Nous pouvons avoir la meilleure diététique possible, bio et tout le reste, mais si nous ne réapprenons pas à mâcher, au lieu de gagner en énergie grâce aux repas quotidiens, c’est la batterie du Rein qui va progressivement s’épuiser. L’énergie de votre Rate, chef d’orchestre de la digestion du bol alimentaire, faute de prédigestion du bol alimentaire dans la bouche grâce à cette mastication, devra produire un effort supplémentaire et « s’usera » prématurément. Regardez autour de vous. On mastique 4 à 5 fois, on engloutit sans savoir même ce que nous venons d’avaler et on engouffre à nouveau. Alors que selon les dires de toutes les traditions, c’est 20 à 30 fois que nous devrions mastiquer notre bouchée. En MTC, on va jusqu’à dire qu’il faut mastiquer les soupes ! Un des signes que nous retrouvons chez de nombreux centenaires, ce sont les masséters, les muscles masticateurs situés au niveau des pommettes qui sont très développés.
Pour se réaliser, une digestion peut mobiliser plus de la moitié de l’énergie contenue dans la batterie du Rein (voir chapitre 2). En mâchant, non pas comme une tortue ou comme cet enfant qui n’arrête pas de mâcher un aliment qu’il n’arrive pas à avaler, mais rapidement 20 à 30 fois chaque bouchée, vous évitez de perdre inutilement de l’énergie. Vous facilitez d’autant le travail de l’Estomac. C’est le temps de la digestion qui s’en trouve raccourci. Vous évitez ainsi les fatigues postprandiales, les états de somnolence d’après repas.
La salive est « intelligente ». Elle est capable de reconnaître chaque composant de la bouchée alimentaire. Mais aussi l’énergie très subtile présente dans la couleur, l’odeur, la nature, la saveur de l’aliment. À partir de là, elle donne des ordres en conséquence au système digestif pour une meilleure digestibilité de celui-ci. Grâce à cette même mastication, vous n’avez plus besoin de rehausseur de goût. Vous saurez reconnaître par exemple le goût des différentes catégories de riz comme le ferait un goûteur de vin. C’est une des raisons pour lesquels la MTC préconise le régime dissocié dans un même repas. Cela permettra à la salive de distinguer encore mieux les composants de la bouchée.
Nous savons que la finalité d’un repas quotidien à l’inverse des repas de fête est de nourrir le corps en énergie et par là même d’aider à la recharge de la batterie du Rein. La salive, grâce entre autres à certains enzymes qu’elle contient, hydrolyse, transforme l’amidon contenu dans les céréales, les tubercules et les légumineuses en maltose, en sucres lents. Quand nous mâchons longtemps du pain ou du riz, nous ressentons progressivement ce goût sucré dans la bouche. C’est ce goût que nous appelons « saveur douce » en MTC. Je vous renvoie à la règle fondamentale qui consiste à manger les céréales et les tubercules « nature » dans la bouche, sans adjonction d’aucun autre ingrédient, pour que cette transformation soit optimale.
De pH légèrement acide, la salive contient certaines substances capables de neutraliser poisons et petites bébêtes indésirables. Par exemple, manger crus des légumes bio ou de son jardin, c’est bien ! Mais cela ne peut se faire que si on « cuit » ce légume dans sa bouche grâce à une longue mastication pour réchauffer la nature trop froide de ces aliments. La salive va permettre aussi de détruire parasites et petits œufs accrochés aux feuilles. C’est grâce à la salive que les plaies de la bouche guérissent très rapidement. C’est cette même salive qui joue le rôle d’un antiseptique naturel pour des petites plaies ou piqûres cutanées.
Quand nous mâchons suffisamment notre bol alimentaire, c’est un demi-litre de salive qui se retrouve dans l’estomac. C’est l’une des raisons pour laquelle il est inutile de boire en excès pendant un repas. Car les sucs digestifs et l’efficacité de la digestion sont diminués et le temps de digestion rallongé. Cette salive est constituée de 95 % d’eau, puisée dans les liquides organiques. Une bonne mastication oblige à régénérer ces mêmes liquides. C’est un grand moyen pour s’opposer aux stagnations de sang et d’énergie dans le corps.
La salive a un grand pouvoir humectant, mais aussi de lubrification des voies digestives, œsophage et intestins. Elle facilite donc la déglutition, en particulier quand on est en présence de ce que la MTC appelle le « syndrome du noyau de prune », dont l’origine se trouve dans le blocage de l’énergie du Foie sous l’effet d’émotions intériorisées. Souvent retrouvé chez les femmes, le fait de mâcher longuement favorise la descente des aliments, évitant ainsi cette sensation de boule dans la gorge.
Deux raisons à cela. Le propre d’un dépressif est d’être replié sur lui-même. Si on arrive à le persuader de mâcher longuement son bol alimentaire, on défait en partie les nœuds de sa camisole émotionnelle. Par ailleurs, nous avions vu qu’il existait deux types de salive, une appartenant à l’énergie du Rein et l’autre à la Rate. Quand nous mastiquons notre bol alimentaire, c’est cette dernière qui est sécrétée par les glandes parotidiennes. En obligeant l’organisme à sécréter cette salive, on régularise indirectement le logiciel Rate. Or, il est dit en MTC que la Rate gouverne la réflexion, le fait de ressasser le passé, émotions qui quand elles sont en excès contribuent à l’apparition de la dépression. C’est pour cela que dans certains textes anciens de MTC, on trouve l’aphorisme en raccourci : « Mâcher permet de lutter contre la dépression. »
Le fait de mâcher longuement prend plus de temps. On engouffre moins de bouchées, tout en étant plus vite rassasié. Par ailleurs, nous avons vu que le logiciel Rate était le chef d’orchestre de notre digestion. Si on lui demande de fournir un travail excessif par un trop gros effort de digestion d’aliments mal mâchés, il va s’affaiblir. Il s’ensuit un déséquilibre interne qui entraîne une prise de poids anormale. À l’opposé, en avalant des aliments « prédigérés » dans la bouche, en plus petites quantités, on va harmoniser l’action de ce logiciel. En l’espace de quelques mois et sans « régime », on peut retrouver son poids idéal.
Le fait de mâcher permet de mettre l’os en pression. Or, c’est un des seuls moyens de favoriser la création de fibres de protéine, sur lesquelles viennent se fixer les minéraux pour donner la solidité aux os. Or, en MTC, les dents sont considérées comme l’extrémité des os. Si celles-ci ne sont pas maintenues par un os solide, elles deviennent branlantes et tombent facilement. Il existe un exercice taoïste qui consiste à claquer des dents une centaine de fois le matin, pour lutter contre ce problème de déchaussement. Mais mâcher longuement permet d’aboutir au même résultat.
Avant que la mastication ne devienne compétence inconsciente, de l’eau sera passée sous les ponts. Nous devrions considérer la mastication comme un acte de pleine conscience. Nous ne devrions pas parler pendant les repas quotidiens, pour nous permettre de nous concentrer sur notre bol alimentaire et la mastication. Mais soyons réalistes. Comme la respiration consciente, apprendre à mâcher est très facile. Mais la pratique régulière est tout autre. On le pratique, puis on oublie. Puis on recommence… C’est un bon enseignement sur « l’inconstance des choses ». Mais le fait de remettre en permanence l’ouvrage sur le métier nous aidera à acquérir cet état si important en MTC de « pleine conscience », « d’ici et maintenant ».