DANS CE CHAPITRE :
» La théorie des signatures
» Les quatre natures et les cinq saveurs
» Les sept types d’ordonnance
» Les formes galéniques des prescriptions
» De l’art de combiner les remèdes entre eux
La pharmacopée traditionnelle chinoise remonte à la nuit des temps. Elle est l’une des plus élaborées et des plus anciennes que nous connaissions.
Shen Nong, personnage mythique s’il en est, fut le découvreur des vertus du thé et des plantes médicinales. Pour la petite histoire, chaque fois qu’il s’intoxiquait avec une nouvelle plante inconnue, il se servait des vertus de nettoyage du thé pour se guérir.
Bref, il laissa un des premiers compendiums de pharmacopée chinoise, le Shen Nong Ben Ca Jing, réunissant plus de 360 espèces.
Avec l’acupuncture, la pharmacopée fait partie des deux méthodes curatives et complémentaires en MTC, qui ne sollicitent pas la coopération du patient.
Un médicament, une formule se dit Yao en chinois. Cela peut être un seul produit ou
bien une formule, une combinaison de plusieurs produits.
La plupart de ces Yao sont composées en majorité de végétaux, ensuite de minéraux et une part plus réduite pour les produits animaux. La part végétale constitue 80 % de cette pharmacopée.
En effet, on considère de manière tout à fait générale que l’action des végétaux est plus douce et donc suffisante éventuellement quand la maladie est bénigne. En revanche, les minéraux et les produits animaux sont plus toxiques. Ils ont des saveurs et des énergies beaucoup plus prononcées et deviennent nécessaires quand la maladie est très grave.
Nous allons voir qu’une plante, un minéral ou un produit animal possède pour les différencier une nature et une saveur. Mais aussi une couleur, une odeur, une texture et un organe ou un méridien cible de prédilection. Ceci est aussi valable pour tous les produits végétaux ou animaux que nous aurons dans notre assiette.
Certaines de ces formules sont très connues en MTC et vont traiter des syndromes bien particuliers.
Mais il existe un autre aspect passionnant de ce type de traitement. Celui d’adapter une formule au gré de l’évolution des symptômes que le patient présente au jour le jour. Le praticien va devoir procéder pour ce faire à une évaluation des forces respectives qui sont en présence. D’un côté, nous aurons l’énergie droite, l’énergie de défense du patient, ce que nous avions appelé en introduction de ce livre le Zheng Qi, l’énergie droite. De l’autre l’attaquant, « la force de l’agent pervers », le Xie Qi. Pour évaluer ce rapport de force, le praticien devra établir un diagnostic très précis en s’appuyant sur les Ba Gong, les « huit règles ». C’est en se fondant sur ce type de diagnostic qu’il va établir les bases thérapeutiques de manière à combattre la maladie et se coller au plus près de son évolution.
Deux stratégies vont donc s’offrir à lui :
» Soit reconstituer le Zheng Qi, tonifier l’organisme pour que celui-ci puisse de nouveau
s’autoguérir ;
» Soit disperser l’agent pervers, disperser le Xie Qi, en diminuer la force pour que le corps puisse reprendre le dessus.
Avant d’aller plus loin dans cette étude, intéressons-nous à l’un des fondamentaux de la pharmacopée chinoise : « la théorie des signatures ».
En Occident, dès le Ier siècle av. J.-C., Dioscoride est l’un des premiers à véhiculer cette idée. Simila similibus curantur, « les semblables soignent les semblables ».
L’idée de la signature a été reprise à la Renaissance par Paracelse (1540). Une simple observation directe d’une plante permettait d’en découvrir le mode d’emploi. Un cadeau fait à l’homme en quelque sorte, un présent de Dieu, à ceux qui voulaient bien faire l’effort de voir les choses cachées derrière les choses. Il n’y aurait donc qu’à observer la forme des végétaux, leur couleur, le lieu où ils poussent, pour en déduire les applications qu’on peut en tirer. C’est ainsi que les plantes « signent » leur usage. « Tout ce que la nature crée, écrivait-il, elle le forme à l’image de la vertu qu’elle entend y attacher. »
Un exemple : le saule. Cet arbre pousse dans les zones humides, aux bords des étangs et des marais. Il doit alors soigner les maladies provoquées par ce milieu. C’est pourquoi Paracelse le préconisait pour soigner les rhumatismes et les fièvres.
Mais cette théorie remonte à la nuit des temps en Chine. Elle est même à la base de toute la médecine chinoise. Elle stipule donc que tout ce qui a été créé dans la nature doit d’une façon ou d’une autre contribuer à conserver ou recouvrer une bonne santé.
Chaque plante a une forme, une odeur, une saveur, une couleur, un habitat spécifique. Mais aussi dans une plante il y a les racines, l’écorce, les feuilles, la graine,
la fleur, la tige. Tout cela a une signification, une « signature » qui permettait aux
anciens d’en déduire les principales indications quant à leurs propriétés thérapeutiques et préventives.
Par exemple depuis la nuit des temps, on savait que le cerneau de noix ayant la forme des circonvolutions du cerveau et sa couleur nacrée ne pouvait qu’avoir une action spécifique sur celui-ci !
