Les orgasmes peuvent-ils provoquer des hallucinations ?
Attendez, non, ils ont l’air réels.
Bordel de merde.
Maman et papa ont encore fait irruption dans mon appartement sans frapper.
Vlad se raidit et écarte vivement le vibromasseur de mon entrejambe, tandis que, bouche bée, je regarde le grand sourire de mes parents. J’ai douloureusement conscience de la présence de la valise de jouets ouverte à mes pieds et de l’orgasme dont ils doivent avoir été témoins à l’instant.
— C’est tout simplement fabuleux, ma chérie ! lance maman, transportée de joie. Je savais bien que le Vibronator te serait utile.
Je bondis sur mes pieds, imitée par Vlad. Il désactive promptement la baguette et la jette dans la valise avant de la refermer.
Je me demande si je devrais mourir sur le champ ou pas. Je suis à peu près sûre que des gens se sont empalés sur une épée pour un déshonneur moins pire que ça.
Au moins, mon visage rougi par l’orgasme ne peut pas devenir plus écarlate.
Sans trop savoir comment, je parviens finalement à retrouver l’usage de la parole.
— Maman, papa, voici Vlad.
Je suis fière que ma voix ne tremble pas.
— Vlad, je te présente mes parents. Clairement, ils n’ont jamais appris à respecter les limites.
Désormais calme et posé, Vlad tend la main à maman.
— Ravi de vous rencontrer, Madame Pack.
Ma mère semble être à deux doigts de se mettre à baver.
— S’il vous plaît, appelez-moi Vénus.
— Bien sûr, Vénus, reprend Vlad avant de tendre une main vers mon père pour le saluer. Monsieur Pack, c’est un plaisir de faire votre connaissance.
— Appelez-moi Wolf, répond mon père.
Il est clairement impressionné par Vlad, lui aussi, même si contrairement à ma mère, il n’a pas l’air sur le point de lui sauter dessus comme une cougar.
Mon embarras se dissipe lentement.
Il est temps de me venger.
— Tu as bien entendu, dis-je à Vlad. Wolf Pack. Comme une meute de loups. Il fait partie d’une meute composée d’un seul membre, comme ce type dans Very Bad Trip. Ses grands-parents l’ont appelé comme ça pour blaguer.
— Ravi de vous rencontrer, Wolf, répète Vlad sans montrer le moindre signe qu’il a entendu ce que je viens de dire.
Globalement, il gère ça beaucoup, beaucoup mieux que je ne l’aurais fait si ses parents nous avaient découverts en pleine action.
Ma mère adresse un regard rayonnant à Vlad.
— Nous sommes venus inviter Fanny à déjeuner. Voulez-vous vous joindre à nous ?
— J’adorerais, répond Vlad sans hésiter.
Attendez, quoi ? Déjeuner avec mes parents et avec Vlad ? Pourtant, nous n’en sommes pas encore à l’étape où nous nous présentons nos parents.
Nous sommes encore à l’étape des limbes.
Mais après tout, j’ai plus ou moins rencontré les siens, moi aussi.
Est-ce qu’on pourrait faire les choses encore plus dans le désordre ?
— Quel genre de cuisine aimez-vous ? demande papa à Vlad.
— Je ne suis pas difficile.
Mon père propose une liste interminable de spécialités, et lui et ma mère discutent de là où ils veulent aller comme si Vlad et moi n’étions même pas dans la pièce. Pendant qu’ils parlent, je jette un coup d’œil au visage impassible de mon patron.
Je n’ai aucune idée de ce qu’il pense des deux intrus.
Maman et papa sont les premières personnes sur lesquelles j’ai testé mon application. Mon code a déterminé que ma mère ressemblait à la princesse Fiona de Shrek – spoiler : après qu’elle s’est transformée en ogresse de manière permanente. Mon père correspondait à Garfield – et c’est peut-être pour ça que Monkey est absolument terrifié par lui.
