Introduction

La médecine chinoise fait partie de ces médecines traditionnelles qui viennent de la nuit des temps, à l’instar des médecines indienne, africaine, arabe, grecque. Mais seule la médecine traditionnelle chinoise, que l’on abrégera MTC, a su traverser le temps. C’est un système médical complet comme nous allons le voir.

Ces médecines avaient toutes un point commun, une vision non parcellaire de l’être humain, mais bien au contraire une vision holistique. Vivre en harmonie avec la nature, mettre l’accent sur la prévention autant que le curatif, demander à son patient de se prendre en charge. C’est Hippocrate qui au V^e siècle av. J.-C. disait dans son livre L’Art médical, sciences et doctrine : « L’art est long, la vie courte, l’occasion passe vite. L’épreuve est trompeuse. Le jugement difficile. Non seulement le médecin doit faire ce qu’il faut, mais le malade aussi. »

La MTC est une médecine totale où corps et esprit ne sont pas séparés. Médecine holistique par excellence, elle considère que l’homme et la nature ne font qu’un. Médecine écologiste bien avant l’heure, elle met en évidence les interférences existant entre notre environnement et le fonctionnement de l’organisme. Mais c’est aussi une médecine de l’âme, capable de traiter la racine même du dysfonctionnement du corps humain.

En Occident, nous avons une vision très étroite de cette médecine traditionnelle en la réduisant à une acupuncture symptomatique.

Un praticien en MTC doit être un excellent « détective » capable grâce à l’observation, l’interrogatoire, la prise de pouls et l’étude de la langue, de découvrir l’origine du déséquilibre, de savoir où en est son patient et quel va être son devenir.

Une fois que toutes ces investigations ont abouti, il doit être un praticien multicarte. Il est aussi bien acupuncteur, pharmacologue, chiropraticien, professeur de gymnastique, psychothérapeute, masseur, diététicien. Il doit savoir jongler avec toutes ces méthodes thérapeutiques propres à la MTC. Il doit être à même de trouver la bonne clé qui correspond à son patient.

La médecine occidentale, à certains égards, pourrait être qualifiée de médecine d’urgence. Elle obtient des résultats très intéressants sur des symptômes ou des maladies aiguës. Mais dès qu’il s’agit de chronicité, elle perd souvent pied faute d’appréhender l’exacte genèse de la pathologie. Cette médecine a été bâtie sur un modèle mécaniste, où chaque organe est un rouage du corps humain. Si l’un d’eux vient à tomber en panne, il « suffit » de le réparer pour que la machine retrouve son fonctionnement normal. C’est cette vision qui fait que la médecine moderne a tendance à se tourner uniquement vers le traitement des symptômes, à traiter plus souvent l’effet que la cause, certains maux revenant alors de manière récurrente.

La MTC au contraire met l’accent sur l’interdépendance de tous les organes. Elle considère que l’énergie se situe en amont de la matière. Dès qu’un dérèglement énergétique apparaît, un symptôme signal d’alarme informe le praticien ou le patient qu’un déséquilibre s’installe. La plupart du temps, ce symptôme ne sera pas tout de suite ciblé. Il disparaîtra de lui-même quand la cause profonde du dérèglement aura été traitée. Si le déséquilibre n’est pas corrigé, petit à petit, ce seront les organes physiques, vitaux, qui seront atteints.

Une des grandes caractéristiques de la MTC est de ne pas différencier l’équilibre psychologique, de l’équilibre global du corps humain. Physique, mental et émotion sont en relation très étroite. Depuis plus de 3 000 ans, la MTC explique que chaque organe est un organe « pensant ». Nous verrons d’ailleurs que les déséquilibres émotionnels sont les causes premières de quasi toutes les pathologies internes.

Un autre trait marquant, pour ne pas dire essentiel de cette médecine, est de ne pas se cantonner seulement à des remèdes, des techniques pour contrer la maladie. Elle préconise avant tout une certaine qualité de vie qui tient lieu de prévention. « Prévenir vaut mieux que guérir » est l’axiome de base de la MTC. Nous verrons que toutes les techniques curatives enseignées dans ce livre pourront aussi devenir éléments de prévention.

À propos de ce livre

La médecine traditionnelle chinoise, vieille de ses 3 000 ans, reste une médecine moderne et jeune qui a de plus en plus d’adeptes à l’aube de ce XXI^e siècle. Bien que très complexe par ses nombreuses théories et écoles, elle découle souvent du bon sens et de l’observation de notre environnement. Elle permet de se recentrer sur soi et d’être à l’écoute de notre corps.

« Le corps n’a pas été construit pour tomber malade, mais pour s’autoguérir en permanence. » Encore faut-il lui en redonner les moyens ! C’est tout l’objet de ce livre.

