Cette fois, Robert Elliot ne voulait pas prendre le moindre risque.
Même si son employeur ne l’avait pas menacé explicitement, il avait entendu la menace sous-jacente dans sa voix, et il l’avait comprise. Il ne pouvait plus se permettre d’échouer.
Il ne savait toujours pas comment l’homme avait eu son numéro, ni comment il était au courant que Miller avait remis l’épée au neveu de Judith Walker. Il se disait qu’il était temps qu’il songe à prendre des vacances – des vacances prolongées dans un endroit très lointain. L’Australie devait être très agréable à cette période de l’année.
Ne voulant pas qu’on repère sa BMW dans les parages d’une éventuelle future scène de crime, Robert était venu à Scarsdale Villas avec la camionnette de Skinner. Il portait un treillis acheté dans un surplus militaire, des baskets bon marché, et il avait enfilé une paire de gants en caoutchouc avant de monter dans le véhicule.
Même si les choses tournaient mal et que quelqu’un le voyait, il avait un alibi en béton : il jouait au poker avec ses potes de Chelsea, trois honnêtes citoyens qui jureraient qu’il avait tout raflé ce soir-là et offert une tournée de bourbon de 17 ans d’âge pour fêter ça.
Robert Elliot était un homme prudent.
Les seules personnes au courant qu’il se trouvait là étaient ses deux complices, Skinner et Karl, un métisse au regard vide qui était sans doute son esclave ou son amant, voire les deux. En cas de nécessité, Robert n’hésiterait pas à se débarrasser d’eux. Une querelle d’amoureux qui tourne mal… La police n’aurait même pas besoin d’enquêter.
— Vous avez l’air en forme, monsieur Elliot, commenta Skinner en voyant un sourire s’épanouir sur ses lèvres minces.
— La soirée devrait être amusante, murmura Robert en jetant un coup d’œil aux maisons pour chercher le bon numéro.
C’était une rue tranquille. Ils ne pourraient pas se permettre de laisser crier le gars.
— Dépêchez-vous d’entrer et de le neutraliser, ordonna-t-il à ses acolytes tandis qu’ils descendaient la rue en prenant leur temps pour ne pas attirer l’attention. On veut le sac et l’épée que Miller lui a donnés. Après ça, on verra si on peut lui soutirer d’autres informations.
— Comment vous savez que Miller est venue chez lui ? demanda Skinner à voix basse.
Robert Elliot grimaça.
— J’ai mes sources.