J’examine les jouets que j’ai choisis pour la grosse session de test.
Si cette soirée avait un thème, ce serait la succion : le jouet que j’ai choisi pour lui s’appelle une pompe à pénis, et le mien est son cousin plus petit – un appareil de succion du clitoris.
Selon mes recherches, ces deux jouets sont censés servir de mise en bouche, en quelque sorte. Ils aspirent le sang dans la zone ciblée, ce qui accroît la sensibilité. Les modèles Belka semblent aller un peu plus loin, incorporant la vibration et Dieu sait quoi d’autre.
Comme j’ai un peu de temps, je récupère la pompe, une copie de celle que Vlad utilisera plus tard, et je mets mes doigts dedans.
Le matériau est doux, mais pas au point de me faire penser à une méduse.
Je l’active.
Waouh. C’est comme avoir les doigts dans un aspirateur. Ce sera vraiment agréable pour lui ?
Je lance la vibration.
Ça ressemble toujours à un aspirateur, en plus bruyant.
J’éteins la pompe, prends l’aspirateur de clitoris et glisse le bout de mon index dedans, avant de l’allumer.
J’ai l’impression que l’appareil essaie de faire un suçon à mon doigt.
Avec la vibration, on dirait qu’il a envie de garder le bout de mon doigt pour toujours.
Hum. Je me demande ce que ce sera, utilisé comme il doit l’être.
Je devrais peut-être choisir un jouet plus sûr ?
La fonction de vidéo-conférence de l’application sonne et je décroche.
— Salut, sourit Vlad, son humeur grincheuse de tout à l’heure apparemment oubliée. Comment s’est déroulé le reste de ta journée ?
Je hausse les épaules.
— J’ai rattrapé quelques corvées. Et toi ? Est-ce que vous êtes rentrés sans encombre, Oracle et toi ?
— J’ai été bien trop occupé pour un dimanche, répond-il. Oracle va bien, mais elle s’est montrée discrète. Je crois que Monkey lui manque déjà.
À bien y réfléchir, Monkey était aussi un peu morose, après leur départ. Sa nouvelle amie lui manque-t-elle aussi ? À moins que ce soit Vlad ?
— Nous allons devoir organiser un goûter bientôt, lancé-je.
Il hoche la tête.
— Tu m’as dit que ton emploi du temps était dégagé, alors on pourrait peut-être faire ça un jour de semaine, lundi ou mardi ?
— Le rendez-vous des cochons d’Inde est pris. On peut se mettre au travail, maintenant ?
Ses yeux bleus viennent-ils de prendre une lueur avide, derrière leurs lunettes à monture d’écaille, ou je rêve ?
— Les dames d’abord, encore une fois ? demande-t-il.
J’acquiesce et lui montre les jouets que j’avais en tête.
Il défait le premier bouton de sa chemise.
— Fais-moi savoir quand tu seras prête.
Je porte une robe sans culotte, si bien qu’il ne me faut qu’un instant pour placer le bidule à succion à côté de mon clitoris.
— Prête.
Ses yeux s’assombrissent. Est-ce qu’il vient de comprendre mon absence de sous-vêtements ?
Le jouet prend vie et s’accroche à mon clitoris comme une de ces sangsues approuvées par le gouvernement américain.
Waouh. Le test du doigt ne m’avait pas préparée à ça.
Je jette un coup d’œil sous ma jupe. Bon sang. Tout est bien engorgé. On dirait qu’il va me pousser un pénis. Je suis contente qu’il ne puisse pas voir ça. Mon cœur cogne dans ma poitrine, des vagues de chaleur parcourent mon corps à mesure que les sensations s’intensifient.
Comme si sa voix provenait de très loin, je l’entends demander :
— Dois-je intensifier la succion ?
— Non, haleté-je. Essayons la vibration.
Dès que les vibrations commencent, j’ai l’orgasme le plus intense – et limite douloureux – de ma vie.
Un son à mi-chemin entre le gémissement et le cri s’échappe de mes lèvres.
C’est alors que l’appareil s’éteint – relâchant l’aspiration, mais causant aussi un autre orgasme.
Prise par la passion délirante, j’ai laissé tomber le téléphone sur le canapé. Rougissant au point de battre des records, je le récupère.
