ABAKOUMOV, Viktor (1908-1954), entre au NKVD comme simple courrier, nommé à la tête du Smerch à sa création en 1943, ministre de la Sécurité d’État en 1946 ; destitué et emprisonné sous Staline en 1952 lors de l’Affaire des médecins, condamné et fusillé sous Khrouchtchev en décembre 1954.
AKHMATOVA, Anna (1888-1966), illustre poétesse russe, mariée en premières noces à N. Goumiliov ; longtemps en disgrâce.
BÉLINSKI, Vissarion (1811-1848), critique littéraire, père spirituel de l’intelligentsia.
BERDIAÏEV, Nikolaï (1874-1948), philosophe et penseur religieux, banni en 1922, mort près de Paris.
BÉRIA, Lavrenti (1899-1953), bolchevik géorgien, commissaire du Peuple à l’Intérieur (après Iéjov) [1938-1946], membre du Politburo (1946-1953), ministre de l’Intérieur après la mort de Staline (mai-juin 1953), destitué, fusillé en décembre.
BERMANN, Matveï (1898-1939), un des créateurs du Goulag (son chef depuis 1932), dirigea la construction du canal Moscou-Volga (1936-1937). Arrêté en 1938, condamné à mort et exécuté deux mois après. Réhabilité en 1957.
BLOK, Alexandre (1880-1921), le plus grand poète russe du symbolisme.
BOUKHARINE, Nikolaï (1888-1938), éminent théoricien du parti, membre du Politburo (1924-1929) d’où il est exclu pour « déviationnisme de droite », condamné à mort au troisième procès de Moscou après une déclaration mémorable, fusillé. Réhabilité en 1988.
BOULGAKOV, Sergueï (1871-1944), économiste, puis philosophe et théologien, se fait prêtre en 1918, banni en 1922.
CHALAMOV, Varlam (1907-1982), écrivain et poète, passa dix-sept ans à la Kolyma, auteur des Récits de la Kolyma.
DAHL, Vladimir (1801-1872), écrivain et lexicographe, auteur d’un recueil de proverbes et d’un célèbre dictionnaire.
DOUKHONINE, Nikolaï (1876-1917), commandant en chef de l’Armée russe au moment de la révolution d’Octobre, refuse d’obéir au SNK qui ordonnait de cesser les hostilités, assassiné par les soldats ; l’expression « rejoindre Doukhonine » signifie : « être assassiné ».
DZERJINSKI, Félix (1877-1926), bolchevik d’origine polonaise, crée et organise la Tchéka en décembre 1917, premier directeur des Organes. La place de la Loubianka à Moscou a porté son nom en 1926-1990.
ÉJOV, voir IÉJOV.
ESSÉNINE, Sergueï (1895-1925), poète lyrique d’origine paysanne ; son suicide, ses thèmes d’inspiration, son genre de vie (bohème) firent de lui pendant plus de trente ans un poète peu recommandé mais très populaire.
FLORENSKI, Pavel (1882-1937), prêtre, philosophe, professeur à l’Institut électro-technique de Moscou, déporté en 1933, fusillé.
GORKI, Maxime (1868-1936), écrivain, d’abord proche des cercles révolutionnaires populistes, se lie aux bolcheviks et à Lénine au début du XXe siècle ; accueille la révolution d’Octobre avec appréhension, critique violemment les chefs bolcheviques dans une série d’articles intitulée « Pensées à contretemps » et publiée dans son quotidien Vie nouvelle (interdit en juillet 1918) ; accepte de collaborer avec les organisations culturelles créées par le pouvoir soviétique et se rallie à Lénine ; de 1921 à 1928, vit à l’étranger, puis rentre en URSS et met son prestige au service de Staline et de son régime, célébrant à plusieurs reprises les succès de l’Oguépéou ; promoteur de l’Union des écrivains en 1934, initiateur du réalisme socialiste ; il meurt dans des circonstances obscures.
GUERCHOUNI, Vladimir (1930-1994), neveu d’un célèbre révolutionnaire SR, déporté pendant seize ans (1949-1955, 1969-1974, 1982-1987).
GUINZBOURG, Ievguénia (1904-1977), enseigne l’histoire du PC, déportée et reléguée (1937-1956), puis réhabilitée. Ses mémoires ont été traduits en français sous les titres Le Vertige (1967) et Le Ciel de la Kolyma (1980).
