8 Catégories de points et choix des points
Il y a un total de 361 points d’acupuncture situés sur les méridiens (→ Chapitre 1). En traduction littérale, le nom chinois du mot « point » signifie plutôt « ouverture » ou « trou ». On peut stimuler ces points grâce au massage (acupressure) ou à l’insertion d’aiguilles (acupuncture). Outre ces points d’acupuncture classiques, on compte un certain nombre de points hors méridien qui se trouvent en dehors du trajet des méridiens principaux. Les principaux points hors méridien officiellement reconnus sont présentés au chapitre 6.
Les points d’acupuncture agissent :
Le tableau ci-dessous (adapté d’Ellis et Wiseman, 1991) offre un aperçu des indications générales des points.
Certains points ou certains ensembles de points sont classés selon leurs actions ou leur localisation sur leur méridien respectif (pour un aperçu de ces points et de ces ensembles de points, → intérieur de la couverture de ce livre).
Aux points source (yuan), le Qi Originel (yuan qi, → 1.1.4) des différents systèmes d’organes émerge à la surface du corps.
Localisation de ces points: près de la main ou de la cheville.
P-9 (taiyuan) Rte-3 (taixi) C-7 (shenmen)
GI-4 (hegu) E-42 (chongyang) IG-4 (wangu)
V-64 (jinggu) TR-4 (yangchi) VB-40 (qiuxu)
Les troubles d’un méridien précis ou de l’Organe (zang) auquel il se rattache se manifestent souvent sous la forme d’une sensibilité, d’un changement de couleur comme une décoloration, d’un gonflement, d’une rougeur, etc. dans la zone du point source (yuan) concerné.
Les points luo de communication sont situés dans les zones du corps où naissent les méridiens luo de communication (→ 1.5), qui relient les méridiens Yin et Yang couplés dans la relation Intérieur-Extérieur (→ 1.2.2).
Les points des douze méridiens luo de communication des méridiens principaux se trouvent entre les doigts et le coude sur les membres supérieurs, et entre les orteils et le genou sur les membres inférieurs.
Les points xi d’accumulation se trouvent entre les doigts et le coude pour l’extrémité supérieure, et entre les orteils et le genou pour l’extrémité inférieure. Seul E-34 est situé en direction plus proximale sur la cuisse.
Synonyme: points de transport.
Les points shu du dos sont situés sur la branche interne du méridien de la Vessie, au niveau des Viscères (zangfu) auxquels ils se rattachent. Ils sont essentiellement au même niveau que les points mu antérieurs qui leur c.orrespondent (→ 8.1.5).
Viscère | Point shu du dos |
---|---|
Poumon | V-13 (feishu) |
Gros Intestin | V-25 (dachangshu) |
Estomac | V-21 (weishu) |
Rate | V-20 (pishu) |
Cœur | V-15 (xinshu) |
Intestin Grêle | V-27 (xiaochangshu) |
Vessie | V-28 (pangguangshu) |
Rein | V-23 (shenshu) |
Maître du Cœur | V-14 (jueyinshu) |
Triple Réchauffeur | V-22 (sanjiaoshu) |
Vésicule Biliaire | V-19 (danshu) |
Foie | V-18 (ganshu) |
Dans les syndromes de type plénitude, on peut piquer et disperser les points shu du dos; dans les syndromes de type vide, il faut les piquer et les tonifier. En présence de signes de Froid, on peut également leur appliquer des moxas. Il ne faut pas laisser les aiguilles en place plus de 10 mn (au-delà, on a un effet de sédation qui engendre de la fatigue).
Les points mu antérieurs sont situés sur le thorax et l’abdomen, dans la zone du Viscère (zangfu) auquel ils se rattachent.
Viscère | Points shu du dos |
---|---|
Poumon | P-1 (zhongfu) |
Gros Intestin | E-25 (tianshu) |
Estomac | RM-12 (zhongwan) |
Rate | F-13 (zhangmen) |
Cœur | RM-14 (fugue) |
Intestin Grêle | RM-4 (guanyuan) |
Vessie | RM-3 (zhongji) |
Rein | VB-25 (jingmen) |
Maître du Cœur | RM-17 (danzhong) |
Triple Réchauffeur | RM-5 (shimen) |
Vésicule Biliaire | VB-24 (riyue) |
Foie | F-14 (qimen) |
Les cinq points shu sont situés entre les doigts et le coude sur les membres supérieurs, et entre les orteils et le genou sur les membres inférieurs. La classification et les applications de ces points reposent sur deux théories : d’une part, ils relèvent de la circulation du Qi dans les méridiens, d’autre part, ils sont liés aux Cinq Éléments (→ 8.2.5).
