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« Sidération »

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les heures, les jours qui suivirent le premier attentat, aggravé par le second, circula un terme assez peu fréquent dans le vocabulaire des médias et encore moins des intellectuels, et qui entendait qualifier la réaction initiale, sinon de « la société française » et a fortiori de « la société occidentale », du moins d’une partie importante desdites sociétés, la partie qui à défaut de faire l’opinion en détermine le cadre de pensée : « sidération ». Alors que la fascination — on ose le dire depuis quelque temps, et la psychanalyse s’est emparée avec gourmandise de cette étymologie — a à voir avec le sexe masculin (fascinus, version latine du phallos), laissant entendre qu’être fasciné c’est être sous le charme, dans un grand mouvement d’abandon du moi, la sidération, sous des apparences analogues, c’est tout le contraire. Le sidus, chez les mêmes Romains, est un astre. La sidération est un assujetissement aux astres, une influence écrasante, plutôt du côté obscur de la force, dont il n’est pas aisé de s’émanciper.

 

 

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Divers essayistes et quelques historiens ont entendu résumer le XXe siècle — quelles que soient les limites qu’on arrive à lui donner, entre le court XXe siècle de 14-89 ou le plus long, qui nous conduit jusqu’au 11-septembre — comme « le siècle des guerres ». Qualification discutable, on y reviendra. En regard, une lecture écologique de la situation planétaire pourrait laisser penser que le XXIe brillera plutôt par ses catastrophes. Entendons par là des paroxysmes naturels (modèle tsunami de Sumatra), ou vécus comme tels, auxquels l’activité humaine prête la main, soit en les amplifiant (modèle Fukushima), soit en les créant de toutes pièces (modèle Tchernobyl). Dans de telles conditions, la sidération, au sens strict, pourrait être la condition humaine d’un XXIe siècle désigné comme « siècle des catastrophes ». Le rapport avec Janvier 2015 ? Un attentat terroriste n’est pas une catastrophe naturelle, c’en est même, sous un premier angle, l’exact inverse, puisqu’on pourrait le définir comme une saturation de volontarisme. Mais son haut degré de violence, exercée dans un cadre a priori étranger à ce mode de règlement des conflits, permet de mieux comprendre le diagnostic de sidération — qui est moins le constat d’un fait que d’une interprétation, qu’on fasse ou pas intervenir les théories psychologiques réduisant les sociétés humaines à des lieux de « gestion de la terreur » (terror management theory). Le modèle catastrophique correspond assez bien à l’état culturel des sociétés agressées, caractérisable par un haut degré de désarroi collectif : la violence initiale (tremblement de terre) générant une onde de choc immédiate (tsunami) qui, à son tour, produit un ébranlement plus profond, dont la société ne peut sortir sur le court terme (Fukushima).

L’onde de choc peut être analysée comme une série de cercles concentriques, dont on retrouvera la trace tout au long de ce livre. Pour comprendre comment tout s’enclenche, contentons-nous à ce stade du cercle le plus étroit, le premier visé et le premier touché, celui des collaborateurs de l’hebdomadaire cible et de ses lecteurs réguliers1. C’est là que l’effet de sidération a été le plus fort, non seulement parce que c’est là que le « premier sang » a coulé, mais parce qu’en termes idéologiques la culture politique atteinte est celle qui, vue de l’extérieur, était la moins préparée à être la victime de cette violence : une culture d’extrême gauche, juxtaposant une gauche de la gauche et une gauche libertaire, aux combats parfois communs mais aux sources intellectuelles différentes, voire opposées si on veut bien considérer la part d’individualisme consubstantielle à la démarche anarchiste, fort éloignée des références collectivistes de l’autre famille. Si l’anticolonialisme et l’anticapitalisme avaient, depuis environ un siècle, des milieux d’accueil, c’était bien là. Toute une polémique radicale y avait, de génération en génération, affûté ses armes en direction d’une droite et une extrême droite identifiées d’abord aux vieux combats de la monarchie et du catholicisme intransigeant, élargis au XXe siècle en des directions plus variées, voire contradictoires, celles du libéralisme économique, du fascisme et du colonialisme. Rien ne la prédestinait à subir la plus violente des agressions de la part de représentants autoqualifiés des damnés de la terre, lui renvoyant au visage l’« islamophobie », concept forgé à dessein comme un symétrique d’« antisémitisme ».