HERZEN, Alexandre (1812-1870), célèbre écrivain et publiciste, éditeur de textes antitsaristes, a vécu près de vingt ans à l’étranger où il est mort.
IAGODA, Guenrikh (1891-1938), très haut fonctionnaire des Organes dès 1920, nommé à la tête du NKVD en 1934, écarté en 1936, arrêté et jugé au troisième procès de Moscou, fusillé et non réhabilité.
IÉJOV, Nikolaï (1894-1940), modestes débuts, succède à Iagoda à la tête du NKVD, fait régner une terreur effroyable ; destitué et remplacé par Béria en 1939, fusillé. Réhabilitation refusée en 1988.
ILINE, Ivan (1882-1954), philosophe, banni en 1922.
ILITCH, prénom patronymique de Lénine ; l’emploi de ce patronyme seul (sans le prénom) est censé exprimer l’atmosphère spontanée de vénération et d’amour dont est entourée la mémoire du fondateur de l’État soviétique ; naturellement, il peut aussi être entendu avec ironie.
IOSSIF VISSARIONOVITCH : Staline.
IVANOV-RAZOUMNIK (1878-1946), historien de la littérature et de la pensée russes, sociologue, proche des SR de gauche, toléré jusqu’à la fin des années 1920, ne cesse plus de connaître les prisons, les résidences surveillées ; mort en Allemagne dans un camp de réfugiés ; ses souvenirs posthumes (Prisons et Exils) ont paru à New York en 1953.
JDANOV, Andreï (1896-1948), bolchevik, succède à Kirov en 1934 comme dirigeant du parti à Leningrad, responsable de la politique culturelle après la guerre, fâcheusement célèbre pour son système de dénonciations et d’obscurantisme.
KAGANOVITCH, Lazar (1893-1991), l’un des plus grands complices de Staline, membre du Bureau politique depuis 1930 ; grand dékoulakiseur ; à partir de 1935, commissaire du peuple aux Voies de communication puis à l’Industrie ; en perte de vitesse après la guerre, destitué de toutes ses fonctions en 1957 pour participation au premier complot anti-Khrouchtchev ; paisible retraité ensuite.
KALININE, Mikhaïl (1875-1946), appartenait à l’entourage proche de Staline, membre du parti depuis 1898 ; depuis 1922 président du Tsik (chef de l’État), a toujours avalisé toutes les répressions massives.
KAMENEV, Lev (1883-1936), un des principaux responsables bolcheviques, après la mort de Lénine dirige le parti avec Zinoviev et Staline, puis se rapproche de Trotski ; exclu en 1927, arrêté en 1934, condamné à mort au premier procès de Moscou et exécuté ; réhabilité en 1988.
KÉRENSKI, Alexandre (1881-1970), avocat de causes politiques, membre du parti travailliste, membre puis président du Gouvernement provisoire en 1917 ; chassé par Octobre, émigre en 1918. Meurt aux États-Unis.
KHROUCHTCHEV, Nikita (1894-1971), secrétaire général du PC après la mort de Staline dont il dénonce les méfaits (1956, 1961) ; président du Conseil des ministres (1958), après avoir déjoué un complot « anti-parti » (1957) il est contraint par une « révolution de palais » de démissionner de toutes ses fonctions en 1964.
KIROV, Sergueï (1886-1934), secrétaire de l’organisation de Leningrad depuis 1926, membre du Politburo depuis 1930, proche de Staline ; son assassinat (mystérieux encore aujourd’hui, peut-être inspiré par Staline) déclencha une vague de terreur sans précédent.
KOGAN, Lazar, ancien anarchiste devenu bolchevique, chef adjoint des troupes de l’Oguépéou, chef de tout le chantier du Biélomorkanal.
KOROLENKO, Vladimir (1853-1921), écrivain populiste, publiciste, dénonciateur des pogromes, des violences policières ; plusieurs fois exilé sous les tsars ; sera horrifié par la terreur et le despotisme bolcheviques.
KOSMODÉMIANSKAÏA, Zoïa (1923-1941), héroïne de la résistance en territoire occupé ; arrêtée, torturée et pendue par les Allemands.
KRASSIKOV, Piotr (1870-1939), bolchevik, très ancien compagnon de Lénine, avocat, procureur (1924-1933) puis vice-président (1933-1937) de la Cour suprême, destitué et liquidé.
