À lire, une interview de Roland C. Wagner réalisée à la sortie de Celui qui bave et qui glougloute, en 2007. Parution originale sur le site Actusf.
Actusf : Tout d’abord comment est née l’idée de cette nouvelle ? Je crois qu’elle était destinée dès le début à un recueil c’est ça ?
Roland C. Wagner : Elle m’a été commandée par Daniel Riche pour l’anthologie Futurs antérieurs. Daniel, qui avait été mon directeur de collection sur L’Odyssée de l’espèce et L’Aube incertaine, savait bien que je ne pouvais rien faire comme tout le monde et il était curieux de voir à quelle sauce j’allais assaisonner le steampunk.
Comment l’as-tu construite ? Qu’est-ce que tu avais envie de faire ?
Je me souviens surtout de ce que je n’avais pas envie de faire. Honnêtement, je n’ai jamais été très convaincu par le steampunk, qui m’est toujours apparu comme un sous-genre… disons « gadget », peu susceptible d’apporter grand-chose de neuf à la SF. Il était donc hors de question pour moi de situer mon texte à Londres, ou même en Europe. D’où les USA – d’autant plus que je fais partie de ces gens qui sont convaincus du rôle joué par Les Mystères de l’Ouest dans la genèse du steampunk. Pour le reste, je n’avais plus qu’à décliner à ma sauce l’hyper-référenciation qui est l’une de ses principales caractéristiques, en prenant bien soin de laisser de côté tous les aspects victoriens qui me gavent profondément. Je n’ai pas la nostalgie de cette époque puritaine.
Des Indiens, des cow-boys, qu’est-ce qui t’intéressait dans cette période ? Les personnages mythiques que tu évoques où peut-être ce climat particulier avec la Frontière ?
Quand j’étais gamin, j’adorais les westerns. Ça fait autant partie de ma culture que Flash Gordon ou Boris Vian. Seulement, il se trouve j’ai tendance à mettre Lucky Luke et John Wayne sur le même plan – des éléments d’une mythologie figée et désuète. Et puis, je venais de lire Cent ans de déshonneur, le premier livre qui a dénoncé le sort que les Étatsuniens ont fait subir aux Indiens ; je suppose que ça a déclenché quelque processus mental inconscient : il fallait que ça sorte.
On croise pas mal de figures mythiques des westerns. Ça t’a demandé beaucoup de documentation ?
Pas le moins du monde : j’avais déjà tout en mémoire. Et puis, même si mes souvenirs m’ont trahi, ça n’a pas d’importance vu que le principe était de prendre des libertés par rapport à la réalité et aux mythes individuels pour mettre en scène une mythologie collective un tantinet revisitée.
Le retour a été assez bon je crois. Quels sont les commentaires que tu as entendus le plus souvent ?
« Mort de rire ».
Il y a une intense jubilation à lire ce texte. On a l’impression que tu t’es vraiment amusé à l’écrire ? C’est vrai ?
Oui. C’est l’une des nouvelles dont l’écriture m’a procuré la plus grande jubilation. Et, alors que chacun sait que je suis très exigeant et que je travaille beaucoup l’écriture de mes textes, par couches successives qui se recouvrent peu à peu, jusqu’à obtenir le résultat exact que je désire, la version publiée est pour ainsi dire un premier jet.