Francis Poulenc participe aux activités musicales du groupe des Six dès l’âge de 18 ans. Pétri lui-même de contradictions, il a su, mieux que nul autre, restituer la variété des inspirations de Cocteau : le comique de la chanson Toréador ou de la farce Le Gendarme incompris (écrite avec Radiguet en 1920), le pathétique de La Voix humaine (1958) ou de La Dame de Monte Carlo (1961).
Avec quelle tendre et admirative affection je viens, ici, saluer Jean Cocteau !
On a voulu faire de Cocteau le théoricien de notre jeunesse. C’est mal connaître les poètes. Ce catalyseur de génie nous a simplement aidés, avec Erik Satie, à défricher des chemins pleins de ronces harmoniques.
Le message du Coq et l’Arlequin, quoique léger, a eu une répercussion profonde. Il n’est pas jusqu’à Stravinsky qui n’en ait ressenti la secousse.
Aujourd’hui, chacun de nous suit sa route, souvent fort différente de celle de nos vingt ans, mais ce que je souhaite de tout cœur aux jeunes, qui nous suivront, c’est d’être épaulés, à leurs débuts, par un ami aussi fidèle et prestigieux.
Jean, je t’embrasse et te dis : merci.
Noizay, septembre 55
La Table ronde, n° 94, 1955. DR.