KRYLENKO, Nikolaï (1885-1938), entre au parti en 1904, aspirant de l’armée impériale, commandant en chef de l’armée russe à la place de Doukhonine. En 1918 passe à la Justice : commissaire du peuple à la Justice pour la Russie (1931) puis pour l’URSS (1936), accusateur public dans de nombreux grands procès. Arrêté le 1er février 1938, fusillé six mois après. Réhabilité en 1955.
LATSIS, Martyn (1888-1938), tchékiste important en 1918-1921, occupe ensuite diverses fonctions dans l’économie et au sein du parti. Arrêté en novembre 1937 (« appartenance à une organisation nationaliste »), condamné à mort et exécuté. Réhabilité en 1956.
LIKHATCHOV, Dmitri (1906-1999), célèbre spécialiste de la littérature vieux-russe, détenu en 1928-1932 (Solovki, Biélomorkanal), mémorialiste.
LOMONOSSOV, Mikhaïl (1711-1765), fils de paysan de la région d’Arkhanguelsk, « monte » à Moscou, savant et poète, membre de l’Académie, prototype du génie issu du peuple.
LOUNATCHARSKI, Anatoli (1875-1932), théoricien marxiste de la culture, de 1917 à 1929 commissaire du peuple à l’Éducation nationale.
LYSSENKO, Trofim (1898-1976), agronome, président de l’Académie d’agronomie (1938-1956, 1961-1962), dénonça la génétique classique et échafauda une théorie fantaisiste de l’hérédité ; ruina pour longtemps l’agriculture, l’agronomie, la biologie, la génétique soviétiques.
MAÏAKOVSKI, Vladimir (1893-1930), poète futuriste, voulut créer une poésie au service de la révolution, se suicida pour des raisons qui n’ont peut-être pas été complètement éclaircies.
MOLOTOV, Viatcheslav (1890-1986), homme politique, proche collaborateur de Staline, membre du Politburo à partir de 1926 ; président du SNK (1930-1941), ministre des Affaires étrangères (1939-1949, 1953-1956), destitué en 1957 (complot anti-parti), exclu du parti en 1962, réintégré en 1984 ; paisible retraité ; sous Staline, sa femme avait été arrêtée puis emprisonnée (1949-1953).
ORDJONIKIDZÉ, Grigori (1886-1937), important dirigeant du parti et de l’État, membre du Politburo et commissaire à l’Industrie lourde depuis 1930 ; se serait « suicidé ».
PIATAKOV, Guéorgui (1890-1937), bolchevik depuis 1910, grands emplois dans l’administration du parti et de l’économie, exclu du parti en 1927 puis réintégré, réexclu en 1936, arrêté en août de la même année, figure importante du deuxième procès de Moscou, condamné à mort et fusillé. Réhabilité en 1988.
PILNIAK, Boris (1894-1938), écrivain issu des Allemands de la Volga, un des créateurs de la prose russe moderniste ; arrêté en 1937, fusillé ou mort dans les camps.
POUCHKINE, Alexandre (1799-1837), le plus célèbre de tous les poètes russes, objet d’un véritable culte, tué en duel le 29 janvier/10 février 1837. Dans son poème Les Tsiganes, il fait l’éloge de la vie libre des révoltés contre la société.
RADEK, Karl (1885-1939), militant SD en Allemagne et en Russie, bolchevik à partir de 1917, membre du CC de 1919 à 1924, exclu du parti en 1927, arrêté en 1936, vedette d’un des grands procès de Moscou, assassiné en prison par un codétenu. Réhabilité en 1988.
RADICHTCHEV, Alexandre (1749-1802), écrivain ; publia sous Catherine II un ouvrage où il dénonçait le servage et l’autocratie ; condamné à mort, peine commuée en exil, libéré par Paul Ier.
ROMANOV, Pantéleïmon (1884-1938), auteur de nouvelles et de romans de mœurs, accusé souvent de naturalisme excessif et de concession à l’ennemi de classe, victime des purges.
RYKOV, Alexeï (1881-1938), éminent dirigeant du parti et de l’État, succéda à Lénine comme président du Sovnarkom (1924-1929), membre du Politburo (1924-1929), d’où il est exclu pour déviationnisme de droite, exclu du parti en 1937 ; condamné à mort au troisième procès de Moscou et fusillé. Réhabilité en 1988.
SAVINKOV, Boris (1879-1925), l’un des leaders SR, exclu en 1917 ; en 1918, constitua une petite organisation militaire destinée à lutter contre les bolcheviks et qui fomenta quelques émeutes ; émigra puis fut capturé en tentant de rentrer en URSS en 1924.
