G
GASTRONOMIE
Plus que jamais une forme d'art* combinant les éléments les plus raffinés d'une culture*. Elle passera par des repas beaucoup plus légers qui seraient aujourd'hui considérés comme diététiques. Devenue nomade*, elle fera plus que jamais voyager, mêlant des goûts et des produits aux rencontres aujourd'hui encore improbables. Elle sera métissage, reconstructions à partir d'éléments dissociés, juxtapositions inédites d'odeurs*, de couleurs, de saveurs inattendues. Elle utilisera des produits radicalement nouveaux : herbes inconnues, légumes, viandes ou poissons* jusqu'ici inutilisés, ingrédients considérés comme immangeables. Elle mêlera savamment toutes les sensations, et pas seulement celles relevant du goût*. Plus encore qu'elle ne l'est aujourd'hui, elle deviendra un spectacle* complet dans lequel l'orfèvrerie, le service et l'art de table occuperont une place accrue.
GÉNÉTIQUE
L'analyse des différences héréditairement transmissibles deviendra la science fondamentale du siècle.
Du jour où on saura identifier la trace génétique de la plupart des maladies*, on ouvrira un marché* planétaire considérable pour les molécules capables de les bloquer ou de les activer.
La génomique* a déjà identifié 50 000 gènes humains et déterminé les fonctions de 5 000 d'entre eux. En 2010, on aura identifié les gènes de susceptibilité des cinquante affections les plus graves. En 2030 en auront été déduits les médicaments* associés.
Les entreprises de génomique détentrices de brevets* sur des gènes de susceptibilité deviendront alors propriétaires – au moins en partie – de toutes les molécules thérapeutiques qui pourraient leur être associées, tout comme le détenteur du sol est, dans certains pays, propriétaire de ce qu'on peut découvrir sous ses pieds. Les laboratoires pharmaceutiques devront acquérir auprès des génomiciens la propriété de ces gènes de susceptibilité ou devenir leurs sous-traitants. Le marché de la génétique dépassera le trillion de dollars. Les effets de ce développement se feront sentir en médecine*, dans l'agriculture*, dans le domaine de la sexualité* et, plus généralement, dans le devenir même de la civilisation*.
GÉNOMICIEN
Spécialiste de l'analyse du génome et de la maîtrise des brevets* associés.
GÉNOMIQUE
Technique de la génétique visant à l'analyse systématique de la structure du génome d'une espèce vivante afin de découvrir les gènes associés aux caractères spécifiques et aux maladies de l'espèce. Elle utilise successivement trois technologies :
 la cartographie localise les caractères sur le génome. Grâce à des marqueurs génétiques placés sur chacun des chromosomes, des cartes génétiques repèrent les régions susceptibles de renfermer le ou les gènes responsables du caractère étudié. Chez l'homme, une région représente de 1 à 5 millions de bases et peut se retrouver sur plusieurs chromosomes ;
 le séquençage permet de déterminer l'ordre des bases constituant l'ADN. L'électrophorèse a permis les premiers séquençages rapides ; d'autres méthodes permettront de séquencer tout génome animal ou végétal en quelques jours, alors qu'il aura fallu vingt ans pour séquencer les premiers génomes d'êtres vivants et deux pour cent du génome humain ;
 la bio-informatique intègre les données générées par la cartographie et le séquençage pour identifier une fonction potentielle d'un gène en comparant les différentes séquences obtenues avec les bases de données de séquences de gènes dont la fonction est connue.
GÉOPOLITIQUE
Science des rapports de force inventée par des géographes allemands pour analyser la menace russe.
La paix* et la guerre* dépendront de l'équilibre des forces entre les puissances d'aujourd'hui et de l'émergence de nouvelles puissances. Plus précisément de la solidité de l'alliance entre l'Europe*, la Russie* et les États-Unis*, et du jeu respectif de la Chine* et de l'Islam* face au reste du monde.
