Le concours de statues de neige avait lieu près du noisetier dans le pré aux Primevères. Les amies se dépêchèrent d’y aller et se rendirent compte que beaucoup de leurs amis avaient déjà quitté le val des Digitales et étaient maintenant occupés à fabriquer leurs animaux de neige.
— Ça semble très amusant, dit Natalie avec excitation comme elles venaient de trouver un endroit libre près de Matys.
Il avait déjà construit le corps de son animal de neige ; il travaillait maintenant à en façonner la tête.
— Ton nez avait raison, au sujet de la neige, Matys, dit Éva. Bravo !
— Merci. Quel animal allez-vous faire ?
— L’une de nous pourrait faire une taupe, suggéra Aimée. Nous avions fait une magnifique statue de monsieur Lanoix, l’année dernière. Vous vous en souvenez ?
Florence et Éva rirent.
— Mais nous avons déjà fait une taupe, dit Florence. Je veux faire quelque chose de différent. Et toi, quel animal fais-tu, Matys ?
— Un blaireau, répondit-il.
— Il se peut que je fasse un hibou, dit Éva. Ils ont une tête plutôt ronde, alors je pourrais la faire à partir d’une grosse boule de neige.
— Mais si ton animal est trop facile à réaliser, tu ne gagneras pas, souligna Aimée.
— Pourquoi ne faisons-nous pas des sculptures nous représentant ? suggéra Natalie.
— Oh oui ! dit Florence en commençant à accumuler de la neige pour en faire un tas.
Elles venaient à peine de commencer à faire leurs animaux de neige lorsque madame Passerose apparut, portant un panier de pâtés aux carottes.
— Ah, vous voilà, dit-elle. Je m’en allais au val des Digitales, vous m’épargnez cette longue marche.
— Merci, maman, dit Natalie.
— Génial ! s’écria Éva en prenant un pâté. Merci, madame Passerose.
— Nous participons à un concours d’animaux de neige, dit Natalie à sa mère. Il y a un prix pour le meilleur.
— Bonne chance ! dit Maman. Je suis occupée, moi aussi, à préparer un festin d’hibernation pour demain soir. Papa a dit qu’il m’aiderait, mais il s’est encore endormi, continua-t-elle en riant. J’espère que vous pourrez toutes venir demain.
— Oui, merci ! répondirent les amies en chœur.
Une fois que madame Passerose fut partie, les amies s’assirent sur une grosse branche et pigèrent dans le panier de pâtés encore tout chauds.
— C’était délicieux, dit Aimée en brossant les miettes de son manteau lorsqu’elles eurent terminé. Je me sens maintenant bien au chaud à l’intérieur.
— Profites-en ! dit Éva en riant. As-tu remarqué le ciel ?
Pendant qu’elles mangeaient, des nuages noirs s’étaient formés, cachant le soleil.
Dès qu’elle s’arrêta de parler, un flocon de neige descendit du ciel en tourbillonnant et se déposa sur le bonnet d’Aimée. Un autre atterrit sur la patte tendue de Natalie.
— Est-ce que c’est un flocon de neige ? demanda-t-elle, fascinée.
— Oui, répondit Aimée. C’est joli, n’est-ce pas ?
— Oui, comme de la dentelle.
— Et froid, ajouta Florence en nouant son foulard plus serré.
Elles retournèrent à leurs animaux de neige et travaillèrent sans relâche, construisant le corps et façonnant les bras, pendant que les flocons de neige voltigeaient et dansaient autour d’elles.
Finalement, la neige arrêta de tomber, mais maintenant, la lumière du jour commençait à décliner.
— Il va bientôt faire noir, soupira Natalie.
Il lui restait tant de choses à découvrir avant de commencer son hibernation, mais les jours étaient très courts à cette période de l’année.
Elles firent quelques pas en arrière pour regarder les statues de neige des autres.
— Nos statues commencent à prendre forme, dit Aimée. Sauf que ma souris des bois et ta lapine n’ont pas encore de tête, Florence, ajouta-t-elle en rigolant.
— Et je n’ai pas encore fait mes oreilles d’écureuil, ni la queue, dit Éva. Et toi, Nat, comment t’en tires-tu ? La tienne semble être presque terminée.
— J’ai fini, sauf les épines. Elles sont vraiment difficiles à réaliser.
— Nous devrions revenir à la première heure, demain matin, dit Florence. Rencontrons-nous ici tout de suite après le petit déjeuner. Les juges prendront leur décision à midi. Nous devrions avoir le temps de les terminer avant.
— D’accord, convinrent-elles.
Natalie ne pouvait pas s’empêcher de bâiller en s’en retournant à la maison. Son père avait raison de dire qu’il était difficile de rester éveillé. Mais elle était contente d’avoir retardé son hibernation ; la neige était si magnifique ! Il lui tardait de terminer son hérisson en neige, et avec un peu de chance, il resterait suffisamment de temps pour faire encore un peu de luge le lendemain. Si seulement elle ne se sentait pas si fatiguée…