— Que diriez-vous de manger des sushis ? propose ma mère à Vlad.
— J’irai là où Fanny ira, répond-il en plaçant une main sur mon épaule.
En remarquant sa main, ma mère échange un regard entendu avec mon père.
— Les plats que Fanny aime sont trop ordinaires.
— Eh, je mange des sushis, répliqué-je en m’efforçant de prendre un ton indigné, tout en échouant lamentablement.
Maman émet un petit rire.
— Au Japon, ils servent des rouleaux californiens avec les burgers, dans les restaurants américains.
— Je mange aussi d’autres trucs, protesté-je en plissant les yeux. Et si on y allait et que je te laisse commander pour moi ?
Ma mère applaudit avec enthousiasme et je pousse tout le monde hors de l’appartement.
Au même moment, mon téléphone sonne.
Je jette un coup d’œil à l’écran.
C’est un message de Vlad.
Tu veux prendre la limousine ou marcher jusqu’à un petit restau sympa tout proche ?
Est-ce qu’il a tapé ça dans sa poche ?
— Maman, papa, Vlad connaît un excellent restaurant à sushis, tout près d’ici. Qu’en pensez-vous ?
Ils acceptent volontiers de marcher, et nous nous mettons en chemin, tandis que mes parents nous demandent comment nous nous sommes rencontrés et depuis combien de temps nous sortons ensemble.
— Nous travaillons ensemble, répond Vlad, aussi imperturbable que d’habitude. Et vous deux ? Depuis combien de temps êtes-vous mariés ?
La diversion fonctionne. Maman se lance dans une histoire que j’aurais aimé n’avoir jamais entendue, et surtout pas la douzaine de fois où elle l’a racontée en ma présence. Apparemment, elle a répondu à une petite annonce dans le journal et a posé nue pour les tableaux de papa. Il l’a trouvée irrésistible, et une chose en a entraîné une autre. Ce que je veux dire par là, c’est qu’ils se sont tous deux couverts de peinture et qu’ils se sont envoyés en l’air de manière débridée sur une énorme toile. L’œuvre d’art qui en a résulté est accrochée dans leur salon depuis ce jour.
Si je dois voir un psy un jour, je suis sûre que j’évoquerai cette histoire. Très souvent.
Vlad écoute cette anecdote inappropriée aussi calmement que si elle lui racontait qu’ils s’étaient rencontrés en ligne.
Je reçois alors un autre message de sa part :
Veux-tu que je demande à Ivan de t’acheter un verrou avec une chaîne pour la porte ?
Il a peur que la prochaine fois qu’ils feront irruption, ils se mettent à faire de l’art chez moi ?
Avec un sourire, je réponds par l’affirmative.
Que dirais-tu de ces sonnettes connectées avec vidéo ? Je connais une marque très sûre, niveau discrétion.
Alors que j’accepte cela aussi, nous arrivons devant le restaurant et entrons.
— Konnichiwa, nous lance le personnel du restaurant à l’unisson.
Vlad répond sur le même ton. Sa prononciation me paraît impeccable.
Je surprends ma mère et mon père qui échangent un regard approbateur.
Nous nous asseyons, et ma mère me commande un sushi deluxe, avant de prendre la même chose pour elle-même et pour papa. Vlad opte pour des sushis à la carte, utilisant leur nom japonais comme un pro.
— Alors, Vénus, j’ai entendu dire que vous chantiez à l’opéra, dit Vlad une fois que la serveuse est partie.
Il sort son téléphone et ajoute :
— Peut-on trouver l’une de vos performances en ligne ?
Elle hoche la tête avec enthousiasme.
— Tapez mon nom, mais ignorez les paquets de rasoirs et de lames qui apparaîtront en haut des résultats de recherche.
Deux secondes plus tard, la voix mezzo-soprano de maman émane des haut-parleurs du téléphone de Vlad.
— Ah, dit-il après deux notes de musique à peine. La Habanera, de Carmen.