Pour devenir – ou rester – une grande puissance, un pays devra réunir les sept conditions suivantes, désormais reconnues par tous les spécialistes :
 sur le plan économique : être assez riche pour pouvoir peser sur le cours des affaires du monde ;
 sur le plan technologique: maîtriser les progrès en matière de communication et d'énergie ;
 sur le plan monétaire: avoir une monnaie capable de servir d'instrument de réserve et de transaction internationale ;
 sur le plan militaire: disposer de l'arme nucléaire* et pouvoir projeter à longue distance une force expéditionnaire d'au moins une dizaine de divisions d'infanterie ;
 sur le plan géographique : avoir intérêt à agir hors de ses frontières pour protéger ses sources d'énergie, ses réserves d'eau* potable, ses routes maritimes essentielles, ou encore un allié vital ;
 sur le plan culturel : être animé par une culture* – religieuse ou nationale – suffisamment universelle pour penser que son intérêt tend à se confondre avec celui des autres et pour séduire les autres avec ses œuvres d'art ;
 sur le plan diplomatique: avoir un État* assez fort et cohérent pour concevoir et mettre en œuvre une politique étrangère impériale.
Très peu de pays rempliront ces sept conditions. En particulier, il est peu vraisemblable qu'une superpuissance apparaisse en Afrique*, même si le Nigeria* et l'Afrique du Sud deviennent des puissances régionales exerçant une forte influence sur les affaires de leur continent.
Le Japon* aura les moyens économiques de devenir une superpuissance, mais la Chine* s'y opposera durablement, comme la plupart des autres nations d'Asie* encore marquées par les ravages causés par l'hégémonie japonaise pendant la première moitié du XXe siècle.
L'Inde* aura la puissance économique, militaire et diplomatique, l'intérêt géographique, mais sans doute ni la vocation universaliste, ni la monnaie, ni la technologie, ni le désir de devenir une puissance hégémonique ou impériale, occupée qu'elle sera durablement à maintenir son unité et à se défendre des puissances voisines.
L'Islam* aura la richesse, l'intérêt géographique, la volonté universaliste nécessaires, mais ni l'unité étatique, ni la cohésion militaire, ni même d'intérêt commun à défendre. Il constituera cependant un formidable allié pour toute superpuissance qui saura se le concilier.
Restent quatre candidats : la Russie, la Chine, l'Europe et les États-Unis.
La Russie* retrouvera peut-être, dans plusieurs décennies, toutes les caractéristiques d'une superpuissance, y compris la puissance économique et technologique, mais pas la monnaie. Et pendant au moins la première moitié du siècle, elle restera surtout occupée à tenter de maintenir son unité et à organiser ses relations avec le reste de l'Europe et avec la Chine.
La Chine* sera sans nul doute la prochaine superpuissance à émerger. Elle disposera de la puissance économique, de la capacité de projection militaire, d'un gouvernement efficace, d'un désir de jouer un rôle dans le monde, d'une identité culturelle, d'un besoin de présence sur mer, de trouver de l'énergie en Asie centrale et de contrôler les espaces de Sibérie*. Sa monnaie sera un jour une des premières du monde.
L'Europe* et les États-Unis* posséderont eux aussi tous les moyens des superpuissances. En tout cas ensemble : les États-Unis auront surtout les moyens d'intervenir à l'extérieur, alors que les Européens auront surtout des raisons de le faire.
La géopolitique du siècle dépendra donc très largement de l'évolution de l'alliance des États-Unis et de l'Europe, et de la place respective de la Russie et de la Chine.
Si les deux versants de la civilisation occidentale ne forment plus qu'une seule superpuissance avec le dollar comme monnaie, ils renforceront l'OTAN*, et l'Europe dépendra encore des États-Unis pour se garder de ses voisins et protéger ses routes maritimes et ses sources d'énergie convoitées par la Chine, l'Inde* et l'Iran.
Si l'Europe réussit à se doter d'une monnaie unique, d'une politique scientifique, culturelle et audiovisuelle autonome, d'une politique étrangère et d'une armée communes et indépendantes, elle devra s'entendre avec la Russie et avec l'Islam pour éviter des tragédies sur ses flancs est et sud. Dans cette hypothèse, la meilleure attitude pour l'Europe sera d'accueillir la Russie et la Turquie au sein de l'Union européenne.
