Les tabernacles, le bénitier, nourri pour des raisons hygiéniques avec de l’eau bénite ruisselante, ainsi que l’aménagement intérieur sont l’œuvre d’Otto Wagner, qui, une fois de plus, créa une œuvre d’art totale.

Une anecdote raconte que l’église fut inaugurée en présence de l’archiduc François Ferdinand (1863-1914), victime de l’attentat à Sarajevo. Mais, parce que cet archiduc n’appréciait guère l’Art nouveau, l’archiduc déclara Wagner persona non grata et il ne reçut plus aucune commande de la cour impériale. Le jour de l’inauguration de l’église, la Neue Freie Presse viennoise posa la question suivante :

« Et n’est-ce pas une jolie ironie du destin que le premier bâtiment sécessionniste raisonnable sur une grande échelle à Vienne fut bâti pour les fous ? »

Ses autres grands ouvrages comprennent le barrage du Danube de Nußdorf muni d’un sas et d’un bâtiment administratif (1894-1898) ainsi qu’une annexe du barrage de retenue du Danube à Kaiserbad (1901-1906) qui donne aujourd’hui une impression bien triste.

Précurseur de l’architecture moderne, les constructions de Wagner permirent à l’Autriche, notamment grâce à l’influence d’architectes plus jeunes, le saut de l’historicisme à l’époque moderne. Ses idées furent non seulement adoptées par ses élèves mais elles furent continuellement développées. Parmi les continuateurs, on ne nommera que les deux plus importants, Joseph Maria Olbrich et Josef Hoffmann. L’œuvre écrit de Wagner – Architecture moderne[8] (1896) et L’Art de construire de notre temps (1914), ainsi que les quatre volumes intitulés Quelques Esquisses, projets et constructions accomplies – était suivi attentivement partout dans le monde.

Otto Wagner était professeur, puis directeur à l’Académie des beaux-arts et inspecteur des travaux de la ville Vienne, une position tenue en si haut estime qu’elle est presque plus honorifique que le professorat. Mais il était aussi conseiller aulique et président honoraire de la société des architectes autrichiens, de l’union d’artistes autrichiens et du Royal Institut of British Architects de Londres ainsi que de son homologue américain, l’American Institute of Architects. La ville de Vienne lui fit honneur à différentes reprises en donnant son nom à des places et des bâtiments publics. Un monument l’honore à l’Académie des beaux-arts. L’État autrichien décora le billet de banque de 500 schillings de son portrait, billet qui reproduit sur le verso, en toute logique, l’un de ses travaux majeurs : le bâtiment de la banque postale.

Que sa vitalité ne se limita pas aux seuls domaines professionnels, prouve l’existence de sa grande famille, trois fils et quatre filles, issus de deux mariages : le premier avec Joséphine (qui lui donna deux filles), de qui il divorça pour épouser Louise (avec qui il eut deux filles et un fils). Auparavant, dans les années 1864 et 1865 il avait eu deux fils avec Sophia Paupie mais il ne l’avait pas épousée.

Otto Wagner mourut en avril 1918.