Alors que la localisation des cinq points shu correspond à celle des points Cinq Éléments, leur dynamique et leur champ d’application en fonction de la circulation du Qi dans les méridiens sont différents, ou même en contradiction avec leurs actions en tant que points Cinq Éléments. Les fondements théoriques de la circulation du Qi dans les méridiens appliqués aux cinq points shu reposent sur un concept relativement ancien de cette circulation (→ 1.1.1).
Les applications thérapeutiques des points Cinq Éléments sont présentées en détail dans la partie → 8.2.5 alors que les applications cliniques en fonction de la circulation du Qi dans les méridiens sont décrites ci-dessous.
Selon le modèle centripète le plus ancien (→ 1.1.1), le Qi circule des parties périphériques du corps vers les coudes et les genoux, à la façon d’un fleuve qui s’écoule de sa source vers son estuaire pour finalement se jeter dans la mer :
Cette image du système d’un fleuve sert souvent à expliquer les troubles engendrés par les facteurs pathogènes (xie qi). En raison de la position superficielle de ces points aux extrémités du corps, les facteurs pathogènes peuvent alors facilement pénétrer dans celui-ci. Inversement, on peut aussi les en chasser avec un effort minimum. Barbara Kirschbaum (documents de cours, 1999) offre une visualisation utile : elle suggère d’imaginer un bateau qui transporte une cargaison de facteurs pathogènes. Il commence son voyage à l’extrémité des membres. Plus un point est situé à la périphérie du corps, plus il est facile pour le bateau de se débarrasser de cette dangereuse cargaison de facteurs pathogènes (ou d’expulser les facteurs pathogènes grâce à la dynamique de la circulation du Qi). Par contre, une fois que le bateau a atteint le point mer (he), le bateau et sa cargaison sont tous deux engloutis dans le vaste et profond océan, pouvant alors aller léser les Viscères (zangfu). C’est pourquoi l’objectif thérapeutique est d’éliminer les facteurs pathogènes du corps le plus tôt possible.
Selon La théorie des Cinq Éléments, (→ 8.2.5), les points puits (jing) des méridiens Yin correspondent aux points Bois, alorsque ceux des méridiens Yang correspondent aux points Métal.
Localisation : en tant que dernier ou premier point du méridien, ils se trouvent à l’extrémité des doigts ou des orteils(à l’exception de Rn-1 qui est sur la plante des pieds). Le trajet du méridien est, à cet endroit, à son niveau le plus superficiel. C’est également à cet endroit que s’effectue le changement de polarité : du Yin au Yang ou inversement. Attention : la sensation, lorsque l’on pique ces points, peut être intense et douloureuse, constituant un stimulus fort pour le corps.
Selon La théorie des Cinq Éléments, (→ 8.2.5), les points jaillissement (ying) des méridiens Yin correspondent aux points Feu, alors que les ceux des méridiens Yang correspondent aux points Eau. Attention : piquer certains de ces points peut être très douloureux, par exemple, piquer P-10, MC-8 ou C-8.
Localisation : en tant que deuxièmes points les plus distaux du méridien, ces points se situent sur les membres supérieurs, entre les phalanges et les os métacarpiens, et sur les membres inférieurs, entre les phalanges, à l’exception de Rn-2.
Selon La théorie des Cinq Éléments, (→ 8.2.5), les points rivière (shu) des méridiens Yin correspondent aux points Terre et aux points source (yuan) (→ 8.1.1), alors que les ceux des méridiens Yang correspondent aux points Bois.