— Épouse-le, dit ma mère dans un murmure pas très discret.
Mon visage prend la même couleur écarlate que le bouchon de la sauce soja.
Ma mère se tourne à nouveau vers Vlad et demande :
— Quel est ce merveilleux accent que je détecte dans vos paroles ?
— C’est un accent russe, répond Vlad. En parlant de ça, avez-vous déjà participé à un opéra de Tchaïkovski ? La Dame de Pique est mon préféré de ce compositeur.
Les plats arrivent et ils se lancent dans une discussion animée concernant l’opéra russe. C’est alors qu’une chose m’apparaît clairement : peu importe ce qu’il se passera entre nous, maman n’arrêtera jamais de parler de Vlad.
— Wolf, vous êtes peintre, c’est bien ça ? demande-t-il quand la bouche de maman devient occupée par un gros morceau de thon.
L’instant d’après, mon père et Vlad se mettent à lâcher des noms comme Repin et Malevich, alors qu’ils parlent d’art russe.
Je mange mes sushis et les apprécie presque tous. Mais il y a deux morceaux d’un truc marron que je n’ai jamais goûté et qui me paraît particulièrement peu ragoûtant.
— C’est de l’uni, me dit Vlad en remarquant que mes baguettes planent au-dessus des aliments. Des testicules d’oursins.
Évidemment. Mais c’est tout de même un meilleur nom que ce que j’avais en tête : des sushis caca.
Enfin, je suis bien déterminée à me montrer aventureuse.
Je mange un morceau de gingembre confit pour nettoyer mon palais, puis je plonge le bout de mes baguettes dans la substance marron et la lèche avec prudence.
Elle est crémeuse, mais beaucoup trop à mon goût, et excessivement salée.
Hors de question que je mange ça.
Grrr. Maintenant, Maman va pouvoir me lancer : « Je te l’avais bien dit. » Ce qui est injuste, parce que j’ai mangé tout le reste, y compris le poisson cru.
— Tu sais, c’est ce que je préfère, dit Vlad en remarquant ma grimace. Est-ce qu’on peut faire un échange ?
Je lui étreins le genou avec reconnaissance et dépose l’uni sur son assiette, avant de récupérer un morceau de son saumon en échange.
— L’uni est considéré comme un aphrodisiaque, au Japon, murmure ma mère à Vlad sur le ton de la confidence.
Si c’est vrai, elle a dû manger tout un océan de testicules d’oursins pour le petit-déjeuner, vu la façon dont elle flirte avec Vlad.
— Êtes-vous déjà allé au Japon ? lui demande-t-elle.
Et c’est parti. Quand j’étais à la fac, mes parents se sont mis à voyager, et maintenant ils en parlent sans arrêt – ainsi que du fait qu’à part mon unique voyage à Prague, je ne suis jamais sortie des États-Unis.
C’est une autre pique envers ma nature peu aventureuse. C’est injuste. Je n’ai simplement pas eu le temps ni l’argent de voyager, à cette étape de ma carrière.
J’irai à plein d’endroits, si je pouvais.
Probablement.
J’espère.
Vlad hoche la tête.
— Kyoto était ma ville préférée, mais j’ai voyagé à travers tout le pays.
— Nous aussi, répond ma mère en souriant. Tout était aromatisé au matcha, à Kyoto. Êtes-vous allé au Monkey Park ?
Ils discutent du Japon un petit moment, avant de s’intéresser à la Russie, à propos de laquelle ils interrogent Vlad. C’est une destination qu’ils n’ont pas encore cochée sur leur liste. Je l’écoute répondre à leurs questions avec plaisir, leur racontant tout ce qu’il y a à savoir sur sa ville natale, Mourmansk, et expliquant que l’hiver, on peut y voir des aurores boréales.
Je dois bien admettre que je tuerais pour voir ça.
Le phénomène des aurores boréales est clairement sur ma liste des choses à voir avant de mourir.
