DANS CE CHAPITRE :
» Les quatre disciplines de la MTC
» La grande question : doit-on traiter en premier la cime ou la racine d’une maladie ?
» Les trois grands types de traitement
Un praticien en MTC doit être un professionnel multicarte. En effet, lorsqu’il est en présence d’un patient, une fois son rôle de détective terminé (voir chapitre 3), quand tous les indices ont été réunis, quand les armes du crime ont été trouvées, quand un diagnostic bien cadré aura été posé, il devra décider des méthodes de traitement à mettre en œuvre. Donc après la fin « de la mise en examen », il devra rééquilibrer son patient.
Si vous avez bien compris les principes de base qui sous-tendent la MTC, un praticien n’a jamais guéri un patient ! Il n’a fait que redonner au corps du patient, par différents rééquilibrages, la capacité de s’autoguérir.
Pour cela, ce même praticien devra être en même temps acupuncteur, digitopuncteur, masseur, diététicien, chiropraticien, psychothérapeute, sophrologue, herboriste, éducateur sportif. Des études bien menées de MTC font qu’un bon praticien doit être rompu à toutes ces techniques. Et selon le patient qu’il a en face de lui, il choisira telle ou telle de ces méthodes. Une fois de plus, la MTC ne se résume pas qu’à l’acupuncture ! Voyons cela de plus près.
La MTC comprend quatre disciplines principales quant aux méthodes de traitement.
» L’acupuncture, la digitoponcture et la moxibustion qui seront largement développées dans ces pages.
» L’utilisation des plantes médicinales : la pharmacopée chinoise est l’une des plus élaborées et des plus anciennes que nous connaissions. Les médicaments sont composés de produits minéraux, parfois animaux et surtout végétaux. Comme nous le verrons, chaque plante est choisie selon sa couleur, sa forme, son odeur, sa saveur et souvent il faut en utiliser plusieurs simultanément. Si un mélange de plantes ne s’avère pas suffisant, pour la partie minime restante, on sera amené dans certains cas à utiliser des substances minérales, voire animales. (âme sensible s’abstenir ! Manger un scorpion n’est pas à la portée de tous !) Mais c’est avant tout une médecine par les herbes.
» Les exercices et le massage. Les exercices tels que le qi gong qui sont de type soit interne, soit externe.
» La méthode dao yin, Dao signifiant « guider », instruire le patient. Ce sont tous les conseils que le praticien doit obligatoirement donner à son patient à l’issue du traitement. Dans cette méthode, le traitement psychothérapique tiendra une place centrale au vu de la multiplication des maladies internes. Or, nous avons déjà vu que les dérèglements mentaux et émotionnels étaient le starter et la cause profonde de quasi toutes les grandes pathologies générées par notre mode de vie occidental.
Le praticien pourra aussi disposer d’autres méthodes comme :
» Des méthodes pour rectifier la posture du corps. Il y a là des similitudes avec l’ostéopathie occidentale. Ce sont des techniques dites de « réajustements », lorsque le squelette n’est pas droit, ou lorsque l’os a été cassé, déboîté, l’articulation luxée.
» Il existe aussi toute une science des cataplasmes. Ce sont des méthodes d’application de médicaments sur la peau, connues en Chine depuis des millénaires. On a pu ainsi dénombrer des milliers de formules à usage très variées.
Mais tout cela serait incomplet si le praticien n’était pas à même d’apprendre à son patient les méthodes de préservation de la vie, ou Yang Sheng Fa. Il s’agit là de toute une série de méthodes destinées à garder le corps en bonne santé. Il doit apprendre à son patient comment :
» Respirer ;
» Dormir ;
» Se relaxer ;
» Manger ;
» Faire l’amour ;
» Bouger son corps ;
» S’automasser ;
» Gérer ses émotions.
En somme, une fois le patient rééquilibré, il doit lui apprendre à ne plus « retomber » malade par des pratiques quotidiennes de recharge de la batterie du Rein.
De prime abord, la réponse devrait être évidente. Le praticien doit traiter les causes profondes de la maladie et ne pas tout de suite occulter les symptômes. C’est ce qui différencie MTC et médecine occidentale. La médecine dite « moderne » est très performante pour traiter les symptômes aigus, d’urgence. Mais elle perd très souvent pied quand il s’agit de pathologies chroniques, faute de traitement de la cause profonde.
Je vous rappelle qu’un symptôme n’est que l’objectivation d’un combat qui se produit entre un agresseur (qu’il soit externe ou interne) et « l’énergie droite », de défense de l’organisme. Si on le fait disparaître tout de suite, la maladie risque de progresser à bas bruit, pour d’un seul coup, aller vers un état d’autodestruction de l’organisme. Donc attention de ne pas prendre des antalgiques à tour de bras, dès l’apparition d’un simple mal de tête.
En MTC, on objective ces notions de causes profondes et de causes superficielles d’une pathologie par les termes Biao et Ben.
» Le Biao, « la surface », se rapporte à la manifestation des déséquilibres et donc, ici, aux symptômes présentés par un patient.
» Le Ben a trait à la racine profonde. C’est la cause, le facteur engendrant l’affection.
Vous venez d’attraper froid : le Ben de la maladie, c’est la pénétration de la perversité vent-froid à l’intérieur du corps qu’il va falloir chasser. Les maux de tête, les vomissements, les douleurs articulaires sont le Biao, l’objectivation de cette pénétration.
Dans la nature, le Ben correspond à la racine de l’arbre, alors que les branches, le tronc, les feuilles représentent le Biao.