Il existe un champignon très connu en Chine, qui a la forme d’une éponge de mer et évoque les alvéoles pulmonaires. C’est la tremelle en fuseau (tremela fuciformis). Ce champignon présentant de nombreuses similitudes avec le Poumon, il était logique qu’on le testât dans ce sens-là. En effet, il « nourrit » et humecte le poumon en dissipant les accumulations de mucosités et s’oppose aux crachats hémorragiques. Encore plus loin, comme ces champignons sont capables de survivre dans des conditions climatiques très rudes, ils renforcent la résistance au froid.
On pourrait citer comme cela des centaines d’exemples de ce type.
Mais, comme il a été dit plus haut, cette théorie s’applique aussi aux différentes parties d’une plante. Comparons par exemple les effets de la graine de café et de la feuille de thé. Le café provient de la graine du caféier. Une graine est énergétiquement très chargée, très concentrée. Une simple graine peut donner un baobab ! Sa concentration en énergie va être « booster » par la torréfaction qui va « yanguiser » ses effets. Le café excite le Foie, fait monter le Yang vers le haut et empêche de dormir. À l’inverse, le thé provient des feuilles naissantes du camelia sinensis. Ces propriétés sont beaucoup plus légères, aériennes. C’est pour cela qu’il est dit en médecine chinoise que « le café excite le mental alors que le thé ouvre ce même mental ».
Que ce soit les produits végétaux, minéraux ou animaux, on retrouvera pour chacun d’eux essentiellement deux paramètres importants qui détermineront leurs propriétés, leurs actions thérapeutiques On va ainsi parler des « quatre Qi », les « quatre natures » et des « cinq saveurs ». On en rajoute un troisième critère, à savoir le lieu d’action de la drogue.
Les quatre Qi sont :
» Le froid ;
» Le frais ;
» Le tiède ;
» Le chaud.
On y adjoindra une cinquième nature, un cinquième Qi, qui est la nature neutre. La neutralité pure n’existe pas. Cela veut juste dire que la saveur est très peu marquée. Ici, le mot Qi à deux sens, la nature ou l’odeur.
Dans le Nei Jing, il est dit : « En présence de froid, utiliser le chaud ; en présence de chaleur, utiliser le froid. »
Les drogues qui améliorent ou éliminent les symptômes de chaleur sont considérées comme de nature froide ou fraîche, comme Huang Qin, la racine du scutellaire indiquée en cas de fièvre avec soif et gorge douloureuse.
Des drogues capables de réchauffer le centre, de disperser le froid seront de nature chaude ou tiède comme Gan Jiang, la racine de gingembre.
Les drogues de nature tiède ou chaude permettent de réchauffer l’interne, de disperser le froid, d’aider le Yang, de reconstituer le feu et de désobstruer les vaisseaux.
Au contraire, les drogues de nature froide ou fraîche peuvent rafraîchir la chaleur, disperser le feu, « refroidir » le sang, neutraliser les toxines de la chaleur.
Le frais et le froid sont de nature Yin, alors que le chaud et le tiède sont Yang. Mais dans le premier groupe, le Yin peut être d’intensité différente : on parle de froid et de frais. Comme pour les drogues Yang où l’on parle de tiède ou de chaud.
La cinquième nature, la nature modérée s’applique aux drogues qui n’ont pas d’action réchauffante ou refroidissante évidente. En réalité, il existe toujours une tendance un peu chaude ou un peu froide. C’est la raison pour laquelle on parle de « quatre natures » et non de cinq.
Dans notre alimentation, l’aliment neutre par excellence est le riz.
Le praticien fera toujours attention à bien prescrire la drogue appropriée à l’effet qu’il veut obtenir. Si par exemple il prescrit par erreur des drogues de forte intensité (chaude ou froide) là où une intensité moindre (fraîche ou tiède) est requise, il peut y avoir des complications.
Ces cinq saveurs vont conditionner les effets des médicaments et elles permettent au praticien de modifier à volonté la formule d’un produit pour ajuster très précisément l’effet qu’il doit avoir. On différencie les cinq saveurs en deux groupes.
La saveur sucrée est comprise dans la saveur douce. C’est par exemple la saveur caractéristique du ginseng. Ces deux saveurs sont de catégorie Yang.
» La saveur piquante est une saveur qui a une action dispersante sur le Qi, l’énergie. Elle agit sur le Qi parce que celui-ci est léger. On dit qu’elle favorise le Qi. C’est en plus une saveur qui va au Poumon.
» La saveur douce quant à elle est une saveur ralentissant. Elle ralentit, calme. Elle est néanmoins classée comme Yang parce qu’elle a la propriété de nourrir le corps. C’est la saveur qui caractérise les aliments qui construisent le corps comme les céréales et entre autres le riz. Elle est transformée par la Rate et donne la base du sang et de l’énergie. En réalité, cette saveur a comme propriété de faire monter les essences nutritives à partir de la Rate. Elle favorise le travail d’ascension de la Rate de même que sa fonction digestive qui lui permet d’extraire les principaux nutriments du bol alimentaire.
Ces trois saveurs sont de nature Yin.
» La saveur acide, aigre à la propriété de concentrer, d’être particulièrement utile pour retenir les liquides à l’intérieur du corps. C’est une action anti-sudorifique. Elle permet également de réduire la perte de liquide par l’excès d’urines. On l’utilise chaque fois qu’il y a trop de liquide qui sort du corps. Elle a une action de constriction. C’est exactement l’inverse de l’action Yang de la saveur piquante, dispersante.