Nous terminons notre repas par de la glace au thé vert grillé qui, du point de vue de maman, « n’est pas aussi bonne que celle qu’on trouve à Kyoto ».
Quand arrive l’addition, Vlad la prend et tend sa carte au serveur avant que mon père ait pu ne serait-ce qu’ouvrir la bouche pour proposer de partager.
— Merci, lui dit Maman alors que nous sortons du restaurant et repartons vers chez moi.
L’interrogatoire russe continue durant le trajet. Lorsque nous atteignons l’immeuble, Vlad s’arrête et adresse un sourire chaleureux à mes parents.
— C’était un plaisir de vous rencontrer tous les deux, dit-il. Voulez-vous que je vous raccompagne chez vous ?
Ils prennent un air perplexe lorsqu’il leur indique la limousine d’un geste de la main.
Maman lui adresse son meilleur regard de cougar.
— Oui, s’il vous plaît. Merci.
Nous nous dirigeons vers la limousine, où Vlad prend un grand sac à dos à Ivan et lui dit quelque chose en russe tout en faisant un signe de tête vers mes parents.
Le chauffeur acquiesce et tient la portière ouverte pour maman et papa, qui entrent dans le véhicule.
— À plus tard, lancé-je en agitant la main. Appelez avant de venir, la prochaine fois.
La limousine démarre, et je laisse échapper un soupir.
— Ils n’appelleront pas.
— Ça devrait arranger les choses, dit-il en ouvrant le sac à dos.
À l’intérieur, il y a une perceuse, un verrou à chaîne et une boîte qui contient sûrement la sonnette vidéo.
Quand nous arrivons devant la porte, Vlad installe le tout en l’espace de quelques minutes – dans une démonstration inattendue de ses talents de bricoleur, qui constitue un aphrodisiaque plus puissant que les testicules d’oursins.
Une fois la sonnette de la porte installée et l’application pré-requise activée sur Précieux, Vlad propose :
— Faisons un test.
Je rentre et ferme la chaîne toute neuve, le laissant sur le pas de la porte.
Il sonne.
Précieux me montre son visage sublime.
— Oui. Ça marche.
J’ouvre le verrou, mais ne retire pas la chaîne.
Il tente de pousser la porte, mais la chaîne l’en empêche.
— Parfait.
Je le laisse entrer pour de bon. Les battements de mon cœur accélèrent alors que je me prépare à me montrer à nouveau audacieuse. Je le regarde dans les yeux et, d’une voix aussi ferme que possible, je lance :
— On devrait reprendre l’autre sorte de test, maintenant.
Son visage paraît tendu.
— Tu es sûre ?
Au lieu de répondre, je le guide dans le salon et je rouvre la valise.
Comme un chien de Pavlov, je salive déjà à la promesse d’autres orgasmes.
— J’avais presque oublié, dit Vlad en sortant de sa poche un petit tas de dentelle. Tu as oublié ça dans ma salle de bains.
Bon sang. J’ai oublié mes sous-vêtements chez lui et je ne m’en étais même pas rendu compte.
Mes joues deviennent radioactives alors que je lui prends la culotte des mains.
— Désolée. J’ai dû partir précipitamment.
— À ce propos, dit-il en faisant un pas en avant, ses yeux incroyablement bleus derrière les verres de ses lunettes. J’espère que tu vas bien.
Bien ? De quoi est-ce qu’il… oh. Toute sensation de chaleur m’abandonne lorsque je me souviens d’hier soir et de la façon dont il s’est écarté si brusquement.
— Était-ce parce que j’avais l’air d’un monstre ? lâché-je.
Il fronce les sourcils.
— De quoi tu parles ?
— On s’est embrassés. Tu as reculé. Tu trouvais que je ressemblais à un monstre, n’est-ce pas ? insisté-je avec un geste vers mes faux sourcils.
