Objectif 59

NÉGATIVATION

Languages differ essentially in what they must convey and not in what they may convey.

ROMAN JAKOBSON

DANS SON ESSAI Le poisson et le bananier. Une histoire fabuleuse de la traduction, David Bellos compare le titre original de la comédie romantique américaine It’s Complicated (2009) et le titre de la version française du film. Les héros, interprétés par Alec Baldwin et Meryl Streep, éprouvent l’un pour l’autre un retour de flamme quelques années après leur divorce. Les «complications» auxquelles le titre fait allusion comprennent, entre autres, la nouvelle épouse de Baldwin, soupçonneuse et toujours aux aguets, ainsi que les trois enfants du premier lit devenus de jeunes adultes.

Même si une traduction littérale du titre C’est compliqué était possible, les distributeurs ont préféré retenir comme titre français Pas si simple! Le sens n’est pas différent, mais, comme le remarque l’auteur, la composition de ce titre respecte un certain usage de la langue et les lois du genre (Bellos, 2012: 89-90). Il aurait pu ajouter également que, le français, dans certaines situations de communication, marque une certaine prédilection pour la négativation, comme nous le verrons dans la suite de cette présentation. La négativation — on voit aussi négativisation — est le fait de traduire une structure positive dans la LD par une structure négative dans la LA, car celle-ci est plus idiomatique (v. le Glossaire).

La fréquence relative des tours négatifs en anglais et en français n’a pas fait l’objet jusqu’ici de nombreuses études comparatives. Deux auteures, cependant, se sont intéressées à cet aspect particulier du discours dans une perspective comparative. Il s’agit de Suzanne Pons-Ridler et de Geneviève Quillard, que nous remercions de nous avoir permis d’utiliser le fruit de leurs recherches pour exposer cette difficulté du maniement du langage. Leurs travaux, cités dans les Suggestions de lecture, tendent à confirmer la propension de la langue française à employer des constructions négatives.

Les textes français renferment, en effet, un plus grand nombre de tours grammaticalement négatifs que les textes anglais. Cette tendance se vérifie aussi dans les traductions. Dans les écrits bilingues dépouillés, la proportion de formes négatives en français correspondant à des structures affirmatives en anglais variait de 12 à 35 %, soit une moyenne de 17,5 %, ce qui est statistiquement significatif.

Ce phénomène discursif a donc sa place dans un manuel d’initiation à la traduction générale, car traduire littéralement certaines formes affirmatives anglaises produit de subtiles interférences et des énoncés qui sonnent faux. Capables de mieux dissocier les langues, les futurs traducteurs, conscients de cette réalité, pourront donner à leurs traductions toute l’authenticité des textes rédigés spontanément en français.

Les traducteurs d’expérience ont tendance à reprendre instinctivement les formes que privilégie la langue d’arrivée. Leurs traductions renferment un grand nombre de structures négatives, bien que la formulation originale anglaise soit affirmative: «Je ne te cache pas que…», «Ce n’est pas une mince affaire que de…» «Ces résultats ne sont pas étrangers au fait que…», «Vous n’êtes pas sans savoir que…», etc.

a. Hold the line, please. [Téléphonie] a. Ne quittez pas, s’il vous plaît.
b. Remember to lock the door. b. N’oublie pas de verrouiller la porte.
c. There is ample evidence that, as they conquer a country, the Nazis impose their own methods of government. c. Les preuves ne manquent pas que les nazis imposent leurs méthodes de gouvernement aux pays conquis.

Après analyse des nombreux exemples de leur corpus, Suzanne Pons-Ridler et Geneviève Quillard ont classé en six grandes catégories les structures négatives extraites de divers textes pragmatiques traduits (circulaires, notes de service, brochures, bulletins d’information, etc.).

1. Les formes interro-négatives

Ces formes sont surtout employées pour les questions de la vie courante ou les questions rhétoriques, ou pour éviter un impératif qui risquerait d’être perçu comme un ordre.

a. How about a doghouse for your next creation? [Jeu Lego] a. Pourquoi ne pas construire une niche à chien maintenant?
b. We asked the students if they had any questions for us. b. Nous avons demandé aux étudiants s’ils n’avaient pas quelques questions à nous poser.