» La saveur amère a pour priorité essentielle de lutter contre l’humidité. C’est une saveur qui assèche les liquides. Elle est en plus descendante. C’est une saveur que l’on doit prendre quand on veut faire descendre un feu qui brûle, de même quand on veut favoriser les purgations, favoriser les selles.
» La saveur salée, elle, est une saveur qui ramollit. Elle ramollit tout ce qui est induré dans le corps. Tout ce qui représente une concentration de matière dans le corps relève de cette saveur. Elle favorise également l’évacuation des selles par son action ramollissante.
Voici donc les actions essentielles des cinq saveurs. Mais n’oubliez pas la chose
suivante, c’est qu’en excès, une saveur se retourne contre son organe cible. On peut
alors obtenir l’effet inverse de celui escompté. Par exemple, l’amer lutte contre
l’humidité. Mais un excès d’amertume (café, chocolat) se retourne contre l’organisme, entraîne un état de froid interne, et donc favorise l’apparition d’humidité !
Un aliment qui présente une certaine saveur présente également une certaine nature. Mais ce n’est pas toujours « traditionnel ».
Le Qi, la nature de la plante, est attribué au produit lui-même dont l’origine est le
ciel, la partie Yang descendante. Le Wei, la saveur, c’est la terre qui la donne. C’est
pour cela que l’on dit que « la terre donne les cinq saveurs ».
Et d’ailleurs ce Qi qui est sa nature, c’est aussi l’odeur de la plante. Il y a des plantes qui ont une forte odeur et très peu de saveur. D’autres ont beaucoup de saveur et très peu d’odeur.
C’est pourquoi les médecins traditionnels sélectionnaient leurs plantes selon ces critères. Ils pouvaient même apprécier leurs effets simplement en la regardant pour voir la forme et la couleur (théorie des signatures), en la sentant puis en la goûtant.
La combinaison de ces deux éléments donne une nature globale à la plante qui est donc son Qi, sa nature, son caractère propre qui peut donc être soit Yin, soit Yang, soit frais, froid, tiède ou chaud.
Prenons un exemple : l’alcool est généralement de saveur piquante et sa nature est chaude. La menthe est aussi un produit piquant, mais de nature fraîche.
De même pour la saveur douceâtre. Il y a une saveur douceâtre de nature chaude comme le ginseng. Une saveur douceâtre de nature fraîche comme la pastèque.
Certains produits peuvent avoir en même temps un, deux voire trois saveurs.
Fondamentalement, aucun produit n’est neutre. Tout produit est forcément plutôt Yang ou plutôt Yin. On peut parler néanmoins de produits neutres pour certains aliments comme le riz, le pain bien qu’il ait une légère dominante Yang.
Chaque drogue se dirige vers un méridien et l’organe qui lui correspond.
Dans le Nei Jing il est dit : « L’acide entre dans le Foie, l’amer dans le Cœur, le piquant
dans le Poumon, le salé dans le Rein et le doux dans la Rate. L’acide part pour rejoindre
les tendons, l’amer le sang, le piquant le Qi, l’énergie, le salé les os et le doux la chair. »
Petit à petit, issue de l’expérience, la connaissance des lieux d’action a permis de mieux cibler l’effet du traitement.
Prenons l’exemple de l’asthme ou de la dyspnée. Deux organes peuvent être incriminés, le Poumon ou le Rein. Une fois l’organe incriminé trouvé, on choisira la drogue adéquate. Si c’est le Poumon et qu’il y a un blocage du Qi, on prendra Ma Huang, l’éphédra, qui a pour lieu d’action le Poumon. Si la cause de l’affection est liée au Rein, le praticien prescrira Ge Jie, le gecko, qui reconstitue le Rein et favorise la rétention du Qi.
Nous allons aborder à présent « l’art de combiner les remèdes entre eux » afin d’avoir un résultat ciblé plus précis que l’utilisation d’une simple plante ou autre.
Ces huit méthodes, encore appelées Ba Fa en chinois, sont :
» La sudorification, Han ;
» La vomification, Tu ;
» La purgation, Xia ;
» L’harmonisation, He ;
» Le réchauffement, Wen ;
» Le refroidissement, Qing ;
» L’élimination, Xiao ;
» La tonification, Bu.
Ces huit méthodes constituent un outil de premier plan pour la pharmacopée chinoise et elles restent aujourd’hui utilisées par l’immense majorité des praticiens.
C’est une méthode qui consiste à provoquer la transpiration par ouverture des espaces interstitiels, les pores de la peau, ce que l’on appelle les Ku Li. On peut ainsi évacuer la perversité des six excès climatiques résidant dans la surface du corps.
La sudorification, non seulement provoque la transpiration, mais également :
» Expulse la perversité vers l’extérieur ;
» Dissipe la perversité de la superficie ;
» Dégage l’énergie et le sang ;
» Harmonise l’énergie de défense, Wei Qi, et l’énergie nutritive, Ying Qi.
On peut aussi utiliser cette méthode pour repousser vers l’extérieur la perversité
au stade précoce des maladies éruptives de l’enfant telles que la rougeole, lorsque
l’éruption se développe difficilement ou tarde à se produire.
