Joseph Maria Olbrich, Vignette de la revue
Ver Sacrum. Revue de l’Association des artistes
plasticiens d’Autriche, II, 1, 1898, p. 20.
Impression, 3 x 2,6 cm. Photographie de
Heinz Hefele, Darmstadt. Collection privée.
À Vienne, hormis Gustav Klimt et Franz Matsch, d’autres peintres de renom se rencontraient régulièrement. Parmi eux se trouvaient Wilhelm List (1864-1918), Carl Moll (1861-1945), Ernst Stöhr (1860-1917), Max Kurzweil (1867-1916), Koloman Moser (1868-1918) et Josef Engelhart (1864-1941). Ces mêmes artistes s’associèrent pour fonder la Sécession viennoise durant une assemblée dans le Kaffeehaus[5]. Se joignirent à eux les architectes Josef Hoffmann (1831-1904), co-fondateur des ateliers viennois en 1903, et Joseph Maria Olbrich. Gustav Klimt, seulement âgé de 35 ans, en assura la direction.
À propos de la désunion des peintres qui restèrent dans la maison des artistes, Ludwig Hevesi écrit :
« Et malheureusement, la majorité est dans le tort avec leurs mesures démesurées. Toutes les sympathies suivent les jeunes dans leur bannissement volontaire mais contre leur gré. Eh bien, Dieu soit loué, ce ne sont pas des martyrs. La nouvelle association sera, espérons-le, bientôt dans la situation de vivre pour ce qui leur tient à cœur, et le public, raisonnable ou sachant se rendre à la raison, les soutiendra. Dans la maison des artistes, en revanche, l’ivresse de la victoire cèdera vite à une méchante déprime. Nous lui souhaitons, dans son propre intérêt, que cette déprime arrive plutôt aujourd’hui que demain. Malgré tout ce qui était arrivé, quelques hommes réfléchis pourraient peut-être encore colmater la scission sanglante au sein de la corporation des artistes. La recette est tellement simple : vivre et laisser vivre ! »
Et plus loin, il ajoutait :
« [...] mais bien sûr, la première condition est que la coopérative se réforme depuis la direction jusqu’aux membres. Elle doit disposer d’une direction artistique, l’omnipotence des cliques doit cesser, les copinages ne peuvent plus être déterminants et les incompétents ne doivent plus dénigrer ou faire taire ceux qui sont compétents sur un plan artistique. Si on ne trouve pas, dans la coopérative, des hommes capables de réaliser une telle évolution, alors Vienne revivra une deuxième association des arts autrichiens avec le temps.
Une corporation des artistes, qui ne fait pas l’art et seulement l’art, est dès le début condamnée. Espérons que chez nos artistes, il y ait également des assemblées générales extraordinaires pour les choses nécessaires. »
Les statuts de la Sécession viennoise furent rapidement élaborés mais beaucoup plus important encore, leur revue fut appelée Ver Sacrum (Printemps sacré) et reçut des contributions non seulement de peintres mais aussi d’écrivains régionaux et étrangers des plus célèbres. Le titre s’explique de différentes manières. Certains historiens de l’art pensent que le nom provient d’un vieux rite consacré aux divinités romaines apparu au printemps et qui serait fait pour fonder une nouvelle communauté. D’autres tirent l’origine du titre d’un poème de Ludwig Uhland (1787-1862) intitulé Le Printemps de consécration.
La revue, dirigée par Guillaume List et publiée de 1898 à 1903 – mensuelle les deux premières années puis bimestrielle – fut imprimée en tirage limité de seulement trois cents exemplaires par numéro. Klimt contribua souvent à l’édition de Ver Sacrum. La publication jouissait d’un grand prestige artistique et littéraire et exerçait une grande influence sur les artistes autrichiens et étrangers.