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C’était tellement plus que du sexe.

Ils avaient pratiqué le rituel antique jusqu’à atteindre la perfection, leurs corps nus et transpirants s’excitant l’un l’autre par tous les moyens possibles jusqu’à ce qu’ils tremblent tous les deux, au bord de l’orgasme.

Alors, ils s’arrêtaient.

Elle aimait ressentir une douleur intense tandis qu’il se délectait plutôt de plaisir hédoniste. Chacun d’eux savait exactement sur quels boutons appuyer pour emmener l’autre aux portes de l’extase. Puis la jeune femme souple et athlétique connue sous le nom de Vyvienne s’allongeait, bras musclés et longues jambes écartés en étoile sur un vieil autel de pierre volé dans une église profanée. L’homme, Ahriman, la pénétrait alors ; les principes masculin et féminin s’unissaient ; leurs pouvoirs se mélangeaient et devenaient irrésistibles.

Ils avaient effectué le rituel, générant les plus puissants des éléments magiques afin de les aider dans leur quête : découvrir où se trouvaient les esprits des Gardiens pour aller les affronter… et les détruire.

Quelques décennies plus tôt, il eût été impensable de se colleter avec les Gardiens des Treize Reliques, mais les temps avaient bien changé. À présent, les Gardiens n’étaient plus que des vieillards fatigués, dépourvus de talent comme de formation ; la plupart d’entre eux ne se rendaient même pas compte de la valeur du trésor qu’ils détenaient – ce qui privait Vyvienne et Ahriman d’une grande partie du plaisir de la chasse. Néanmoins, ils pouvaient toujours savourer le plaisir de la mise à mort.

La Toussaint approchait, et ils avaient dû engager d’autres agents pour les aider à achever le massacre.

Neuf des Gardiens étaient morts. Il en restait quatre à éliminer.

Vyvienne observait Ahriman avec attention, jaugeant la tension de ses muscles gonflés et le rythme de son souffle court. Elle avait crocheté ses chevilles derrière les fesses contractées de l’homme pour le garder profondément en elle, mais s’abstenait de tout mouvement susceptible de déclencher son orgasme.

La jouissance, si elle survenait, serait désastreuse.

Car à cet instant, le pouvoir leur échapperait, et trois jours de purification corporelle – pas de viande rouge, pas d’alcool, pas de sexe – seraient nécessaires pour atteindre de nouveau ce point critique.

— L’échiquier, souffla Vyvienne dans la bouche ouverte de son partenaire.

Ahriman but ses mots.

— L’échiquier, répéta-t-il, de la sueur ruisselant le long de ses joues rasées et gouttant sur sa poitrine glabre.

Ils étaient tout près maintenant, si près…

Vyvienne ferma les yeux et se concentra, ses perceptions décuplées, attentive aux odeurs et aux sons qui les conduiraient vers leur prochain objectif. Les sensations de son bas-ventre devinrent presque insupportables tandis qu’elle en répétait le nom : « L’Échiquier de Gwenddolau », forçant Ahriman à se concentrer lui aussi pour visualiser la Relique.

Des perles d’humidité semblables à des larmes naquirent au coin des paupières crispées d’Ahriman. Coulant le long de son visage, elles éclaboussèrent les seins lourds de Vyvienne. Leur contact liquide arracha un hoquet à la jeune femme, et la contraction involontaire des muscles de son ventre déclencha un orgasme ravageur. Ahriman hurla de plaisir et de frustration mêlés.

Vyvienne lui caressa les cheveux.

— Je suis désolée. Je suis tellement désolée…

Mais lorsqu’il releva la tête, ce fut pour lui montrer un sourire carnassier et triomphant.

— Inutile. J’ai vu. J’ai vu les pièces de cristal, le plateau de jeu en or et en argent. Je sais exactement où il se trouve.

Vyvienne l’attira plus profondément en elle, l’immobilisant de ses mains et de ses muscles pour satisfaire ses propres désirs.

— Alors, recommençons juste pour le plaisir, lui chuchota-t-elle à l’oreille.