Localisation: à partir de la périphérie, ce sont les troisièmes points du méridien, la seule exception étant le méridien de la Vésicule Biliaire (pour lequel il s’agit du 4ème point). Ils sont situés en direction proximale par rapport à l’articulation métacarpo-phalangienne ou métatarso-phalangienne, à l’exception de Rn-3 (en arrière de la malléole médiale), de F-3 et de Rte-3 (tous deux aux extrémités distales des os métatarsiens, de même que de P-9, C-7 et MC-7 (tous situés sur l’espace de l’articulation du poignet).
On les considère comme les points d’entrée des facteurs pathogènes ; piquer ces points peut renforcer le Qi Protecteur (wei qi) (→ 1.1.4) et éliminer les facteurs pathogènes des méridiens concernés. Aux points rivière (shu), le Qi coule déjà plus en profondeur : le lit de la rivière devient plus large et plus profond.
Ces points traitent les syndromes d’obstruction douloureuse (syndromes bi) des articulations, surtout ceux qui sont dus à l’Humidité ou au Vent pathogène. On les emploie généralement en cas de sensation de lourdeur du corps, de même que de syndromes du shao yang avec symptômes intermittents.
Selon La théorie des Cinq Éléments, (→ 8.2.5), les points fleuve (jing) des méridiens Yin correspondent aux points Métal, alors que les ceux des méridiens Yang correspondent aux points Feu.
Ces points écartent les facteurs pathogènes des articulations, des os et des tendons, les dirigeant vers l’Extérieur. Aux points fleuve (jing), le flux du Qi est de plus en plus large, lent, profond et important, aussi leurs actions sont-elles moins dynamiques en comparaison avec les trois premières catégories de points shu, plus périphériques. Aux points fleuve (jing), les facteurs pathogènes externes ont déjà pénétré plus profondément dans le corps, surtout dans les articulations, les os et les tendons.
Selon La théorie des Cinq Éléments, (→ 8.2.5), les points mer (he) des méridiens Yin correspondent aux points Eau, alors que les ceux des méridiens Yang correspondent aux points Terre.
Le Qi d’un tissu spécifique, le système des organes ou une substance se rejoignent aux huit points de réunion. C’est grâce à ces points qu’on peut agir sur eux.
Les huit points de réunion (hui) | ||
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Point | Tissu/organe/substance | Indications |
F-13 (zhangmen) | Organes (zang) | Troubles des Organes (zang) (tonifient la Rate et tonifient indirectement tous les Organes (zang)) |
RM-12 (zhongwan) | Entrailles (fu) | Troubles des Entrailles (fu) (par exemple, troubles des voies gastro-intestinales) |
RM-17 (danzhong ou shanzhong) | Qi, forte action sur le zong qi | Troubles respiratoires et perturbations de la circulation du Qi, par exemple, hoquet; contrôle le zong qi et donc les fonctions du Poumon et du Cœur |
V-17 (geshu) | Sang (xue) | Pathologies du Sang comme l’anémie, stases de Sang, hémorragies et troubles gynécologiques |
VB-34 (yanglingquan) | Tendons | Troubles des articulations, des tendons et des muscles |
P-9 (taiyuan) | Vaisseaux sanguins | Stimulent la circulation périphérique du Sang en cas de troubles des vaisseaux sanguins comme la vascularite et l’artériosclérose |
V-11 (dazhu) | Os | Troubles des Os comme problèmes d’épaule ou de colonne vertébrale, douleur des articulations et des os |
VB-39 (xuanzhong) | Moelle | Troubles des Os, de la Moelle et du Cerveau (nerfs) |
Synonymes: points de confluence (Deadman et al., 1998), points Maîtres (Pirog, 1996)
Le schéma ci-dessous montre les points d’ouverture des huit merveilleux vaisseaux. Pour plus de détails sur leur origine et leur trajet, → 1.7, Chapitre 5.
Il existe différentes approches concernant l’insertion d’aiguilles sur les points d’ouverture ou les points couplés des merveilleux vaisseaux. La méthode présentée ci-dessous, qui concerne «l’ouverture» ou la régulation des merveilleux vaisseaux, a donné de bons résultats en pratique clinique :
En outre, Maciocia (1989) et Kirschbaum (1995) suggèrent la procédure suivante pour «ouvrirlaquo; ([a-z]+) » les merveilleux vaisseaux :
Les points mer (he) inférieurs sont les principaux points utilisés pour traiter les troubles de l’Entraille (fu) à laquelle ils se rattachent.