2. Les litotes

Dans son Précis des figures de style, Christine Klein-Lataud donne de la litote la définition suivante: «La litote (d’un mot grec signifiant faiblesse) est la figure par laquelle, au lieu d’affirmer positivement une chose, on nie absolument son contraire.» Et l’auteure apporte la précision suivante concernant la négation:

Il existe deux types de négation, la négation grammaticale et la négation lexicale. La première oppose deux contradictoires: aimer/ne pas aimer. La seconde oppose deux contraires: aimer/haïr. Nier un terme ne signifie pas affirmer son contraire mais pose seulement une contradiction. Ne pas aimer ne signifie pas haïr, ne pas haïr ne signifie pas aimer. La figure vient remplir l’espace existant entre le contradictoire et le contraire, c’est-à-dire entre un terme et la négation du terme opposé. Ne pas haïr devient aimer, pas mauvais devient excellent (Klein-Lataud, 2001: 94-95).

La litote est une figure très courante dans le parler de tous les jours: «Il n’est pas mal», «Ce n’est pas mauvais», «Elle n’est pas bête». Les anglophones utiliseront de préférence la forme affirmative tempérée par un modificateur tel que quite, fairly, rather. Ex.: He is quite good-looking. It’s quite good. She is quite smart.

a. But it soon turned out to be the best thing that ever happened. a. Mais on a vite constaté qu’on n’aurait pu désirer mieux.
b. Pushing it up and down the sides of knotty trees all day was hard work. b. Passer cet instrument le long d’arbres noueux toute la journée n’était pas une sinécure.

3. Les tournures impersonnelles

D’un usage très courant, les tournures impersonnelles servent, entre autres, à structurer le discours et à garder une distance par rapport à ce qui est dit: «Il n’en demeure pas moins que», «Il n’en faut pas plus pour que», «Il n’en est pas moins vrai que».

a. Sex trade workers are often paid a premium by their clients to engage in unprotected sex. a. Il n’est pas rare que des travailleuses du sexe reçoivent une prime de leurs clients pour avoir des relations sexuelles non protégées.
b. The Belgian model proves to be a “separate-but-equal” recipe for non-communication. b. Il n’en demeure pas moins que le modèle belge est un régime de langues «séparées mais égales», un régime de non-communication.

4. Les locutions formées d’un marqueur négatif

Exemples de locutions de ce genre: «n’empêche que», «sans compter que», «non sans raison».

a. The fact remains that this government is sitting on its hands when it comes to Conservative lobbyists. a. Il n’empêche que ce gouvernement reste les bras croisés face aux lobbyistes conservateurs.
b. That’s why whitewater kayaking is one of the fastest growing outdoor sports in Canada, and for many good reasons. b. Le kayak en eau vive gagne de plus en plus en popularité au Canada, non sans raison.

5. Les expressions idiomatiques plus ou moins figées

Ex.: You are welcome: Il n’y a pas de quoi. Make yourself at home: Ne vous gênez pas. Come back soon: Ne tardez pas à revenir. He keeps telling me…: Il n’arrête pas de me dire… I am staying here: Je ne bouge pas. Please walk in: Entrez sans frapper. I understand that…: Sauf erreur…

a. As soon as I saw Hawaii, I thought to myself this is out of this world. a. Dès le premier regard sur Hawaï, j’ai su que je n’avais jamais rien vu de pareil.
b. Tourism officials also realize that vacation trends change with the times. b. Les responsables du tourisme se rendent bien compte que les vacanciers ne sont plus ce qu’ils étaient.

6. Les semi-négatifs

Il s’agit des couples «ne… que», «ne… guère» et du «ne» explétif. Ces semi-négatifs contribuent à donner au discours français une apparence négative, apparence souvent trompeuse, car la forme dite restrictive possède assez fréquemment une valeur d’insistance.

a. Listening to her lovely voice, I longed for home and my island. a. En écoutant sa jolie voix, je n’avais qu’une envie, rentrer chez moi dans mon île.
b. Few reminders of Gilbert remain. b. Il ne reste guère de traces de Gilbert.