À l’échelle de Charlie Hebdo, la déstabilisation avait, sur le fond, commencé neuf ans plus tôt. En 2002 encore, la direction de l’hebdomadaire sanctionnait un de ses chroniqueurs, le philosophe Robert Misrahi, jugé trop favorable aux pamphlets anti-islamiques d’Oriana Fallaci. En 2005, l’affaire dite des « caricatures de Mahomet » était née dans une presse danoise marquée à droite (Jyllands-Posten), mais une solidarité professionnelle de dessinateurs à dessinateurs, plus encore qu’une alliance idéologique apparemment impossible entre antimusulmans et antireligieux, avait conduit l’hebdomadaire à systématiser son soutien en publiant, le 8 février 2006, un numéro spécial « Mahomet débordé par les intégristes ». À partir de là les repères ont commencé à basculer, Charlie Hebdo se retrouvant obligé de répondre aux accusations de certains intellectuels d’extrême gauche, aux assignations devant tribunal de plusieurs associations musulmanes et, à partir de diverses menaces de mort et d’un premier attentat, en 2011, contre les locaux du journal, de recevoir une protection non de milices populaires d’autodéfense mais d’agents de la force publique.

Plus au fond encore, c’est toute une dimension intellectuelle — et non plus idéologique — qui allait donner sa couleur spécifique au 7 janvier comme trauma : la théâtralisation d’une proximité formelle entre radicalismes. Tout est dit quand on découvre que la SARL créée en 1992 par, entre autres, Cabu et Bernard Maris pour relancer le titre Charlie Hebdo, disparu des kiosques depuis dix ans, choisit le nom de Kalachnikov. La fin de l’ambiguïté se situera dans l’espace qui sépare un crayon d’une arme létale : la bande à Charlie n’était définitivement pas la bande à Baader. On reviendra plus loin sur cette dimension, évidemment capitale en termes d’histoire intellectuelle.

Les cercles suivants de l’onde de choc s’apparentent à un enchaînement de milieux mis en branle par la nécessité d’un état de fait. Le métier de dessinateur de presse se retrouve confronté à un mode d’agression qui fait exploser les limites de son combat historique contre la censure : rappelons que c’est de ce milieu qu’est sortie dans les années 1870 l’allégorie traditionnelle, en France, de ladite censure, la myope et méchante « Madame Anastasie », œuvre du dessinateur André Gill. Le cercle des médias va, quant à lui, jouer, en l’espace de moins d’une semaine, un rôle décisif d’abord dans le relais des informations — dont une partie, le troisième jour, porte de Vincennes, a été médiatisée en direct, au contraire du premier attentat, médiatisé en indirect —, ensuite dans le relais de cette sorte d’information au second degré qu’est l’appel à mobilisation. Le troisième cercle sera celui des mobilisés eux-mêmes, citoyens d’une démocratie libérale, rassemblés autour d’un mot d’ordre inédit dans l’histoire des mots d’ordre français depuis la révolution de 1830, « liberté d’expression ». Il sera rejoint par celui des fidèles d’une culture laïque, dont la France redécouvre ce que tous les pays étrangers savent : qu’elle en a été le grand laboratoire — quitte à ne plus en être, pour certains, que le grand conservatoire. Le dernier cercle, le plus large de tous, sera celui des individus d’une société individualiste2 confrontés à la parfaite logique d’une culture politique rigoureusement inverse.

 

 

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Encore fallait-il que cet enchaînement eût un moteur. Ce qui relie tous ces milieux, c’est bien leur dépendance à l’égard d’une figure que l’historien classique a longtemps manipulée avec candeur, sans chercher à l’analyser, qu’ensuite l’historien moderne a entrepris de découronner en n’en faisant plus que la façade trompeuse d’une société entièrement déterminée par les « structures », et qu’enfin l’historien postmoderne, nourri de « chute du Mur » et autres « 11-septembre », a remise en valeur, comme il a réhabilité la biographie. On aura reconnu l’événement. Reste à le penser.

Première étape de toute pensée : la dénomination. Le mot n’a pas seulement un sens, il est un sens. Et c’est lui donner du sens que de dénommer un événement. Au reste, les dénominations changent suivant les espaces (guerre de Sécession ou Civil War), suivant les temps (guerre du droit, Grande Guerre, Première Guerre mondiale, 14-18…). En matière de paroxysme, les enjeux du nom pèsent lourd. Ils éclairent l’art et la manière de bien user des gros mots. Ainsi de la série catastrophique : la Catastrophe des Grecs, la Shoah des Juifs, la Nakba des Palestiniens. Une catégorie particulière d’événement a eu droit au nom d’« événements ». Là où l’histoire classique aurait parlé de « journées », comme en 1830 ou 1848, celle de 1968 parle d’abord des « événements de mai 68 », avant que ne l’emporte « Mai 68 », voire « Mai ». En 2015, « l’attentat contre Charlie » se transforme deux jours plus tard porte de Vincennes en « attentats », mais la suite conduit les observateurs à adopter une délimitation qui intègre à ces deux épisodes violents une série d’épisodes, cette fois pacifiques, de mobilisation, eux-mêmes étendus sur plusieurs jours (manifestations du mercredi soir, du samedi, du dimanche…). L’incident créé par l’intervention dans le débat de Dieudonné, le soir même de la manifestation du dimanche, entretient une production événementielle qui décline lentement jusqu’à la fin du mois (sortie, le 14 janvier, du numéro dit « des survivants » puis festival d’Angoulême).