Synonyme: points d’intersection (Dictionnaire pratique).
Les points de croisement (jiaohui) correspondent au croisement des méridiens et des vaisseaux. Les piquer permet d’avoir une influence sur plus d’un méridien et d’élargir le champ d’action d’un point donné. De ce fait, on peut réduire le nombre d’aiguilles tout en conservant un bon effet thérapeutique.
Dans la littérature chinoise classique, il n’existe que de rares références à ces points. À notre époque, c’est à la fois Ross (1995) et Deadman et al. (1998) qui ont fait état de ce groupe de points.
P-3 (tianfu) GI-18 (futu) MC-1 (tianchi)
TR-16 (tianyou) IG-16 (tianchuang) IG-17 (tianrong)
E-9 (renying) V-10 (tianzhu) RM-22 (tiantu)
Localisation: huit des points Fenêtre du Ciel se trouvent dans la région du cou (à l’exception de P-3 qui est sur le haut du bras et de MC-1 qui est sur le thorax), ce qui peut fournir une clé pour comprendre leur action de régulation de la circulation du Qi entre la tête et le corps.
Commentaire: selon Deadman, Ma Shi, médecin de la dynastie des Ming, avait noté qu’il fallait remplacer IG-17 (tianrong) par VB-9 (tianchong). Les six méridiens Yang qui vont à la tête seraient alors représentés par un point Fenêtre du Ciel.
Ces points ont pour effet de renforcer leur «Merlaquo; ([a-z]+) Mer»raquo; respective.
Mer du Qi | E-9 renying), RM-17 (danzhong ou shanzhong), DM-15 (yamen), DM-14 (dazhui) |
Ling Shu: « Lorsque la Mer du Qi est en excès, on note une plénitude dans la poitrine, une respiration accélérée et un teint rouge. Lorsque la Mer du Qi est insuffisante, on note une énergie faible, insuffisante pour permettre la parole ». | |
Mer du Sang | V-11 (dazhu), E-37 (shangjuxu), E-39 (xiajuxu) |
Ling Shu : « Le vaisseau Pénétrant est la mer des douze méridiens. En haut, il va jusqu’à V-11 (dazhu) et en bas, il émerge à la fois à E-37 (shangjuxu) et E-39 (xiajuxu) … Lorsque la Mer du Sang est en excès, la personne a l’impression que son corps est devenu plus important, elle se sent inquiète sans savoir ce qui ne va pas; lorsque la Mer du Sang est insuffisante, la personne a l’impression que son corps est devenu plus petit, elle se sent diminuée sans savoir ce qui ne va pas ». | |
Mer de l’Eau et des Aliments | E-30 (qichong) en haut, E-36 (zusanli) en bas |
Ling Shu: «Lorsquelaquo; ([a-z]+) la Mer de l’Eau et des Aliments est en excès, on note une plénitude abdominale; lorsque la Mer de l’Eau et des Aliments est insuffisante, on note une faim avec impossibilité de manger ». | |
Mer de la Moelle | DM-20 (baihui), DM-16 (fengfu) |
Ling Shu: «Lorsquelaquo; ([a-z]+) la Mer de la Moelle est en excès, le corps est léger et plein de force et la conscience du «moilaquo; ([a-z]+) moi»raquo; qu’a la personne est supérieure à la moyenne ; lorsque la Mer de la Moelle est insuffisante, on note une impression de tourbillon dans le cerveau, des sensations vertigineuses, des acouphènes, une douleur dans le bas des jambes, une altération de la vision, de l’indolence et une envie de dormir dormir»raquo;. |
Ma Dan Yang, célèbre médecin de la dynastie des Jin, a considéré que ces 11 points étaient les points les plus importants en acupuncture. C’est Xu Feng qui, plus tard, leur a ajouté F-3, qui est devenu le douzième point.
