Celui qui entre dans la vallée de l’étonnement
entre à chaque instant dans une douleur telle
qu’elle suffirait à affliger cent mondes.
Farid Al-Din Attar
Un voyageur éreinté
laisse échapper
du fond de sa conscience
un dernier murmure
Ses souvenirs encagés
pendent au bout de la pointe
de la branche
la plus fine
la plus flexible
la plus flse tiennent debout
la plus fldéguisés en orage
la plus flsur la terre
la plus flla plus sèche
la plus flla plus inculte
Un monde masqué
pillé de l’intérieur
Un glissement coi
dans le ciel bleu
du silence mondial
Sous le ciel sépia
des paysans amnésiques
poussent de leurs pieds
transpercent de leurs bâtons
le corps étendu de l’Univers
le corps rêveur couché
le corps dans le foin du voyage
le corps au soleil d’une autre journée
Ils traversent
les grandes plaines de la douleur
où le vent souffle continuellement
Ils picorent dans les plaies
allument le bois trempe des marais
documentent l’étrange voyage
leurs rencontres
l’état des lieux
un chien
un loup mort
Un oiseau
drone muet
plane au ras des fissures
à l’avant-garde de la fin du monde
c’est à la fois le jour et la nuit, et ce n’est ni le jour ni la nuit…