À la limite de notre inquiétude

dis-moi tu commencerais par quel bout toi à effacer l’univers?

Jean Portante

Le nœud de la mémoire

glisse sur le cou du souvenir

 

Corps à corps de poings

Moiré de coquarts

Soupirs bisbilles

 

Les mains meurtrières du passé

se resserrent autour

du monde en suspens

 

L’oubli

posé sur une nappe stagnante

répand dans les fissures

son encre invisible

injecte dans l’immobile

le liquide de l’absence

 

Les remparts du monde

s’effondrent au ralenti

Les souvenirs

au bout du champ de vision

s’effacent de l’écran magique

défigurent l’image du monde

 

Dans le champ jonc

des repères abandonnés

des bouts d’épis fanés

des récits pourris

 

Une photo paysage sépia

un chemin de terre Sébastopol

un boulet de canon figé dans sa solitude

 

Des lièvres effrayés

traits d’arbalète

courent tous azimuts

 

Chaque fuite est une traînée

imperceptible

une peur indicible

 

Des fantômes

ont dansé quelques instants

devant nous

pour nous

avant de disparaître

en nous…