Son expression passe de la confusion à un désir indubitable, ses paupières mi-closes alors qu’il parcourt avidement mon corps des yeux. Il fait un autre pas vers moi et prend mon visage en coupe entre ses larges paumes.
— Fannychka… commence-t-il, sa voix comme du velours rugueux. Tu serais belle même si tu n’avais pas le moindre cheveu sur la tête.
Oh. Mon. Dieu. Si j’étais un ordinateur, des messages d’erreur système seraient beuglés à travers mes haut-parleurs. Au lieu de ça, mon cœur cogne dans ma poitrine et tous les poils de mon corps se hérissent comme si un courant électrique déferlait sous ma peau.
Je. Suis. Tellement. Excitée.
— Tu avais de la vodka dans le sang, continue-t-il sans me lâcher. Et je…
Il prend une profonde inspiration, avant de continuer :
— Je veux que tu aies l’esprit clair quand tu me supplieras de te baiser.
Waouh. Là, l’ordinateur aurait explosé.
Je ne m’attendais pas à entendre ces mots sortir de sa bouche – et maintenant que c’est le cas, les images qui dansent dans mon esprit sont largement classées X.
Et sexy.
Tellement torrides que j’en ai perdu ma langue.
— Supplier ? je parviens finalement à couiner.
Un sourire suffisant danse sur ses lèvres sensuelles.
— J’imagine que tu peux aussi te contenter de demander. Gentiment.
— Gentiment ?
— Ça conviendra, murmure-t-il avant de pencher la tête et d’incliner ses lèvres vers les miennes.
Nom d’une paire d’ovaires hyperactifs. Maintenant, j’ai l’impression que quelqu’un a récupéré les petits morceaux de l’ordinateur explosé pour commencer à les réassembler, prêtant tout particulièrement attention aux zones érogènes.
Son baiser est plus avide que celui d’hier soir.
Plus bestial.
Mes genoux commencent à faiblir.
Il doit le remarquer. Sans cesser de m’embrasser, il me fait reculer vers le canapé, et lorsque je m’y laisse tomber en arrière, il se penche sur moi, ses lèvres effleurant mon oreille. Il murmure d’une voix rauque :
— J’ai eu envie de te plier en deux sur une table dès la première fois que je t’ai vue dans ce Starbucks.
Erreur. Erreur. Surcharge d’hormones. Fonctions vocales compromises. Reboot nécessaire.
Perdant complètement la tête, je roule sa chemise en boule dans mon poing et l’attire au-dessus de moi.
Ses muscles ondulants se pressent fermement contre mon corps.
Nous recommençons à nous embrasser.
Je glisse les mains dans ses cheveux épais et soyeux.
Il me mordille la lèvre.
J’aspire sa langue dans ma bouche.
De la vapeur s’accumule entre ma peau et mes vêtements. J’ai trop envie de les enlever, si bien que je commence à déboutonner ma chemise.
Il recule légèrement, ses pupilles se dilatant de manière impossible.
Je me débarrasse de mon haut.
Il arrache sa chemise d’un coup, envoyant voler des boutons dans toute la pièce comme des balles. Il ne porte plus qu’un T-shirt blanc, qu’il retire aussi.
Dépassement du tampon vidéo. Carte graphique surcadencée.
Vlad doit passer beaucoup de temps à la salle de sport. Ou alors, son corps a été sculpté durant la Grèce Antique. Ses muscles durs et molletonnés brillent sous les perles de sueur, et j’ai envie de toutes les lécher.
Il dégrafe mon soutien-gorge, libérant Minus et Cortex de leur prison.
— Magnifique, dit-il en prenant Minus dans sa main.
Mon téton lui pique presque la paume.
Est-ce qu’on peut devenir fou de désir ? J’ai tant besoin de le sentir en moi que je crois que je vais hurler.
Je lui embrasse le cou avant de glisser ma langue le long de ses pectoraux, jusqu’à ses abdos en tablettes de chocolat, et plus bas, vers la bande de poils sous son nombril. Pendant ce temps, j’ouvre son pantalon.