Dans leur article «Pédagogie de la négation», Suzanne Pons-Ridler et Geneviève Quillard poussent plus loin leur analyse et examinent en détail le phénomène de la négativation du discours du point de vue de trois catégories grammaticales importantes:

a)  Les verbes. They lose their trust in people: Ils n’ont plus confiance en personne. Remember…: N’oublions pas… Keep tuned to your newsletter: Ne manquez pas de lire votre bulletin.

b)  Les adverbes. It is very easy to do: Rien de plus facile. Students can easily meet with professors: Les étudiants n’ont aucun mal à rencontrer leurs professeurs.

c)  Les adjectifs. Envisaging the future means different things to different people: Sonder l’avenir est un exercice qui n’a pas le même sens pour tous.

Une caractéristique forte

De leur étude se dégage un nombre impressionnant d’occurrences «fiables», c’est-à-dire d’emplois que l’on peut considérer comme idiomatiques et véritablement inscrits dans les habitudes d’expression des locuteurs de langue française. Cette prédilection pour les tournures négatives se vérifie aussi par la présence des doubles négations, comme dans cette phrase de l’académicien Jean d’Ormesson: «Il y a des moments dans l’Histoire où les intellectuels ne peuvent pas ne pas s’engager» (Le Devoir, 14 mai 2012).

La forte récurrence des tours négatifs en français nous force donc à admettre que le discours français est, pour ainsi dire, imprégné de cette façon d’envisager le monde. Conscient de cette réalité discursive, le traducteur cherchera à couler sa traduction dans le moule de la pensée française. En appliquant les ressources de la négativation (formes interro-négatives, tournures impersonnelles négatives, litotes, idiotismes et locutions à sens négatif), il atténuera au besoin les affirmations trop directes ou adoucira les impératifs. C’est encore une fois sa connaissance de la langue d’arrivée et surtout sa «sensibilité linguistique» (v. le Glossaire) qui lui dicteront les modulations à faire pour respecter les habitudes des locuteurs de langue française.

Un bémol pour finir

Il ne faudrait pas croire, cependant, que l’inverse ne se rencontre jamais. Il y a aussi, mais en nombre beaucoup moins élevé, des expressions négatives anglaises qui sont mieux traduites par une formulation affirmative en français comme Don’t make me laugh: Laissez-moi rire; I don’t mind: Ça m’est égal; Please do not litter: Respectez l’environnement (inscription sur les gobelets de la chaîne Tim Hortons).

De même, selon Robert Catherine, auteur du classique Le style administratif, la phrase administrative aimerait trop les tournures négatives. Les formules indirectes telles que «il n’est pas douteux que», «je ne sous-estime pas», «je ne manquerai pas de», «vous n’ignorez pas que», «il n’est pas opportun de», «cette mesure n’est pas de nature à» appartiennent au «vieux style administratif». Une fois sur deux, elles pourront céder la place au style direct au profit de la brièveté et de la clarté: «vous savez que», «j’estime cette mesure inefficace», etc. (Catherine, 2005: 112).

La négativation du discours s’impose donc dans beaucoup de cas comme la démarche naturelle de la langue française, l’inverse est parfois vrai, et il faut éviter d’en abuser dans les documents administratifs. L’étude de cette difficulté de traduction nous enseigne une fois de plus qu’il sera toujours hasardeux de prescrire des règles rigides et intangibles pour guider l’apprentissage de la traduction. On peut tout au plus dégager des tendances et montrer ce qui se fait, ce qui s’écrit.

Autres exemples de traduction

a. I am a bit biased. a. Je ne suis pas complètement objectif.
b. This shows that this is a long-standing debate. b. Cela montre bien que ce débat ne date pas d’hier.
c. Canada has yet to implement that regulation, although it exists. c. Le Canada n’a toujours pas mis ce règlement en vigueur, bien qu’il existe.
d. The vast majority of workers want to see the retirement age stay at 65, as opposed to going to 67. d. La vaste majorité des travailleurs ne veulent pas que l’âge de la retraite passe de 65 à 67 ans.
e. What can be easier than putting a zero on several pages of an electronic form? e. Je ne vois pas en quoi il serait difficile d’indiquer zéro sur plusieurs pages d’un formulaire électronique.
f. I have to say a few words about the Parliamentary Secretary to the Minister of Finance, who says she is a proud union member. f. Je n’ai pas le choix de dire quelques mots au sujet de la secrétaire parlementaire du ministre des Finances, qui a dit être une fière syndiquée.