Le redoublement du modèle du double attentat — (a) contre les blasphémateurs ; (b) contre les juifs — à Copenhague les 14 et 15 février, soit à peine plus d’un mois après les événements parisiens, permet, par contraste, de clore la dimension proprement française de la question, qui a compris en son sein, dès les premières heures, un élément de comparaison internationale. Celle-ci est, pour ce qui concerne cet objet, mesurable en trois temps : médiatisation mondiale des événements, médiatisation non moins mondiale du numéro des survivants, enfin événements danois, à confronter à l’événementialité française. Pour le propos qui est le nôtre ici, cette délimitation suffirait à définir un événementiel auquel on peut donner, sur le modèle de Mai 68, du « Janvier 15 ». Mais c’est « la suite des événements » depuis lors, ponctuée d’autres épisodes sanglants et, par là même, spectaculaires, qui en confirme le caractère générateur3.

On aura déjà compris — on sait déjà, si on a lu Pierre Nora, dont les premiers textes sur le sujet remontent à 1972 — que l’événement n’est ni un acte ni une action mais une médiation4. Pas ce qui advient, ce qui arrive, ce qui a lieu, mais ce qui a pour lieu les médias. Ainsi, de même que, sous le regard culturaliste de Régis Debray, l’intellectuel n’est pas celui qui pense la société mais celui qui communique et sait communiquer sa pensée, de même le fait divers n’est-il pas un fait en soi (un incident, un accident, une excentricité, une incivilité, un délit, un crime) mais la manière dont les médias le configurent5. L’événement est bien ce « mana quotidien » dont Georges Auclair, s’inspirant de Marcel Mauss, esquissait l’analyse en 1970, le « merveilleux des sociétés démocratiques » du Nora de 1972. Avec ou sans l’aide de Marshall McLuhan, chaque élève d’école de journalisme est maintenant supposé savoir que l’événement n’est pas une information neutre que transporterait un canal, comme jadis les tubes du pneumatique faisaient circuler le courrier, mais qu’il est homologique de la technique de communication qui, en le faisant advenir comme information, le donne à voir et à penser.

Janvier 15 est un événement incompréhensible sans la prise en considération d’un certain état de la presse écrite — de la presse satirique pour commencer —, d’une certaine répartition des rôles entre radio, télévision, presse écrite numérique, réseaux sociaux et autres médiations auxquelles Internet ajoute désormais l’interactivité. L’origine iconique de toute l’affaire (les « caricatures de Mahomet ») donne au rapport au visuel — y compris sa censure, comme dans le cas de la non-publication ou du floutage de certains dessins — une importance qui la fait entrer dans la catégorie de ce grand événementiel où continuent de trôner, dominant tout de la hauteur de leur dramatisation, les tours du 11-septembre.

 

 

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Analysé de plus près, Janvier 15 concentre des qualités événementielles remarquables qui en expliquent l’écho. La violence physique en est patente, avec ses morts et ses blessés, certains (tous ?) à vie, mais d’abord parce qu’elle est en quelque sorte précédée — un précédent qui ne se configure qu’a posteriori — par la violence verbale des fatwas et autres appels au meurtre. Et, précisément parce qu’il s’agit d’un cas typique d’homicide avec préméditation, on aura affaire ici à ce que la justice française qualifie d’« assassinat » (en droit anglo-saxon « meurtre au premier degré »). À ce stade il est troublant de rencontrer ce mot, dont l’étymologie, discutée dans le détail, rattache clairement le terme à une secte musulmane6. Quand le mot, d’abord arabe, entre en langue occidentale — en ancien français vers 1195, soit plus d’un siècle avant la relance décisive (assessino) par le poète italien Guido delle Colonne —, il est déjà connoté binaire et guerrier, là aussi, notons-le, sous la plume d’un autre poète, le clerc normand Ambroise, dans un long récit en vers de la Croisade (la troisième du nom, celle de Richard Cœur de Lion, dont Ambroise semble avoir été le poète « embarqué ») qui porte, tout simplement, le nom d’Histoire de la guerre sainte.