Bordel.
Dracula transperce presque son caleçon.
Vlad se débarrasse de son pantalon d’un coup de pied, avant de faire glisser mon jean le long de mes jambes.
— Tu vas bien ? demande-t-il, les paupières lourdes.
En réponse, je me déleste de ma culotte.
Après ça, je mets tout le monde au défi de me traiter de froussarde.
— Tu es belle, dit-il d’une voix gutturale, du genre homme des cavernes.
Il me chevauche et sa peau nue se frotte contre la mienne.
Je n’arrive pas à croire que c’est en train d’arriver.
Il m’embrasse le cou, avant de sucer mon téton. Avec langueur, il glisse ensuite sa langue le long de mon ventre, et plus bas. Plus bas encore, avec une lenteur étourdissante et aguicheuse.
Après ce qui me semble durer une éternité, je sens son souffle chaud contre mon sexe.
Division par zéro. Dossier introuvable.
Il lui donne un coup de langue explorateur.
Je pousse un cri.
L’équipement visqueux de l’ère spatiale de chez Belka n’est rien comparé à sa langue futée et tourbillonnante. Si futée qu’elle pourrait obtenir un doctorat à Harvard.
La pression monte.
Je tiraille ses cheveux, m’arquant en avant alors que la pression devient insupportable, plus intense à chaque seconde qui passe.
Enfin, j’explose dans un gémissement sonore.
Il lève les yeux, une satisfaction virile et primale clairement inscrite sur son beau visage.
— Encore ?
— Couche-toi.
Mes mots semblent assurés, presque comme un ordre. Le désir qui m’étreint ne laisse aucune place à la timidité.
Il se fait un plaisir d’obéir.
Je baisse son caleçon, libérant Dracula.
Erreur du pilote du dispositif d’entrée. Allouez plus d’espace.
Prudemment, je lèche sa verge comme une glace.
Il se contracte en réaction, m’incitant à continuer.
Je le prends tout entier dans ma bouche, étirant ma mâchoire au maximum.
— Putain, grogne Vlad au-dessus de moi.
Prenant cela comme un encouragement, je décris un cercle avec ma langue.
Puis un autre.
Au bout du troisième, il s’écarte.
— Je ne veux pas finir comme ça, dit-il d’une voix rauque, la respiration irrégulière. Je veux être en toi. À supposer que tu sois prête pour ça.
Prête ?
Si je ne le sens pas en moi, je risque bien de mourir.
Il n’y a qu’un seul petit problème.
— Je n’ai pas de préservatif, avoué-je en regardant autour de moi dans le salon comme si je cherchais la bonne fée du latex.
— Moi non plus, répond-il, ses yeux parcourant mon corps avec voracité. Ce développement est un peu inattendu.
Je jette un œil à son érection.
— Tu as dit que tu étais sain.
Sa respiration se bloque un instant et sa voix devient encore plus éraillée.
— Toi aussi. Et tu prends la pilule.
— Toi aussi. Je veux dire, je prends la pilule. Je suis la seule qui prenne la pilule.
Mince, pourquoi est-ce que je pérore comme ça ? Et pourquoi je recommence à rougir ?
Au lieu de répondre, il me soulève et me manœuvre jusqu’à ce que nous ayons échangé nos places. Je suis désormais étendue sur le canapé et il est au-dessus de moi, Dracula pressé contre mon ventre.
Ses lèvres s’inclinent à nouveau vers les miennes et, alors que je lui rends son baiser, je sens des doigts me pénétrer.
Waouh.
J’émets un hoquet dans sa bouche lorsqu’il localise mon point G avec une précision qui rendrait Glurp jaloux, avant de le caresser légèrement.
Je m’effondre avec un cri.
Les paupières lourdes, il ramène ses doigts vers sa bouche et les lèche jusqu’à les avoir nettoyés.
— Délicieux.