Dans cet ouvrage, écrit à la manière d’un enseignement oral, j’ai voulu démystifier la médecine traditionnelle chinoise et la rendre abordable à tout un chacun. Ce livre s’adresse donc à un très large public.

» Au profane qui n’a le plus souvent qu’une vision parcellaire de cette médecine. Tout au long de ces pages, les pièces du puzzle seront reconstituées. Il aura entre les mains tous les outils nécessaires pour mettre en place une véritable politique de prévention. La santé et la longévité sont des états qui se méritent. Dans une société qui nous incite en permanence à devenir des assistés, apprendre à s’autodéterminer demande des efforts, certes, mais ils seront rapidement récompensés. La mise en pratique de techniques, toutes décrites dans ce livre, comme la digitoponcture, la moxibustion, les massages, la diététique, la respiration, la gymnastique de longue vie au travers des qi gong, la psychothérapie lui permettront de retrouver cet équilibre tant recherché sur le « câble de vie ».

» À l’étudiant ou au futur étudiant qui désire se lancer dans de telles études. Il trouvera là un livre de référence sur l’ensemble des facettes de la MTC, puisé à la source même de la Tradition. Il se rendra très vite compte que la MTC ne se borne pas à quelques recettes ou à l’acupuncture. C’est une Médecine de toute une vie. Il n’aura de cesse, jusqu’à la fin de ses jours, d’apprendre encore et encore. Ce livre multifacettes sera autant de portes à ouvrir pour sa propre évolution.

» Au praticien confirmé. Il trouvera en particulier en annexes des enseignements rarement donnés en Occident. Entre autres, les techniques ancestrales d’acupuncture et de digitoponcture, et la « grille de choix des points », applicables à toutes les pathologies. Tout cela tiré des enseignements d’un des plus grands maîtres modernes en MTC, le P^r Leung Kok Yuen.

Les conventions

» Plutôt que de répéter à chaque fois « médecine traditionnelle chinoise », il sera utilisé l’abréviation MTC au long de cet ouvrage.

» Lorsque nous parlons d’un organe, il faut avant tout d’appréhender l’énergie qui sous-tend le fonctionnement de l’organe. C’est pour cette raison que tous les organes, comme le Foie, le Cœur, etc. seront précédés d’une majuscule.

Comment ce livre est organisé

La Médecine traditionnelle chinoise pour les Nuls se compose de cinq parties thématiques plus la sixième partie des Dix bien connue de la collection.

Première partie : Les fondamentaux de la médecine traditionnelle chinoise

Cette partie vous permet tout d’abord d’appréhender les sources mêmes de cette médecine, loin des dérives modernes. Elle vous donnera une vision holistique du corps humain. Tout un chapitre vous permettra de dégrossir le terrain et d’avoir une vision profonde de la MTC. À ce titre, le chapitre 2 est incontournable : il pourra être lu en priorité. Ensuite vous aurez l’exacte définition et la compréhension des concepts propres à la MTC, comme les notions de Yin-Yang, de Qi (énergie), de Hun (âme spirituelle), de Po (âme corporelle) et bien d’autres encore. Cette partie nous enseigne aussi la relation très étroite entre l’Homme et l’Univers, véritable écologie avant l’heure. Tout cela débouchant sur le concept des cinq éléments, la notion de méridiens et de points énergétiques.

Deuxième partie : Les méthodes de diagnostic

Cette partie explique en détail les différentes méthodes d’observation en MTC. L’étude du morphotype, du visage avec sa forme et ses couleurs, des yeux, des mains… permet très rapidement d’avoir une idée précise quant au passé et au devenir pathologique d’un individu.

Vous tirerez grand profit à vous imprégner du chapitre sur l’interrogatoire et de la « chanson des dix questions » : elle vous permettra d’analyser et de comprendre l’origine de tous vos maux (maux de tête, douleurs, insomnies…), et de les considérer au départ comme des symptômes signaux d’alarme et non comme des pathologies à part entière.

Et pour aller plus loin, vous deviendrez imbattable (ou presque) dans les techniques de prise de pouls et l’étude de la langue. Dans la pratique, un praticien « voit » son patient, a déjà quelques intuitions, lui pose des questions bien précises après s’être enquis de son CV. Ensuite, il conforte son diagnostic par la prise des pouls et l’étude de la langue. Un praticien de haut niveau, après avoir vu, pris les pouls et « étudié la langue », aura déjà posé le diagnostic. Le patient ne pourra alors que répondre « oui » aux questions qui lui seront posées.

Troisième partie : Les grandes causes de maladie

On peut pas à pas se créer une maladie dite « interne » par méconnaissance du fonctionnement de notre corps énergétique. Ignorer les signaux d’alarme qu’émet l’organisme, ne pas pratiquer au quotidien les méthodes Yang Sheng Fa, de prévention, peut faire qu’un déséquilibre énergétique au départ se transforme en pathologie organique en fin de chaîne. Ne pas oublier que l’énergie est en amont de la matière.

