L’architecte et designer belge Henry Clément Van de Velde se tourna tout d’abord vers une formation de peintre, mais changea ensuite de corps de métier et étudia le design et l’architecture. Depuis 1907, il était membre de la deutscher Werkbund (association allemande des artisans), et conçut ainsi de la vaisselle pour la manufacture de porcelaine de Meissen, mais aussi des vêtements, et d’extraordinaires décorations intérieures. À Weimar, il fonda non seulement l’École des arts appliqués du grand duché de Saxe (1906-1909), mais il en dessina aussi les plans et construisit les bâtiments, tout comme un bon nombre d’autres en Belgique – comme la tour des livres de l’université de Gand (1932-1936) – à travers lesquels il démontra sa compréhension de l’architecture moderne. En Allemagne, il construisit à Cologne en 1914 l’espace d’exposition de l’association allemande des artisans Werkbund-Theater, projet qui fut abandonné trois mois plus tard à cause de la guerre. Les espaces d’exposition furent transformés en caserne et le théâtre fut démoli. Les caractéristiques principales de Van de Velde étaient le rejet de tous les styles traditionnels ainsi que son appartenance aux architectes les plus progressistes de son temps.
Dans le berceau belge de Van de Velde, un second architecte peu commun du Jugendstil était en activité : Victor Horta. Après avoir eu son diplôme de fin d’études à l’Académie des beaux-arts de Gand, il partit vivre quelques temps à Paris. Là, il observa les impressionnistes, se promena dans les musées, et trouva fréquemment sur son chemin des structures en acier et en verre, comme la Tour Eiffel ou les bouches de métro avec leurs éléments en fonte aux formes inhabituelles et naturalistes qui l’impressionnèrent. Ce fut une découverte que Horta réutilisa à Bruxelles avec son professeur, dans le projet des jardins botaniques royaux (Königlichen Botanischen Gärten).
Lorsqu’il commença à devenir indépendant, il se lança tout d’abord dans la construction d’un logement, la Maison & Atelier Horta (1895-1898), dans laquelle il déplaça son atelier, qui est maintenant presque devenu un lieu de pèlerinage pour les touristes. Il créa alors, dans un style intégralement Art nouveau, des habitations qui sont considérées comme des œuvres d’art, telles que l’Hôtel Tassel (1892-1894 ; grand hall à l’étage principal), pour un scientifique belge, l’Hôtel Solvay (1895-1900 ; vue du salon principal) comme maison pour un industriel, ou enfin l’Hôtel van Eetvelde (1895-1898 ; p. 174/175) pour un haut fonctionnaire de la colonie belge du Congo. Ces quatre maisons font partie, depuis l’année 2000, du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO, dont voici le témoignage :
« […] Les quatre hôtels – Hôtel Tassel, Hôtel Solvay, Hôtel van Eetvelde et la Maison & Atelier Horta – situés à Bruxelles et construits par l’architecte Victor Horta, l’un des initiateurs les plus précoces du Jugendstil, sont quelques-uns des plus remarquables travaux de pionniers de la fin du XIXe siècle. La révolution stylistique dont témoignent ces travaux est caractérisée par un plan ouvert, une diffusion de la lumière et un excellent agencement des lignes courbes de la décoration avec la structure du bâtiment. […] »
De ses bâtiments publics, on doit aussi retenir entre autres son ouvrage à trois étages, la Maison du Peuple (1896-1899) pour le Parti ouvrier belge, dont la façade à arcs entièrement faite de verre et d’acier ne sont aujourd’hui plus d’origine. À peu près à la même époque, Horta concevait et édifiait les anciens Magasins Waucquez, qui furent restaurés et abritent depuis 1989 le Centre belge de la bande dessinée.