Considéré du point de vue dramaturgique, le massacre initial a tout pour attirer les regards : théâtralité des postures du couple assassin, anonymat initial des « douze morts », célébrité de plusieurs des victimes, quand les noms en furent connus. Cette célébrité fait émerger en pleine lumière leurs compagnons de mort, situant la distribution des dramatis personae entre le type du mort unique et illustre, façon John F. Kennedy, et celui de la longue litanie des morts ordinaires, façon monument de Ground Zero. À quoi s’ajoute ce mélange de probabilité (« chronique d’une mort annoncée ») et d’imprévisibilité (« vous ne savez ni le jour ni l’heure ») qui signe les récits en forme de fatalité. L’attentat de la porte de Vincennes, deux jours plus tard, relié a posteriori aux meurtres de Montrouge, passerelle entre les deux attentats, prend alors la figure d’un rebondissement, d’un deuxième acte (finalement, ce ne fut que le second), élargissant la signification éthique de la conjoncture à la question de l’antisémitisme, devenue depuis les années 1970 la grande question éthique occidentale, prototype des questionnements ultérieurs (« islamophobie », « racisme anti-Blancs », « génocide tutsi », « génocide vendéen »…). Le temps passant, du vendredi au lundi, le relais se fait insensiblement de la physicalité absolue de l’homicide à l’intellectualité relative de la prise de parole et de la mobilisation des corps dans une autre dramaturgie, celle des politiques symboliques (la « manifestation »). Le temps de la violence se referme, en bonne règle humaine, par le cérémonial des funérailles. Le temps de la mobilisation, clos le dimanche soir, s’ouvrira de même sur l’espace d’un débat appelé à durer7.

Est-ce que tout cela fait un événement « historique » ? L’Emmanuel Kant de juillet 1789 ou le Goethe de septembre 1792 ne se trompent pas quand ils enregistrent sur le coup l’importance, déjà à leurs yeux capitale, de la prise de la Bastille ou de la bataille de Valmy. Reste que seules les sociétés — autrement dit leurs politiques, leurs intellectuels, leurs organisations, leurs artistes, qui en monopolisent la représentativité — peuvent dire à quelle hauteur on pourra mettre, avec un certain recul, les actes de violence de trois terroristes de nationalité française et les effets qu’ils ont produits. En revanche il est déjà possible de conférer à Janvier 15 un premier statut historique, dans l’étendue de la perturbation apportée à un nombre élevé d’existences individuelles, plongées, bon gré mal gré, dans le collectif. L’inscription dans l’histoire d’un événement tient moins aux nombres eux-mêmes (pour Janvier 15, les « quatre millions » de manifestants du samedi et du dimanche, chiffre sans précédent dans l’histoire française des manifestations, ou à celui des « huit millions » d’exemplaires vendus du numéro des survivants) qu’à l’étendue des micro-histoires infléchies par l’irruption de l’événement dans leur déroulement et à la faible proportion des destins qui paraissent avoir échappé à ce clinamen. L’analyse fine de ces inflexions n’est à la portée de personne. Les chapitres qui suivront déclineront non pas certaines de ces études de cas, mais autant de possibilités d’interpréter avec ces grilles d’analyse successives la résonance intime de l’Histoire, dont on sait depuis Georges Perec, bien placé pour le dire, qu’elle s’écrit « avec sa grande hache ».

1. Lecteurs situables en nombre quelque part entre les « 7 000 » abonnés de la fin 2014 et les « 55 000 » exemplaires vendus du nouveau Charlie Hebdo déclarés lors d’une conférence de presse d’avril 1995, après sa relance. Sans doute plus près du premier chiffre que du second.

2. Car il y a des individus en société collectiviste ; au reste, on les plaint.

3. Écrit, on le rappelle une dernière fois, au plus tard le 31 août 2015.

4. Citons les deux articles fondateurs : Pierre Nora, « L’événement monstre », Communications, 1972, numéro 18, p. 162-172, et « Le retour de l’événement », in Jacques Le Goff, Pierre Nora, dir., Faire de l’histoire, vol. I : Nouveaux problèmes, Paris, Gallimard, 1974, p. 210-229. Parmi les réflexions collectives récentes : « Faire l’événement », Sociétés et représentations, numéro 32, décembre 2011 (sous la direction de Pascale Goetschel et Christophe Granger).

5. Dans l’historiographie française citons les travaux de Dominique Kalifa (par exemple L’encre et le sang, Paris, Fayard, 1995) et ceux d’Anne-Claude Ambroise-Rendu (Crimes et délits, Paris, Nouveau Monde, 2006).

6. La discussion entre spécialistes porte non pas sur l’existence de la secte et son caractère radical mais sur le rapport au haschich et la réalité de ses projets terroristes. Ceux-ci sont cependant signalés dès les premiers textes. Il est vrai que ce sont des textes occidentaux : comme on le sait les victimes sont les plus mal placées pour savoir pourquoi on les tue.

7. Lors de la présentation, devant l’association américaine des critiques de télévision, le 11 août 2015, de la saison 5 de la série Homeland, le patron de la chaîne Showtime a annoncé que l’attentat du 7 janvier serait intégré à l’intrigue. On peut penser que la fiction, française ou étrangère, n’en restera pas là. Que le premier signe vienne des États-Unis et d’une série télévisée dit sans doute beaucoup.