On peut aussi s’en servir, en présence d’œdèmes plus marqués dans la partie supérieure du corps, dans les stades précoces des affections pustuleuses ou ulcéreuses ou en présence d’un syndrome de Biao, de superficie avec alternance de chaud et de froid.
En fonction de la présence de chaleur ou de froid, de l’état de la perversité ou de l’énergie droite, de la constitution physique du patient, il est possible de provoquer de la sudorification avec des produits piquants et tièdes ou avec des produits piquants et froids.
Nous verrons qu’il est aussi possible de combiner des méthodes de sudorification et de tonification.
Cette méthode permet, comme son nom l’indique, d’expulser par la bouche, en provoquant le vomissement, les mucosités, les aliments ou les substances toxiques qui stagnent au niveau de la gorge, du thorax, du diaphragme ou de l’estomac.
Dans le Su Wen, il est dit : « Ce qui est en haut du corps doit passer par le dessus. »
Si la vomification est ponctuellement une méthode très efficace, elle peut provoquer,
lorsque c’est répétitif, une irritation de l’œsophage et de la gorge. Son action très
puissante au niveau du diaphragme et de l’estomac peut facilement léser l’énergie
véritable. C’est un mécanisme qui risque de se retourner contre le patient. Je pense
ici aux troubles obsessionnels compulsifs liés à un blocage du Foie, la « boulimie ».
Les praticiens des époques postérieures au Nei Jing ont préféré réserver son usage dans des situations cliniques aiguës, pour évacuer rapidement les perversités de type plénitude.
C’est une méthode qui est avant tout utilisée lorsqu’il y a une stagnation d’aliments ou de matières dans les intestins ou l’estomac. Mais aussi, quand il y a des bouchons fécaux, des problèmes de chaleur (inflammation) de type plénitude, d’amas froids, de stases sanguines, d’amas de Tan ou de liquides.
Dans le Su Wen, il est dit : « Ce qui est en bas, il faut le tirer et l’éliminer. Dans les plénitudes du centre, il faut drainer vers l’abdomen. »
En gros, si on ne peut pas évacuer la maladie par le haut, on utilise Xia Fa en cas de stagnation dans le Foyer moyen ou inférieur pour évacuer vers le bas.
C’est évidemment la grande méthode lorsqu’il y a de la constipation, l’accumulation de selles sèches, le blocage des selles dû à l’accumulation de chaleur, le blocage du Tan ou des liquides, l’accumulation des stases sanguines.
En fonction de la présence de froid ou de chaleur, de l’état de l’énergie droite ou de
la force de la perversité, on distingue différents types de purgation :
» La purgation froide, Han Xia ;
» La purgation chaude, Wen Xia ;
» La lubrification, Run Xia ;
» La purge drastique ;
» ainsi que l’emploi simultané des méthodes d’attaque, Gong et de tonification, Bu, et leur combinaison avec d’autres méthodes thérapeutiques.
Il faut savoir que dans cette méthode, l’action diurétique est secondaire dans la réduction de Shi et de Tan. Le principe de la purgation se fait prioritairement par les selles.
Cette méthode a pour objectif de réduire ou d’expulser l’agent pathogène par un effet dit de « conciliation », He Jie, et d’harmonisation. He Jie est une contraction de l’expression signifiant « harmoniser la profondeur et libérer la superficie ».
On applique ce traitement dans les cas où la perversité ne se retrouve plus en superficie, mais pas encore en profondeur. L’expression chinoise est ben biao ben li, « à moitié dans la superficie, à moitié dans la profondeur ».
Cette méthode permet donc d’harmoniser la profondeur et de libérer la superficie. Elle permet d’harmoniser l’ensemble des activités fonctionnelles de l’organisme afin de lui permettre de revenir à son équilibre physiologique.
Elle traite les dysharmonies entre les Zang et le Fu, les organes et les viscères, l’énergie et le sang, le Yin et le Yang. Mais aussi dans les syndromes caractérisés par un déséquilibre entre le froid et le chaud, dans les syndromes complexes où se mêlent déficience et plénitude.
On peut appliquer cette méthode dans de très nombreuses situations comme :
» La pénétration de Han Xie, la perversité froide dans l’organisme ;
» Les syndromes paludéens, Nue Ji ;
» Les dysharmonies entre le Foie et la Rate, entre les Intestins et l’Estomac, entre l’énergie et le sang, etc., afin de retrouver l’équilibre et arriver ainsi à chasser l’agent pathogène et rétablir la santé.
On peut donc considérer que c’est un traitement neutre lié par exemple aux troubles psycho-émotionnels. On fortifie alors l’équilibre psychologique.
Dans les pathologies où il y a alternance entre le froid et le chaud, la maladie a un double aspect, les symptômes sont contraires et l’on rétablit alors l’équilibre comme dans le paludisme. Mais aussi dans les déséquilibres Yin-Yang où il n’y a pas d’excès important de Yin ou de Yang. On travaille sur les deux de manière antagoniste.
Cette méthode consiste à chasser le froid et à restaurer le Yang en utilisant des principes comme réchauffer la profondeur, Wen Li, expulser le froid, Qu Han, faire revenir le Yang, Hui Yang.
Dans le Su Wen, il est dit : « ce qui est froid, le réchauffer » ou « traiter le froid par la chaleur ».
