Chapitre Trente-Et-Un

Sans attendre de voir la réaction de l’équipe de développeurs, je m’empresse de traverser le couloir et fais irruption dans le bureau de Vlad.

Il n’est pas là.

Bon sang.

Où est-il ?

Je cherche un calendrier, mais évidemment, nous ne sommes pas en 1989, ou la date quelle qu’elle soit à laquelle tout le monde a cessé d’utiliser du papier.

Stimulée par ma tenue et ma confrontation avec Britney, je contourne le bureau de Vlad et sors son ordinateur du mode veille.

Il est verrouillé par mot de passe.

Évidemment. C’est la politique de l’entreprise – et ça craint, parce que si je pouvais jeter un œil à son calendrier numérique, je découvrirais où il est.

Si seulement je pouvais deviner son mot de passe…

Je me mords la lèvre et réfléchis.

Nos mots de passe sont à six chiffres, il y a donc un million de combinaisons possibles.

Impossible d’essayer de m’en remettre au hasard, donc.

Je dois tenter de réfléchir à ce qu’il pourrait utiliser.

Je lève les yeux et, sans surprise, découvre une caméra de sécurité au coin de son bureau.

Est-elle là au cas où quelqu’un tenterait ce que je suis sur le point de faire ?

Eh bien, avec un peu de chance, il ne sera pas en colère contre moi.

Je fais un signe de la main à la caméra.

— Ça t’apprendra à m’espionner dans les salles de réunion.

Juste au cas où il regarderait l’enregistrement plus tard.

Pour l’instant, j’essaie d’entrer les chiffres 123456 en mot de passe.

Non. Ça aurait été trop facile.

Je tente 654321.

Toujours pas.

Je saisis différentes permutations de sa date de naissance.

Aucune ne fonctionne.

Les premiers et derniers chiffres de son numéro de téléphone ne marchent pas non plus.

Si je continue, l’ordinateur se bloquera parce que j’aurai fait trop de tentatives.

Je me souviens alors d’une chose qu’il m’a dite avant que je ne quitte cette salle de réunion d’un pas furieux, concernant la façon dont on peut utiliser des chiffres pour représenter les lettres de l’alphabet de son mot préféré.

Serait-ce aussi simple ?

Je convertis ce que je pense pouvoir être son mot préféré – Neo – en 140515.

Bingo !

L’ordinateur se déverrouille et la première chose qui apparaît devant mes yeux, c’est un e-mail que Vlad devait être en train d’écrire avant de mettre son écran en veille.

Le sujet du mail indique : Licenciement de Britney Archibald.

Je ne peux m’empêcher de parcourir le message.

Évidemment.

Vlad a compris qu’elle était à l’origine de la fuite et des rumeurs. En pièce jointe, il y a les transcriptions de conversations par messagerie instantanée dans lesquelles elle explique à Mike que je teste les sex-toys avec plusieurs hommes de chez Binary Birch, dont le type des ressources humaines auquel se trouve être adressé ce mail.

Elle est tellement fichue.

Vlad est même parvenu, sans que je sache comment, à déterrer des preuves que Britney a hacké le compte de son ex du département des ventes sur les réseaux sociaux – jusqu’ici, cette histoire n’était qu’une rumeur.

C’est officiel.

Britney a eu les yeux plus gros que le ventre en donnant le nom de Vlad à Cosmo.

Je réduis la fenêtre du mail et vérifie le calendrier de Vlad pour voir où il est.

Hum.

Il est à 1000 Diables, et à l’endroit où devrait être écrit son ordre du jour, il y a mon nom.

Est-il en train de demander des conseils relationnels à son frère ?

Ça ne colle pas. Vlad a joint mon CV à ce rendez-vous, ainsi que des liens vers le code de mon application. J’ose espérer que ces informations ne sont pas cruciales pour notre éventuelle future relation.

Et soudain, je comprends.

Il est en train de m’obtenir un boulot.

Je bondis hors de son fauteuil, sors de l’immeuble en courant et saute dans un taxi.

Il est temps d’affronter 1000 Diables.