Mais cette faiblesse de l’interne favorisera aussi la pénétration des « agents pervers » vecteurs de maladies (virus, microbe, vent, froid, humidité…). C’est ce que la MTC appelle les maladies externes.

Cette partie est essentielle pour comprendre que nous sommes la plupart du temps à l’origine de l’apparition de nos maux. Vous ne pourrez plus dire : c’est la faute « à pas de chance », ou celle des « autres ».

Quatrième partie : Les grandes méthodes de traitement

Dans cette partie sera abordé le très large éventail des techniques thérapeutiques et préventives enseignées par la MTC. On y trouvera des méthodes réservées au praticien comme l’acupuncture ou l’utilisation des plantes dans la pharmacopée traditionnelle. Au moins, vous saurez le pourquoi du comment quand on vous fait une séance d’acupuncture !

En bonus, vous trouverez une méthode très simple pour apprendre en quelques minutes la localisation et le trajet global des 12 méridiens énergétiques.

Mais cette partie s’adresse essentiellement à tous les « Nuls » que nous sommes : comment réellement s’occuper de sa santé, « sans peur et sans reproche », en évitant tout radicalisme et tout excès ? Vous apprendrez en effet à respirer, à dormir, à vous relaxer, à vous automasser, à bouger votre corps, à méditer. Une large place sera donnée à la technique ancestrale de digitoponcture, avec quelques grandes formules de points praticables par tout un chacun.

Cinquième partie : La diététique de longue vie

Cette partie dédiée à la diététique du juste milieu va vous apprendre à devenir le chef d’orchestre de votre alimentation, avec des aliments de saison et de région. Pas question de « s’enchinoiser » outre mesure. Et ce, au travers de « neuf règles incontournables » qui bien comprises et appliquées le plus régulièrement possible, permettront non seulement de « faire maigrir les gros et grossir les maigres », mais surtout d’arrêter de fatiguer inutilement votre organisme et de retrouver un état d’équilibre, de bonne santé sur votre câble de vie. Tout un chapitre sera consacré au problème si controversé de l’hydratation du corps. Les données de la MTC en la matière vont vous aider à vous départir des erreurs véhiculées dans notre monde moderne.

Sixième partie : La partie des Dix

La vie ne peut être que si nous respirons, si nous mangeons et si nous pensons. Ce sont là les trois grands piliers de la vitalité. Nous allons donc diviser cette partie en trois fois dix commandements, conseils ou règles qui vous permettront de retrouver un nouvel équilibre et un nouvel élan sur votre câble de vie. Nous commencerons par une charte en dix points pour apprendre à gérer nos émotions. Ensuite ce que devons mettre en place du matin au soir pour recharger en permanence la batterie du Rein. Quant à la diététique, nous en verrons un aspect essentiel, à savoir les dix raisons pour lesquelles il convient d’apprendre à mâcher. Vous pouvez avoir la meilleure des diététiques, mais si vous ne mâchez pas votre bol alimentaire, elle finit par perdre toute sa valeur.

Septième partie : Annexes

Le début de cette partie est réservé aux praticiens, ou futurs praticiens de la MTC. Le P^r Leung Kok Yuen a légué à ses élèves sa technique de poncture la plus proche de la Tradition. N’oublions pas qu’il était grand maître en acupuncture et considéré comme tel en Chine, puis aux États-Unis. Mais aussi la grille de choix des points qui vous permettra de faire face à quelques situations pathologiques qui soient. Si vous avez la vision profonde, vous verrez que cet enseignement constitue un véritable trésor.

Vous trouverez également dans cette partie des adresses utiles et un lexique.

Les icônes utilisées dans ce livre

Vous trouverez en marge du texte des icônes qui vous aiguilleront dans votre lecture et vous permettront de repérer facilement les informations que vous recherchez en priorité. Suivez le guide !

Souvent, certaines incompréhensions proviennent de la méconnaissance de concepts pourtant fondamentaux. Cette icône permettra de répondre à vos interrogations.

Si vous n’avez qu’une seule chose à retenir, c’est bien ce point-là : mettre le doigt sur l’essentiel.

C’est le passage de la théorie à la pratique. Rien ne sert d’avoir un cerveau encyclopédique aux « dix mille connaissances », encore faut-il passer à l’acte.

Certaines données de la MTC vont bien au-delà du matérialisme actuel. Plus qu’une philosophie, cette médecine touche à l’essence même du « pourquoi ». Certains aspects y procèdent de la pure métaphysique.

Cette icône vous met en garde contre certaines dérives, certaines pratiques ou idées reçues qui peuvent, à plus ou moins long terme, mettre en danger votre propre santé. Donc, « attention ».