Sur l’écran, son visage est à nouveau indéchiffrable.
Un peu tard, je croise les jambes.
— Tu as vu quelque chose ?
— Un gentleman n’avoue jamais quand il regarde, répond-il avec une ébauche de sourire.
C’est un oui ! Qu’a-t-il vu, exactement ? Et pourquoi fallait-il que tout soit rouge et enflé à cause de la fonction succion ?
Qu’est-ce que je raconte ? Je serais tout aussi mortifiée si tout avait été joli et rose, là-dessous.
Si mon ancienne touffe avait encore été là, par contre…
Mince, je ne fais qu’empirer les choses en gardant le silence.
— C’est ton tour, dis-je, mon cerveau passant à la vitesse supérieure. Selon mes recherches, tu n’as pas besoin d’être, euh… prêt, pour celui-là. La succion se chargera de cette étape.
Sa main disparaît un instant de mon champ de vision.
— Prêt, dit-il ensuite.
En tant que testeuse perfectionniste, j’ai envie de lui demander s’il commence en étant déjà complètement en érection ou pas, afin de prendre des notes. Mais ma bouche refuse de formuler les mots. Tant pis, la documentation du test sera imparfaite.
Mais ça n’a pas vraiment d’importance. Comme je le lui ai dit, l’appareil fait en sorte qu’il soit dur assez vite – une version de ces pompes est même utilisée sur les patients atteints de dysfonction érectile.
J’appuie sur la touche « Marche ».
J’entends le moteur bourdonner de son côté de l’appel.
Le son est comme tendu.
Ses yeux s’écarquillent.
— Je vais intensifier la succion, d’accord ?
Il hoche la tête.
Je tripote la commande d’intensité.
Il prend une brusque inspiration.
S’il n’était pas dur jusqu’alors, je parierais cher qu’il l’est, maintenant – et cette certitude provoque des picotements dans les régions hypersensibles de mon corps.
Soudain, j’entends un bruit étrange. Vlad émet un grognement, mais de douleur plutôt que de plaisir.
Je regarde son visage, bouche bée.
Ce n’est pas son visage d’orgasme. Je sais à quoi il ressemble, maintenant.
Cette expression ressemble plus à un « oh, oh ».
J’interromps la succion.
— Il s’est passé quelque chose ?
Il baisse les yeux et secoue la tête, incrédule.
— La pompe s’est cassée.
— Cassée ?
Je regarde ma propre version de la pompe à la recherche d’une partie susceptible de se casser, mais je ne vois rien de la sorte.
— Il semblerait que ce soit un problème de taille.
Il a dit cela d’un ton presque timide, et sans la moindre trace de supériorité ni d’ego.
Les yeux me sortent des orbites.
Un problème de taille ? Genre, la pompe l’a tellement fait grossir qu’il a cassé le truc ?
À quel point est-elle grosse ?
Je regarde à nouveau ma version de l’appareil.
Pour le casser, il faudrait qu’il soit aussi large que Glurp.
Pauvre petite pompe. Elle n’a pas supporté l’empalement.
Merde.
En serais-je capable, moi ?
— Tu penses que ce test était un échec ? demande Vlad, sa voix s’immisçant dans mes pensées démentes.
Je réalise que je suis restée silencieuse tout ce temps.
Je me force à sourire.
— Aucun test n’est un échec. Nous avons appris quelque chose qui doit être notifié, et c’est une bonne nouvelle pour Belka. Dans ce cas précis, c’est plus un problème matériel que logiciel.
Il hoche la tête avec sérieux.
— Tu as raison. Je transmettrai l’information aux gens de chez Belka.
Hum. Ça risque de donner une conversation amusante.
— Et si nous mettions fin aux tests pour aujourd’hui ?
Parce que ce sexe monstrueux a besoin de repos.
— Bien sûr, répond-il. Demain, même heure ?
— Ça me convient.
Je raccroche pour pouvoir me précipiter vers mon tiroir de rangement et récupérer mon mètre ruban.
La pompe fait vingt centimètres de longueur et dix-sept de circonférence.
Cela délimite le minimum de ce que Vlad possède – et c’est assez gros pour mériter un nom à lui seul.
Je n’ai pas besoin de réfléchir longtemps pour en trouver un.
Dracula.