Les syndromes de froid interne peuvent être dus à la pénétration de froid externe
directement dans la profondeur, par l’emploi erroné de médicaments de nature
froide blessant l’énergie Yang.
Un autre cas est l’insuffisance de Yang originel engendrant directement un froid interne.
Dans les stases localisées entraînant des douleurs dans la cavité abdominale principalement.
Cette technique peut prendre différentes formes selon que le froid se trouve au
niveau des organes ou des viscères, des méridiens ou des collatéraux. On peut ainsi :
» Réchauffer le centre et chasser le froid ;
» Faire revenir le Yang et sauver le malade ;
» Réchauffer les méridiens et disperser le froid.
Comme les états de déficience et de froid se retrouvent très souvent ensemble, on combine souvent la tonification et le réchauffement.
Cette méthode a pour but de traiter les syndromes de profondeur, du Li, et de chaleur, Re, en tempérant la chaleur et en neutralisant les toxines.
Dans le Su Wen, on peut lire : « ce qui est chaud, le refroidir » et « traiter la chaleur par le froid ».
La chaleur peut résider dans la couche du Qi, de l’énergie, dans celle de la nutrition ou dans celle du sang.
Dans les cas graves, elle devient toxique. De Re, elle passe à Du et peut affecter n’importe quel organe ou viscère.
Le refroidissement peut prendre différentes formes comme :
» Tempérer la chaleur dans la couche du Qi ;
» Rafraîchir la nutrition et le sang ;
» Rafraîchir simultanément l’énergie et le sang ;
» Tempérer la chaleur et éliminer les toxines,
Le champ d’application de cette méthode de clarification est très vaste. Il y a une règle qu’il ne faut pas perdre de vue : « Si dans les stades d’une affection de chaleur les Jing Ye, les liquides Yin, sont lésés, ou lorsque la déficience de Yin s’accompagne de l’embrasement du feu entraînant l’apparition de la chaleur, il est impératif d’entretenir le Yin tout en tempérant la chaleur. On ne peut pas alors employer de drogue de nature amère et froide. »
C’est donc une méthode pour traiter les Re Bing, les maladies de chaleur.
Cette méthode vise à réduire progressivement et à dissoudre lentement les formations pathologies concrètes (le Tan) qui peuvent apparaître aux dépens de l’énergie et du sang ou à partir des productions muqueuses, des aliments, des liquides ou des parasites.
Dans le Su Wen, il est dit : « Le dur, il faut le fractionner, les conglomérats, il faut les dissoudre. »
Prises au sens large, ces méthodes visent à :
» Expulser les mucosités ;
» Expulser l’humidité ;
» Éliminer les parasites ;
» Réguler l’énergie ;
» Réguler le sang.
On entend aussi par Xiao, l’élimination, les méthodes qui servent à favoriser la digestion des aliments et conduire le stagnant, réduire les masses et disperser les accumulations.
Rappelons-nous que Qi Yu, la stagnation de Qi, est le point de départ de toutes les
stagnations et qu’elle est directement liée au Foie, Gan. Il se produit alors une sensation de tension intérieure, puis les signes suivants peuvent apparaître comme des
douleurs aux côtes, aux flancs, dans l’abdomen, des difficultés à avaler, des grosseurs
à la gorge, des menstrues perturbées chez la femme.
C’est une méthode que l’on appliquera par exemple pour les fibromes qui correspondent à un Qi Yu, à une stagnation de Qi, avec des signes de Yu Xue. La couleur du
sang est alors foncée. Il n’y a pas de caillots. Qi Yu comprend aussi les kystes d’eau.
Xiao, l’élimination se combine avec un léger effet Bu, de tonification, si on veut faire circuler. En faisant circuler, on aide à la résolution des stagnations.
La tonification vise à reconstituer et à nourrir l’énergie, le sang, le Yin ou le Yang de l’organisme, d’un organe ou d’un viscère, lorsque ceux-ci sont en état de déficience ou d’endommagement.
Dans le Su Wen, il est indiqué : « Ce qui manque, il faut le compléter. » La tonification permet donc de retrouver un équilibre.
En outre, lorsque l’énergie droite affaiblie n’est plus en mesure de résister à la perversité, au Xie Qi, ou n’est plus capable d’expulser cette perversité, il est possible de recourir à la tonification est ainsi de « soutenir le physiologique pour chasser le pathologique ».
À partir de ce constat, de très nombreuses formes de tonification peuvent s’exercer :
» Celle du Yin, Bu Yin ;
» Du Yang, Bu Yang ;
» De l’énergie Bu Qi ;
» Du sang, Bu Xue ;
» Du Cœur, Bu Xin ;
» Du Foie, Bu Gan ;
» De la Rate, Bu Pi ;
» Du Poumon, Bu Fei ;
» Du Rein, Bu Shen ; etc.
Si le Yin et le Yang sont tous les deux déficients, ou si l’énergie et le sang sont simultanément insuffisants, il faut harmoniser en même temps le Yin et le Yang et tonifier ensemble l’énergie et le sang.
Ces différentes formes de tonification se retrouvent également au niveau des cinq organes.
Nous allons voir maintenant qu’au sein même d’une formule, chaque plante, chaque drogue va tenir un rôle bien particulier.