P-7 (lieque) GI-4 (hegu) GI-11 (quchi)
E-36 (zusanli) E-44 (neiting) C-5 (tongli)
Sun Si Miao, célèbre médecin de la dynastie des Tang, a utilisé ces 13 points (également appelés « points des démons ») pour traiter des troubles qu’aujourd’hui on considèrerait comme des troubles psychologiques graves de type maniaque et/ou l’épilepsie. Chaque point des fantômes de Sun Si Miao a un autre nom chinois comportant le mot « démon » ou « fantôme » (voir la liste selon Deadman et al., 2000). Selon Deadman et al., certains auteurs pensent que guixin correspond à P-9 (taiyuan) plutôt qu’à MC-7 (daling), alors que guilu serait MC-5 (jianshi) ou MC-8 (laogong) plutôt que V-62 (shenmai). Il existe aussi différentes versions de cette liste de points, par exemple, Gao Wu n’y inclut pas V-42, DM-23, RM-1 (dans le texte original de Sun Si Miao, yumentou/yinxiafeng) et GI-11, mais les remplace par DM-24, E-17, F-2 et VB-34.
Alors que dans les textes chinois modernes, les points d’entrée et les points de sortie ne constituent pas une catégorie spécifique de points, on les trouve comme tels dans les ouvrages occidentaux (par exemple, Jarrett (2003), Hicks et al. (2004), Pirog (1996)). Toutefois, Hicks et al. (→ 2004, p. 205) émettent l’hypothèse que des sources chinoises traitant de ces points existent bel et bien. Le concept de point d’entrée et de point de sortie repose sur la circulation continuelle du Qi d’un méridien à l’autre en fonction de l’horloge des Viscères (→ 1.1.4), avec probablement des points de dérivation pour faciliter le passage du Qi d’une extrémité d’un méridien à celle d’un autre. Au point d’entrée, le Qi s’écoule donc dans un nouveau méridien alors qu’au point de sortie il quitte ce méridien pour pénétrer dans le suivant.
Il faut toutefois signaler que le point d’entrée ou de sortie ne correspond pas toujours au premier ou au dernier point du méridien. Ces points sont signalés en gris dans le tableau ci-dessous.
Le diagnostic par le pouls peut révéler un blocage partiel ou total entre les points d’entrée et les points de sortie. Un blocage «entrlaquo; ([a-z]+)ée-sortie sortie»raquo; va inhiber le passage du Qi d’un méridien à un autre. Pour restaurer la circulation du Qi lorsque celle-ci est bloquée, il faut piquer en même temps le point de sortie du méridien bloqué et le point d’entrée du méridien qui le suit. Selon Hicks et al. (2004), on peut ajouter des points de sortie et d’entrée du méridien précédant ou suivant le méridien touché pour réguler la circulation du Qi sur une distance plus importante. L’insertion d’aiguille doit toujours être bilatérale, même si le trouble ne se manifeste que sur un seul côté du corps. Si ce n’est pas seulement le point de dérivation entre les deux méridiens mais la circulation du méridien dans sa totalité qui est perturbée, on peut renforcer et stimuler ce méridien tout entier en piquant simultanément son point d’entrée et son point de sortie.
Pirog (1996) compare les points d’entrée et les points de sortie aux soupapes d’admission et d’échappement qui régulent le flux dans un ensemble de tuyaux (les méridiens) en les « ouvrant » ou en les « fermant ».
Les points locaux sont situés au voisinage immédiat de la région touchée. Chaque point sensible à la pression (point ashi) peut être considéré comme un point local.
Les points distaux, outre le fait qu’ils sont situés loin de la région touchée, ont néanmoins un effet thérapeutique direct ou indirect lorsqu’ils sont liés à la zone affectée d’un méridien (→ 1, mais aussi → 8.2.2, choix des points distaux). Les points distaux les plus efficaces et les plus dynamiques se trouvent en direction distale par rapport au genou (pour la jambe) ou par rapport au coude (pour le bras). Généralement, les points distaux des méridiens du pied ont tendance à être plus dynamiques et plus efficaces que ceux des méridiens du bras.
Technique d’aiguille: dans les pathologies aiguës ou les pathologies dans lesquelles la douleur est intense, il faut piquer les points distaux en dispersion de façon à stimuler plus fortement la circulation du Qi dans les méridiens bloqués.
Stimulation des points distaux: en cas d’une restriction de la mobilité accompagnée par de la douleur, le point distal pertinent doit être fortement stimulé grâce à la technique de dispersion alors que le patient fait doucement bouger l’articulation touchée.