Dans la version française du texte «The Hospital Hierarchy» ci-dessous, les passages en gras ont été traduits par une tournure négative.

Texte 66

Auteure: Diane Hartwick

Source: Canadian Consumer

Genre de publication: Magazine d’information

Domaine: Santé

Public visé: Grand public

Nombre de mots: 269

The Hospital Hierarchy

Recently a major newspaper, regularly chock-full of stories about nurses accused of murdering babies, outlined another less dramatic—but equally disturbing—hospital experience. A young mother was resting comfortably after giving birth when a nurse appeared with a large needle and prepared to administer the medication. The patient immediately balked. She knew her doctor would never prescribe medication without carefully discussing it with her first. The nurse was asked to double-check. The hypodermic was found to have been ordered for another patient.

It takes confidence to question a hierarchical system such as a hospital’s where employees, as well as clients, are conditioned to follow “orders.” And it’s hardly regular for anyone in that system to take “orders” from patients lying on their backs. But more and more patients are demanding to become fully informed partners in the health care system. At the same time, most patients hardly wish to alienate the hospital staff and risk receiving resentful care at a time when they’re least physically capable of asserting appropriate demands. Still, the rise of patient ombudsmen in hospitals indicates a growing recognition that reasonable queries have too often not been answered, to the detriment of hospital reputations as well as the well-being of the people in care.

The question then becomes one of how best to assert yourself in a hospital setting. How can you ensure that you’re receiving the best possible treatment when you don’t personally know anyone around you? How can you get certain troublesome details of your health care changed? Naturally the most successful patients in such circumstances are those who understand the idiosyncrasies of the hospital system.

Version française

La hiérarchie hospitalière

Un grand journal, qui multiplie les articles sur l’affaire des infirmières accusées d’avoir tué des bébés, a rapporté récemment un autre cas qui, bien que moins dramatique, n’en est pas moins alarmant. Une jeune mère se reposait paisiblement à la suite d’un accouchement lorsqu’une infirmière, armée d’une longue aiguille, se présenta pour lui faire une piqûre. La jeune femme lui signifia qu’il n’en était pas question, sachant pertinemment que son médecin n’aurait jamais prescrit de médicaments sans d’abord lui en parler. Vérification faite, l’injection hypodermique était bel et bien destinée à une autre personne.

Il ne faut pas manquer d’audace [var. Il ne faut pas avoir froid aux yeux] pour contester un système hiérarchique comme celui d’un hôpital, où l’on s’attend à ce que le personnel et les malades obéissent aux «ordres». Personne n’a l’habitude d’y recevoir des instructions venant de patients cloués au lit. N’empêche qu’un nombre croissant de malades exigent d’être informés et de jouer un rôle actif au sein des services de santé. Ces mêmes malades ne veulent cependant pas se mettre à dos le personnel hospitalier ni courir le risque de recevoir des soins moins attentionnés, alors que leur état physique les place dans une position de faiblesse pour faire valoir leurs droits. La présence de plus en plus fréquente de protecteurs des malades dans les hôpitaux semble indiquer que ces établissements n’ont pas su donner suite aux doléances justifiées des personnes hospitalisées. La réputation des hôpitaux en a souffert, tout comme la qualité des soins.

Comment alors affirmer ses droits en milieu hospitalier? Comment, entouré d’inconnus, peut-on être sûr de recevoir les meilleurs soins possible? Comment arriver à faire modifier certains aspects désagréables de ses traitements? Les malades qui réussissent le mieux à tirer leur épingle du jeu sont évidemment ceux pour qui les services hospitaliers n’ont pas de secret.

Suggestions de lecture

Pons-Ridler, Suzanne et Geneviève Quillard (1991a), «Quelques aspects de la négation: comparaison de l’anglais et du français».

Pons-Ridler, Suzanne et Geneviève Quillard (1991b), «Le discours français: vers une négativisation accrue».

Pons-Ridler, Suzanne et Geneviève Quillard (1991c), «Stylistique comparée: la forme interro-négative en français et en anglais».

Pons-Ridler, Suzanne et Geneviève Quillard (1992), «Pédagogie de la négation».