Dans chaque formule, quel que soit le nombre de produits, la drogue entrera dans une de ces quatre catégories :
» L’Empereur ;
» Le Ministre ;
» Le Fonctionnaire ;
» L’Ambassadeur.
Le produit Empereur est en relation avec le but de la prescription.
En fonction du but du traitement, il y aura un ou plusieurs produits qui seront particulièrement concentrés dont l’action essentielle correspondra justement l’effet que l’on doit obtenir.
Ce sont donc les produits les plus puissants dans l’action recherchée pour l’ensemble de la formule.
Très souvent, malgré le nombre de produits existant en pharmacopée chinoise, les produits qui représentent réellement une action très précise et très puissante ne sont pas assez nombreux. Il convient alors de leur adjoindre d’autres produits qui n’ont peut-être pas pour effet essentiel le but du traitement, mais qui parmi leurs propriétés thérapeutiques très nombreuses, ont une indication dans ce sens.
Si par exemple on veut tonifier le Foie, le produit essentiel peut être un produit unique. Mais on peut y adjoindre un autre produit qui agit normalement sur le Cœur, mais qui a pour effet secondaire de tonifier le Foie. C’est un produit dont l’action est moins forte. Il sera là en complément. On le rajoute au produit Empereur. C’est un phénomène d’assistance. C’est ce que l’on appelle le produit Ministre.
On peut considérer que ces deux produits sont les deux principaux de la formule.
Le troisième est le produit Fonctionnaire. C’est une hiérarchie dans la fonction publique chinoise. Le rôle de ce produit est de prévenir les effets négatifs des produits principaux.
Le quatrième type d’ingrédient remplit deux rôles essentiels. On lui attribue généralement une fonction diplomatique, c’est le produit Ambassadeur. Il est assimilé sur le plan hiérarchique à un commercial, un intermédiaire. Il permet aux différents ingrédients de pouvoir fonctionner ensemble. C’est un coordinateur qui fait un lien entre les différentes actions des autres produits.
Il a un deuxième rôle également, c’est de diriger la prescription dans le corps. C’est en général le produit Ambassadeur qui amène les propriétés des précédents là où elles doivent agir dans l’organisme.
Voilà les quatre types de produits auquel on aura à faire. On parlera de produits principaux dans la mesure où ils exécutent le but de la prescription et on parle de produits secondaires dans la mesure où ils complètent les précédents.
Nous avons donc vu les quatre types de Yao, de médicaments entrant dans une prescription. Nous connaissons la nature, la saveur, le tropisme de chaque plante. Après un diagnostic précis (observation, palpation, interrogatoire), nous savons ce que l’on veut obtenir avec une formule (les huit méthodes thérapeutiques). Nous connaissons la hiérarchie des différents composants de cette formule. Nous allons voir maintenant les « sept types d’ordonnance ».
Nous avons successivement :
» la grande ordonnance,
» la petite ordonnance,
» l’ordonnance lente,
» l’ordonnance rapide,
» l’ordonnance à action unique,
» l’ordonnance à action multiple,
» l’ordonnance complexe.
Ces sept ordonnances se justifient en fonction des maladies.
La grande et la petite ordonnance se différencient essentiellement par le nombre de symptômes que l’on veut prendre en compte. Étant donné une certaine maladie, si elle est dans un état relativement avancé, comprenant de nombreux symptômes, il va être important de prévoir de nombreux produits. Une ordonnance petite concerne les maladies moins graves et qui présentent des symptômes en quantité moins importants en nombre et en variété. Quand il y a 3, 4, 5 produits, c’est une petite ordonnance. Quand il y a 10, 15, 20 produits, c’est une grande ordonnance.
En ce qui concerne l’ordonnance lente et rapide, ici le critère déterminant est la tonification et la sédation.
Quand on a essentiellement un état de faiblesse, que l’on veut tonifier, il faut procéder de façon lente, par nécessité, car il n’est pas possible de tonifier rapidement.
L’ordonnance rapide, c’est l’inverse. Elle est nécessitée par le fait que la maladie
est Yang, en plénitude, qu’elle a une progression extrêmement rapide. Même si elle
n’est pas encore dangereuse, elle progresse rapidement. C’est le cas en particulier
des maladies saisonnières, des maladies de la chaleur ou de toutes les maladies où
c’est une perversité qui évolue très rapidement. Ce n’est en principe pas le cas d’une
maladie interne due aux émotions ou aux blessures par exemple qui progresse lentement et se manifeste progressivement.
L’action unique et l’action multiple se rapportent également aux différentes spécificités de la maladie.
» La formule à action unique est en général composée d’un seul ou de deux produits à action très rapide. Si par exemple, il y a une certaine maladie qui présente une évolution grave et dangereuse, il convient d’appliquer un seul produit contre cette maladie, quels qu’en soient les effets secondaires de ce produit. On ne fait pas de raisonnement. On ne prévoit pas de contrepoison. On emploie un ou deux produits qui ont tous la même action. C’est avant tout une action dispersante. On considère de ce fait que l’ordonnance est une ordonnance forte et très violente. On la considère comme étant de type Yang. Cette ordonnance dite « ordonnance Yang » n’est pas due à la nature de ses produits, mais à l’action du produit sur le Yang dans le corps.