En dehors de leurs relations réciproques, les grandes puissances auront à affronter une infinité de micropuissances et de microconflits pour le contrôle de territoires ou de ressources rares. Lorsque leurs intérêts vitaux ne seront pas en cause, elles ne voudront ni se battre, ni même intervenir pour mettre de l'ordre dans les régions du Sud* menacées de basculer dans le non-droit. Des acteurs non étatiques y agiront sans craindre de représailles, et des empires* se reconstitueront pour mettre de l'ordre à leurs propres marges.
La construction européenne constituera un modèle idéal d'ordre continental exportable ailleurs : ni équilibre de pouvoirs entre États*, ni empire gendarme, mais mise en commun volontaire de moyens économiques, politiques et sociaux de souveraineté. Si une telle organisation s'installait aussi sur d'autres continents, ce serait le début d'une géopolitique démocratique. Sinon – et c'est le plus probable -, le monde restera instable, fragile compromis fait de surveillance mutuelle et d'ingérences réciproques, sans cesse au bord du chaos.
GLOBALISATION
Réunion de la connexité*, que rend possible la technologie, et de la mondialisation*, que rend nécessaire le marché*. L'une rapproche dans le temps*, l'autre dans l'espace*. Tous les principaux problèmes deviendront internationaux et interdépendants. Par exemple, on ne pourra plus traiter de la drogue* sans parler des trafics financiers, de la pollution* sans parler de l'eau*, de la sécurité nucléaire* sans parler géopolitique*, de l'encombrement* sans parler du tri*.
On ne pourra non plus traiter aucun de ces problèmes autrement qu'à l'échelle planétaire.
GOÛT
Un des propres de l'homme ; un de ses luxes*, aussi ; une des expériences* les plus riches, délicates et évocatrices d'autres émotions. De plus en plus sollicité par le métissage des cuisines. Des milliards d'individus continueront d'en ignorer les raffinements : la faim ignore les saveurs.
Comme les autres sens, on tentera de le reproduire et de le transmettre à distance pour l'intégrer au divertissement*, à l'éducation* et au voyage* virtuel. Pour cela, on cherchera à numériser certains éléments (la texture, l'arôme, la température). On reproduira en artefact quelques-uns des dix mille récepteurs placés sur la langue humaine (chacun équipé d'une centaine de capteurs chimiques remplacés tous les dix jours, en liaison avec le système nerveux). On tentera ensuite de transmettre au cerveau cette perception artificielle, avant d'en commercialiser l'usage dans des spectacles* virtuels au cours desquels le riche spectateur goûtera à distance les plats des plus grands cuisiniers, mangera au banquet de Néron ou à la table de Louis XIV, réconfortera Vatel et congratulera Brillat-Savarin, testera enfin des recettes avant même qu'elles n'aient été matérialisées.
GRANDE-BRETAGNE
Matrice d'une culture majeure, empire* omniprésent puis décadent, mais distendu plutôt que disloqué, durablement hôte des premières industries culturelles et publicitaires du monde ; un des maîtres du futur hypermonde*.
Juxtaposition de communautés indifférentes venues des cinq continents, premier civiLego* d'Europe, elle aura à affronter la menace de sécession de quelques provinces, la dégradation des services publics et le vieillissement de sa population – qui culminera à 60 millions en 2025.
Elle aura aussi à opérer des choix stratégiques majeurs : s'isoler pour cultiver la nostalgie d'une identité* perdue ; ou s'intégrer avec les États-Unis* dans un vaste ensemble de type confédéral pour protéger la spécificité anglo-saxonne ; ou devenir un État* parmi d'autres au sein d'une Union européenne fédérale. Elle fera ce dernier choix, mais sera le dernier pays à le faire, et seulement lorsqu'elle sera assurée qu'elle ne peut vraiment plus faire échouer ce projet d'Union.
GRATUITÉ
De nombreux biens aujourd'hui coûteux deviendront gratuits ou presque, tels le stockage, la transmission ou l'accès à certaines informations*.
