Glossaire des abréviations et de certains termes spécifiques

Ammonal : explosif utilisé dans les travaux de mine et de terrassement.

Aoul : village caucasien.

Archine : mesure de longueur égale à 0,71 m.

ATch (atché) : section administrative.


Balancier : appareil analogue au chadouf arabe, utilisé dans la campagne russe pour tirer l’eau du puits.

Bam (Baïkal-Amour) : voie ferrée lac Baïkal-Amour.

Bandériste : ce nom désigne en général un nationaliste ukrainien ; plus précisément partisan de Stépane Bandéra (1909-1959), chef de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (1943-1953), déporté par les Allemands à Sachsenhausen, assassiné à Munich par un agent soviétique.

Basmatchi : nationalistes d’Asie centrale, virulents en 1918-1930.

Bauer : fermier (all.).

BBK, Biélomor, Biélomorkanal : canal Baltique-mer Blanche.

Bour : baraquement à régime renforcé.

Bourgmestre : maire en fonction dans les territoires occupés par les Allemands.

Boutyrki (les) : la plus grande et ancienne prison dans l’ouest de Moscou. Prison de transit avant la révolution.


Cadets : membres du parti « constitutionnel-démocrate » (KD), fondé en 1905, opposants de centre droit à l’autocratie ; prennent le pouvoir en février 1917 et le perdent très vite ; grands adversaires des bolcheviks (mais depuis l’étranger).

Cent-Noirs (Centuries Noires) : surnom donné à certaines organisations nationalistes antisémites, constituées à partir de 1905.

Charachka (pl. charachki) : prison à régime spécial où des savants, des chercheurs, des ingénieurs travaillaient pour le compte des Organes.

Chienne : truand qui accepte d’exécuter les ordres des autorités du camp.

Chizo : isolateur disciplinaire.

Club : sorte de « salle polyvalente » à la campagne, administrative et récréative (cinéma, danse…).

Crédits : sorte de « bons points » calculés d’après les normes de rendement et qui étaient censés se traduire par des remises de peine.


Décembristes : membres d’une conjuration constitutionnaliste qui aboutit à une insurrection manquée sur la place du Sénat à Pétersbourg, le 14/26 décembre 1825 (après la mort d’Alexandre Ier).

Délégué opérationnel : voir Oper.

Dizenier : chef (déporté) d’un groupe de dix « trimeurs ».

Dopr : maison de travaux coercitifs (au début de l’ère soviétique).

Église vivante : fondée en mai 1922 en opposition au patriarche Tikhone ; préconisait la collaboration étroite avec le pouvoir soviétique ; elle n’eut guère qu’une année de gloire.


Facultés ouvrières : établissements d’enseignement réservés à des ouvriers détachés de leur usine (il existait aussi des cours du soir) pour les préparer à entrer dans l’enseignement supérieur ; ont existé de 1919 à la veille de la guerre.

Fils du Goulag : vieil habitué du Goulag, qui en a pénétré tous les secrets.

FZO : écoles d’apprentissage dans l’industrie lourde créées par le décret du 2 octobre 1940 qui permettait de mobiliser d’office dans ces établissements de 800 000 à un million de jeunes ouvriers par an. Réorganisées en 1960.


Garde (la) : unités d’élite de l’armée.

Gosplan : organisme centralisé de la direction de l’économie planifiée.

Goulag : Direction centrale des camps.

Grande Cassure : ce terme traduit ici le russe véliki pérélom, en général rendu par le Grand Tournant, qui désigne l’année 1929 – défaite de l’opposition de droite, bannisse-ment de Trotski et, surtout, lancement de la collectivisation (le terme est dû à Staline).

Grande Maison : surnom du bâtiment construit en 1931-1932 sur la perspective Liteïny, à Leningrad, pour abriter la Sécurité d’État.

Guébé (GB) : Sécurité d’État.

Guépéou : Administration politique d’État ; remplace la Tchéka (février-décembre 1922).

Instrumentation : « instrumenter » (aktirovat) une journée, c’est constater par un acte authentique qu’en raison du froid, le travail est impossible.

Intourist : Direction centrale du tourisme étranger.

Isba-étuve : petit édifice de rondins construit à l’écart de la maison qui abrite une famille paysanne ; il comporte l’étuve proprement dite, avec son poêle de maçonnerie sur lequel on jette de l’eau, et une antichambre où l’on se déshabille.