Renforcer l’effet thérapeutique : on peut renforcer l’effet thérapeutique en associant des points distaux des méridiens de la main à des points distaux des méridiens du pied, ou en associant des points distaux aux points locaux et adjacents pertinents (→ 8.3.1).
La méthode de choix des points repose alors sur le système des méridiens (→ 1). On peut :
Les possibilités de choix de points distaux présentées ci-dessous proviennent, parmi d’autres sources, des documents de cours sur le «traitementlaquo; ([a-z]+) par un point unique unique»raquo; de R. Thambirajah (1990, 1991), de R. Tan (2003) et de ma propre expérience clinique.
On peut choisir des points distaux en fonction des zones qui leur correspondent. Il faut examiner la zone touchée avec soin puis piquer la zone qui lui correspond sur le côté opposé (→ Fig.).
Dans ce cadre, on choisit les points en fonction de la relation Intérieur-Extérieur qui lie les méridiens. On localise soigneusement la zone touchée, puis on pique le point correspondant («pointlaquo; ([a-z]+) miroir miroir»raquo;) en dispersion sur le côté opposé, sur le méridien lié dans la relation Intérieur-Extérieur. Un autre exemple spécifique de cette méthode de choix des points est l’association point yuan-point luo (→ 8.3.3).
Exemple: en cas de troubles qui affectent le méridien de l’Estomac (méridien yang ming du pied), choisir un point du méridien de la Rate (méridien tai yin du pied), qui lui est lié dans la relation Intérieur-Extérieur. Par exemple, pour traiter une douleur du genou située au niveau de E-45, piquer Rte-9 sur le côté opposé (→ Fig.).
Cette méthode de choix des points est basée sur les six grands méridiens (couples main-pied : tai yin, tai yang, etc. → 1.2.3). On traite donc les troubles qui affectent la zone d’un méridien de la main avec des points situés sur le méridien du pied qui lui correspond, et inversement.
Exemple: on peut équilibrer des troubles de la zone du méridien tai yin de la main (méridien du Poumon) grâce à des points situés sur le méridien tai yin du pied (méridien de la Rate) sur le côté opposé. Par exemple, on peut améliorer une douleur de l’épaule avec restriction de la mobilité et douleur maximum au niveau de P-1 (zhongfu) en piquant Rte-9 (yinlingquan) en dispersion.
On choisit des points distaux sur le méridien qui, chronologiquement, est à l’opposé du méridien touché sur l’horloge des Viscères (→ 1.4). Avec cette méthode, les méridiens de la main vont traiter les troubles qui affectent les méridien du pied, et inversement.
Exemple: pour traiter un trouble qui affecte le méridien de la Vésicule Biliaire (méridien shao yang du pied), piquer un point du méridien du Cœur (méridien shao yin de la main) situé à l’opposé du méridien de la Vésicule Biliaire sur l’horloge des Viscères. On peut piquer le point du côté opposé au trouble ou du même côté que celui-ci.
On peut aussi sélectionner les points en fonction d’expériences thérapeutiques traditionnelles ou empiriques. Même si cette méthode ne peut pas se substituer à un traitement de la racine basée sur un diagnostic différentiel, elle peut être très utile dans les situations qui demandent une action immédiate.
Alors que les points Cinq Éléments sont identiques aux points shu pour ce qui est de leur localisation, leurs fonctions et leurs applications sont différentes (pour plus de détails, → 8.1.6). Il existe de nombreuses méthodes très spécifiques quant au diagnostic, au choix des points et au traitement reposant sur la théorie des Cinq Éléments, pratiquées dans diverses écoles différentes. Dans le cadre de cet Atlas, seul un bref aperçu des possibles applications cliniques de ces points figure ci-dessous.
Les cycles des Cinq Éléments ont une influence les uns sur les autres, qu’elle soit physiologique (cycles d’engendrement (sheng) et de domination (ke)), ou pathologique (cycles d’agression (cheng) et d’insulte (wu) et, dans une certaine mesure aussi, cycle d’engendrement (sheng)). Si l’équilibre entre les cinq cycles est perturbé, des symptômes pathologiques vont apparaître.