À l'inverse, certains biens ou services aujourd'hui gratuits deviendront payants : déchets*, air*, temps*, citoyenneté*, sang, paternité*, maternité*, éducation*... Survivre deviendra de plus en plus difficile quand le marché* aura envahi les rares relations humaines encore désintéressées.
Certains services seront en revanche rendus gracieusement par des ONG* et financés par des dons. Beaucoup plus tard, on échangera des actes contre du sens, sans passer par l'argent : s'esquissera alors une économie de la Fraternité*.
GREFFE
D'abord rare, faute d'organes disponibles et de compatibilité immunologique. Puis les corps* deviendront propriétés collectives et fourniront des quantités infinies d'organes.
Rien qu'aux États-Unis, la demande de greffes est quatre fois supérieure à l'offre. Au surplus, la plupart des greffés auront besoin qu'on remplace leurs organes une ou deux fois dans leur vie. On manquera d'un million d'organes à greffer avant le milieu du siècle. S'installera un marché* illégal, puis légal, qui incitera à se séparer d'organes, s'ils ne sont pas vitaux, ou à les léguer en échange d'une forte somme (« ticket de mort »).
Puis changera de fond en comble l'attitude à l'égard du corps. Dans de nombreuses cultures, il ne sera plus qu'une enveloppe matérielle provisoire, et de plus en plus de gens seront disposés à faire don de leurs organes. Dans d'autres, on reconnaîtra la propriété collective des corps, et personne ne pourra interdire la greffe de ses organes après sa mort. Le réservoir d'organes à greffer deviendra alors quasi illimité. Le rejet immunitaire restera l'obstacle à la généralisation des greffes ; il empêchera aussi le développement des xénogreffes*. On se rabattra alors sur les prothèses* combinant électronique et matériaux* compatibles, la bionique*, jusqu'à ce que le clonage* permette – sans doute avant la fin du siècle – de créer des réserves d'organes spécifiques sans plus aucun risque de rejet.
GRÈVE
L'arrêt de travail* des salariés d'une entreprise* cessera d'être un moyen de pression sur les détenteurs du capital là où ceux-ci seront encore au pouvoir. La précarisation des salariés et la mobilité croissante du capital – qui pourra se déplacer sans cesse là où les travailleurs seront les plus dociles – la rendront inopérante. La revendication des travailleurs passera par d'autres voies : le détournement du sens* du travail*, l'obstruction des réseaux*. Il sera plus efficace de détourner des informations que de cesser de les produire ou de les transmettre.
En revanche, les « grèves » de chômeurs, d'élèves, de consommateurs, d'usagers de services publics, de membres d'associations, de parents, de malades, même, exerceront une réelle influence sur les organisations, entreprises ou institutions*, dépendant de leurs « clients » plus que de leur personnel. Une médiatisation astucieuse de ces mouvements sera leur principal atout à condition que leurs organisateurs n'oublient pas que les médias, consommateurs d'actualités, n'aiment pas du tout ce qui dure trop : pour eux aussi, il faut savoir arrêter une grève.
GUERRE
En apparence, la mondialisation de la démocratie* et du marché* instaure la paix* entre les petites puissances, et l'arme nucléaire* empêche la guerre entre les grandes. En réalité, la multiplication du nombre des États*, l'absence d'ordre supranational, l'incapacité à faire respecter partout le Droit*, ouvrent un bel avenir à la guerre.
Depuis 1500, les deux tiers des années d'existence de l'humanité ont été le théâtre de guerres majeures, dont neuf mondiales. Au XXe siècle, la guerre n'a pratiquement jamais cessé, même si elle n'a pas été la principale cause de morts violentes : 36 millions de personnes ont été tuées directement dans des conflits alors que 119 millions ont été victimes de meurtres collectifs, pour l'essentiel sous des régimes communistes.
Les guerres futures se répartiront probablement en trois grandes catégories : aux frontières* entre civilisations* ; entre rivaux à l'intérieur d'une même civilisation ; pour le contrôle de ressources rares.