Ses doigts ont laissé un vide dévorant qui a besoin d’être rempli.
Il est temps de passer au niveau ultime de mon audace.
J’enroule ma main autour de Dracula et le guide lentement en moi.
Dispositif d’entrée connecté. Erreur. Reboot imminent.
Le visage de Vlad est crispé alors que je le prends en moi peu à peu, laissant le temps à mes muscles de s’ajuster.
Ça va. Je peux le recevoir. J’étais inquiète, l’espace d’une seconde.
— Tu vas bien ? grogne-t-il une fois que Dracula est enfoncé aussi profondément que possible.
Je parviens à esquisser un petit hochement de tête.
Il commence à aller et venir, lentement, au début.
Je gémis.
Il accélère.
Mes ongles s’enfoncent dans son dos.
Le va-et-vient s’intensifie, et pourtant ce n’est pas suffisant.
J’en veux plus.
Plus fort.
Plus profond.
Je glisse mes mains sur ses fesses et m’arque en avant, m’empalant sur lui et basculant.
Mes doigts de pieds se crispent, et un moment plus tard, je hurle son nom.
Alors que mes muscles pelviens tremblent autour de Dracula, Vlad émet un grognement de plaisir. Je le sens durcir, puis la sensation chaude de son sperme me provoque un autre orgasme.
— Putain, dit-il en me serrant contre lui, son torse se soulevant avec force contre le mien. C’était incroyable.
Lorsqu’il réalise qu’il risque de m’étouffer, il se redresse sur un coude.
Je lui adresse un sourire et frotte mon nez contre le sien, canalisant le cochon d’Inde qui est en moi.
— Incroyable, c’est tout ?
— Époustouflant. Hallucinant, corrige-t-il avant de sourire. C’est mieux ?
— C’est un bon début.
Je me tortille pour me dégager et saute sur mes pieds.
— Continue de parler pendant que tu me rejoins sous la douche.
Avec un gloussement, je cours jusqu’à la salle de bains et, tout en me poursuivant, il m’adresse suffisamment d’adjectifs flatteurs pour remplir un dictionnaire.
Une fois dans la pièce, j’allume la douche à une température confortable et me place sous le jet d’eau.
Il me parcourt du regard d’un air avide avant d’entrer à son tour et de prendre toute la place.
Avant que j’aie pu protester, il se met à faire mousser du savon sur ma peau avec des gestes sensuels.
Bon, tout est pardonné, j’imagine.
Une fois que je suis propre comme un sou neuf, je lui rends la pareille, enduisant de savon tous ses reliefs musclés.
— Tu sais, dis-je en savonnant ses tablettes de chocolat. Si je voulais être méchante avec mon enfant, je l’appellerais Six.
Il sourit.
— Six Pack. Pack de six… C’est vraiment cruel, j’avoue.
Une fois notre douche terminée, nous nous enroulons dans une serviette et retournons dans le salon.
— Ta chemise est fichue, remarqué-je en écartant le vêtement dépourvu de boutons de mon pied nu.
Il hausse les épaules.
— Je peux mettre le T-shirt.
Il aura une allure décontractée, pour une fois ? L’univers risque bien d’exploser.
Le fait de le voir porter cette serviette m’excite à nouveau, et mon audace fraîchement dévoilée ne montre pas le moindre signe de s’apaiser.
— Qu’est-ce qu’on devrait faire, maintenant ? demandé-je en jetant un œil à la valise.
Dracula vient-il de remuer sous cette serviette ?
Vlad m’adresse un sourire narquois.
— Qu’est-ce que tu as en tête ?
— Il reste des jouets qu’on n’a pas encore testés, remarqué-je, feignant l’innocence et battant des cils. En ce qui me concerne, je pense que cette négligence doit être réparée.
Il défait la serviette, révélant un Dracula prêt à l’action.
Insatiable ?
J’adore ça.