Principe de traitement: en cas de vide, tonifier la mère, en cas de plénitude, disperser le fils. Les points mère-fils correspondent aux points de tonification et de sédation d’un méridien. Une bonne technique d’aiguille est indispensable pour obtenir l’effet désiré :
En cas de vide: en cas de vide d’un méridien ou d’un organe spécifique, tonifier le point qui correspond au cycle de la mère sur le méridien touché.
Exemple: la Terre est la mère du Métal. Si le Poumon (Métal) souffre de vide, il faut piquer en tonification le point Terre (P-9) du méridien du Poumon.
En cas de plénitude: en cas de plénitude d’un méridien ou d’un organe spécifique, disperser le point qui correspond au cycle du fils sur le méridien touché.
Exemple: l’Eau est le fils du Métal. Si le Poumon (Métal) souffre de plénitude, disperser le point Eau (P-5) du méridien du Poumon.
Additif : les termes de point de « tonification/sédation » sont quelque peu controversés car les propriétés d’un point sont souvent éclipsées par d’autres caractéristiques. Par exemple, selon la théorie des Cinq Éléments, on considère que MC-9 et C-9 sont des points de tonification car ils correspondent au cycle de la mère. Mais en pratique clinique, on les utilise bien plus en tant que points puits (jing) pour traiter des pathologies aiguës. Aussi, du point de vue de la circulation du Qi dans les méridiens, on considère que ce sont des points spécifiques pour drainer la Chaleur.
Il existe un lien entre les Cinq Éléments et les facteurs pathogènes (Maciocia (1994) ; selon Ross (1998) toutefois, ces points ne devraient être utilisés que pour les pathologies internes) :
En considérant ces liens, les points Cinq Éléments peuvent donc servir à éliminer les facteurs pathogènes.
Exemple: le mal de gorge aigu avec fièvre, rougeur et gonflement de la gorge est provoqué par le Vent-Chaleur.
Cycles concernés: Bois (Vent), Feu (Chaleur).
Organe/méridien touché: Poumon.
Traitement: piquer le point Bois (P-11) et le point Feu (P-10) du méridien du Poumon.
L’application du cycle de domination (ke) permet une approche différenciée du traitement et de l’élimination du facteur pathogène :
Les points ben (points racine, points Cinq Éléments) représentent le même cycle que celui des méridiens auxquels ils se rattachent.
Exemple: la Rate correspond à la Terre ; le point Terre du méridien de la Rate est donc son point ben (point Cinq Éléments).
Le choix et l’association des points se font en fonction des zones et des méridiens affectés (→ 8.2.1, → 8.2.2).
En cas de trouble de méridien: par exemple, en cas de syndrome d’obstruction douloureuse (syndrome (bi)) affectant les tendons et les articulations, on peut commencer par stimuler les points distaux. Puis on va choisir des points locaux et adjacents en fonction de leur sensibilité à la pression. Ces derniers peuvent être piqués et/ou recevoir des ventouses.
En cas de trouble des Viscères (zangfu): généralement, seuls les points distaux sont utilisés dans les pathologies aiguës. Une fois que la pathologie (par exemple, une douleur aiguë) a commencé à s’améliorer, on peut choisir des points locaux. Dans les pathologies chroniques, on utilise couramment l’association de points locaux et de points distaux (et plus particulièrement les points shu du dos et les points mu antérieurs en tant que points adjacents (→ 8.3.2). Une autre possibilité est l’association du point d’ouverture d’un merveilleux vaisseau (→ 8.1.8) avec des points locaux de la zone touchée.
Là, on associe des points situés sur l’avant du corps et des points situés sur l’arrière :
L’association de points shu du dos (→ 8.1.4) et de points mu antérieurs (→ 8.1.5) du Viscère (zangfu) touché est la façon la plus importante d’associer des points situés sur l’avant et des points situés sur l’arrière du corps. La méthode associant les points shu du dos et les points mu antérieurs permet de renforcer et d’étendre les effets thérapeutiques par rapport à une méthode qui n’utiliserait que l’une ou l’autre de ces catégories de points. Elle a un fort effet d’équilibrage du Yin et du Yang, et elle est particulièrement efficace en cas de troubles chroniques des Viscères (zangfu).