SOKOLNIKOV, Grigori (1888-1941), commissaire du peuple aux Finances (1922-1926), vice-président du Gosplan, exclu en 1936 et condamné à dix ans de prison au deuxième procès de Moscou, fusillé par la suite.
SPIRIDONOVA, Maria (1884-1941), révolutionnaire russe (SR) ; en 1906 abat le responsable de l’écrasement des révoltes paysannes dans la province de Tambov, condamnée à la prison perpétuelle, libérée par Février 1917, leader des SR de gauche ; après 1918, passe presque le restant de sa vie en prison ou en relégation, fusillée à Oriol juste avant l’abandon de la ville aux forces allemandes. Réhabilitée en deux fois : 1990 et 1992.
TCHEKHOV, Anton (1860-1904), célèbre écrivain et auteur dramatique russe. Il entreprit, à la fin du XIXe siècle, avec l’assentiment des autorités, un voyage d’étude au bagne de l’île de Sakhaline.
TCHOUKOVSKAÏA, Lidia (1907-1996), écrivain, mémorialiste, grande amie d’Anna Akhmatova, dénonce l’atmosphère de mensonge et de terreur dans laquelle le régime soviétique contraint à vivre.
TIKHONE (1865-1925), patriarche de l’Église orthodoxe russe, élu en 1917, entra rapidement dans de graves conflits avec le pouvoir soviétique.
TIMOFEÏEV-RESSOVSKI, Nikolaï (1900-1981), biologiste, travaille à Berlin en 1925-1945, détenu et déporté (1945-1951).
TOLSTOÏ, Alexeï N. (1882-1945), comte, écrivain de talent, émigré, revient en Russie en 1922, met peu à peu sa plume au service du régime ; collaborateur de l’ouvrage glorificateur du travail sur le chantier du Biélomorkanal.
TOUKHATCHEVSKI, Mikhaïl (1893-1937), maréchal de l’Union soviétique (1935), grands commandements pendant la guerre civile, réprime sauvagement les révoltes paysannes de Tambov. Arrêté en 1937, procès à huis clos, condamné pour création d’un « complot militaire fasciste », fusillé. Réhabilité en 1957.
TOUR (les frères), pseudonyme de K. D. Toubelski (1905-1961) et P. L. Ryjeï (né en 1908), auteurs de romans d’espionnage.
TVARDOVSKI, Alexandre (1910-1971), poète et directeur de revue, communiste convaincu et grand artisan du Dégel. Son long poème Vassili Tiorkine, histoire d’un soldat publiée pendant la guerre, le rendit extrêmement populaire. Rédacteur en chef de Novy mir de 1950 à 1954 et évincé pour trop de hardiesse, il retrouva la direction de la revue en 1958 et y fit paraître en 1962 Une journée d’Ivan Denissovitch. Il fut contraint de démissionner en 1970.
VAVILOV, Nikolaï (1887-1943), une des gloires de la botanique et de la génétique soviétiques, membre de l’Académie des sciences de l’URSS, directeur de l’Institut des plantes, arrêté le 5 août 1940, mort d’épuisement dans la prison de Saratov. Réhabilité.
VOROCHILOV, Kliment (1881-1969), chef militaire pendant la guerre civile, proche de Staline, commissaire du peuple aux Affaires militaires et navales puis à la Défense (1925-1940), fit la preuve de son incapacité pendant la guerre contre la Finlande, puis contre l’Allemagne ; chef de l’État (1953-1960).
VYCHINSKI, Andreï (1883-1954), juriste ; ancien menchevik, entra au PC en 1920, procureur général de l’URSS (1935-1939) lors des procès de Moscou, théoricien de la justice stalinienne ; ministre des Affaires étrangères (1949-1953), représentant de l’URSS à l’ONU.
ZAMIATINE, Ievguéni (1884-1937), écrivain, ingénieur de formation ; auteur d’un célèbre roman d’anticipation, Nous autres, qui influença peut-être Orwell et Huxley ; autorisé par Staline à émigrer, mort à Paris.
ZINOVIEV, Grigori (1883-1936), socialiste et bolchevik depuis toujours. Après la mort de Lénine et s’être allié à Staline, il se retourne contre lui dès décembre 1925. Sa vie ne sera plus qu’une longue alternance d’exclusions-réintégrations-procès publics. Condamné à mort au deuxième procès de Moscou, fusillé, réhabilité en 1988.