» On lui oppose une ordonnance double. C’est une ordonnance que l’on appelle encore « Yin et Yang mélangés ». C’est une ordonnance qui contient également très peu de produits, mais où on donne deux produits antagonistes. Et dans ce cas l’effet final est l’obtention d’un résultat plus lent.
» L’ordonnance complexe concerne les maladies qui sont le résultat de la superposition de plusieurs maladies. Par exemple, si le Rein est faible, si le Foie est pléthorique, on va combiner deux ordonnances, l’une pour le Rein, l’autre pour le Foie. Si en même temps le Poumon présente un certain état pathologique, on peut rajouter une troisième ordonnance. On met les trois ordonnances ensemble et on compose une ordonnance complexe.
Nous allons prendre à présent un exemple de formule que l’on pourrait utiliser lors
d’une banale « attaque externe », de type rhume simple, par une agression du vent
et du froid. En médecine chinoise, la perversité froide est facile à appréhender. Le
vent, c’est le vent du climat, mais aussi tout ce que véhicule le vent, à savoir les
microbes, les virus, etc. On utilisera une formule très connue en Chine, à savoir : Gui
Zhi Tang, décoction à base de ramulus cinnamomi, composée de cinq ingrédients :
» Ramulus cinnamomi, rameau du cannelier : 10 g ;
» Radix paeoniae albae, racine de pivoine blanche (racine pelée et découpée en tranche) : 10 g ;
» Radix glycyrrhizae, racine de réglisse sautée au miel : 6 g ;
» Rhizoma zingiberis recens, gingembre jeune : 10 g ;
» Fructus jujubae spinosae, le jujube : 5 pièces.
Les trois premières plantes sont hachées et les cinq ingrédients de la prescription sont mis dans un litre et demi d’eau, réduits à feu doux jusqu’à obtention d’environ 60 cl de décoction. On filtre, on en boit environ 20 cc à température chaude. Après quelques instants, il faut consommer un gruau de riz clair bien chaud, pour renforcer l’action des drogues. Puis il faut se couvrir chaudement. Une transpiration légère doit couvrir tout le corps. Elle ne doit pas sortir à grosses gouttes sous peine de blesser les liquides organiques et d’aggraver le cas. Très souvent, cette seule prise peut guérir le patient.
À la lumière de tout ce que nous avons vu précédemment, étudions d’un peu plus près cette formule. Elle est donc principalement destinée à traiter les « syndromes de superficie » dus à l’attaque d’un vent-froid. Lorsque ce « vent-froid » agresse le corps, lorsqu’il franchit la barrière de la peau parce que les pores, à cause d’une faiblesse interne ou d’un état de fatigue, n’ont pas pu se refermer à temps, il va y avoir l’apparition d’un conflit, d’un combat. Les deux protagonistes sont d’un côté l’attaquant, le « pervers » qui peut être plus ou moins puissant. Et de l’autre, l’énergie de défense, les défenses immunitaires du patient. Ce combat se fait au niveau des chairs superficielles. Les preuves que ce combat a bien lieu sont les symptômes qui apparaissent : les maux de tête, de la fièvre, la congestion du nez, etc.
Dans cette formule :
» Le rameau de cannelier est le produit Empereur. Sa saveur est piquante et douce et sa nature tiède. Il a pour effet de libérer les chairs et d’expulser le « vent » de la couche défensive.
» Il est assisté de la racine de pivoine blanche qui est le produit Ministre dont la saveur acide et douce, et sa nature froide ont une action astringente, ayant pour effet de retenir le Yin, de ne pas provoquer une trop forte transpiration, mais aussi de réguler la digestion.
» Le gingembre jeune, de saveur piquante et de nature tiède aide l’écorce de cannelle à mobiliser l’énergie défensive et à chasser le vent. Il permet aussi de disperser le froid et d’arrêter les vomissements s’ils sont présents.
» Le jujube, de saveur douce et de nature tiède renforce l’action harmonisante de la racine de pivoine sur la nutrition et le sang. Ces deux derniers dont les saveurs combinées sont piquantes et douces, sont les produits Fonctionnaires de la formule. Ils ont comme propriété de tonifier l’énergie de la Rate, chef d’orchestre de la digestion du bol alimentaire et de renforcer les défenses de l’organisme.
» La racine de réglisse sautée au miel harmonise l’action des autres plantes pour qu’ensemble ils puissent soutenir l’énergie de défense et chasser la perversité. C’est le produit Ambassadeur de cette formule.
La combinaison de ces plantes permet donc d’obtenir un effet reconstituant et un effet astringent. Elle permet de chasser la « perversité » et de rétablir un bon niveau des défenses immunitaires.
Voilà l’exemple d’une formule très ancienne, bien équilibrée et qui, si elle est appliquée à bon escient, peut donner d’excellents résultats.
Les formes galéniques sont les différentes façons de préparer les prescriptions. Au cours du développement historique de la pharmacopée, les médecins ont été amenés à créer de nombreuses formes galéniques. Voici les présentations les plus traditionnelles :
» La décoction, Tang ;
» La pilule, Wan ;
» La poudre, San ;
» La pâte médicinale, Gao ;
» Le vin médicinal, Jiu.
C’est de loin la plus traditionnelle. C’est une préparation qui consiste à mélanger les drogues pour les faire décocter, puis à en éliminer le résidu solide pour ne conserver que le liquide qui est alors consommé.