 Aux lignes de fracture entre civilisations, il suffit de parcourir le tracé des frontières existantes* pour imaginer les milliers de conflits possibles : la Russie* peut se trouver confrontée à la Chine* pour le contrôle de la Sibérie*, et face à l'Ukraine pour celui de la Crimée ; la Serbie à l'Albanie et à la Macédoine pour le Kosovo ; l'Inde* et le Pakistan peuvent se déchirer pour le Cachemire ; les États-Unis* et la Chine s'opposer pour le contrôle de l'Asie de l'Est* ; l'Amérique du Nord s'opposer à l'Amérique latine* soit par une guerre entre le Mexique* et les États-Unis, soit par un conflit plus local entre le Mexique et le Guatemala. Une guerre au moins froide peut aussi se développer entre l'Islam* et l'Occident* le long de la Méditerranée* ou au Proche-Orient*. (L'expression « guerre froide » fut d'ailleurs inventée au XIIIe siècle par les Espagnols pour décrire la situation sur le pourtour de la Méditerranée.) Le pire scénario serait une alliance entre la Chine et l'Islam pour reprendre la Sibérie et l'Asie centrale à la Russie, alliée pour l'occasion à l'Occident.
 À l'intérieur de chaque civilisation auront lieu des conflits identitaires inspirés par le « narcissisme des petites divergences » dont parlait Freud, où chacun se percevra en état de légitime défense, persécuté et voué à la disparition, prétendant à l'antériorité de sa présence sur un territoire. Les frontières étant de plus en plus poreuses, on ira vers des chaos localisés. Dans ce genre de guerres, on emploiera des moyens nouveaux destinés à en limiter la portée et à éviter qu'elles ne dégénèrent en conflits continentaux, voire mondiaux : attaque des réseaux* pour bloquer l'économie d'un ennemi, terrorisme anonyme, guerriers fanatiques prêts à sacrifier leurs proches pour venir à bout de l'adversaire, etc. De tels conflits sont possibles entre la Chine, le Japon et le Viêt-nam pour le contrôle des îles Spratly, en mer de Chine, îles fantomatiques disputées par sept pays et sous lesquelles se trouvent des gisements de pétrole*. Mais aussi à l'intérieur de la civilisation* occidentale, malgré la généralisation de la démocratie et du marché : déjà, en 1914, l'Allemagne* et la Grande-Bretagne* étaient respectivement le premier client de l'autre ; la City finançait l'industrie allemande et la Lloyd's assurait la marine allemande ; quant à l'économie italienne, elle était pratiquement une extension de l'économie allemande. À l'avenir, la guerre entre démocraties restera possible ; la généralisation de l'individualisme* ne fera qu'aggraver les risques d'affrontement entre peuples animés par des utopies* identiques, et donc rivales sans être concurrentes. Si nécessaire, les démocraties se feront la guerre pour échapper à la mainmise de l'une sur l'autre.
 Le contrôle de ressources rares, et d'abord de l'eau*, pourrait devenir une cause majeure de guerre. Entre la Turquie* et l'Irak, entre l'Égypte et l'Éthiopie, entre Israël* et la Jordanie, entre l'Afrique du Sud et la Namibie, et même, beaucoup plus tard, entre plusieurs États des États-Unis*.
Le Proche-Orient* restera le lieu le plus menacé sur la planète, car s'y concentrent les trois sources de guerres : confrontation de civilisations, rivalités à l'intérieur de civilisations, disputes pour le contrôle de ressources rares.
Les bénéficiaires de toutes ces guerres seront, comme toujours, ceux qui s'abstiennent d'en livrer : l'Inde* sera de ceux-là, tout comme l'Amérique latine*. La guerre des autres contribuera à leur mieux-être. Mais, comme toujours aussi, les principaux profiteurs seront les fournisseurs équanimes des deux camps ; il est vrai que ces marchands de génocides, sans bases territoriales, ne se connaissent pas d'ennemis : que des concurrents.
On veut espérer qu'à la guerre physique de masse puis à la guerre de matériels et aux autres formes de guerres réelles se substituera à terme une sorte de confrontation virtuelle de type ludique inspirée des pratiques immémoriales du jeu d'échecs ou du tournoi.