EXERCICES D’APPLICATION

Exercice 1

Les passages en gras des extraits suivants peuvent être traduits par une tournure positive ou négative. En les traduisant, demandez-vous laquelle de ces structures est la plus idiomatique.

 1. Iron wood, a wood so heavy it will sink in water. [Iron wood: sidéroxylon]

 2. John Steele tried to promote his company in every way possible. [Transporteur aérien]

 3. Let’s say a bomb goes off in Mecca. That might seem like a religious story. But it would also be bound to affect the energy-exporting countries.

 4. We’re continually investing in developing products. [Société canadienne des postes]

 5. The demand for translation is growing constantly. [Bureau de la traduction]

 6. Yes, it is unusual when a company president encourages customers to use less of his product. [Ontario Hydro]

 7. This building is smoke free.

 8. For there is still a vast majority in this country for whom success means far more than the dollar and cheap shot. [This country est le Canada]

 9. Traffic technicians are concerned with more than just aircraft loading.

10. Football fans had been staying away from games in droves, and with good reason.

Exercice 2

Traduisez les passages ci-dessous par une tournure négative.

 1. When someone suggests you have another drink “just to keep me company,” bear in mind that some people can drink more than others.

 2. Along some of the more popular recreational waterways, boaters and property owners can sometimes get on each other’s nerves.

 3. Remember cottage property is private property, and you need permission to enter it or you are trespassing.

 4. Unable to compete with domestic livestock for food and over-hunted, bighorns were soon eliminated from all but the most rugged and remote portions of their range.

 5. The bighorn ewe is somewhat smaller and finer-boned than the ram. Her horns remain small and goat-like throughout life, and for this reason ewes and lambs are sometimes mistaken for Rocky Mountain goats.

 6. Buyers of new refrigerators often move the old unit to basement and keep it running for the extra capacity it provides. Think twice before you do this: it usually takes a lot less energy to operate one large refrigerator than two smaller ones […].

 7. Having a life beyond the home, the working woman has her share of problems as well.

 8. Beyond its traditional responsibilities for reconsidering legislation previously passed by the Commons, the Senate is also involved in other, earlier stages of the parliamentary process.

 9. In addition to their duties in the Chamber itself, and intensive committee work, Senators are also engaged in governmental, parliamentary and even diplomatic activities. The Government Leader in the Senate is normally a member of Cabinet and other Senators often serve as ministers.

10. Our yards are our own personal parks. We have complete control over them and we can make them into “pockets of paradise.”

Exercice 3

Texte 67

Auteur: Anonyme

Source: Organisme d’aide sociale à but non lucratif

Genre de publication: Dépliant

Domaine: Services sociaux

Public visé: Grand public

Nombre de mots: 383

Operation Go Home

Adolescence is a difficult period. It is a time when young people strive to develop their own individuality and seek greater independence from parental control. This period can be a trying experience for both the parents and adolescents. During this stage of development the lines of communication may break down and the internal strife within the family unit may mount to an intolerable level. It may reach such a crescendo that the son or daughter may feel that the only solution is to leave home.

However, after a few weeks, months or years away from home perhaps all the parties involved may have second thoughts. What impedes the two groups from being reconciled? Parents, in general, have no idea where their offspring now are living. On the other hand, the son or daughter fails to make the first move through shame, doubts that the home situation has changed, or fear that they would not be welcome. The fear of not being accepted should not be underestimated: it is a real and constant preoccupation with most of these young people.

This is what “Operation Go Home” is all about. Through it, committed individuals, who have a sincere interest in their community, offer themselves as intermediaries between parents and their offspring. The aim is to bring both parties together again and this is done by opening up the lines of communication and attempting to reconcile the parties involved.

How does “Operation Go Home” operate?

The initial steps of the journey home begin with the parents, or offspring, contacting one of the referral units1 across the country.

It may be a parent who is worried and would like to know where his child is now living and let it be known that the welcome mat is out. In such a case the information is relayed across the country to the other referral units and contacts are made among the Street People to see if anyone knows of the whereabouts. When the offspring’s address is discovered, contact is initiated and the parents attitude is made known.

On the other hand, it may be the son or daughter who wishes to return but is unsure of the welcome at home. In this case contact is made with the parents to see what their attitude is toward their offspring’s return.

1. Centre d’accueil.