Aelbrecht Bouts, Mater dolorosa
(volet droit d’un diptyque), vers 1495.

Huile sur panneau de chêne, 37,9 x 27 cm.

Fogg Art Museum, Harvard University Art Museums, Harvard.

 

 

Les Œuvres faussement attribuées à Memling

1. L’Adoration des Mages, triptyque avec des figures à mi-corps ; chez Me Chaix-d’Estange, à Paris. Tableau sans valeur, qui n’est ni de Memling, ni d’aucun maître flamand ; œuvre de pacotille.

2. Un vieux Chanoine de l’ordre de Saint-Norbert (musée d’Anvers no 35). Ce laid personnage sur fond olive, aux lignes dures, à la couleur sèche, ne dénote en rien le pinceau de Memling. Toute l’exécution a quelque chose de pauvre, une mesquinerie bien éloignée de son style. La manière est complètement identique avec celle du prétendu portrait de Philippe le Bon, qui porte le no 34 ; puisque le catalogue attribue celui-ci à Rogier Van der Weyden. Pourquoi impute-t-il à Memling le no 35 ?

3. Portrait d’un prince de Croy (musée d’Anvers, no 36). Le tableau est de Dierick Bouts.

4. Double diptyque, portant le monogramme C. H. et la date 1499 (musée d’Anvers, nos 37, 38, 39 et 40). Memling, étant mort en 1495, ne peut avoir exécuté cet ouvrage.

5. Portrait du bâtard Antoine de Bourgogne, avec sa devise : Nul ne s’y frotte. M. Julius Hübner a écrit sur ce tableau un mémoire, où il l’attribue à Memling ; mais il me paraît indigne du grand peintre et n’a d’ailleurs aucune analogie avec sa manière. Au musée de Dresde, no 529.

6. Saint Luc tenant dans les mains un tableau où il a esquissé la Vierge et son fils. Le monument qui entoure l’apôtre laisse découvrir un grand paysage. Waagen croit que ce tableau est une reproduction contemporaine et très bien faite d’une œuvre de Rogier Van der Weyden exposée à Munich. « Bien que cette copie, dit-il, ait une couleur plus moelleuse que l’original, on ne peut l’attribuer à Memling, parce qu’on n’y observe pas sa vigueur de tons. » Galerie de l’Ermitage, à St -Petersbourg, no 445.

7. Œuvre d’Antonello da Messina attribuée à Memling dans la galerie Lichtenstein, à Vienne, Portraits d’un homme et d’une femme dans un même cadre, l’homme vu de profil, la femme dessinée un peu de biais. « Je considère ces admirables miniatures à l’huile, dit Waagen, comme des œuvres d’Antonello da Messina, peintes pendant son séjour à Venise. Elles concordent exactement avec l’effigie signée du même artiste, que possède le musée de Berlin, l’homme surtout, par leur extrême vivacité, par la précision des formes et par le ton bistré diaphane. Un petit arbre, complètement pareil à celui qu’on voit sur l’image de Berlin, se dresse dans la campagne, où quelques nuages traversent le ciel, comme dans l’Adoration de l’Agneau mystique. La disposition de la chevelure en énorme touffe circulaire, mode usitée à Venise et souvent reproduite par Jean Bellin, signale le lieu où l’œuvre fut exécutée. Die vornehmsten Kunst-denkmœler in Wien, t. Ier, p. 280.

8. Musée de Montpellier, no 268. Cinq petits tableaux, cintrés dans la partie supérieure et encastrés dans un même panneau. Ils figurent la Visitation, l’Adoration des Mages, la Fuite en Egypte, la Circoncision, l’Assomption. Œuvre médiocre du XVIe siècle, copie grossière peut-être. Les fonds d’architecture sont dans le goût italien, avec des lignes droites, des pleins cintres, des absides en hémicycles. Travail sans intérêt.

9. Triptyque de Rogier Van der Weyden, dont le panneau central figure le Sauveur sur la Croix, devant lequel sont agenouillés François Sforza, duc de Milan, et sa femme Bianca Maria, la dernière des Visconti. Le célèbre capitaine avait fait son entrée dans la ville et pris possession du Milanais le 26 février 1450 ; or, Van der Weyden résida une partie de cette année au delà des Alpes. J’ai donné des preuves surabondantes qu’il a exécuté le retable acquis depuis lors par le musée de Bruxelles. A cause de ces preuves, le catalogue l’avait rangé parmi les productions anonymes, bien que le gouvernement belge l’eût payé 23 000 francs à la vente Middleton. Payer 23 000 francs une œuvre sans nom d’auteur ! Maintenant, pour se donner le plaisir de commettre une nouvelle sottise, on l’attribue sans aucune raison, sans aucune probabilité, à Hans Memling. Voyez le cinquième volume de mon Histoire de la Peinture flamande, p. 451-460, et mon livre intitulé : L’Art flamand dans l’Est et le Midi de la France, p. 292. La présomption et l’envie n’ont qu’une maxime : « Tout, plutôt que la vérité ! »