C’est la préparation la plus usitée, car elle est adaptée aux traitements des affections
générales ainsi qu’à celui des affections aiguës.
Les caractéristiques propres à une décoction sont la rapidité d’assimilation des drogues et l’efficacité avec laquelle l’effet thérapeutique peut se produire.
Elle a l’immense avantage de se prêter aux modifications et de permettre donc de s’adapter aux particularités du patient, aux affections rencontrées et à l’évolution au jour le jour des symptômes.
Traditionnellement, les produits destinés à être décoctés devaient préalablement être hachés. De nos jours, on les utilise surtout après débitage en tranches afin que leurs propriétés thérapeutiques puissent se développer plus rapidement au moment de la décoction.
Cette forme de préparation consiste à réduire le mélange des drogues en poudre puis à les mélanger à différentes substances comme le miel, la farine de riz, l’eau, du vin, du vinaigre pour obtenir une pâte qui est ensuite formée en billes.
La particularité de ces pilules est d’avoir une action progressive, lente et durable. C’est une des formes de préparation les plus utilisées à l’heure actuelle.
D’une manière générale, les pilules sont adaptées aux affections chroniques, mais certaines peuvent être utilisées en cas d’urgence. C’est également une forme de préparation privilégiée quant à l’administration de drogues très toxiques, difficiles à décocter, très coûteuses ou aromatiques et qu’on ne peut pas faire cuire trop longtemps.
Dans la pratique courante, les pilules les plus fréquemment employées sont les
pilules au miel, à l’eau, à base de farine.
Cette préparation consiste à réduire le mélange de substances médicinales en une poudre sèche et homogène. Elle peut alors être utilisée par voie interne.
Une fois les produits finement moulus, ils sont administrés en petites quantités après infusion. Ils peuvent être aussi broyés plus grossièrement, cuits à l’eau bouillante et absorbés après filtrage.
Ces poudres peuvent aussi être utilisées en externe sur certaines pustules, ou boutons, ou certaines zones malades.
Les pâtes médicinales sont obtenues par concentration d’une décoction des différents Yao, médicaments dans de l’eau ou de l’huile végétale.
On peut les trouver sous de nombreuses formes comme les extraits liquides, les extraits solides, les pâtes décoctées, les onguents, les emplâtres ou cataplasmes.
La science des cataplasmes est très utilisée en MTC. Il existe des compendiums de pharmacopée uniquement destinés à leur usage.
En chinois, on les appelle Gao Yao. La base utilisée pour la fabrication est un savon
spécial dans lequel les substances sont mélangées ou dissoutes de manière à obtenir
une pâte de couleur grise ou noire, qui est ensuite appliquée sur un support en tissu
ou en papier.
L’ensemble est appliqué sur la peau.
Elle reste solide à température ambiante et se ramollit à la température de la peau, ce qui permet à l’action thérapeutique des drogues de s’exprimer pleinement.
Ce type de préparation est d’un emploi simple, facile à stocker et à transporter.
Les cataplasmes sont très utilisés pour traiter les traumatismes, les contusions, les douleurs rhumatismales, les abcès. Certains cataplasmes peuvent directement être utilisés sur les points d’acupuncture.
La préparation des vins médicinaux, ou Yao Jiu, consiste à faire macérer des drogues dans de l’alcool de riz ou de sorgho. La fraction claire de la macération est ensuite administrée par voie interne ou employée en application externe.
Ce type de préparation est le plus souvent utilisé pour les traitements reconstituants et nutritifs, le traitement des douleurs rhumatismales, ainsi que les blessures ou contusions.
Dans cette catégorie, on trouve les différentes teintures médicinales.
L’avantage de l’alcool du fait de sa nature Yang est de faire très rapidement disperser
les différents Yao, les différentes drogues qu’elle contient, dans le corps.
DERNIÈRES MISES EN GARDE
En Chine, la pharmacopée et les plantes médicinales constituent un « trésor national ». La pharmacopée est considérée comme plus puissante que l’acupuncture. Même si une grande partie des connaissances qui lui sont propres découle d’une pratique traditionnelle populaire, avec des variations d’une région à l’autre, les médecins au fil des siècles ont accumulé de très volumineux corpus de données sous la forme de compendium, de Ben Cao.
Certaines plantes nous sont familières comme la verveine, la réglisse, le jujube. Plusieurs sont toutefois peu ou pas connues dans nos cultures occidentales. C’est donc encore un territoire inexploré pour les scientifiques occidentaux.
Il est à noter que l’utilisation de ces formules et de ces plantes est sous-tendue une extrême logique et une grande pertinence. Les étudier séparément et essayer d’en découvrir les principes actifs pour ensuite les synthétiser risque de nous éloigner de cette théorie des signatures. À l’instar d’une substance unique souvent beaucoup trop puissante, nous perdrions les effets inhérents à cette synergie de plusieurs ingrédients qui permet d’éviter des effets trop puissants et incontrôlables.
Mais il est évident qu’il ne faut pas jouer aux apprentis sorciers en la matière et que de très longues études s’imposent pour devenir en quelque sorte un chef d’orchestre capable de déceler les plus petites variations dans l’évolution de la symptomatologie d’un patient et d’affiner au jour le jour la composition d’une formule.