two or more languages. Here are some things to give you an edge, listed from essential to highly recommended:
— Certification by the American Translators Association or other translation/interpretation organizations
— Translation/interpretation degree
— Specialization in one or more fields1
— Membership in at least one translation organization
— Although the Internet has opened up worldwide communication and makes it easier than ever for translators to work at home, you might find more clients if you live in the country of your second language. For example, if you’re a native English/fluent French speaker, you might find more work if you live in France rather than an anglophone country.
To survive as an interpreter, you must be willing and able to travel at a moment’s notice and put up with often cramped conditions (e.g., too small interpretation booths with more than one interpreter).
A related job/skill is localization, which has to do with the translation and “globalization” of websites, software, and other computer-related programs.
1. Translators and interpreters are often specialized in various fields like medicine, finance, law, etc., in order to better meet the needs of particular niches in the market.