ITK : colonie de redressement par le travail.

ITL : camp de redressement par le travail.


Kacha : céréales mondées cuites à l’eau ; nourriture de base dont la consistance varie de la bouillie très claire au plat de riz.

Kaer (prononciation épelée de KR) : contre-révolutionnaire.

KGB (kaguébé) : Comité de la Sécurité d’État (près le Conseil des ministres), succède au MGB en 1954.

Komsomol : Union de la jeunesse communiste.

KPZ (kapézé) : local de détention préventive.

KRD : activité contre-révolutionnaire, article sigle.

Kremlin : ce mot désigne une citadelle entourée de murs d’enceinte. Le Kremlin de Moscou est seulement le plus connu.

KVTch (kavétché) : section culturelle et éducative.


Lag : abréviation de laguer, le camp. Dans Berlag, Gorlag, Minlag, etc., désigne un réseau de camps.

Loubianka (Grande et Petite) : célèbre prison moscovite, symbole de la terreur policière ; la « grande L. » a un rayonnement national, la « Petite » est la prison du KGB pour la région de Moscou.

MGB (emguébé) : ministère de la Sécurité d’État, qui abrita les Organes à compter de 1946.

Moguès : réunion des Centrales électriques d’État de Moscou.

MTS (station de tracteurs et de machines) : base de matériels agricoles (avec garages, ateliers de réparation, conducteurs, mécaniciens) qui desservait contre rémunération un ensemble de kolkhozes.

Muselière : 1. « Abat-jour », écran de bois ou de métal fixé à l’extérieur des fenêtres d’une cellule de prison, de façon que les détenus ne puissent voir qu’une étroite bande de ciel. 2. Privation de droits civiques, politiques, professionnels (interdiction d’occuper certaines fonctions ou de se livrer à certaines occupations).

MVD : ministère de l’Intérieur à compter de 1946 (voir NKVD).


Nep : Nouvelle politique économique appliquée de mars 1921 à la fin de 1927 pour réparer les dégâts causés par la guerre civile et le communisme de guerre : fin des réquisitions en nature, retour au commerce privé, etc.

NKGB : Commissariat du Peuple à la Sécurité d’État, créé en 1941.

NKVD : Commissariat du Peuple à l’Intérieur ; abrite les Organes depuis 1934.


Oguépéou (Guépéou unifié) : nom que prirent les Organes en décembre 1922 au moment de la création de l’URSS fédérale.

Olp (« point individuel de camp ») : camp local, unité de base du Goulag.

Oper (délégué opérationnel) : représentant de la police politique à l’intérieur d’un camp.

Organes (les) : police politique chargée de faire régner la terreur. Les premiers prirent le nom de Vetchéka, le 7/20 décembre 1917. Celle-ci est remplacée le 6 février 1922 par le Guépéou (devenu Oguépéou). Ce dernier se transforme en directions du NKVD. Depuis 1941-1943, la Sécurité d’État est détachée en commissariat du Peuple (puis ministère) à part entière.

Orthodoxes : « croyants », « vrais croyants », « bien-pensants », tous ces mots, dans les camps du Goulag, désignent, pour les détenus, les communistes coffrés et restés fidèles au système de pensée stalinien.

Osso (Comité délibératif spécial) : tribunal extrajudiciaire, composé de trois membres, qui jugeait et condamnait en l’absence de l’accusé.

Ostarbeiter (« travailleur de l’Est ») : ce terme désignait les personnes déportées en Allemagne comme travailleurs civils.

OuITLK : Direction des camps et colonies de redressement par le travail.

Ourtch (Section de comptabilité et de répartition) : l’un des services de l’administration d’un camp.


Passeport jaune : avant la révolution, délivré aux prostituées ; ici, document destiné à marquer d’infamie.

Pionniers : organisation de jeunesse destinée aux enfants de neuf à quatorze ans ; appartenance plus ou moins obligatoire.

Plombé : une personne « plombée » est porteuse d’un passeport intérieur « sale », avec des « moins ». Des indications codées signalent que le titulaire est interdit de séjour dans un plus ou moins grand nombre de villes et qu’il ne peut pas travailler dans un certain type d’entreprise ni exercer certaines fonctions.