Les points du vaisseau Conception (ren mai) sont situés sur la face antérieure du corps et ceux du vaisseau Gouverneur (du mai) sont essentiellement situés sur la face postérieure. Associer des points des vaisseaux Gouverneur (du mai) et Conception (ren mai) a pour effet d’harmoniser le Yin et le Yang, tout comme cela peut aussi réguler la montée et la descente du Qi. Cette association non seulement équilibre l’avant et l’arrière du corps, mais également le Yin et le Yang. De plus, elle a une forte influence sur le psychisme et, selon les méthodes d’insertion d’aiguille et de choix des points, un effet calmant ou dynamisant (Figure adaptée de Ross, 1998).
Synonyme: association Intérieur-Extérieur.
L’association Yin-Yang équilibre le Yin et le Yang dans les méridiens. Elle repose sur le concept de l’énergie des méridiens (→ circuit des méridiens, Fig. 1.12).
Piquer de trop nombreux points sur les méridiens Yang peut rentre le patient nerveux et agité. Dans ce cas, piquer des points sur les méridiens Yin peut permettre de rétablir l’équilibre et de calmer la personne.
Piquer de trop nombreux points sur les méridiens Yin peut engendrer de la fatigue. Dans ce cas, piquer des points sur les méridiens Yang peut permettre de rétablir l’équilibre et de stimuler la personne.
C’est une association Yin-Yang extrêmement importante (synonyme : association hôte-invité) : on associe le point source (yuan) (hôte) du méridien ou du Viscère (zangfu) principalement affecté avec le point luo de communication du méridien couplé dans la relation Intérieur-Extérieur.
On peut souvent rééquilibrer le côté gauche et le côté droit du corps en piquant bilatéralement les points pertinents, ce qui va accroître l’effet thérapeutique par rapport à une insertion unilatérale des aiguilles.
On peut choisir deux, trois ou plusieurs points du même méridien et les piquer les uns après les autres (en chaîne). Cette méthode s’applique essentiellement aux troubles du système musculo-squelettique ou du système nerveux.
Dans un cycle de 24 heures, chaque méridien a une quantité maximum de Qi pendant 2 heures (Figure → 1.17, horloge chinoise des Viscères (zangfu)). Certaines écoles (occidentales) ont étendu le rythme circadien aux Viscères (zangfu) eux-mêmes (trajet interne des méridiens principaux et des méridiens divergents). Si un Viscère (zangfu) est dans sa phase maximum, le Viscère (zangfu) qui se trouve à l’opposé sur l’horloge est dans sa phase minimum, autrement dit, la circulation du Qi à ce moment là sera à son minimum. Des symptômes qui surviennent à des moments précis fournissent un indice quant au Viscère (zangfu) affecté, ces symptômes survenant au moment où la circulation est maximum dans les pathologies de plénitude ou au moment où la circulation est minimum dans les pathologies de vide.
Par exemple: le fait de se réveiller régulièrement entre 1 h et 3 h du matin peut être lié à un syndrome du Foie. Il faut alors choisir de tonifier un point et/ou le point luo de communication du méridien qui est à l’opposé du Foie sur l’horloge des Viscères (zangfu), dans cet exemple précis, IG-3 (houxi), point de tonification, ou IG-7 (zhizheng), point luo de communication.
Additif: il existe des méthodes très spécifiques en chrono-acupuncture, par exemple, la méthode zi wu liu zhu et la méthode ling gui ba fa, dans lesquelles les points sont piqués à des heures précises (→ Kubiena et Ramakers, 2002).
L’illustration ci-dessous montre l’application clinique de plusieurs méthodes de choix des points (8.3.1–8.3.5) dans le traitement de la dysménorrhée.
Possibles associations de points pour traiter la dysménorrhée :
* Xu li n’est que rarement mentionné dans la littérature occidentale. La localisation et la signification de ce point nous viennent du chapitre 18 du Su Wen : « Le grand méridien luo de communication de l’Estomac s’appelle xu li ; il émerge au point E-18, sous le sein gauche, traverse le diaphragme et monte se relier au Poumon. On peut sentir sa pulsation avec la main. C’est le lieu où réside le zong qi du méridien (→ 1.1.4). ». (Ngyen Van Nghi, 1989). Xu li est le seul méridien luo de communication qui émerge d’une Entraille ( fu). Il joue un rôle important dans l’acupuncture coréenne.