Que l'honneur n'est point
le principe des États despotiques.
Ce n'est point l'honneur qui est le principe des États despotiques : les hommes y étant tous égaux, on n'y peut se préférer aux autres : les hommes y étant tous esclaves, on n'y peut se préférer à rien.
De plus, comme l'honneur a ses lois et ses règles, et qu'il ne saurait plier ; qu'il dépend bien de son propre caprice, et non pas de celui d'un autre ; il ne peut se trouver que dans des États où la Constitution est fixe, et qui ont des lois certaines.
Comment serait-il souffert chez le despote ? Il fait gloire de mépriser la vie, et le despote n'a de force que parce qu'il peut l'ôter. Comment pourrait-il souffrir le despote ? Il a des règles suivies, et des caprices soutenus ; le despote n'a aucune règle, et ses caprices détruisent tous les autres.
L'honneur inconnu aux États despotiques, où même souvent on n'a pas de mot pour l'exprimer1, règne dans les monarchies ; il y donne la vie à tout le corps politique, aux lois, et aux vertus même.