Qui était l'homme de Néandertal ?

D’où vient-il ?

 

Le nom de Neandertal est lié à celui d’une petite vallée en Allemagne où ont été découverts des ossements et un fragment de crâne en 1856.

Il y a plus de 400 000 ans, l’espèce humaine s’est séparée en deux lignées. L’une a donné naissance à l’homme de Neandertal en Europe il y a environ 200 000 ans, l’autre à nos ancêtres directs, les hommes de Cro-Magnon (homo sapiens), qui sont arrivés en Europe il y a seulement 40 000 ans.

Les dernières traces de l’existence de Neandertal ayant été datées de - 28 000 ans, nous pouvons en déduire que ces deux hommes ont vécu simultanément en Europe pendant plus de 10 000 ans, après s’être déjà longtemps côtoyés au Moyen-Orient.

Des comparaisons récentes entre le génome de plusieurs Néandertaliens et celui d’hommes actuels issus de différents continents montrent que Neandertal nous a transmis entre 1 à 4 % de ses gènes, ce qui signifie que des croisements ont eu lieu entre Neandertal et Cro-Magnon.

 
 

À quoi ressemblait-il ?

 

Neandertal et Cro-Magnon se distinguent par leurs anatomies.

Les Néandertaliens sont généralement un peu plus petits mais plus massifs. La forme de leur squelette et de leurs attaches musculaires indique en effet une très grande force physique. Leurs membres sont un peu plus courts. Ils ont des orbites hautes et arrondies, surmontées d’un épaississement osseux (bourrelet sus-orbital). Le front et le menton sont fuyants avec un nez proéminent, ce qui donne à leur visage un aspect pointu. Leur crâne est légèrement plus volumineux que celui de l’homme de Cro-Magnon, plat et allongé, avec un os occipital (protubérance osseuse à l’arrière du crâne) formant une sorte de chignon. La forme de leur larynx indique qu’ils étaient capables d’utiliser un langage articulé. Leur peau était sans doute plus claire que celle des hommes de Cro-Magnon, originaires d’Afrique. On ignore s’ils étaient velus ou non…

 
 

Comment vivait-il ?

 

L’homme de Neandertal était un excellent chasseur et un très bon tailleur de pierre. C’est lui qui a essayé le plus de sortes de pierres différentes. Il est le premier être humain à avoir réussi à se maintenir en Europe pendant les périodes froides. Il était donc parfaitement adapté à un climat rude, semblable à celui qu’on connaît actuellement en Sibérie (semi-arctique).

Opportuniste, il chassait différentes espèces d’animaux. Il consommait sans doute diverses plantes et plusieurs sortes de baies, très répandues dans ces régions et relativement faciles à conserver par séchage, dans la graisse ou congelées.

 
 

A-t-il évolué ?

 

Les préhistoriens ont été parfois réticents à accorder une complète humanité à cet homme aux traits archaïques. Mais les découvertes qui se sont succédé ces dernières décennies ont mis à mal ce préjugé. Neandertal portait attention aux défunts comme en témoigne la découverte de sépultures. Malgré une existence rude et sans doute précaire, les personnes blessées ou âgées pouvaient être prises en charge. La présence de grandes quantités d’ocre dans certains gisements néandertaliens suggère l’emploi de colorant.

Si les hommes de Neandertal ont pendant longtemps utilisé principalement des éclats de pierre (Moustérien) pour fabriquer leurs armes et outils, ils se sont montrés capables d’innover, notamment après l’arrivée de Cro-Magnon en Europe. Dans certains endroits, ils se sont mis à produire systématiquement des lames, comme le faisaient les hommes de Cro-Magnon (Aurignacien), à diversifier les matériaux utilisés (ivoire, os, bois des cervidés) et à fabriquer des parures avec des anneaux et des dents d’origine animale. Ces techniques originales (Châtelperronien) étaient d’un niveau comparable à celles en usage chez les hommes de Cro-Magnon. Dans le même temps, ailleurs en Europe, d’autres hommes de Neandertal continuaient à recourir à des techniques moins élaborées (type Moustérien).

Ces découvertes ne révèlent bien sûr qu’une facette de la diversité des cultures, de la vie et des réalisations des hommes de cette époque, car elles ne rendent pas compte de l’utilisation de matériaux périssables tels que le bois ou le cuir, des sculptures sur bois, des peintures corporelles ; ni de la pratique du chant, de la danse, des percussions et de toutes sortes de rituels magiques.

C’est dans cette diversité que s’inscrivent les aventures d’Ao à travers l’Europe d’il y a près de 30 000 ans. À cette époque le climat est plutôt froid, avec des intermèdes un peu plus doux et des variantes locales liées à des conditions géographiques particulières.

 
 

Pourquoi a-t-il disparu ?

 

Au cours des millénaires qui suivront, le froid va s’intensifier et l’homme de Neandertal disparaître. On ignore toujours la cause de sa disparition mais il est probable qu’elle résulte de la conjonction de différents facteurs.

Indépendamment du refroidissement, on peut imaginer des maladies importées par l’homme de Cro-Magnon ou une baisse de la fécondité consécutive au long isolement d’une communauté néandertalienne aux effectifs réduits (quelques dizaines de milliers d’individus répartis sur tout le continent européen).

La concurrence avec l’homme de Cro-Magnon peut aussi être envisagée comme un des facteurs possibles, mais la longue période de présence simultanée en Europe des deux populations indique pour le moins que la supériorité de l’homme de Cro-Magnon était loin d’être évidente et qu’elle a mis longtemps à s’imposer.

La thèse d’un métissage massif doit être écartée. La dispersion des hommes à l’intérieur de vastes territoires et les différences morphologiques ne plaident pas en faveur d’un rapprochement généralisé entre ces deux humanités. Rien ne permet cependant d’exclure un métissage occasionnel et des échanges localisés, hypothèse confirmée par les analyses génétiques les plus récentes.

 
 

Conclusion

 

L’évolution tardive de certaines communautés néandertaliennes après l’arrivée de l’homme de Cro-Magnon en Europe pourrait donner à penser qu’elles ont évolué à son contact. Mais cette supposition n’est étayée par aucune découverte scientifique, d’autant que les techniques utilisées par les deux « espèces » diffèrent sensiblement. Cette vision restrictive tend à reproduire le préjugé d’un homme de Neandertal désemparé, forcément incapable de rivaliser avec un homme moderne conquérant et novateur.

Il est en effet difficile d’imaginer qu’un homme qui a vécu pendant plus de 200 000 ans en Europe, affronté deux glaciations, n’ait pas contribué d’une façon ou d’une autre à l’évolution de l’humanité qui s’est amorcée pendant cette période de rencontres et de cohabitations éventuelles (y compris à l’apparition de l’art pariétal dont les plus anciennes œuvres ont été réalisées alors que l’homme de Neandertal était encore présent en Europe).

L’idée selon laquelle les rencontres et les échanges entre les deux populations ont pu contribuer à l’évolution qui caractérise cette période est celle qui a été retenue dans ce roman.

 
 

Fin