Politsaï (de l’all. Polizei) : membre du corps de Police auxiliaire recruté sur place par les troupes allemandes d’occupation en Russie.

Pote (en russe koum, le compère) : surnom du délégué opérationnel (oper) dans les camps.


Raïon : la plus petite unité administrative territoriale, rurale ou urbaine.

Récidivistes : surnom amer des déportés libérés, puis réarrêtés et recondamnés.

Rote Fahne (die) : journal du PC allemand.

RSFSR : République socialiste fédérative soviétique de Russie.


Samizdat (autoédition) : copiés à la machine et multipliés par tous ceux qui le voulaient, les livres qui circulaient sous le manteau en URSS. (S’oppose à gossizdat, éditions d’État, et à tamizdat, éditions de là-bas, c’est-à-dire de l’étranger.)

Seksote : collaborateur secret (mouchard).

Sidore : le baluchon du prisonnier.

Slon : camp à destination spéciale des Solovki (ou du Nord) ; le mot slon signifie « éléphant » en russe.

Smerch (« Mort aux espions ») : nom du service de contre-espionnage de l’armée.

Smolny : Institut fondé à Saint-Pétersbourg pour l’éducation des jeunes filles nobles ; après la révolution de février 1917, occupé par les bolcheviks qui y établirent leur quartier général.

SNK ou Sovnarkom : Conseil des Commissaires du peuple (1917-1946) ; son premier président fut Lénine (1917-1924).

SR : Socialiste-révolutionnaire, l’un des partis socialistes liquidés après la révolution d’Octobre.

Syndicat : il n’exerce en URSS aucune action de revendication, bien au contraire ; mais c’est par son intermédiaire que sont délivrés des « bons de séjour » au bord de la mer ou en maison de cure ; les cotisations au syndicat sont recueillies par un membre du personnel de l’entreprise.


Tchéka : Commission extraordinaire de lutte contre la contre-révolution et le sabotage (1917-1922), l’ancêtre des Organes.

Tchékaguébé : Soljénitsyne englobe sous ce vocable forgé par lui tous les Organes de répression politique : Tchéka, Guépéou, NKVD, Guébé.

Travaux généraux : travaux physiques les plus durs, qui sont la raison d’être d’un camp – abattage d’arbres, mines, chantiers divers, etc.

Télègue : chariot paysan à quatre roues.

TsK : Comité central du parti communiste.

Tsik : Comité central exécutif.

TsKK : Commission centrale de contrôle, organisme de contrôle du parti communiste créé en 1921 et fonctionnant conjointement avec la RKI (Inspection ouvrière et paysanne) en 1923-1934.


Usiniers (serfs) : ils étaient affectés par villages entiers au travail dans les mines ou les manufactures (publiques ou privées). N’ayant pas de terre, ils dépendaient entièrement de leur employeur pour leur subsistance.


Vetchéka : Tchéka panrusse, c’est-à-dire pour tout le territoire russe, par opposition à une Tchéka locale ou provinciale, par exemple.

VKP (b) : Parti communiste (bolchevique) de l’Union soviétique ; nom officiel du PCUS en 1923-1952.

Vokhra : Garde paramilitaire, garde des camps composée de contractuels.

Volgolag : camps de la Volga (au nord de Moscou).

Volonté du peuple (la) : organisation terroriste née en 1879 ; son triomphe fut l’assassinat d’Alexandre II en mars 1881, mais le peuple ne se souleva pas et la répression vint rapidement à bout d’elle.


Zek ou zéka, nom formé sur l’abréviation z/k (prononcer zéka), de zaklioutchonny : détenu.

Zemstvo : organisme d’autoadministration provinciale créé en 1864 ; nombre de ses militants constituèrent par la suite les dirigeants et les troupes du parti Cadet.

Zone : au sens large, c’est le territoire où sont concentrés les détenus : zone d’habitation, zone de production. Au sens étroit, c’est l’enceinte du camp (planches, briques, poteaux reliés par des barbelés), précédée d’une « pré-enceinte » ou « avant-zone » ; elle comporte une « zone interdite », espace dégagé de part et d’autre des barbelés (de la palissade, du mur) délimitant le camp. La zone interdite est systématiquement ratissée (sauf quand elle est couverte de neige) pour qu’on puisse y voir la moindre trace de pas.

Zour : commando disciplinaire.