Nous allons voir que tout est une question de logique relativement à l’appréciation du tableau présenté par le patient.
En cas d’affection bénigne, on pourra traiter simultanément le Ben et le Biao. Si le praticien est sûr de la bénignité de la maladie, que le syndrome n’est pas grave, il pourra en même temps agir sur les deux facteurs. Par exemple, en cas de grippe, il y a de la fièvre et des céphalées. Il pourra en même temps permettre à l’organisme de rejeter la perversité, mais aussi utiliser des moyens pour faire baisser la fièvre et calmer les douleurs.
Mais quand la maladie est plus grave, le praticien au regard du tableau symptomatologique que présente le patient décidera de commencer ou par le Ben ou par le Biao.
Si par exemple la personne manifeste, au décours de sa maladie, un état de faiblesse très important, il conviendra de choisir des plantes, des traitements par aiguilles puissants pour reconstituer rapidement ses forces. Une fois le Zhen Qi (l’énergie droite) rétabli, on pourra ensuite s’occuper des symptômes.
Dans un autre cas, s’il y a des symptômes de blocage des selles et des urines (le Biao), avant d’en traiter la cause (Ben), il faudra tout de suite libérer ces symptômes de blocage et de stagnation.
Si une douleur, quelle qu’elle soit, n’est pas très grave, que le patient soit susceptible de s’en accommoder, c’est par le Ben qu’il faut commencer. Dans le cas inverse, si la douleur est intolérable, il faudra traiter le symptôme.
Un autre exemple. Il est dit, en MTC, que l’énergie de Rate permet de conserver le sang dans les vaisseaux. Quand on est en présence d’une faiblesse de l’énergie de la Rate et du Rein, la personne peut très facilement saigner. Il conviendra de traiter la racine du déséquilibre. Mais si la personne a un saignement très important, par exemple au niveau du nez, il faudra très rapidement s’attacher à traiter ce symptôme. Dans un tel cas, on pourra aussi envisager de traiter en même temps le symptôme et la cause.
TOUT EST UNE QUESTION D’APPRÉCIATION ET DE « VISION PROFONDE » !
Quand la maladie est aiguë et présente un caractère d’urgence, il convient d’abord de traiter le Biao, le symptôme, la surface de la maladie. En revanche, quand la pathologie est de type chronique, d’évolution lente, il est fondamental de traiter le Ben, le déséquilibre profond d’un ou de plusieurs des cinq logiciels organes. Il faut alors que le praticien soit capable de trouver la cause fondamentale de l’affection, puis de la traiter en priorité. C’est l’histoire de ce patient qui va voir son médecin pour des douleurs aux yeux. Celui-ci n’ayant pas la « vision profonde » de la MTC, prescrira tout de suite des antalgiques pour traiter le symptôme. Le praticien « chinois » ayant poussé l’interrogatoire jusqu’au bout dira simplement à son patient d’enlever la petite cuillère qu’il conserve dans son verre et qui lui blesse en permanence son œil quand il boit !
Ce principe de traitement s’appelle Tong Zhi : « un même traitement qui s’applique à plusieurs affections différentes ». Il existe en MTC des formules de pharmacopées types, de même que des séries de points d’acupuncture pour traiter tel ou tel type de dérèglement.
Prenons l’exemple d’une formule qui traite la chaleur qui a pu pénétrer dans la couche Yin. Elle permet d’enlever le feu. On pourra utiliser par exemple la même formule quand la chaleur est présente dans les Trois Foyers. Mais aussi, quand une stagnation-humidité est présente dans l’Estomac, générant du feu (gastro-entérite). C’est un traitement courant pour certains types de pathologie qui ne sont pas aigus.
Ce type de traitement s’appelle Yi Zhi : « Il est appliqué différents types de traitement, alors qu’il s’agit d’une seule maladie, chez un même patient. » Cela sous-entend qu’il faudra s’adapter à l’état du patient, mais aussi qu’une même maladie pourra avoir, selon le terrain, plusieurs traitements différents. Le traitement pourra aussi être adapté au jour le jour selon l’évolution.
Un troisième type de traitement est Fu Zheng Qi Xie : « soutenir et éliminer ». Dans ce cas, il faut soutenir l’énergie droite, Zheng Qi, qui a besoin de se faire aider, d’être assistée, reconstituée afin de pouvoir à nouveau lutter efficacement contre la perversité, le Xie Qi.
» Quand l’attaquant n’est pas très puissant, si on soutient efficacement l’énergie droite, de défense, elle peut alors arriver toute seule à l’éliminer.
» En revanche, si l’attaquant, le Xie Qi, est puissant, il faut non seulement soutenir Zheng Qi qui est endommagé par l’attaquant, mais aussi mettre en œuvre des techniques pour éliminer directement le Xie Qi. Comme le symptôme est aigu, on traite aussi le Biao.
Mais attention de ne pas tonifier à outrance. En effet, si le praticien ne fait pas le bon diagnostic, il risque en même temps de tonifier l’énergie droite, mais aussi l’agent pervers, l’attaquant. Et du coup toute la pathologie flambe.
Donc, si l’état de faiblesse est très grave, il est nécessaire de le traiter tout de suite par des plantes ou des points à type tonifiant. En revanche, si l’état de faiblesse n’est pas très grave, il faut être prudent et choisir les tonifiants en fonction de l’état de faiblesse constaté. Ainsi, il faut voir si c’est un état Xu, de faiblesse du sang, du Qi, du Yang ou du Yin, de même que le stade de développement de la pathologie.