Enivrée, je choisis un jouet à utiliser sur lui – et lui donne un nouvel orgasme. Puis il me rend la pareille plusieurs fois d’affilée, étant donné qu’il y a plus de jouets pour femme.
D’innombrables orgasmes plus tard, nous sommes à court de jouets et mon estomac gargouille.
— Quel manque d’élégance, remarqué-je en me donnant une tape sur le ventre, avant de me tortiller pour enfiler ma culotte et mon jean.
— Nous ferions mieux de nourrir la bête, dit-il en sortant son téléphone. Tu es d’humeur à manger quoi ?
— De la pizza ?
Il m’adresse un hochement de tête approbateur.
— L’une des meilleures pizzerias du pays se trouve à seulement quelques pâtés de maisons d’ici.
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La pizza à pâte fine est hors du commun, et nous la dévorons autour d’une bière et d’une bonne conversation. Entre autres choses, nous échangeons nos âges – il a trente-deux ans et moi vingt-quatre – et nos dates d’anniversaire. Le sujet nous amène à parler de notre scepticisme commun envers les signes du Zodiaque.
Une fois notre dîner terminé, nous nourrissons les autres bêtes – Oracle et Monkey.
Quand nos cochons d’Inde sont enfin repus, Vlad et moi nous blottissons sur le canapé et regardons Matrix. Tandis que le film avance, je tente de ne pas songer aux implications de ce qui vient de se passer, me contentant de profiter de ce moment. Parce que si j’y réfléchis, je vais paniquer.
Après tout, je viens de coucher avec Vlad.
Avec le patron de ma patronne.
L’ordinateur grillera assurément si je commence à penser à ça.
Au lieu de quoi, je me concentre sur le film. Nous prononçons nos répliques préférées en même temps que les personnages et, dans de rares cas, nous nous plaignons d’un détail qui, selon nous, aurait pu être mieux amené.
Par exemple, pourquoi les machines utilisent-elles les humains comme batteries alors que des cochons d’Inde se seraient satisfaits d’une prison de réalité virtuelle bien plus simple ?
— Je pense que la première raison pour laquelle les machines avaient besoin des humains, c’était en tant que substrat informatique, observe Vlad. Cela me semble une idée trop complexe pour une grande partie du public, alors ça a été simplifié en batteries. À moins que ce soit simplement un placement de produit.
Je lui souris.
— Je parie que tu as raison.
— Ça m’a toujours dérangé, dit-il lorsque Trinity lance la réplique « évite ça » avant de tirer dans la tête de l’agent. Sachant à quelle vitesse les agents peuvent bouger, elle n’aurait pas dû avoir le temps de finir sa phrase avant qu’il l’ait mise en échec.
Je secoue la tête avec véhémence et réponds :
— Quand une réplique est aussi cool que celle-là, il faut juste se détendre et ne pas trop y réfléchir.
Il rit et nous terminons de regarder le film sans faire d’autre commentaire. Puis nous enchaînons avec les films suivants, nos remarques de plus en plus nombreuses à mesure que nous avançons.
— Je devrais partir, dit-il quand le générique du dernier film de la trilogie commence à défiler sur l’écran.
Toujours en plein trip d’audace, je réponds :
— Tu peux rester, si tu veux.
Il s’avère qu’il aime beaucoup cette idée. Nous nous dirigeons vers la salle de bains, où je me retrouve bientôt à quatre pattes.
— C’était encore meilleur que les autres fois, murmure-t-il d’une voix rauque lorsque nous ne sommes plus que des nouilles molles sur mon lit.
Je lui adresse un sourire idiot de fille trop comblée.
— Tu sais, si nous étions des cochons d’Inde, tu serais officiellement le dominant, après ça.
Il émet un petit rire, qui se transforme bientôt en bâillement.
— Mets-toi en cuillère contre moi.
Mes mots sont plus autoritaires que je ne le voudrais, mais il sourit et obéit.
Une seconde plus tard, je m’endors dans cette position.
Blottie, bien en sécurité dans ses bras.